« ¡Qué cambio! »
Du 30 décembre 2018 au 6 janvier 2019
C’est en minaudant ces mots sur un ton émerveillé que la patronne du salon de coiffure où nous sommes allés à Ushuaïa accueillait systématiquement à sa caisse chacun des clients venant régler sa coupe. Cela nous a amusés et depuis c’est une phrase que nous reprenons souvent entre nous.
Si l’expression fait aujourd’hui le titre de cet article, c’est qu’elle traduit à merveille les changements vécus ces derniers jours : changement de pays, changement de climat, changement d’ambiance !
Voyons cela en détail …Après quatre semaines au Chili, nous passons pour la cinquième fois dans notre périple une frontière avec la voisine Argentine. D’un côté des Andes et de l’autre, on trouve sensiblement les mêmes paysages : forêts immenses, lacs aux couleurs somptueuses et étonnants volcans.
Mais une différence énorme tient en deux chiffres : le versant argentin reçoit de l’ordre de 470 mm de pluie par an, le chilien 4.000 !
Ajoutez quelques degrés de température en plus et vous comprendrez pourquoi nous avons hâte de rejoindre l’Argentine après quatre semaines dans le sud du Chili.
Malgré tout le charme de l’ile, c’est en effet la pluie qui nous chasse de Chiloé le 31 au matin. Après deux jours de froid et d’humidité nous avons le moral un peu chagrin et à l’unanimité nous décidons de tenter notre chance plus au nord. Un nième ferry nous mène sur le continent où la météo nous promet un peu plus de chaleur.
Du fait de ce départ impromptu, nous nous retrouvons à passer le réveillon dans un lieu improbable, sur les rives du Lago de Todos los Santos, au pied du volcan Osorno.
Compte-tenu de la pauvreté des ressources rencontrées sur notre route, les cuisinières improvisent un menu avec les moyens du bord : guacamole et fromage aux noix en apéro, confits de canard (venus de France bien sûr, de chez notre amie Marinette), pommes de terre de Chiloé à la sarladaise, glace vanille accompagnée de fraises et d’une compote de groseilles maison. Avec de bons vins chiliens, un repas parfait !
Le lendemain et les deux jours suivants, avec un peu de soleil revenu, nous profitons des sentiers de cette très belle région des lacs.
Un challenge : photographier le volcan Osorno dans son intégralité car il nous nargue avec toujours quelques nuages à son sommet. Un petit créneau se présente le deuxième jour, je le saisis !
Nous grimperons même avec Trottinette (la pauvre, le dénivelé est terrible) la route qui mène à la station de ski installée au pied du volcan. Nous y trouvons des couleurs étonnantes : blanc de la neige, vert de la végétation, noir et rouge des dépôts volcaniques.
Avant de quitter le Chili, nous nous arrêtons 24 heures à Aguas Calientes où nous attendent de belles promenades en forêt mais surtout, aux thermes en plein air, des bains à 40° pour nous réchauffer un peu car il fait toujours frais et humide.
Le lendemain alors que nous franchissons les Andes au col Cardenal Samore une surprise nous attend : la végétation luxuriante cède soudain la place à un paysage désolé d’arbres morts !
Que s’est –il passé ?
Après quelques secondes, nous remarquons les dépôts grisâtres qui couvrent tout autour de la route et nous comprenons qu’il s’agit de cendres et de dépôts volcaniques. Renseignement pris, le volcan Puyehue, tout proche, s’est réveillé en 2012 et a provoqué cette catastrophe naturelle qui s’est étendue par-dessus la frontière, forçant l’évacuation de milliers de personnes.
Miracle, quelques kilomètres plus loin, en Argentine, le ciel est tout bleu, le soleil brille et la température s’est sensiblement élevée. L’eau des lacs a changé de couleur, les images parlent d’elles-mêmes …
Notre première étape, la charmante petite station de Villa la Angostura nous apporte aussi un nouveau changement : ce sont les grandes vacances et il y a un monde fou, en short, à se balader dans les rues. Nous avons l’impression d’être passés, en une journée , du mois de mars à Saint Mars la Jaille, à La Baule les Pins en juillet !
