Sur les rives du lac Titicaca (Bolivie et Pérou)
Du 9 au 13 novembre 2019.
Selon la mythologie inca, le lac Titicaca serait le lieu d’origine de la civilisation. Plus grand lac navigable du monde (quinze fois le lac Léman, jusqu’à 200 kms de long !), il est partagé en deux par la frontière Bolivie - Pérou que nous allons franchir pour découvrir différents sites.
Après une sortie de La Paz pénible comme d’habitude du fait d’une circulation très dense, nos ennuis ne sont malheureusement pas finis puisque, une trentaine de kms plus tard, Trottinette s’arrête tout net à Huacane, un bled sans garage. Je fais du stop au bord de la route et en moins de deux minutes trouve un minibus qui pour deux bolivianos me mène à Batallas, le village le plus proche, où je suis censé en trouver un.
Ma recherche sera vaine !
On m’envoie à droite, à gauche … soit il n’y a pas trace d’atelier, soit le garagiste n’est pas là. La nuit tombe, je rejoins Nickie et Trottinette : il faut nous résoudre à dormir au bord de la quatre-voies !
Après une nuit finalement assez bonne (merci M. Quiès !) je repars à la recherche d’un garagiste à Batallas et après maints échecs je finis par tomber sur Richard et son « atelier ».
Nous repartons ensemble en taxi à Huacane où très rapidement il identifie la panne (d’origine électrique) et fait une réparation de fortune pour retourner à Batallas. Là il fignole un peu sa réparation et à midi nous sommes opérationnels.
Nous en profitons pour visiter le village où, comme tous les samedis c’est « feria », jour de marché.
Nous y déjeunons à deux pour 20 bolivianos (environ 3 euros) d’un poulet grillé accompagné de riz, de pommes de terre et de bananes frites. Par contre il faut y mettre les doigts car on ne nous dote que d’une grande cuillère : pas très pratique pour couper le poulet ! Encore un côté africain de la Bolivie …
Nous reprenons la route vers Copacabana, une route magnifique au-dessus du lac Titicaca, ponctuée par un passage de bac très bolivien …
Nous trouvons un hôtel-camping au bord du lac et à proximité du village que nous pouvons donc aller découvrir à pied.
Nous y retrouvons Charlotte et Francisco et leurs deux enfants que nous avions croisés ce matin à Batallas et avec qui nous sympathisons rapidement. Francisco nous confectionne un délicieux mafé, nous apportons un vin de Cafayate, du pâté et du yaourt, denrées extrêmement rares en Bolivie que par chance nous avons dégotées à La Paz, et voilà une belle soirée comme on les aime !
A Copacabana, se croisent touristes, paysans des environs et pèlerins. En effet, Notre Dame de Copacabana est la sainte patronne de la Bolivie et l’une de ses spécialités, c’est la bénédiction des voitures par un « padre » local. On vient de partout, même du Pérou, pour décorer sa voiture et la faire bénir en même temps que la famille, avant de la couvrir de pétales de fleurs et de l’arroser de « champagne » !
Avec nos compagnons de voyage habituels qui sont de retour des iles, nous reprenons notre route autour du lac Titicaca. A 8 kms de Copacabana, c’est la frontière avec le Pérou. Nous avons dépensé en divers petits cadeaux nos derniers bolivianos, à nous les sols péruviens !
Nous quittons la Bolivie avec comme dernière image celle d’un douanier très grognon. A vrai dire, si leur pays est magnifique, ce ne sont pas les boliviens que nous regretterons ! Bien sûr il y en a de sympathiques mais globalement il faut les chatouiller un moment avant de les faire sourire. C’est vraiment le peuple le plus froid (timide ?) que nous ayons rencontré jusqu’à présent …
Le douanier péruvien, Marco, est lui fort agréable, c’est un bon début !
Notre premier bivouac et nos premières découvertes du pays se font à Juli, gros village qui a la particularité de posséder une très belle architecture coloniale dont quatre églises du XVIème siècle.
Ensuite, la première ville péruvienne que nous traversons est Puno où nous remplissons un chariot au supermarché : voilà bien un mois que nous n'en avions pas eu l'occasion !
Au passage nous admirons le moyen de transport local le plus usité : la moto triporteur customisée …
Nous avons choisi de visiter les iles du lac à partir du petit village de Llachon. A peine arrivés sur la place de l’église, nous sommes abordés par Pelagia qui porte la « montera », le curieux petit chapeau en usage dans la presqu’ile de Capachica. Gabriel, son mari, possède un bateau et propose ses services que nous acceptons après une petite négociation.
