2013 - De Merzouga à Fint
Samedi 23 novembre 2013 :
Journée repos aujourd'hui. Notre lever un peu plus tardif qu'à l'habitude (7h 30 quand même) ajouté à une petite hausse de température nous permet de prendre le petit déjeuner dehors car le soleil est déjà chaud.
Lessive, cuisine, ménage, mise à jour et envoi du blog, ravitaillement et café à pied à Merzouga constituent l'essentiel de notre activité jusqu'au début d'après-midi.
Je pars ensuite à l'assaut de la grande dune pour m'en mettre plein les yeux (et aussi plein les jambes : une bonne heure à patauger dans le sable pour atteindre le sommet, les derniers mètres à quatre pattes).
Josiane et Jean-Paul nous rejoignent en soirée et nous dînons tous avec Françoise avec qui nous passons en revue tous les derniers potins de Merzouga.
Le saviez-vous ?
On a du mal à imaginer en regardant les dunes de Merzouga que des inondations ont détruit en mai 2006 toute une partie du village. Suite à des pluies torrentielles dans la région, un barrage en amont du village a cédé et une vague de trois mètres de haut a détruit de nombreuses constructions traditionnelles en pisé. Voici par exemple ce qu'il reste d'une auberge des environs !
Par contre, aux dires des habitants, aucune pluie sérieuse n'est tombée depuis cinq ans et la sécheresse devient inquiétante !
L'anecdote du jour.
Un marocain me voyant fumer une cigarette électronique : "Tu fumes la cigarette automatique !".
Dimanche 24 novembre :
Encore une journée bien tranquille. Je vais faire un petit tour dans les dunes pour photographier un dromadaire à la demande de Théodore. J'en choisis un beau noir et grâce à la wifi du camp il est immédiatement transmis via Facebook.
Réponse rapide et sans appel de mon petit Théodore, 4 ans, via son Papa : "Mais ce n'est pas un dromadaire,parce que les dromadaires sont blancs !" J'y retournerai ce soir ...
Dans la soirée nous partons faire un dernier petit tour vers l'erg avec JP et Josy et prenons un thé au Mohayut où nous avions couché il y a deux ans.
Je ne sais pas si ceux-là vont passer le contrôle qualité !
La soirée se termine également paisiblement autour d'un couscous d'orge absolument délicieux et nous mangeons et buvons un peu trop. Heureusement, la caravane n'est pas loin !
L'anecdote du jour.
Merzouga s'est développée entièrement grâce au tourisme. On y compte actuellement près de 5.000 habitants et une bonne centaine d'auberges, campings, maisons d'hôtes ...
Le produit phare proposé aux touristes est la nuit en bivouac dans "le désert". En fait l'erg Chebbi, quelques km2 seulement est parsemé de petites tentes à cet effet. Et les jeunes de Merzouga de revêtir, par dessus leur jeans et tee-shirts à la mode, des boubous touaregs assortis à leur chèches bleus, pour démarcher les touristes en se présentant comme "nomades".
Leur façon à eux de se mettre en "bleu de travail" !
Lundi 25 novembre 2013 :
Avant hier je parlais de la sécheresse qui sévit sur la région... il a plu toute la nuit !
Aussi c'est sous un ciel bien gris que nous quittons Merzouga, Françoise mais aussi JP et Josyi qui rentrent à Rabat.
Au passage à Rissani nous traversons quelques rues inondées.
Nous roulons jusqu'à Tazarine où nous pensons nous arrêter dans un camp situé en pleine brousse. Quand nous y arrivons après quelques kms de pistes, nous ne trouvons personne et vu le temps gris et frais nous faisons demi-tour pour le petit camping Amasttou situé en plein cœur de la palmeraie. Il n'y a personne non plus mais je réussis à ouvrir le portail et nous nous installons pour le déjeuner en attendant de voir la suite...
Le gardien arrive peu de temps après et nous félicite de nous être installés tout seuls !
L'après-midi nous allons au hammam (chacun de notre côté) nous réchauffer et quand nous sortons le soleil brille à nouveau.
L'anecdote du jour.
A l'arrivée au camping nous ouvrons la caravane et constatons que le frigo est ouvert et tout son contenu répandu par terre. Titine apprécie modérément la piste !!
Et en plus elle est couverte de boue et les deux garnitures de roues manquent à l'appel...
