Noël à Chiloé
Du 22 au 30 décembre 2018
Après la Suisse, la Bretagne !
Si la région des lacs avec ses vertes prairies et ses pics enneigés nous rappelait l’Helvétie, à Chiloé on pense plutôt au Morbihan ou à l’Irlande. L’herbe est bien verte, les collines sont douces et la mer est partout !
On oublierait vite qu’on est toujours en Patagonie …
Autre changement important pour nous qui venons des grandes étendues vierges du sud : la densité de population. Des villages et des hameaux partout, des voitures plein les routes, nous avions oublié tout cela …
Jamais avant le voyage nous n'aurions imaginé prendre autant de bateaux !
Pour nous éviter un long détour par l’Argentine, sur des routes déjà empruntées lors de notre descente vers le sud, nous prenons à nouveau un ferry entre Chaitén et Quellon, au sud de l’Ile. Environ quatre heures et demie de navigation, malheureusement par un temps maussade …
Dès l’arrivée à Quellon, nous découvrons une des curiosités de Chiloé : les maisons en bois. Ce ne sont pas les premières que nous voyons, mais ici elles sont remarquables par leurs bardeaux, leurs « écailles » en bois d’alerce et par leurs couleurs vives. A Castro, les « palofitos », sont construites sur pilotis au-dessus du fjord et du rio Gamboa.
Les maisons de Chiloé.
Immanquables également, les églises en bois. Nous ne les avons pas toutes vues car il en reste cent cinquante sur les deux cents construites à l’initiative des jésuites et des franciscains, au début du XVIIIème siècle pour les plus anciennes. Des plus modestes jusqu’à la grosse pâte d’amande jaune, rose et violet de la « capitale » de l’ile, Castro, toutes ont leur charme …
Réputée pour sa forte pluviométrie, Chiloé a été relativement clémente avec nous. Il y a toujours eu un petit moment de soleil et nous avons pu faire de belles balades, notamment à Cucao où nous avons retrouvé, côté Pacifique cette fois, une colonie de lions de mer.
Nous l’avions déjà vu dans des grandes baies fermées ou des fjords, mais c’était la première fois que l’on observait l’infini des eaux tumultueuses du Pacifique. On s’est même fait le plaisir d’un bivouac sur une plage déserte.
La pêche, l’élevage de saumon et de moules sont des activités importantes à Chiloé. Comme la mer est omniprésente, il y a toujours un spectacle en cours : petits bateaux de pêche, pêcheries, sans parler du transport des moutons élevés sur les petites iles annexes …
Chiloé nous a permis de renouer un peu avec la gastronomie et d’améliorer notre ordinaire. Outre les fruits de mer (moules, palourdes, huitres) et le poisson, nous avons retrouvé avec plaisir les légumes, qui nous ont vraiment manqué dans le sud. De plus la production locale est excellente et Chiloé est particulièrement réputée pour ses pommes de terre multicolores.
Une des spécialités culinaires de Chiloé est le « curanto » que nous avons testé à Castro : énormes moules et palourdes, porc fumé, saucisse, poulet, pommes de terre et « chapaleles » (boulettes de farine de patate et de blé). Un plat délicieux et plutôt roboratif comme vous l’imaginez !
Quant à Noël c'est bien sûr avec Philippe et Catherine que nous l’avons passé, sur la terrasse d’un ancien fortin dominant la mer : champagne à l’apéro sous le soleil, ceviche de saumon et crêpes pour le reste du menu. Tout cela était un peu minimaliste, comme la décoration du Vicou qui nous accueillait, mais bien sympathique. La bonne qualité du réseau chilien, nous a permis, même dans ce coin un peu paumé, de joindre nos familles et de partager un peu de cette journée spéciale.
Le Père Noël avait concentré l’essentiel de ses moyens sur Trottinette qui s’est vu offrir un bon passage chez un spécialiste local du pot d’échappement. Chez Fernando, ça ne ressemble pas à Midas, mais je crois qu’il a fait du bon travail sur ce pot qui a subi déjà deux interventions …
A suivre …
L’anecdote : Pid Pid, Cucao, Llau-Llao, Quilquico, Chonchi, Achao, Cao-Cao, Teguaco Cocotue … on trouve sur Chiloé beaucoup de villages dont les noms ne sonnent pas "castellano".
Sont-ils d’origine indienne ?
Le saviez-vous ?
Parlons en justement, des indiens.
Partout en Argentine et au Chili nous croisons des gens très typés indiens. Si dans certaines régions ils ont été pratiquement exterminés, ce n’est pas le cas partout et notamment à Chiloé où l’on estime à 17.000 personnes leur communauté. Ce sont des « huilliches », partie de la grande famille indienne des « mapuches », les « gens de la Terre » dans leur langue – le mapudungun – dont la population est évaluée à un million d’individus.
Les mapuches se battent encore aujourd’hui pour sauvegarder leurs terres ancestrales, proie des grandes compagnies forestières et agricoles et selon certaines sources 400 militants mapuches sont actuellement inculpés ou emprisonnés au Chili.
Le top : à peine débarqués sur l’ile, nous avons fait une belle rencontre à Santa Rosa, hameau de quelques maisons en bord de mer. Un pêcheur nous a parlé de son activité et a insisté pour m’amener faire un tour dans sa petite barque. Il pêche mais une partie de son activité consiste à ramasser des algues qui sont collectées et envoyées pour la plupart au Japon. Elles servent principalement à l’industrie pharmaceutique mais certaines sont aussi comestibles et l’on en trouve d’ailleurs sur les marchés locaux, en « bottes » ou cuites et compactées en odorants paquets noirs.
Nous avons vraiment passé un bon moment avec lui, son fils et son neveu …
Le flop : nous avons un peu accéléré notre remontée vers le nord pour fêter Noël à Chiloé, terre de missions et d’églises. Certes les églises sont très belles mais la messe de Noël dans la petite ville de Chonchi n’a réuni qu’une quinzaine de personnes (dont quatre touristes français) et l'église paraissait bien vide !
Une messe un peu tristounette, loin de la belle cérémonie que nous avions imaginée.
Pourtant les chilotes se signent devant chaque croix ou chaque figure religieuse qu’ils rencontrent sur leur route …
Le bestiaire : beaucoup d’oiseaux marins évidemment à Chiloé. Notamment, par colonies entières, le Cormoran impérial et la Barge hudsonienne, venue d’Amérique du Nord passer, comme nous, de l’hiver à l’été austral.
Mon premier pélican américain !
Et puis, qui a dit que les oiseaux étaient des cons ?
Ce goéland dominicain n’a-t-il pas trouvé un bon moyen de casser les coquillages ?
Ce n’est pas une forme d’intelligence ça ?
No comment :
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