Bon choix ! Nous passons une magnifique journée, ensoleillée qui plus est, ce qui n’était pas forcément gagné vu le temps très variable de ces derniers jours.
Après 40 minutes de navigation, nous atteignons les îles flottantes d’Uros Titino.
Nous sommes accueillis sur une des petites îles, portant le nom de Balsero, où vivent cinq familles (des frères et sœurs), en tout une vingtaine de personnes. L’endroit est à peine grand comme un terrain de tennis et le « presidente » (élu pour six mois) de cette petite communauté nous explique comment ses ancêtres les indiens Aymaras, réduits en esclavage par les incas, ont choisi ce lieu de vie si particulier pour leur échapper. Les iles sont composées de blocs de racines flottantes découpées puis assemblées par des cordages et arrimées à de longs piquets d’eucalyptus pour ne pas dériver avant d’être couvertes de multiples couches de roseaux.
Ces familles vivaient de pêche, de chasse et de leur artisanat qui était troqué contre divers produits avec les « terriens ». Aujourd’hui le tourisme est de loin leur plus grande source de revenus et les bateaux à moteur remplacent inexorablement les jolies pirogues traditionnelles en roseau.
Nous reprenons la mer, pardon, le lac, pour aborder une autre île, Taquile. Cette fois nous sommes sur la terre ferme et après avoir craché nos poumons lors d'une rude grimpette jusqu'à 3.900 m, nous atteignons la place du village qui domine les jardins en terrasse et le lac.
Même si la tôle et le parpaing remplacent peu à peu l'adobe, la pierre et le chaume, l'endroit semble encore bien préservé. Ici ce sont encore d’autres coutumes et d’autres costumes que nous découvrons. L’ile compte 3.000 habitants qui vivent de manière communautaire : les récoltes et les fruits du tourisme sont partagés en fonction des besoins de chacun.
De retour à Llachon, nous trouvons la place du village très animée et occupée par un terrain de volley. Manifestement les péruviens adorent ce sport, comme les boliviens le basket. Etonnant de voir ces jeunes filles en jupes rouges se démener sur le terrain. Bien sûr, je me fais inviter et participe à ces matches qui se déroulent dans la bonne humeur générale …
Nous garderons un excellent souvenir de ce petit village de Llachon où nous nous sommes sentis vraiment bien …
… ainsi que de Pelagia, Grabriel et leur petite Ani qui arbore désormais fièrement le pin’s Trottinette !
Le saviez-vous ? Quand on entend « Copacabana » on pense évidemment à Rio !
En fait nous avons appris ici que la célèbre plage brésilienne tirait son nom de la petite ville bolivienne : c’est un moine bénédictin en perdition au large des côtes du Brésil qui, une fois rescapé, lui a donné son nom en hommage à la sainte qu’il avait implorée.
Le top : dans toute la région, les femmes portent des costumes traditionnels très variés selon le village, le statut matrimonial … La constante, ce sont les grandes jupes plissées, bouffantes et la « mochila », le sac à dos multi usage qu’elles se font avec un grand tissu coloré. Après, les couleurs varient et surtout la coiffure : chapeau melon, tissus divers, chapeaux de paille, bonnets andins, les monteras « empomponnées » de Capachica …
Cherchez l'intrus !
Dans le style chapeau melon, nous avons fait une belle rencontre avec Dominga à Copacabana qui avait besoin de souffler un peu dans la côte pour rentrer chez elle et qui est venue bavarder un peu avec nous …
Le flop : le moins qu’on puisse dire c’est que la situation politique ne s’arrange pas en Bolivie. Julien et sa petite famille avec qui nous discutions à Copacabana juste avant de sortir de Bolivie est parti peu de temps après nous. Quand il est arrivé à la frontière, elle était fermée. Il a rejoint le poste suivant où il a de nouveau été bloqué deux jours. Pour finir, les manifestants l’ont incité à passer illégalement au Pérou par une piste détournée, sans documents de sortie de Bolivie, car on ne pouvait pas garantir sa sécurité !
A l’heure où j’écris ces lignes la frontière est toujours fermée et les voyageurs français en Bolivie ont été invités à se regrouper sous l’égide de l’ambassade …
Nous avons eu beaucoup de chance de passer à travers les manifestations (plusieurs de nos amis ont été bloqués au bivouac de l’aéroport de La Paz un ou deux jours, avant et après notre passage.)
Et nous sommes sortis du pays juste à temps !
L’anecdote : à Taquile, ce sont les hommes qui tricotent. La preuve …
Le bestiaire : il y a beaucoup de ces petits canards sur le lac car ils ne sont plus guère chassés par les indiens …
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