Même le commissariat de police est riant …
Le lendemain nous poursuivons notre route le long du Lago Nahuel Huapi jusqu’à San Carlos de Bariloche qui par son cadre exceptionnel attire énormément de touristes, l’hiver pour les stations de ski, l’été pour ses plages au bord des nombreux lacs qui l’entoure. L’architecture et un petit côté « propret » inhabituel rappellent que les premiers colons de la région, ont été allemands et suisses.
Nous devrons nous habituer à rencontrer plus de monde dans les semaines qui viennent du fait des vacances mais aussi parce que nous arrivons dans des régions où la densité de population est bien supérieure à la Patagonie que nous sommes en train de quitter.
Encore un dernier changement : nous quittons Cathy et Philippe qui poursuivent vers le nord et les vignobles chilien où ils doivent retrouver un ami d’enfance tandis que nous prenons la direction du sud pour rendre visite à Klaus et Claudia dont nous reparlerons !
Nous nous donnons rendez-vous vers Santiago dans dix ou quinze jours environ pour reprendre nos pérégrinations ensemble …
Le saviez-vous ?
Le Chili est un long haricot vert que nous remontons lentement. Il est découpé en tranches du nord au sud pour former quinze régions administratives numérotées par un chiffre romain (plus la capitale Santiago qui est à part). Nous n’avons pour le moment parcouru que les trois les plus australes et nous en sommes donc à la Région XIII !
Ces appellations manquaient un peu de poésie et depuis l’année dernière, les numéros sont légalement remplacés par des noms : par exemple la Région XIII est devenue Région des Lacs.
L’anecdote : le soir du réveillon, un filet de réseau, miraculeux vu le lieu, nous permet de contacter tant bien que mal nos proches en Europe. Compte tenu du décalage horaire de quatre heures (ou trois pour nos écossais), nous célébrons la nouvelle année avec eux … tout en étant au lit à 23 heures !
Et ce ne sont pas les voisins qui risquent de nous déranger …
Le top : « ¡Que cambio! » … Le coiffeur de Bariloche ne l’a pas dit, lui, et pourtant c’est avec un nouveau look que Nickie est sortie du salon. Faute de teinture depuis trois mois il y avait un peu de toutes les couleurs sur sa tête. Une coupe très courte et très réussie est venue supprimer ce qui en restait et désormais c’est le gris qui domine. « ¡Que cambio! » …
Merci Léo pour ce joli coup de ciseau, qui plus est avec un prix sympathique : à peine plus de dix euros !
Le flop : la visite d’une cascade dans le parc Puyehue.
Après avoir payé le parking, nous avons la bonne surprise de pénétrer gratuitement sur le site, ce qui est plutôt inhabituel au Chili. Joie de courte durée : une fois bien engagés sur le chemin, se dresse devant nous un guichet. Bon, pour les « jubilados » (les retraités), c’est seulement 1.000 pesos au lieu de 1.500, c’est encore raisonnable. Sauf que nous n’avons pas bien lu les tarifs et le guichetier s’empresse de nous les rappeler : pour les « adultes non-chiliens », l’entrée est à 4.000 pesos. Cette discrimination, que nous avons déjà rencontrée nous agace et nous faisons demi-tour !
Tant pis pour les cascades … il y a bien d’autres lieux où la nature nous offre gratuitement un magnifique spectacle.
Le bestiaire : nous le rencontrons très souvent car il fait partie de ces animaux importés d’Europe par les colons et qui ont prospéré en Amérique du Sud. Mais à ma connaissance, le lapin ne cause pas de dommages écologiques comme les autres « immigrés » que sont le vison et le castor …
La pauvre bête serait plutôt du genre à se faire écraser sur les routes comme nous le constatons souvent …
No comment
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