Coroico et la Ruta de la Muerte
Du 6 au 8 novembre 2019.
Une végétation exubérante favorisée par un climat chaud et humide, des précipices, des cascades, des cultures en terrasse de bananes, coca, café, cacao, canne à sucre, papayes … c’est la région des Yungas, à seulement 120 kms de La Paz.
Voilà plusieurs semaines que nous vivons autour de 4.000 mètres alors quand une occasion de « redescendre sur terre » à 1.200 mètres se présente, il faut la saisir !
Certes, ça se mérite : après s’être extrait de la ville, il nous faut monter jusqu’à 4.700 m, où nous trouvons la neige, avant de commencer à redescendre. Et après peu de temps nous sommes dans un brouillard si épais qu’on n’y voit guère qu’à une quinzaine de mètres !
A 18h 30 la nuit commence à tomber, nous nous arrêtons dans un petit chemin pour dormir …
Le lendemain le soleil est revenu et nous poursuivons la descente jusqu’à 1.200 mètres … avant de remonter à 1.750 à Coroico !
On a l’impression d’avoir changé de pays : lupins, bananiers, papayers, palmiers, ibiscus … oiseaux colorés et perroquets, tout un monde tropical si différent de la rigueur de l’altiplano !
Avec Jean et Nicole, arrivés hier soir, nous nous faisons conduire en taxi à une cascade située à quelques kms. C’est l’occasion de prendre un bain pour les plus courageux (eux !) mais aussi d’observer de près les petits champs de coca cultivés le plus souvent sur des pentes vertigineuses.
Nous sommes installés sur un des rares endroits plats : la petite place centrale du village où nous passons la nuit. Nous profitons avec bonheur de toute la vie du bourg : marchands ambulants, sorties d’écoles, paysans des alentours venant vendre ou se ravitailler …
Avec toujours une préférence pour les femmes aux longues tresses nouées dans le dos, chapeaux melons et larges jupes plissées. Et un grand tissu rayé servant de sac à dos ou de porte bébé.
Certaines ne doivent guère dépasser 1,25 m ! D’autres se distinguent par leurs traits et leur peau noire : on trouve encore dans la région des descendants des esclaves d’origine africaine utilisés par les espagnols …
Le lendemain midi nous redescendons dans la vallée pour aller près du village de Yolosa visiter La Senda verde, une fondation qui recueille des animaux maltraités, blessés, ou faisant l’objet de trafics. Nous y logeons dans une « cabaña » qui a des allures de lodge africain, au milieu des singes et des perroquets.
Sensation bizarre, ici le zoo est inversé : nous vivons et nous déplaçons dans des espaces grillagés, avec les animaux autour de nous.
Ils sont environ 800 à vivre ici : beaucoup de singes et de perroquets mais aussi un tapir, des capibaras, des ours à lunettes, des tortues, des pumas … que nous découvrons avec un des bénévoles qui travaillent ici.
Mention spéciale aux singes hurleurs que nous avons la chance rare d’entendre pousser leurs cris rauques …
A la fin du film, c'est eux qu'on entend. Impressionnant, non ?
Le lendemain nous remontons à La Paz, mais cette fois nous empruntons une partie de la Ruta de la muerte !
Cette route, utilisée par tous les véhicules jusqu’au début des années 2000 faute d'alternative, était officiellement la route la plus dangereuse du monde au vu du nombre terrible d’accidents qu’elle provoquait. Aujourd’hui, elle n’est plus guère utilisée que par les vététistes et quelques fadas comme nous…
Nous partons de Senda Verde à 1.200 m pour rejoindre la nouvelle route une trentaine de kms plus loin et 2.000 mètres plus haut. Nous avons surtout apprécié le début car assez vite la pluie et le brouillard ont un peu compliqué les choses.
L’avantage c’est qu’on ne voit plus les précipices (ils peuvent atteindre mille mètres !).
Le saviez-vous ? La ruta de la muerte a été construite par des prisonniers paraguayens durant la guerre du Chaco dans les années 1930. On y comptait en moyenne deux cents accidents et une centaine de morts par an. Le pire accident s’y est produit le 24 juillet 1983 quand un autobus est tombé dans un précipice, provoquant la mort de … cent personnes !
Elle présente un dénivelé de 3.600 m en 64 kms sur sa partie principale et c’est la seule route de Bolivie où l’on roule à gauche : ainsi le conducteur qui descend, en cas de croisement (quand la route le permet car elle fait souvent trois mètres de large seulement), peut mieux appréhender le précipice !
Il est aussi recommandé de klaxonner avant les virages, mais ça s’est valable pour toute la Bolivie et le Pérou !
Le top : bénéficier d’un air plus chaud et moins sec, dormir et bouger comme chez nous … A 1.200 m la vie est plus facile qu’à 4.000 !
Le flop : nous avons rencontré à Coroico Christine, installée là depuis des années. Nous parlons, entre autres choses, de la culture de la coca qui s'intensifie. Dans ce coin de Bolivie, vu le climat, on peut faire jusqu’à quatre récoltes par an …
Elle nous raconte comment les banques encouragent les petits paysans locaux à cultiver la coca avec une condition : qu’ils utilisent tout l’attirail moderne des engrais et pesticides pour doubler ou tripler les rendements !
Comme ça on mâche un peu de Monsanto avec ses feuilles de coca !
L’anecdote : les terrains de basket sont très nombreux en Bolivie. On en trouve dans des endroits improbables jusque dans les villages reculés de l’altiplano ou de la montagne. Étonnant la notoriété de ce sport quand on connait la taille des boliviens dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont petits (J'ai voulu m'acheter des chaussures de marche, impossible de trouver au-delà de 42 1/2) !
Le bestiaire : pour changer des perroquets, à 4.700 mètres nous avons rencontré la « gaviota andina », la mouette andine !
Proche parente de notre mouette rieuse, elle vit près des lacs et lagunes entre 3.500 et 5.300 mètres d’altitude …
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