Arménie : au pays des monastères ...
Du 25 avril au 7 mai 2025.
Un gros coup de cœur, l’Arménie !
Des monastères historiques situés dans des lieux sublimes, une nature magnifique en ce début de printemps, la gentillesse de ses habitants, la gastronomie ...
Ce petit pays, doté de vastes espaces, dégage une vraie douceur de vivre et on s’y sent tout de suite à l’aise !
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
Pourtant, notre séjour ne commence pas de la meilleure façon lors du passage de la frontière. Les informations sont difficiles à trouver quand on ne parle ni l’arménien ni le russe et les multiples guichets m’amènent à des attentes parfois inutiles ...
Mais tout finit par se faire et, une fois tous les tampons et documents en poche, nous bouclons rapidement le volet « formalités » en retirant de l’argent arménien (1 euro vaut 440 drams arméniens ) et en achetant à très bon marché une SIM locale.
Deux ou trois photos pour le blog et nous sommes prêts à débuter notre périple arménien.
Enfin presque !
Deux policiers en civil m’ont vu prendre des photos et me demandent d’effacer les clichés. Je m’apprête à m’exécuter mais ils veulent le faire eux-mêmes, s’embrouillent, et ne trouvent que des photos de moutons !
Voici donc ce que vous n’auriez pas dû voir …
A quelques kilomètres, dans la montagne, nous avons repéré un camping (denrée rare sur notre route) où nous allons pouvoir laver notre linge et faire l’indispensable maintenance du camion. Mais nous sommes tellement bien dans le camping d’Aghpat que nous y restons trois jours, dans un cadre superbe …
Petite anecdote au passage : il y a, longeant la falaise au bord de la vaste prairie qui fait face au camping, une petite piste bien tentante.
Mais comment y accéder avec le Sprinter ? J’interroge Maps : il faut faire 37 kilomètres de route pour aller de l’autre côté de la vallée !
C’est comme ça en montagne ...
Les environs proches sont riches en sites historiques à commencer par la forteresse de Kayan, un peu plus bas dans la vallée ...
Sur les hauteurs du village, notre premier monastère arménien, construit par la reine Khosrovanouch (la femme d’Achot le Miséricordieux comme chacun sait) et achevé plus tard par ses fils les rois Smbat II et Gourgen 1er Bagratouni vers 989 (j’adore ces noms étranges !) …
A proximité
également, les « grottes-châteaux » qui, en cas d’attaque, servaient de refuge à la population et de coffre-fort à la riche bibliothèque du monastère …
Pour compléter tout ça, il y a à quelques pas un excellent restaurant où nous dégustons quelques spécialités arméniennes (avec notamment une magnifique entrée : une sorte de pâté à la viande de mouton, aubergine, poivron, noix et herbes aromatiques …), arrosées comme il se doit par le vin local offert par le patron !
Des monastères, nous allons en voir d’autres, c’est la principale richesse touristique de l’Arménie !
Ce pays a été le premier à adopter officiellement la religion chrétienne en l’an 301 et regorge de ces très vieux bâtiments. Ça pourrait être lassant, mais ça ne l’est pas car outre leur beauté architecturale, ces monastères sont édifiés dans des lieux superbes.
Voyez celui de Sevanavank, construit sur une presqu’île du lac Sevan, à près de 2.000 mètres d’altitude …
Au sud d’Erevan, Khor Virap fait face au Mont Ararat qu’enfin nous apercevons à peu près débarrassé de son écran de nuages …
Nous y arrivons alors que va se célébrer un mariage très chic. Plusieurs invités, coutume locale certainement, offrent des colombes blanches …
Une des particularités de ce monastère est sa situation géographique : à quelques centaines de mètres seulement, devant le mont Ararat, on peut observer des mosquées situées en Turquie tandis qu’un peu plus loin au sud on aperçoit l’Iran et le Nakhitchevan, une obscure république autonome (de fait sous contrôle de l’Azerbaïdjan).
Au monastère de Tatev, c’est à un baptême que nous assistons …
C’est encore un cadre magnifique qui nous attend à Noravank et une architecture exceptionnelle …
Un prêtre bénit les visiteurs à tour de bras … Nickie en profite !
Voilà pour le chapitre monastère.
Mais il y a encore bien d’autres choses à voir en Arménie.
Il y a l’Arménie des villes et l’Arménie des champs, très contrastées !
