2017 - T'as voulu voir Aousserd et on a vu Aousserd ...
Depuis quelques temps nous avons repéré le village d'Aousserd où, pour différentes raisons, nous aimerions aller :
- une géocache a été posée là il y a trois ans par un slovène et personne ne l'a encore trouvée,
- dans les environs se trouvent de nombreux sites néolithiques et pré-islamiques,
- pratiquement personne ne va dans cette région du Sahara, une raison supplémentaire pour tenter l'aventure !
En route pour Dakhla, ensuite il ne restera que 270 kilomètres à parcourir et c'est goudronné, donc nous pourrons y aller avec la caravane.
Lundi 27 et mardi 28 février 2017 :
Nous quittons Marie-Ange et Joël sur la promesse de nous arrêter les voir quand nous remonterons vers le nord. Les 170 kilomètres qui nous séparent de Dakhla sont bien monotones sauf quand on s'approche de la mer sur la falaise où sont installés ici ou là quelques pêcheurs solitaires. Sur une quarantaine de cm, le sol est constitué de fossiles d'huîtres et de coquilles St Jacques ...
L'arrivée sur la presqu'île de Dakhla est toujours aussi somptueuse avec ses sebkhas entre mer et lagune. Nous nous installons au camping Moussafir, bien connu ... pour ses piètres prestations. Mais nous y aurons un peu d'électricité (de 20 heures à minuit) et nous y trouvons un endroit un peu abrité du vent. Comme toujours les alizés soufflent très fort ici, ce qui fait le régal des kyte-surfers mais pas le notre.
En ville, on est un peu protégé et nous renouons avec le confort moderne au Samarkand, notre café restaurant préféré (wifi donc Facetime avec les enfants, expressos, jus de fruits ...).
Tout proche, un petit souk où se croisent tous les soirs marocains, mauritaniens et sénégalais.
Autre activité, faire contrôler par un mécanicien mon soufflet de cardan qui fuit. Je finis par en trouver un qui m'assure pouvoir trouver la pièce pour le changer et je lui confie donc le Toy. Etonnant de trouver ça ici alors que chez Toyota Agadir on me demande trois semaines de délais. Malgré ses installations rustiques, Smaïn mène l'opération à bien pour une quarantaine d'euros, en moins de 4 heures recherche de la pièce comprise, pendant que nous déjeunons au Samarkand ...
L'anecdote du jour : tandis que je me fais raser chez le barbier, Nickie a retrouvé "son" salon de coiffure de l'année dernière. Je lui laisse raconter ...
Me revoilà donc chez Bouchra, à l'étage d'une maison du quartier commerçant de Dakhla... Couleur, coupe, séchage sont faits à peu près dans les règles de l'art, même si le lavage de cheveux se rapproche davantage de la douche étant donné l'installation rustique. Et le résultat est plutôt sympa! Mais le plus génial, c'est l'ambiance: au fur et à mesure de la soirée, le salon se remplit de femmes drapées dans leurs voiles colorés; et ça papote, ça rigole, ça boit du thé et du café, ça fume etc. Les chevelures se dévoilent, longues ou courtes à ma grande surprise et comme le radio cassette du salon diffuse une musique bien entrainante, une des filles se met à danser, suivie d'une autre... Bref, un moment de liberté entre femmes qu'elles me font partager! Tout le monde me félicite pour ma coiffure et m'embrasse avant de partir... Un grand moment pour 24 euros !!!!
L'image du jour : depuis notre dernier passage, le camping de Dakhla s'est doté d'une superbe machine à café à l'effigie de George Clooney. Vérification faite, l'intérieur est vide à l'exception d'un peu de poussière et de sable.
What else ?
Nothing !
Mercredi 1er mars 2017 :
Après avoir fait le plein, nous prenons la route pour Aousserd. Plus on avance, plus c'est désertique et après avoir croisé quelques petits reliefs nous roulerons la plupart du temps sur un reg plat et sans végétation jusqu'à Aousserd où nous attend une zone assez verte de grandes herbes, le "sbot", nourriture habituelle des dromadaires. Nous avons en cours de route franchi le Tropique du Cancer, et sommes donc au niveau de Taïwan ou du nord de Cuba au choix ...
Après une heure de route, nous apercevons un point d'eau construit pour les nomades et un troupeau de dromadaires. Arrêt obligatoire pour ce spectacle ...
Le chamelier n'est pas très causant mais le gardien du point d'eau nous invite à prendre le thé. Pendant qu'il le prépare, un 4x4 et un camion s'arrêtent et nous voilà trois de plus. Pas si désert le coin !
Plus tard, nous finissons notre pique-nique au bord de la route quand le 4x4 rencontré au point d'eau s'arrête pour nous saluer et ... nous offrir le zrig, lait de chamelle coupé d'eau légèrement sucré, et le thé bien sûr. Nous passons un bon moment avec ces deux saharaouis dont l'un est un ancien combattant du Polisario, persuadé de l'indépendance prochaine du Sahara Occidental. Il est très bavard et malgré un français hésitant, nous régale d'un tas d'histoires.
Ce n'est donc que vers quinze heures que nous atteignons Aousserd. C'est bien la ville fantôme que l'on imaginait avec quelques maisons dispersées sur le reg. Elles sont destinées aux fonctionnaires venus du nord mais beaucoup semblent vides. Pour le reste il y a ici essentiellement des militaires marocains et les forces de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental).
Du reste la route s'arrête pour nous à la station service. La suite nous est interdite : ce sont des casernes puis, quelques kilomètres plus loin, le mur de sable qui sépare les territoires occupés par le Maroc de ceux tenus par les saharaouis.
