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Récits de voyages à l'usage de nos petits enfants, de notre famille, des amis et de tous les autres curieux ... Le blog relate nos voyages au Maroc, en Mauritanie, au Mali, en Afrique du Sud et Namibie ainsi qu'un long séjour dans neuf pays d'Amérique du Sud ...

28 Mar

Chronique d'un retour mouvementé !

Publié par yvesetnickie.over-blog.com  - Catégories :  #Colombie

Du 17 au 25 mars 2020.

Foutu coronavirus, on était si  bien sur la place de notre petit village de Pijao en Colombie !

Chronique d'un retour mouvementé !

 

Mais il est vrai que maintenant on est bien chez nous aussi …

Malgré quelques hésitations, nous avons eu la chance de prendre les bonnes décisions à deux moments décisifs et ainsi de pouvoir rentrer d’extrême justesse chez nous avant d’être longuement confinés en Colombie.

Retour sur quelques journées intenses …

16 mars au soir : nous sommes comme des rois dans le petit village de Pijao, avec en perspective une visite dans la « finca cafetera » de Don Jesus et une invitation à Pereira dans la famille d’Alberto rencontrée la veille au village. Sauf que les rumeurs de blocage des routes s’amplifient …

Qu’allons-nous faire dans ce village, tout charmant soit-il, si un long confinement se met en place ?
A ce moment nous n’y croyons pas vraiment mais nous prenons quand même la décision de quitter Pijao, d’abandonner tous nos projets des deux semaines à venir et de regagner directement Villa de Leyva où nos cousins colombiens nous attendent dans leur maison.

Nous sommes confortés dans notre décision le lendemain après-midi quand Esperanza, qui suit la situation d’heure en heure, nous apprend que l’accès à la région de Boyacà, où se trouve leur maison de Villa de Leyva, sera fermé le lendemain à midi.

Le souci c’est que ce matin, nous avons eu une route épouvantable entre Armenia et Ibague : la « linea », qui franchit la Cordillera Central, est connue comme une des pires de Colombie, ce qui n’est pas peu dire !
Nombreux travaux, abondance de camions qui ne peuvent se croiser dans les épingles à cheveux, vénézuéliens qui mendient dès qu’on est arrêtés ou ralentis … Pour tout arranger nous subissons un contrôle de police avec fouille poussée de Trottinette.

Après quatre heures de conduite, nous n’avons parcouru que 80 kilomètres, sans autres arrêts que ceux imposés par les travaux et les bouchons, alors que nous en avons près de 500 à faire. En Colombie, on ne compte pas en kilomètres mais en heures …

 

Nous n’avons même pas vraiment le cœur à admirer le paysage qui s’échelonne entre 300 et 3.300 mètres d’altitude et nous fait passer à plusieurs reprises du froid à la canicule.
A 18h 30 la nuit nous tombe dessus alors que nous sommes dans la banlieue de Bogota. Tant pis, pour une fois nous dormirons sur le parking d’une station essence, nargués par quelques avions qui atterrissent à l’aéroport tout proche.

Le lendemain matin nous reprenons la route avec en tête l’objectif de passer la « frontière » entre la région de Bogota et le Boyacà. Tout va bien jusqu’à un péage où se tient un policier. Il nous fait ranger sur le bas-côté et s’écarte avec son téléphone, manifestement en quête d’instructions. Il revient l’air bien ennuyé et me demande mon prénom.

« Yves, me dit-il d’un ton désolé, je ne sais pas comment te le dire … il va falloir me suivre à l’hôpital de Choconta ! »

Le pauvre est dans ses petits souliers mais n’y peut rien, inutile de lui expliquer que nous sommes en Amérique du sud depuis deux mois, nous sommes étrangers, ce sont les ordres. Il enfourche sa moto, il faut le suivre …

Chronique d'un retour mouvementé !

 

Histoire de nous détendre, on nous fait alors un petit gag : le policier se tenait après le péage que nous avons donc payé avant qu’il ne nous arrête. Comme l’hôpital est derrière nous à 25 kilomètres, il nous faut repasser le péage et à notre grande surprise le payer à nouveau ! Pas moyen de discuter !

Nous voilà donc à l’hôpital de Choconta, un joli petit bâtiment peint en rose où l’on nous fait pénétrer par l’entrée des urgences. 

Chronique d'un retour mouvementé !

 

Nous sommes reçus par une jeune médecin très sympathique qui, après quelques questions, nous présente, comme le policier, un tas d’excuses et nous autorise à repartir.

Ouf ! Il n’y a plus qu’à reprendre la route vers Villa de Leyva et … payer une troisième fois le péage !

Esperanza et Patrick, qui étaient très inquiets pour nous, nous accueillent à bras ouverts dans leur jolie maison qui domine cette magnifique petite ville. Enfin, magnifique, c’est notre Routard qui le dit : nous sommes confinés à la maison et ne verrons rien de la ville …

Chronique d'un retour mouvementé !
Chronique d'un retour mouvementé !
Chronique d'un retour mouvementé !

