01 Nov

Uyuni : le grand blanc.

Publié par yvesetnickie.over-blog.com - Catégories : #Bolivie

28 octobre au 2 novembre 2019.

Le salar d’Uyuni fait partie des incontournables du voyage en Amérique du Sud et il est vrai que nous n’avons pas été déçus tant cet endroit est, au sens strict du terme, extra-ordinaire !

La petite ville ne manque pas de charme malgré la pauvreté et parfois la saleté de certains endroits. Quand on voit les ronds-points marqués par un simple bidon, un pneu, voire un tas de quelques ordures, on comprend rapidement que le pays n’est pas aussi riche que ses voisins sud-américains. Il y souffle aussi de temps à autre des rafales de vent violentes qui soulèvent des nuages de poussières et de déchets.

Mais Uyuni est très animée, et pas seulement par les touristes : on se régale à voir passer les femmes en tenue traditionnelle bolivienne …

… à parcourir les boutiques et les petits marchés qui présentent une abondance de légumes que nous avions oubliée. Nickie s'y fait appeler "Mamita" ou "Préciosa" par les vendeuses …

Et puis, après la rude traversée du Sud Lipez, nous avions besoin de faire un peu de maintenance. Seul Philippe a été épargné cette fois. Jean, n’a plus de direction assistée et a fusillé deux de ses quatre amortisseurs !
Trottinette perd à nouveau un réservoir d’eaux usées. Heureusement Walter est là pour tout remettre en ordre, pour un prix dérisoire malgré trois heures de travail couché sous le chassis.

Mais bien sûr, la grande attraction c’est le salar sur lequel nous passons trois jours et trois nuits.

Le paysage est spectaculaire et on se croirait sur de la neige gelée : ça craque sous les pas et le blanc est éclatant. Comme en mer, les distances sont très difficiles à évaluer et les rares reliefs, que l’on croit tout proches, peuvent être situés à plusieurs dizaines de kms.

On y roule presque comme sur de l’asphalte mais il faut tout de même se méfier de quelques cuvettes ici où là qui pourraient s’avérer fatales à grande vitesse.

Notre premier arrêt est pour un monument élevé à l’occasion du passage du Dakar. Petite séquence émotion pour Trottinette qui a commencé sa carrière il y a 25 ans comme ambulance sur le fameux rallye (en Afrique à l’époque).

A côté, l’hôtel Playa Blanca construit avec des blocs de sel mais aujourd’hui à demi désaffecté.

Nous montons ensuite à l’assaut de la Isla Incahuasi , une île volcanique au milieu de cet océan de sel. Elle est hérissée de centaines de cactus géants (Piloes cereus selcianus pour les spécialistes).

Au sommet, une pancarte rappelle que les incas, anciens occupants des lieux, venaient ici célébrer des rites à la Pachamama.

Ce sont ensuite les Islas del Pescado et Tortuga, moins fréquentées par les touristes, qui accueillent nos bivouacs suivants, comme si on avait besoin de se raccrocher à quelque chose de tangible dans cette immensité blanche.

Nous y sommes seuls et le temps s’écoule paisiblement dans ce lieu magique, à observer au loin le volcan Tunupa et les jeux de mirage sur les iles voisines …

… les sculptures de sel imaginées par le vent …

… les étonnants cactus géants dont le bois est utilisé par les indiens …

Au retour, si nous avons été très heureux d’oublier l’atmosphère poussiéreuse du Sud Lipez, il nous faut aussi penser à Trottinette qui ne va pas trop apprécier la cure salée. Un bon nettoyage s’impose, suivi d’un traitement de ses dessous … au gasoil ainsi que le font les locaux.

Avant de quitter Uyuni, nous passons voir le « cimetière des trains », étonnant dépôt de locomotives et de wagons abandonnés depuis la fermeture, vers 1940, de la ligne qui menait le minerai de Potosi au bord du Pacifique, à Antofogasta au Chili.

Le saviez-vous ? Perché à 3.650 mètres d’altitude, le salar d’Uyuni est le plus grand du monde. Il occupe la surface de deux départements français et est deux fois plus étendu que le Grand Lac Salé américain.
Les dépôts de sel et d’autres minéraux alternent sur 120 m d’épaisseur. Ils ont été formés depuis 40.000 ans par l’assèchement d’un grand lac laissé là, cela parait incroyable, par l’océan Atlantique !
Sous la croûte de sel des salars boliviens, dormiraient 50 à 70% des réserves mondiales de lithium.
Ces magnifiques endroits vont-ils résister longtemps aux pressions de l’économie moderne ?

Le top : la platitude et l’immensité du salar permettent des effets photographiques sans trucages. Nous sacrifions à la tradition et après quelques tâtonnements nous arrivons à obtenir certaines images amusantes …

Le flop : nous avons quitté le Chili en proie à de sérieux problèmes politiques (le couvre-feu et l’état d’urgence étaient décrétés dans les grandes villes). En Bolivie la situation n’est pas meilleure depuis la réélection contestée, pour un quatrième mandat, du président Morales. Comme dans le Sud Lipez, quasi désert, nous sommes tranquilles à Uyuni, gros village où seules quelques marches pacifiques rappellent la situation. Mais les principales villes du pays sont bloquées et nous ne savons pas si nous pourrons remonter la Bolivie jusqu’au Pérou comme nous l’avions prévu … Jean qui a besoin d’amortisseurs neufs ne peut s’en faire livrer et nous quitte pour tenter d’en trouver à La Paz.

L’anecdote : nous profitons du retour à la civilisation pour une petite visite à un coiffeur local. Il n’y a pas d’eau courante au salon, alors ça se passe à l’ancienne. Tandis que le patron va chercher deux seaux d’eau, un système rustique à gaz chauffe une bouilloire. Il ne reste qu’à mélanger le tout …
Il y a bien un bac pour laver la tête, comme chez nous, mais, faute d’évacuation, c’est un seau qui recueille l’eau du shampoing …
Comme tous les coiffeurs sont regroupées dans la même rue, il y a un ballet incessant d’une boutique à l’autre : l’un emprunte une lame de rasoir, l’autre des ciseaux … la solidarité est de mise !