Côté ville, ou plutôt village (nous avons réservé la visite d’Erevan pour notre retour en septembre), on peut dire sans exagérer que c’est très moche : rues au carré, maisons au toit de tôle sans aucune fantaisie, immeubles plus ou moins délabrés dans le plus pur style soviétique, couleurs ternes et déprimantes de tous les bâtiments, tout cela m’a découragé de prendre des photos mais vous en trouverez quelques exemples sur la vidéo ...
Du coup Dilidjan et sa vieille ville, pourtant austère, nous a paru presque pimpante ...
Par contre, côté nature, nous nous régalons. Dans cette Arménie dont 90 % se trouve à plus de 1.000 mètres d’altitude, montagnes et vallées sont superbes au début du printemps …
Le printemps c’est aussi le moment de la transhumance pour les bergers kurdes yézidis qui conduisent de vastes troupeaux de moutons à l’estive. Au long des routes nous en croisons plusieurs et voyons leurs campements sur les plateaux …
Les monts Ararat, le grand et le petit, que nous n’avions pas pu voir en Turquie pour cause de mauvais temps, se dévoilent enfin devant nous. Nous en sommes séparés de 35 kilomètres et c’est un peu brumeux mais nous sommes contents d’apercevoir enfin depuis Khor Virap ce lieu mythique où se serait échouée l’arche de Noé ...
Bien qu’il soit en territoire turc depuis plus de cent ans, le Mont Ararat est toujours considéré par les arméniens comme un symbole de leur pays, et il le font savoir en toutes occasions.
L’Arménie est un petit pays et il suffit de parcourir 500 kilomètres de routes pour la traverser du nord au sud. Elles sont bien moins bonnes qu’en Turquie mais bien meilleures qu’en Géorgie et on y rencontre deux catégories de véhicules : les « caisses à savon » et les voitures modernes. Ces dernières sont souvent des BMW, Mercedes, Peugeot, Tesla … dernier cri. Par contre les caisses à savon, reconnaissables à leur forme rectangulaire, sont hors d’âge. Ce sont essentiellement des Lada russes, berlines ou 4x4 (notamment la fameuse Lada Niva) ...
Pour les camions c’est la même chose : il y a bien sûr des engins modernes mais aussi beaucoup de vieux Kamaz qui fument et se traînent sur les routes …
La caractéristique commune à tous ces véhicules, c’est que beaucoup de leurs conducteurs, délaissant l’option « clignotants », ont choisi l’option « A la grâce de Dieu », celle qui permet de doubler sans visibilité au sommet des côtes ou dans les virages (ou les deux à la fois pour les plus téméraires). Il faut toujours être prêt à freiner et à se serrer au maximum sur le bas-côté pour passer à trois voitures là où il n’y a que deux voies. Les ailes cabossées, très répandues, témoignent de l’intrépidité des conducteurs arméniens !
Autre particularité du pays, une majorité des voitures roulent au GPL et beaucoup de stations services ne proposent pas de gasoil. Contrairement à ce que pourrait laisser penser la photo suivante, un plein de diesel ne nous coûte pas 318 euros mais 31.882 drams …
Soit environ 72 euros pour 70 litres.
Mais le gaz, à 30 centimes le litre, est encore bien plus économique. Ce gaz qui, comme en Géorgie, court partout dans des tuyaux aériens, à la ville comme à la campagne …
Tout comme celle de la Géorgie, bien que différente, l’écriture arménienne reste mystérieuse pour nous. Elle remonte à la nuit des temps et n’est utilisée que dans ce pays.
Հայերեն կարդալը հեշտ չէ !
Et ce ne sont pas les traductions en russe très fréquentes sur différents panneaux ou sur les produits que l’on trouve en épicerie qui nous aident beaucoup. Heureusement il y a aussi souvent des affichages en anglais, notamment pour les noms de ville …
Autre sujet d’étonnement pour nous : les arméniens attachent manifestement beaucoup d’importance à leurs morts. Dans des cimetières immenses, ceux-ci reposent dans des tombes somptueuses, parfois dignes de chefs d’état, et parfaitement entretenues ...
Le cimetière du Vieux Goris, avec son arrière-plan de cheminées de fées, est particulièrement remarquable …
Nous terminons notre séjour arménien à Goght. C’est là que se trouve le camping où nous allons laisser le Sprinter pendant quatre mois, le temps d’un aller-retour chez nous pour l’été.