Demain, promis juré, on prend la route goudronnée, on arrête les excentricités avec la caravane !
Mardi 26 novembre 2013 :
La fraîcheur est revenue ce matin (5° seulement) mais nous sommes dans un très beau cadre, environnés de palmiers, grenadiers, orangers ... et les petits oiseaux chantent dès que le soleil paraît.
Après une petite marche dans la palmeraie, nous gagnons N'kob à seulement 35 kms de là et nous nous installons au camping.
L'après-midi nous allons voir la partie ancienne de N'kob qui conserve encore pas mal de vieilles kasbahs impressionnantes par leur taille.
Nous terminons par quelques courses à la "picerie".
L'anecdote du jour.
Nous terminons aujourd'hui notre premier mois au Maroc. Déjà plus de 5.000 kms parcourus, de belles rencontres et un dépaysement permanent.
Pour fêter ça, Nickie s'est pris une petite turista et, à l'heure où j'écris ces lignes, est toute habillée sous la couette. Elle va, c'est sûr, faire l'impasse sur le tagine que nous avons commandé pour ce soir.
Mais ça ira mieux demain, inch Allah !
Mercredi 27 novembre 2013 :
Ce matin Nickie va mieux et nous décidons de poursuivre notre route comme prévu hier : laisser la caravane à N'kob et partir pour trois jours avec le seul 4x4. Première étape, Boulmane du Dadès en traversant le Djebel Sagho par la piste. Nous en avions parcouru une partie il y a deux ans mais cette fois il faut aller au bout si nous voulons réaliser la boucle prévue. Après avoir parcouru un plateau caillouteux, la piste redescend vers une profonde vallée parsemée de petits jardins.
Elle s'élève ensuite jusqu'au deux tours rocheuses de Bab n'Ali où se trouve une improbable petite auberge où nous prenons le thé.
Puis nous grimpons, par une piste très chaotique, mais dans des paysages somptueux, jusqu'au Tizi Tazezart, col situé à 2.350 mètres.
Nous avons pris à bord un vieux qui marchait dans la montagne et nous le lâchons seulement 25 où 30 kms plus loin. "Choukrane, missiou, choukrane missiou...". Il est vrai qu'on lui a épargné presque une journée de marche en montagne !
Après trois bonnes heures de pistes, nous retrouvons la route et la petite ville de Boulmane du Dadès, très animée car c'est le jour du souk.
Nous remontons enfin la magnifique vallée du Dadès jusqu'à l'auberge où nous passerons la nuit.
Nous ne sommes pas mécontents de trouver un peu de confort et de chaleur car il fait froid depuis hier : 3° ce matin à N'kob, de la glace sur la piste dans le Sagho et, à l'arrivée sur Boulmane, nous voyons la neige sur l'Atlas.
L'anecdote du jour.
Dans un virage, 50 mètres avant l'auberge où nous comptons nous arrêter, nous trouvons deux hurluberlus qui s'agitent au milieu de la route. Après quelques instants nous n'en croyons pas nos yeux : il s'agit de Bianca et Matteo, nos compagnons de la semaine dernière ! Gustav, leur camion, est en panne et ils cherchent une voiture et des pinces pour suppléer leur batterie défaillante. Embrassades au milieu de la route (heureusement peu fréquentée). Malheureusement je n'ai pas mes pinces et nous devons partir en chercher ce qui prendra le reste de l'après-midi et nous vaudra quelques péripéties trop longues à raconter, les gens du coin se montrant d'une gentillesse mais aussi d'une inefficacité déconcertantes !
Le soir Gustav est toujours en panne et nous dînons avec Bianca et Matteo.
Demain matin, c'est promis, un mécano passera (inch Allah) !
N'kob - Aït Oudinar : 115 kms
Jeudi 28 novembre 2013 :
Gla gla ce matin ! Nous sommes à 1.700 m d'altitude et il y a du givre sur le pare-brise du Toy. Heureusement nous avons un petit chauffage dans le chambre et il y a aussi deux radiateurs à gaz dans la salle à manger. Le reste de l'hôtel, donnant sur le patio est glacial.
Après le petit déjeuner, nous montons un peu plus haut dans les gorges prendre le soleil matinal et découvrir le Dadès d'en haut.
