Les missions guaranis.
Du 6 au 10 février 2019
Après avoir quitté la faune et la flore des Esteros del Ibera, un autre centre d’intérêt et une leçon d'histoire nous attendent : les missions guaranis.
En 1609, les jésuites espagnols fondent dans la région une première mission, pour diffuser la religion catholique bien sûr, mais aussi pour protéger les indiens guaranis de l’exploitation coloniale. Les restes de leurs implantations sont visibles sur trente sites étalés sur une surface grande comme la France, aux confins de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil. Nous nous contenterons d’en visiter cinq dans les deux premiers pays.
Les « réductions », comme on les appelait, sont plus ou moins ruinées mais on peut toujours y retrouver la même organisation en carré autour d'une très grande place centrale : d’un côté l’église, les logements des jésuites, l’école, les ateliers … Sur les trois autres côtés, les logements des familles guaranis.
Il n’y avait en général que deux jésuites dans chaque mission et ils s’appuyaient sur les « caciques », chefs indiens élus, dans une forme de gouvernement assez démocratique. Ils formaient les indiens à toutes les techniques de construction et d’agriculture connues à l’époque ainsi qu’à la lecture, l’écriture, la musique, la sculpture … d’où l’étonnante richesse architecturale des réductions.
Malheureusement tout cela était trop beau et leur réussite ne plaisait ni aux colons espagnols ni aux « bandeirantes », les esclavagistes portuguais, qui se disputaient ces territoires.
En 1768, le roi d’Espagne expulse les jésuites d’Amérique du Sud : c'est la fin d’une magnifique utopie !
Voici quelques images de trois de ces missions que nous avons trouvées impressionnantes de beauté et de sérénité dans leur écrin de verdure au milieu de la jungle …
Trinidad (Paraguay)
Jesus Tavarangüe (Paraguay).
San Ignacio (Argentine)
Il fallait bien ça pour nous motiver car, après une petite baisse du thermomètre dans les Esteros, la chaleur a repris de plus belle.
Difficile de dormir dans Trottinette transformée en hammam : à Encarnacion comme à San Ignacio, nous nous offrons une chambre climatisée pour récupérer un peu. Par chance il y a aussi pas mal de campings avec des piscines qui nous permettent de bons rafraîchissements.
Ce petit circuit des missions nous aura permis de découvrir un tout petit peu le Paraguay, un pays attachant par ses habitants extrêmement accueillants et la beauté de ses paysages tropicaux. Nous le quittons à regret pour ne pas trop allonger notre route et monter à Iguazù avant de gagner le Brésil (objectif, la côte pour trouver un peu de fraîcheur !).
Le saviez-vous ?
Seulement grand comme deux tiers de la France, le Paraguay est, à l’échelle de ses voisins, un pays minuscule : sept fois moins grand que l’Argentine et 22 fois moins que le Brésil. Il ne compte que 7 millions d’habitants dont 95% sont métis (européens / amérindiens). Les deux langues nationales sont l’espagnol et le guarani, langue des indiens qui est enseignée à tous et très pratiquée par toute la population. On ne ressent pas au Paraguay la séparation qui existe manifestement en Argentine entre "européens" et "aborigènes" confinés dans des "communautés".
C’est un pays essentiellement rural, pauvre, avec des écarts considérables de richesse : 85% des terres agricoles appartiennent à 2,6 % des propriétaires terriens. L’écologie y est inconnue : c'est déforestation, OGM, glyphosates et compagnie !
Après 35 ans de dictature, le pays a retrouvé un semblant de démocratie depuis 1989 mais au dire des paraguayens eux-mêmes, la corruption y règne toujours …
Le top : il est loin le temps où nous ne trouvions en guise de fruit que quelques bananes à moitié congelées ou des pommes "en plastique". Les fruits tropicaux sont désormais partout au bord des routes : papaye, mangues, raisins, fruits de la passion, ananas, melons, pastèques, goyaves … on se régale.
Il y en a même dont on ne connait pas le nom !
Le flop : au camping d’Ibera notre guide, Ricardo, lave sa voiture et y passe l’aspirateur ce qui fait rêver Nickie, vu l’état de Trottinette après quelques mois de pistes poussiéreuses. Grâce à sa gentillesse, une minute plus tard l’aspirateur est entre nos mains et nous passons une bonne heure à faire la toilette de notre chère cellule.
Le top !
Sauf que le lendemain midi, après avoir parcouru 150 kms sur une piste en latérite rouge qui n’a rien à envier à celle de l’Afrique de l’Ouest arrive le flop quand nous ouvrons l'arrière : tout l’intérieur est couvert de cette maudite poudre rouge, du sol aux banquettes et à la salle de bain …
Tout est à refaire, et sans aspirateur cette fois !
L’anecdote : « guarani », c’est le nom des amérindiens vivant dans la région avant l’arrivée des espagnols mais aussi de leur langue et de la monnaie paraguayenne. Un euro vaut un peu plus de 7.000 guaranis et c’est donc un pays où l’on est facilement millionnaire. A l’annonce des prix, on sursaute un peu avant de convertir et de retrouver le sourire (par exemple pour notre chambre d’hôtel, à 250.000 guaranis la nuit).
La vie est d’ailleurs beaucoup moins chère qu’en Argentine et chaque jour des centaines d’argentins passent le Parana qui sépare Posadas d’Encarnacion pour faire des achats. D’où de belles files d’attente sur le pont qui précède la frontière.
Bestiaire : certaines vaches du Paraguay ont des allures de zébus africains …
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