Mauritanie : de Nouhadibou au Banc d'Arguin.
Du 29 janvier au 4 février 2023.
Au Maroc, nous sommes comme chez nous après tant de séjours.
La Mauritanie, c’est une autre histoire !
En passant la frontière, nous sortons vraiment de notre « zone de confort ». Tout y est « plus » : plus pauvre, plus chaud, plus venté, plus poussiéreux, plus sale, tout est plus compliqué pour nous …
Mais quel pays magnifique !
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
A la frontière, après une heure et demie au Maroc, deux heures de formalités nous attendent côté mauritanien. Il faut dire que la Mauritanie exige un visa biométrique pour entrer. On peut même considérer que c’est un exploit des mauritaniens de les établir en plein désert, dans la chaleur, la saleté et la poussière …
L’ambiance est plutôt sympa et c’est mieux organisé que du côté marocain. Nous n’avons même pas droit à la fouille par les douaniers (notamment, l’entrée d’alcool et de porc est formellement interdite en Mauritanie).
En début d’après-midi, après un pique-nique suivi d’un petit ensablement du Sprinter, nous pouvons mettre le cap vers Nouhadibou jusqu’au campement de la Villa Maguela tenu par le néerlandais Viktor.
La maison et le cadre sont magnifiques, de nombreux pélicans passent devant nous … un bon réconfort après une journée un peu stressante.
Nouhadibou s’est beaucoup développée depuis notre dernier passage en 2014, et les immeubles modernes ont poussé comme des champignons. Comme se sont également multipliés les coups de klaxon, les Mercedes hors d’âge, la circulation anarchique, la poussière et les ordures dans les rues …
Après quelques errements, nous remplissons nos deux objectifs principaux : trouver des ouguiyas (c’est la monnaie mauritanienne) et des SIM mauritaniennes pour l’internet.
Il ne nous reste plus qu’à déambuler dans les rues qui offrent un spectacle vraiment dépaysant …
Au passage nous tombons sur le restaurant sénégalais de Marie-Louise. Un « thiep bou djenn » (riz au poisson) est en préparation : nous sommes preneurs …
Nous terminons notre séjour à Nouhadibou par un nouveau clin d’œil à l’Aéropostale : près du port de pêche, la petite maison où Saint Exupéry a résidé du temps où la ville, tenue par les français, s’appelait Port Etienne.
Dans la soirée, quelques mésaventures dans le sable (voir « Le flop »), nous amènent à revoir notre parcours.
C’est le lendemain que nous regagnons le goudron ; nous le quittons cependant bientôt après avoir bu un thé et ravitaillé en carburant dans une de ces rares et improbables stations parsemées au bord de la nationale.
Nous mettons le cap vers le sud-ouest, en direction de la mer et du Banc d’Arguin à travers de vastes regs, traversant parfois quelques bancs de sable, jusqu’au puits de Bir el Gareb. Nous y partageons un café avec Boubacar, un chamelier menant avec lui quelques bêtes et lui donnons un peu de pommade pour son épaule douloureuse suite à une chute de chameau.
Avant de poursuivre mon récit, quelques informations sur notre destination …
Le saviez-vous ?
« Le PNBA, Parc National du Banc d’Arguin a été classé au patrimoine mondial par l’Unesco en 1989. Il est situé de part et d’autre du 20e parallèle, le long de la côte mauritanienne sur près de 180 kilomètres. Sa superficie couvre 12 000 km², répartis équitablement entre le domaine maritime et le domaine terrestre. La partie maritime est composée de hauts-fonds recouverts d’herbiers. Pour donner une idée du relief, il est intéressant de savoir qu’à 50 kilomètres de la côte, l’océan n’est profond que de 5 mètres. Un courant spécifique nommé upwelling parcourt les eaux ; il se caractérise par une remontée des profondeurs de l’océan de masses d’eaux froides et riches en sels nutritifs. Ces deux composantes créent au PNBA les conditions idéales pour qu’apparaisse et perdure une richesse halieutique exceptionnelle. La flore et la faune y sont également remarquables. » (Le Petit Futé, « Sahara »).
J’ajoute rapidement qu’une ethnie spécifique vit ici depuis la nuit des temps : les pêcheurs Imraguen. Ils pratiquent une pêche traditionnelle à pied, au filet ou à partir de leurs « lanches », grosses barques à voile latine d’origine canarienne. Les moteurs sont interdits et une lanche neuve ne peut être construite qu’en remplacement d’une détruite.
Une de leurs spécialités : lorsque passent des bancs de mulets jaunes, ils appellent les dauphins qui les aident en rabattant le banc vers leurs filets !
Dernière petite info : c’est sur ces hauts fonds que s’est échoué le navire « La Méduse », immortalisé par le fameux radeau peint par Jéricho, sans que l’on sache exactement où.
C’est cet univers que nous allons parcourir pendant quelques jours du nord au sud, non sans précautions car cette zone présente des pièges redoutables : les sables mouvants des sebkhas, ces vastes dépressions qui sont comme en osmose avec la mer. Il est impératif de rester dans les traces damées par le passage des 4x4 au risque d’embourber son véhicule qui n’appréciera que très modérément de prendre un bain d’eau de mer s’il est immobilisé.
Philippe en a fait l’expérience : s’écartant de 50 cm de la piste, il enfonce ses deux roues droites jusqu’au moyeu ! Heureusement, l’Iveco a suffisamment de ressources pour se sortir seul de ce mauvais plan.