 

Il ne reste plus qu’à organiser ce confinement qui se présente au mieux pour nous : la maison est confortable, il y a un jardin, nos hôtes sont formidables et les moments que nous avons passés avec eux en Equateur nous ont prouvé que la cohabitation se fera sans problèmes. Nous sommes privilégiés par rapport à beaucoup de nos amis voyageurs dont nous suivons les péripéties sur les réseaux sociaux et qui ont souvent bien du mal à trouver un lieu où on les accepte.

Cuisine, jardinage, musique (guitare, charango, quena avec Patrick) … le temps s’écoule doucement … nous nous résignons à passer un certain temps dans notre prison dorée.

Il y a peu de cas de personnes infectées par le coronavirus en Colombie, aucun dans la région où nous nous trouvons, on est donc bien en sécurité sur ce plan. Esperanza se rend au village faire des courses tous les deux ou trois jours, avec d’infinies précautions.

Mais par ailleurs les mesures de confinement se durcissent d’heures en heures dans le pays et, en particulier, les plus de 70 ans dont je suis sont assignés à résidence jusqu’au 31 mai. L’ambassade de France nous informe que deux derniers vols vers Paris sont prévus les 25 et 26 mars, le second étant incertain.

Nous hésitons …

Le lendemain matin, tout se bouscule.

L’ambassade nous engage à partir dès le soir, l’avion du lendemain étant annulé. Il nous reste quelques sérieux problèmes à résoudre tout en préparant nos bagages …

Tout d’abord, acheter un billet d’avion. Air France Bogota, contacté par téléphone, nous fait espérer deux places à 750 dollars, prix affiché la veille, avant de nous informer qu’il ne reste que des Business class à 3.100 euros !

Retour vers l’ambassade qui nous incite à prendre des billets moins chers à n’importe quelle date et de tenter notre chance à l’aéroport le soir : dans les précédents avions il restait toujours quelques sièges inoccupés. Ce n’est guère rassurant mais nous achetons deux billets aller-retour (moins chers qu’un aller simple !) pour le mois de mai. Comme par hasard, internet qui marchait bien jusque-là se met à cafouiller. Mais on finit par finaliser l’achat.

Le second souci, c’est de trouver un moyen de transport pour rejoindre l’aéroport à Bogota. Esperanza prend les choses en main et trouve un taxi qui accepte de nous conduire pour 550.000 pesos soit environ 125 euros. Banco !
Sauf que l’histoire n’est pas finie et que nous allons expérimenter longuement et « en live » un des traits de caractère des colombiens : leur gentillesse naturelle les pousse à ne jamais refuser quoi que ce soit sans oser le dire franchement. Ce brave Gustavo a accepté de nous envoyer un chauffeur, nous assure à plusieurs reprises qu’il est en route, mais la voiture n’arrive pas. Je vous passe les détails, ça dure plus de deux heures : nombreux appels à la police locale, à Gustavo, à l’ambassade qui nous délivre divers documents pour circuler … le temps tourne et nous passons par tous les états d’espoir, de colère et de découragement avant que la voiture n’arrive enfin, après que le chauffeur se soit parait-il perdu !

Notre troisième souci lui ne sera pas résolu : il nous faut abandonner Trottinette dans le jardin alors qu’elle est en importation temporaire et sensée quitter la Colombie fin mai. Esperanza a passé une partie de la matinée avec les services des douanes colombiennes sans résultat tangible. Tant pis, nous partons avec l’espoir raisonnable que le délai, compte-tenu des circonstances exceptionnelles, sera prolongé.

Nous voilà donc en tous cas dans un pick-up dont le chauffeur, Alvaro, ganté et masqué, ne semble guère ravi de la course qu’on lui a confiée. Pendant le trajet, je reçois un ultime document de l’ambassade qui le rassure un peu : il est nommément missionné pour nous conduire vers l’aéroport ce qui doit lui permettre de revenir après nous avoir déposés.

Chronique d'un retour mouvementé !

 

Pour autant il ne ralentit pas le rythme que l’angoisse, probablement, lui a fait adopter : les pneus crissent à chaque virage dans la montagne et les zones à 80, 50 ou 30 sont passées indistinctement entre 100 et 130 kilomètres/heure avec, la moitié du temps, une seule main sur le volant, l’autre étant occupée par son portable qui ne cesse de sonner ! Vu la qualité des routes, nous sommes terriblement brassés à l’arrière et pas loin de restituer un déjeuner pris à la hâte. Heureusement, confinement oblige, les routes sont quasi désertes …

Le trajet, prévu pour trois heures et demie, durera deux heures et quart !

Chronique d'un retour mouvementé !

 

Vers 17h 30 nous sommes à l’aéroport de Bogota. Après contrôle de nos passeports et de notre température, nous pénétrons dans le hall presque désert. Les tableaux de départ et d’arrivées parlent d’eux-mêmes …

Chronique d'un retour mouvementé !
Chronique d'un retour mouvementé !

