2014 - Le séjour à Sidi Ifni
Trois semaines !
Jamais dans nos voyages nous ne serons restés aussi longtemps dans un même endroit. Nous ne regrettons pas notre séjour à Sidi Ifni même s'il a été un peu prolongé par les inondations qui nous y ont bloqués et nous ont empêché de rayonner dans les environs comme nous l'avions prévu. Nous avons pu approfondir notre connaissance de cette petite ville, lier des amitiés...
Voici, pêle-mêle, quelques images, anecdotes et autres faits divers collectés pendant notre séjour…
La ville : Elle est située à 160 kms au sud d’Agadir, en face des Iles Canaries et compte un peu plus de 20.000 habitants. Occupée par les espagnols de 1939 à 1969, elle garde de nombreuses traces de cette période notamment quelques beaux bâtiments utilisés aujourd’hui par l’administration marocaine. La ville s’étire entre la mer et la montagne avec à son extrémité sud une grosse enclave non construite : l’ancienne piste d’atterrissage qui sert pour le grand souk hebdomadaire du dimanche. Même si elles restent toujours peintes en blanc et bleu, depuis longtemps déjà, les maisons modernes à deux étages remplacent inexorablement les vieilles bâtisses en pisé, et les portes en fer prennent la place des vieilles entrées mauresques.
L’heure « comme ça » : demandez l’heure d’ouverture d’un magasin et souvent on vous répondra « A trois heures, comme ça ! ». Inutile de revenir à trois heures : au Maroc il y a l’heure officielle, négligée par la majorité de la population, et l’heure « comme ça », la plus fréquente, une sorte d’heure « Inch Allah » !
« C’est cadeau ! » : plus nous avançons dans le séjour, plus nos relations avec les voisins sont chaleureuses. Quelques vêtements donnés pour les enfants déclenchent un cycle infernal de cadeaux : ça sonne, une assiette de gâteaux maisons … on réplique par un ballon, paf nous arrivent une lampe (fabrication maison elle aussi, super kitch !) et un couscous alors que nous sommes déjà invités à en manger un ! Une photo de la famille, et toc une autre énorme assiette de gâteaux etc…etc…..
La côte : la mer est évidemment un élément essentiel de la ville. La plage s’étend sur des kilomètres au nord comme au sud et n’est interrompue que par le port, toujours en construction où l’on observe toujours les restes des installations espagnoles : un téléphérique permettant de débarquer hommes et marchandises des bateaux qui ne pouvaient s’approcher de la côte. Pour sortir, les pêcheurs doivent affronter toute l’année de belles vagues qui font le régal des surfers !
La côte est particulièrement belle au nord jusqu’à Legzira avec plusieurs grandes arches naturelles.
Les saharaouis : ici les tenues vestimentaires, la langue, les comportements, montrent clairement que l’on n’est plus chez les berbères mais chez les saharaouis qui peuplent le Sahara occidental et la côte jusqu’au fleuve Sénégal. Plus précisément, nous sommes chez les Aït Baâmrane qui ont la réputation d’être frondeurs et belliqueux (ils furent les derniers résistants marocains aux français et ce sont eux qui ont délogé les espagnols dans les années 60). Juste avant notre arrivée, des incidents ont éclaté dans la ville suite au décès d’un jeune homme, probablement un candidat à l’immigration clandestine, tombé d’une falaise alors que les gendarmes intervenaient sur la côte.
S’ils sont prêts à s’enflammer pour défendre leurs droits, les gens ici sont parfaitement calmes, courtois et respectueux des étrangers. On ne s’y sent jamais assaillis ni arnaqués. Au bout de quelques jours, nombreux sont ceux qui nous reconnaissent et nous saluent cordialement.
On remarque particulièrement les magnifiques tenues des femmes, enveloppées dans leurs « melhfas », grands voiles multicolores dont on dit qu’elles possèdent des dizaines voire parfois des centaines d’exemplaires et qu’elles changent plusieurs fois par jour.
Quand on boit la tasse : un soir nous allons diner dans un petit restau qui sert de la paella. Alors que nous dinons en terrasse sur la rue, le patron nous demande sur le ton de la confidence si nous voulons boire du vin. Un peu surpris car on ne trouve généralement pas d’alcool au Maroc dans ce genre d’établissement, nous acceptons. Il revient avec du vin rouge servi dans de grandes tasses pour donner le change. Ainsi, pour les passants nous buvons notre café au lait… la morale est sauve !
« M’sieur, ta monnaie » : ici, ce n’est pas Marrakech et le touriste n’est pas considéré comme une vache à lait. Nul besoin, sauf exception, de discuter les prix. Exemple de l’honnêteté des commerçants ce thé pris dans un des nombreux petits bistrots de la ville. Pour régler, je tends une pièce de 10 dirhams (90 cts d’euros) mais le garçon me demande un dirham supplémentaire. Je lui donne et repars, trouvant ça un peu cher pour le lieu, mais bon … Soudain on court derrière moi : « Monsieur, pourquoi t’es parti si vite ? ». Le garçon me tend une pièce : en fait le prix était de 6 dirhams et le dirham supplémentaire permettait de me rendre une pièce de cinq !
Sol y sombra : autant les touristes européens cherchent le soleil, autant les marocains le fuient. Par exemple aux terrasses des cafés, ils se placent soigneusement à l’ombre, même en hiver, alors que nous cherchons à profiter du moindre rayon.
Les femmes, à la peau souvent très blanche, s’exposent le moins possible. Au café, pas de problème : elles n’y vont pas ! Mais souvent on en croise dans la rue qui tiennent devant leur visage leur sac ou un objet quelconque pour se protéger de tout bronzage … Elles ont aussi souvent, par-dessus leur voile, une casquette à visière (étrange cohabitation de la melhfa et de la casquette Nike !).
La pina colada : assez vite nous avons instauré un rituel que nous avons scrupuleusement respecté chaque soir : l’apéro !
Un bol de cacahuètes, quelques olives, un bout de fromage ou des anchois et surtout, un grand verre de pina colada. Ne croyez pas que nous avons viré alcooliques, la boisson en question, achetée dans les épiceries locales contient bien du jus d’ananas, du lait de coco et même de l’aloa vera, mais pas une goutte de rhum, pays musulman oblige !
Un opticien fondamentaliste : nous avons fait faire à Tiznit nos lunettes (environ trois fois moins chères qu’en France à qualité égale) par un opticien marocain qui a fait ses études à Bordeaux. Il est tout à fait charmant et manifestement très compétent mais ses tenues vestimentaires et sa longue barbe laissent à penser qu’il est très religieux. Nous en aurons confirmation lorsque en le quittant Nickie lui tend la main : il croise les siennes sur sa poitrine, fait un grand sourire et déclare qu’il ne peut pas serrer la main d’une femme !
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