Autres obstacles : des dunes de sable profond que nous commençons à bien connaitre, mais sans toujours les maitriser. Elles nous coûteront quelques beaux plantages et nous empêcheront de sortir du Parc par le sud comme nous l’avions imaginé … (Cf vidéo suivante).
Nous atteignons la côte à Ras Agadir. A quelques centaines de mètres du but, magnifique plantage de Jean ! Toute une équipe de pêcheurs (ils sont vingt dans le pick-up, j’ai compté) nous vient en aide dans la rigolade générale …
C’est dans ce lieu magique que nous passons notre première nuit dans le Parc, face à l’Ile d’Arguin découverte par les portugais en 1443 …
Nous naviguons ensuite entre regs et dunettes vers le Cap Tafarit, guidés parfois par un piquet ou un cairn …
Heureusement, nous avons les GPS car avec un poteau tous les cinq kilomètres …
Au Cap, il y a sur la plage un petit campement où nous louons une grande tente bien utile pour manger ensemble à l’abri du vent.
Nous restons deux jours dans ce lieu paradisiaque avec une seule déception : la pêche. Dédaignant les bons coins, un peu difficiles d’accès, nous lançons nos lignes sur la plage, sans résultat … Rageant quand les autres pêcheurs reviennent avec des kilos de daurades !
Iwik est le premier village que nous rencontrons en poursuivant vers le sud. C’est aussi le plus important du parc (on y compte même deux épiceries) mais comme dans les autres villages, les pêcheurs Imraguen y vivent dans des conditions très précaires …
Nous assistons au retour d’une lanche. La pêche ne semble pas très abondante : quelques petits requins et des mulets …
Les séchoirs sur lesquels sont étendus les mulets et leurs poches d’œufs (la poutargue) sont vides. Est-ce une question de saison ou de pénurie ?
A travers d’étonnants paysages, la terre et la mer semblant parfois ne faire qu’un, nous descendons la côte, passant à Ten el Alloul, Tessot et Taïchot, des villages de quelques cabanes avec leurs lanches échouées sur la grève … Les beaux bivouacs se succèdent !
Nous longeons parfois des amas coquillers : véritables petites collines composées des restes de coquillages jetés par les Imraguen depuis le néolithique !
Rendus tout au sud du PNBA, nous pensons rejoindre la route goudronnée au plus court. Seul Philippe y parviendra avec son Iveco !
Il faut franchir des dunes redoutables et, avec Jean, nous préférons remonter pour trouver des pistes plus favorables. Nous nous retrouverons à Nouakchott le lendemain soir !
On the road again : le résumé en images des routes et pistes du moment …
Le top : très isolé et regorgeant de poissons, le Banc d’Arguin est un paradis pour de nombreuses espèces d’oiseaux, migrateurs ou pas. Ils sont assez craintifs et il est difficile de les approcher mais nous passons de longs moments à observer aux jumelles pélicans, flamants, hérons, spatules, aigrettes …
Le flop : de Nouhadibou, nous nous préparons à ce qui doit être un des grands moments de notre séjour en Mauritanie : rejoindre Atar par la mythique piste de Choum.
Il y a très peu de routes goudronnées en Mauritanie. Les principales sont Nouhadibou – Nouakchott (470 kms) et Nouakchott – Atar (450 kms). Pour aller à Atar depuis la frontière, il faut donc passer par la capitale soit 920 kilomètres d’une route peu intéressante dans le désert.
L’alternative ?
Emprunter une piste qui suit la ligne de chemin de fer de Zouérate sur 400 kilomètres jusqu’à Choum. Il ne reste alors qu’une centaine de kilomètres de route pour Atar.
Mais cette piste est difficile : énormément de sable, navigation à vue sur une bande de quelques centaines de mètres de large entre la voie ferrée (risque de rencontrer des morceaux de ferraille dangereux pour les pneus) et une zone où peuvent subsister quelques mines de la guerre au Sahara Occidental !
Il faut prévoir de l’eau et du carburant en grande quantité car la consommation peut doubler dans le sable.
Dans la soirée, nous nous élançons depuis la route sur une piste très sableuse. Mauvaise idée : le sable chaud est moins porteur que le matin et après seulement deux kilomètres, Jean s’ensable profondément. Nous devons dégager les roues et le bas de caisse et poser un crick pour tenter d’en sortir mais nous n'avons pas terminé à la nuit tombante et nous décidons de passer la nuit sur place …
Le lendemain matin, assez vite, l’Isuzu s’arrache enfin de son ornière.
Mais ce nouveau départ nous a un peu découragés : nous renonçons à cette piste et rejoignons la route pour aller au Banc d’Arguin que nous avions prévu de visiter en fin de séjour.
L’anecdote : en Mauritanie, nous devons évidemment utiliser les ougyias, la monnaie locale. Nous sommes un peu déroutés lors de nos premières opérations par les valeurs annoncées. Tout s’éclaire quand nous comprenons que depuis 2018, la valeur de l’ouguiya a été divisée par 10 ... mais que tout le monde parle systématiquement en « anciens » ougyias !
Ainsi, un vendeur nous montre un billet de 100 (environ 2,50 euros) en nous annonçant obstinément un prix de 1.000.
Double avantage : les billets sales et déchirés ont été remplacés par des neufs et on ne trimballe plus d’épaisses liasses comme auparavant.
L’anecdote bis, spéciale Théodore : à la frontière mauritanienne, un sympathique douanier engage la conversation et nous demande d’où nous venons. Quand nous lui répondons (pour simplifier) « Près de Nantes » il réplique aussitôt « Allez les jaunes ! Allez les canaris ! ».
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