Puis après des adieux (provisoires ?) à Bianca et Matteo, dont finalement l'alternateur est parti à Boulemane pour réparation, nous prenons la route vers Ouarzazate, profitant à nouveau des beautés de la vallée et de ses curiosités géologiques.
A Skoura nous nous arrêtons visiter la vieille kasbah d'Amridil célèbre au Maroc car figurant en fond, derrière le Roi, sur les billets de 50 dirhams.
Nous baguenaudons dans la palmeraie truffée de vieilles kasbah souvent délabrées avant d'y pique niquer et d'y prendre un petit repos.
Nous traversons Ouarzazate,puis, nous prenons la piste pour la petite oasis de Fint visitée avec bonheur il y a deux ans.
Après avoir passé l'oued, nous retrouvons l'auberge de Rachid, La terrasse des délices , qui porte bien son nom en cette après-midi ensoleillée et très douce. Après un bon tagine au boeuf pris devant le feu de bois, trois jeunes employés de l'auberge nous font un grand concert de chants et de percussions gnaouas. Soirée parfaite !
L'anecdote du jour.
Mohammed, le chibani père de Rachid, est toujours aussi exubérant et vient philosopher sur le temps qui passe et la modernité. Il faut dire qu'il a connu le temps où les hommes du village partaient pour Marrakech avec leurs ânes chargés de poteries et de dattes, qu'ils troquaient contre des tissus, du sucre, de l'orge ... Cinq jours de marche aller, autant pour le retour, il ne traînaient pas pour traverser le Haut-Atlas !
Vendredi 29 novembre 2013 :
Après une nuit parfaite nous prenons le petit déjeuner au soleil sur la terrasse près de la piscine. Nous avons gagné une bonne dizaine de degrés par rapport à hier matin !
Puis nous démarrons une petite marche dans l'oued et la palmeraie, vite interrompue (Cf. l'anecdote du jour).
C'est avec beaucoup de regrets que nous quittons l'oasis si paisible et ses habitants très chaleureux. Le chibani ne veut pas nous laisser repartir sans un sac de dattes et un autre d'amandes qui s'ajoutent à nos réserves déjà abondantes ...
Après une première halte à Agdz, un peu tristounette en ce vendredi jour de prière, nous nous arrêtons dans un étroit chemin de palmeraie proche de la route pour le pique nique, suivi d'une petite marche. Nous ne nous lassons pas de ces ballades dans les chemins bordés de murs de pisé, accompagnés des seuls chants des oiseaux.
Il fait beaucoup plus chaud aujourd'hui et nous nous arrêtons quelques kms plus loin au bord du Draa pour quelques minutes de sieste.
En fin d'après-midi nous retrouvons la caravane à N'kob où je vais me faire raser ce qui n'avait pas été fait depuis huit jours !
Comme c'est vendredi, nous commandons un couscous pour le soir au camp.
L'anecdote du jour.
Alors que notre promenade matinale à Fint commence à peine, nous rencontrons un homme avec ses outils de jardins. A peine nous voit-il qu'il les jette à terre et se précipite vers nous avec des grands cris de joie, nous embrasse comme si on se connaissait très bien et nous invite à le suivre chez lui pour le thé . Nous le suivons un peu interloqués : l'avons-nous rencontré lors de notre précédent passage ? Il a vraiment l'air de nous reconnaître !
Toujours est-il que nous voilà dans la maison d'Ahmed qui nous sert de nombreux thés, des dattes, le pain cuit par sa femme Khadija, des amandes ...
Dans un français très imagé, il nous donne des nouvelles de toute sa famille, demande des nouvelles de la nôtre, le tout émaillé de grand rires, d'embrassades, de tapes dans la main... Il faut prendre toute une série de photos des uns et des autres mais, comme il n'a plus une seule dent, il se force à garder la bouche fermée : "J'i ferme li pourte di garage !". Pour finir nous retournons visiter son jardin constitué de plusieurs petites parcelles de quelques mètres carrés semées de blé, de fèves, de légumes...
J'allais oublier : comme il trouve que nous n'avons pas fait assez honneur à son buffet, il nous donne des amandes et l'inévitable sac de dattes ! Et nous nous quittons sur une ultime embrassade au bord de l'oued avec la promesse de revenir la prochaine fois loger chez lui (inch Allah évidemment !)...
Commenter cet article