Nous y passons trois jours occupés par les préparatifs de notre retour et la visite des environs avec notamment un dernier monastère à Geghard. Il a la particularité d’être semi troglodyte et certaines de ses constructions remontent au IVème siècle …
Un plus bas dans la vallée, le village de Garni abrite un étonnant temple d’inspiration romaine dans un cadre superbe …
Il domine une curiosité géologique : constituées de milliers de colonnes de basalte mesurant jusqu'à 50 mètres de haut, collées les unes aux autres, ces orgues basaltiques sont impressionnantes …
Vous les retrouverez sur la vidéo avec quelques images de la piste genre « ruta de la muerte » que nous avons empruntée par erreur pour y parvenir !
Ce petit séjour au camping 3Gs, « le » camping d’Arménie, est aussi l’occasion de nouer des contacts avec des voyageurs très intéressants, circulant dans la région : l’Arménie est au carrefour de la Russie, des « pays en stan », de l’Iran, de l’Irak ...
Nous quittons le camping à 00:30. Une heure de taxi, trois heures d’avion jusqu’à Athènes, puis encore quatre heures jusqu’à Nantes, un bus, un train … et vingt heures plus tard notre fils nous attend à la gare : la maison est toute proche !
On the road again : sur les routes et les pistes d’Arménie ...
Le saviez-vous ?
L’Arménie est un pays du Caucase, situé entre l’Europe et l’Asie, entre Orient et Occident. Elle est bordée par la Géorgie au nord, l'Azerbaïdjan à l'est, l'Iran au sud et la Turquie à l'ouest.
C’est l’une des plus anciennes civilisations du monde, avec des traces de royaumes dès le IIᵉ millénaire av. J.-C.. Au fil des siècles, elle est envahie par les Romains, les Perses, les Arabes, les Mongols et les Ottomans.
Entre 1915 et 1917, les Arméniens subissent un génocide orchestré par l'Empire ottoman.
Après une brève indépendance (1918–1920), l’Arménie est intégrée à l'Union soviétique jusqu’en 1991. Depuis, malgré les épreuves, l’Arménie conserve une forte identité culturelle, portée par sa langue, son alphabet unique et son Église nationale.
Le top :
Ce qui nous a frappés rapidement en Arménie, c’est la propreté !
Depuis l’entrée en Grèce nous fréquentons des parkings et souvent des lieux de bivouacs pollués par les papiers gras, les canettes vides et autres déchets. Rien de tout cela ici où le long des rues comme des routes, on voit des hommes et des femmes s’activer avec des petits balais de paille pour nettoyer trottoirs et caniveaux devant chez eux.
Le flop :
Le Sprinter à franchi le cap des 100.000 kms à son entrée en Géorgie, mais c’est en arrivant en Arménie qu’il nous le fait savoir : messages et témoins d’alerte sur le tableau de bord pour des problèmes de frein de parking électrique et toujours des hoquets à l’accélération. Après nous avoir tracassés quelques jours, tous ces problèmes ont soudainement disparu.
Mystères de l’électronique !
Têtes de turcs : je garde le titre de la rubrique mais c’en est bien sûr fini des portraits de turcs. Les arméniens les remplacent désormais ...
L’anecdote :
Au fil de notre parcours, nous avons rencontré quelques voyageurs avec qui nous gardons le contact à travers Polar Steps (une application dans laquelle les participants indiquent chaque jour leur position géographique agrémentée de quelques photos et commentaires). Alors que nous sommes à Goris, Orane et Edouard, rencontrés en Cappadoce, nous contactent en s’étonnant de nous trouver dans cette région car il est fortement déconseillé de s’y rendre selon le site du Ministère des Affaires étrangères français !
Renseignement pris, effectivement Goris se situe en zone orange, limite de zone rouge, en raison de sa proximité avec l’Azerbaïjan car les arméniens craignent une nouvelle agression de leur voisin et ennemi de longue date.
En pratique nous n’avons jamais ressenti le moindre danger, même si nous avons bien noté une importante présence militaire dans la région ...
Mais la beauté des paysages avec ses cheminées de fées nous les a vite fait oublier ...
Et ce n’est pas Orane et Edouard qui nous démentiront puisqu’il sont finalement venus nous rejoindre pour une belle soirée de bivouac dans la montagne …
Le bestiaire : avec leurs belles pattes rouges, des cigognes et des échasses,puis un berger d’Anatolie aux allures d’ours, voilà mes bêbêtes du moment ...
No comment : amusantes, étonnantes, intrigantes ... quelques images qui n’ont pas trouvé leur place ailleurs dans le blog ...
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