Le responsable de la gendarmerie vient à notre rencontre pour nous rappeler les consignes de sécurité et nous mettre en garde contre les mines qui subsistent partout dans la région. Théoriquement on ne devrait pas quitter la route !
Nous l'interrogeons sur la possiblité de trouver un guide pour nous montrer quelques points intéressants du coin. Selon lui il n'y a personne de ce genre, tout le monde vient du nord et les vrais locaux sont des nomades, absents en ce moment. Bon, ça ne s'annonce pas très bien !
Nous décidons de nous concentrer sur la géocache. Le point GPS nous mène à une maison qui semble habitée et effectivement une jeune fille parlant un peu anglais vient nous accueillir et nous invite à entrer. Elle connait l'existence de la cache mais nous fait comprendre qu'elle se trouve ... à Dakhla ! (nous ne saurons jamais pourquoi). Elle téléphone et nous indique que la boite reviendra demain par camion en fin d'après-midi ... On ne manque jamais de surprises au Maroc !
Après quelques hésitations nous décidons de rester à Aousserd malgré des perspectives un peu floues.
L'idée du moment est de trouver un bivouac avant la nuit, et pourquoi pas auprès d'un site pré-islamique remarquable tout proche : le monolithe de Chaïf ould Attia. Notre guide Gandini indique qu'on peut s'y rendre sans problème en 4x4. C'est surement vrai mais avec la caravane derrière, nous ne trouvons pas de piste adéquate.
Nous renonçons pour ce soir et restons bivouaquer sur le reg, face aux petites montagnes proches d'Aousserd.
Devant nous une sorte de savane qui nous rappelle certains beaux paysages de Namibie. Nickie, qui voyage avec "La méditation pour les nuls", est aux anges ...
Nous y sommes comme des rois à un petit bémol près : il fait 37° à l'ombre (quand on en trouve) et depuis hier notre frigo ne fonctionne plus au gaz. Comme, bizarrement, personne ne nous a installé de prise électrique à proximité, nous nous passerons de frais !
L'anecdote du jour : dans le cadre de nos rencontres improbables, nous trouvons à la station service d'Aousserd un couple d'ornithologues allemands qui rechargent leur PC sur une batterie de camion. Ils nous expliquent être là depuis quelques jours, couchant dans leur Dacia de location, à photographier les oiseaux de nuit au bord des oueds. La bonne période de l'année c'est juste en ce moment et il sont très fiers d'avoir photographié un engoulevent doré, rarissime semble t'il. La photo est magnifique, ce ne sont certainement pas des débutants...
L'image du jour : les moulas moulas font partie du voyage saharien. A peine arrivés au bivouac, deux d'entre eux sont venus nous rendre visite et nous leur avons offert un peu de pain.
Jeudi 2 mars 2017 :
Petite surprise au matin, un banc de brume s'étend tout au long de la montagne et fait écran au soleil. Voilà donc comment les plantes survivent ici.
Un coup d'oeil au thermomètre : 12°, soit quand même 25 de moins qu'hier soir. Mais les degrés vont vite remonter dans la matinée ...
Une petite marche nous mène jusqu'à une "zaouia" toute proche (c'est le lieu de sépulture d'un saint homme local, avec sa petite mosquée). Celle-ci est entouré d'un haut mur et nous avons repéré que des ouvriers y travaillaient. Nous leur rendons une petite visite et observons l'énorme travail qu'il font, avec pour seuls outils une pelle, une brouette et leurs mains. L'enceinte doit bien faire 200 mètres de circonférence ... ils pensent en avoir pour un mois.
Ils nous confirment que l'on peut atteindre notre monolithe en 4x4 et nous allons donc décrocher l'Eriba pour faciliter les choses. Comme on le voit de loin, on navigue à vue jusqu'à être à proximité et finir à pied.
C'est une stèle funéraire de presque quatre mètres de haut dressée au centre d'un tumulus parmi un ensemble d'autres tombeaux pré-islamiques. Quelques inscriptions lybico-berbères ont résisté au temps sur certaines faces de la pierre ...
Le monolithe de Chaïf Ould Attiâa.
Par contre nous chercherons en vain, faute d'indications précises, les gravures rupestres indiquées par Gandini dans les environs proches.
L'après-midi nous regagnons Aousserd et la maison des Habbadi pour voir où en est la geocache. appremment elle est bien en route et en attendant on nous offre le thé et Nickie est transformée en Saharaouie.
Myriam, Nickie, Hanna, Zeïna et Aïcha - Nickie et Selma.
Et puis, miracle, on ne sait comment, la boite apparaît soudain dans la pièce et je peux constater qu'effectivement je suis le premier "découvreur" de cette cache.
Nous quittons la famille Habbadi après un bon moment de convivialité malgré la barrière de la langue, et partons retrouver notre reg face à la montagne pour un nouveau bivouac.
L'anecdote du jour : au moment de partir, Nickie tente de quitter sa tenue saharaouie et déclenche une tempête de protestations. C'est un cadeau, auquel vont s'ajouter quelques bracelets. Toutes les tentatives pour leur laisser quelque chose en échange échouent. Encore un bel exemple de la générosité de ces gens.
De retour à la station pour faire le plein, Nickie n'a pas réussi à se débarasser de son melhfa qui est noué bien serré et rencontre un franc succès !
L'image du jour : et encore un auto-collant du Vendée Globe collé dans un endroit insolite à 4.000 kms de Port Olonna !
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