 

Commence alors une longue attente de l’ouverture des guichets ; jusqu’à 19 heures puis, l’échéance étant repoussée, à 20h 30. Une centaine de voyageurs sont alors devant les guichets quand arrive le directeur d’Air France Colombie et l’Ambassadeur de France suivi de quelques membres de son équipe. Je les ai tellement sollicités dans la matinée qu’ils nous connaissent parfaitement. On nous demande de nous inscrire sur une liste d’attente et de patienter deux nouvelles heures …

Un peu après 22 heures le verdict tombe : nous avons deux places dans l’avion !
Très égoïstement, nous nous réjouissons que certains possesseurs de billets n'aient pas réussi à rejoindre l'aéroport ...

Il a été retardé d’une demi-heure, puis nous restons encore une heure à l’arrêt sur le tarmac mais qu’importe : à 1h 30 du matin nous décollons après avoir été salués de chaque côté de l’appareil par tous les personnels de l’aéroport visiblement émus. C’est le dernier avion pour la France et ces gens-là seront sans doute très prochainement sans travail !

Après un bon vol, nous arrivons à 17h 30 à Roissy, tout aussi désert qu’El Dorado à Bogota. Il ne reste plus qu’à trouver un moyen de regagner la maison aux Sables d’Olonne !

Trains annulés, avions annulés, Blablacar aux abonnés absents … il nous reste les loueurs de voiture.
Je consulte sans succès toutes les compagnies l’une après l’autre jusqu’à ce que la dernière, Europcar, me trouve une voiture. Ce sera une petite Fiat 500 décapotable plus appropriée pour un tour de bord de mer que pour 500 kilomètres d’autoroute, mais on ne va pas faire les difficiles !
Paris est vite traversé car le périph est quasi vide ; sur l’autoroute il n’y a que quelques camions, la Fiat est poussée à fond !

Chronique d'un retour mouvementé !
Chronique d'un retour mouvementé !

 

A 1h 30 du matin, nous arrivons à la maison que nous trouvons impeccable : nous l’avions prêtée à une nièce qui l’a quittée la veille, ayant trouvé un autre point de chute …

Il ne nous reste plus qu’à organiser un nouveau confinement qui se présente au mieux : le temps est au beau, il y a bien des choses à faire à la maison et nous pouvons même profiter des marais tout proches pour notre promenade journalière dans un joli cadre. Cerise sur le gâteau, nous pouvons y rejoindre enfants et petits-enfants pour des rencontres à distance !

Et puis, comme dans toute chose il y a toujours un aspect positif, nous allons avoir du temps pour préparer un nouveau séjour en Colombie et peut-être aussi en Equateur. Trottinette est là-bas, il va bien falloir aller la chercher.
Première chose, obtenir une prolongation de son autorisation temporaire. En fonction des dates que l'on nous donnera, nous espérons retrouver nos cousins colombiens, avec qui nous avons passé de si bons moments, soit en septembre, soit en début d'année prochaine.

Nous sommes si frustrés de n'avoir passé que trois semaines en Colombie et il reste tant à voir !

 

Mais au moins, nous avons le grand bonheur de retrouver les jolies lumières du marais voisin ...

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S
Merci pour votre article que j'adore
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R
Merci de nous avoir partagé cet intéressant article et ces jolies illustrations.
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S
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo) Au plaisir.
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Y
Merci. J'ai trouvé également des choses très intéressantes sur Panodyssey !
P
Eh bien.... extraordinaire reit en image ui ne reflète pas les angoisses légitimes qui ont du vous assaillir en pareille situation. J'avais des pensées pour vous a chaque interview de français coincés a l'étranger sans directives claires quand à leur avenir, et leur affolement était toujours palpable. Vous êtes désormais des globe trotters confirmés ! Il faut songer à vous éditer un diplôme en bonne et due forme. Après autant d'aventures j'espère que la décompression due au confinement se fera sans trop de mal. C'est une vraie chance d'avoir une partie de la famille à proximité, et avec l'aide d'un mégaphone et de quelques signaux de fumée, de pouvoir communiquer avec les qq mètres de sécurité requis... Et la vie en pleine nature permet d'alléger le sentiment de réclusion. Je vous embrasse bien, ainsi que la smala Ben incorporated.
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Y
Merci d'avoir pensé à nous !<br /> Nous ne sommes pas à plaindre avec notre grande maison, le jardin et la possibilité de petites sorties dans le marais où nous pouvons retrouver de temps à autre Ben et les enfants pour une brève rencontre (à distance de sécurité bien sûr). Même pas besoin des signaux de fumée ...<br /> Et toi, comment vas-tu, j'imagine que tu es toujours rue Lardin de Musset ?<br /> Gros bisous lointains mais sincères
P
Chapeau cousin ! tout y est, tu n'as rien oublié, ce non-stop sera mémorable.
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