Mauritanie : d’Atar à la frontière marocaine par Benichab …
Du 14 au 17 février 2023.
Ma lecture du moment est apparemment bien éloignée de la Mauritanie (habituellement j’apporte avec moi « Méharées » de Monod). Jean et Nicole m’ont en effet prêté « Blanc », le formidable récit par Sylvain Tesson de sa traversée des Alpes à ski.
Et pourtant sa recherche quotidienne de la meilleure piste pour rejoindre un refuge le soir évoque rapidement pour moi notre navigation dans le désert mauritanien.
Et page 207, je tombe sur cette phrase : « Le désert du bédouin, la mer du marin, la neige du skieur : le sable, le bleu, le blanc … Le marin rejoint ses ports, l’alpiniste ses refuges, le caravanier ses puits. Entre les havres, l’inconnu. » !
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
On le savait : voyager en Mauritanie n’est pas de tout repos !
Nous avons beaucoup roulé, beaucoup pelleté de sable, beaucoup lutté contre le vent et la poussière … De retour à Atar, il y a encore des endroits magnifiques à découvrir à proximité mais la fatigue se fait sentir et la météo n’est toujours pas avec nous. De plus Philippe doit finaliser sa réparation …
Après une journée de repos, nous décidons de prendre la route vers le Maroc.
Toutefois, pour nous éviter de descendre au sud jusqu’à Nouakchott sur une route sans intérêt avant remonter ensuite au nord vers Nouhadibou, nous tentons de prendre un raccourci au niveau de Bénichab. Nous avons des infos un peu incertaines mais il semble qu’une route, en partie goudronnée traverse maintenant l’erg Akchâr pour rejoindre la nationale 2 au niveau de « Gare du Nord » (vous pouvez voir ça parfaitement sur la carte ci-dessus).
Une première étape nous mène facilement aux abords de Bénichab où nous passons la nuit dans un environnement pas vraiment folichon, avec un vent violent transportant son lot de sable et de poussière.
Le lendemain nous traversons cette ville connue pour son eau minérale (elle alimente aussi je crois la ville de Nouhadibou qui, jusqu’à la fin des années 60 était ravitaillée en eau par bateau !). C’est plutôt une ville fantôme : quelques rares bâtiments et pas un chat dans les rues.
Bonne nouvelle à la sortie : la route goudronnée continue.
Mauvaise nouvelle : l’erg Akchâr n’est pas trop d’accord pour qu’on le coupe ainsi et le fait savoir en envahissant la route de son magnifique sable orange …
Ce n’est plus la route qui traverse les dunes mais les dunes qui traversent la route !
Photos prises du bord de la route ...
Vous verrez sur le film qu’elles ne nous laissent parfois qu’un mètre de goudron !
Nous passons quand même sans trop de problèmes cette zone, pour finir sur une piste très roulante jusqu’à la nationale.
Poursuivant notre route contre le vent, nous arrivons en fin d’après-midi à Bou Lanouar pour une dernière attraction mauritanienne. Nous l’avions manqué de peu à l’aller, cette fois, après une heure d’attente dans le vent de sable, un grondement sourd l’annonce : le train qui relie les mines de fer de Zouérate à Nouhadibou fait son apparition.
On le surnomme « 3L » car c’est parait-il, dans le monde, le plus long (jusqu’à 3,5 km), le plus lourd (1.000 tonnes de minerai transporté) et le plus lent (il roule à 35 km/h) !
Notre dernière nuit en Mauritanie, nous la passons sur le reg non loin de la route. En fait nous voulions nous en éloigner mais un gendarme nous a repérés et à grands coups de sifflet nous ramène en face de son poste. Par contre, il ne nous demande pas de fiche car il a compris que nous allions repasser la frontière et nous considère, dans son langage militaire, « fin de mission » !
Cette fois la frontière mauritanienne se passe très rapidement puisque nous n’avons pas à établir de visas.
Côté marocain, pas de changement : c’est toujours la pagaille !
Ordres, contre-ordres, retours en arrière, passeports qui arrivent par derrière sur le bureau des douaniers alors que nous faisons la queue sous le soleil …
Malgré tout, vers 13 heures, tous nos papiers bien tamponnés de partout, nous pouvons entamer notre prochaine étape : plus de 1.000 km le long de la côte du Sahara Occidental …
Mais ça, c’est pour le prochain blog …
On the road again : le résumé en images des routes et pistes du moment …
Le saviez-vous ? Une des choses qui frappent le plus en Mauritanie c’est la pauvreté. Le pays est classé 158ème sur 191 à l’Indice de Développement Humain défini par les Nations Unies. La différence avec son voisin le Maroc, pourtant seulement en 123ème position, est vraiment sensible pour le voyageur.
Le top : j’aime beaucoup ce petit conte mauritanien : « Un âne, une chèvre et un chien prennent le taxi-brousse. A l'arrivée, l'âne paie la course, la chèvre ne paie pas et le chien donne un gros billet. C'est pourquoi quand vous les croisez sur la route, l'âne, tranquille ne bouge pas, la chèvre s'enfuit car elle n'a pas payé et le chien court après la voiture pour récupérer sa monnaie. »
C’est bien ce que nous avons constaté fréquemment sur les routes.
Un grand absent pourtant : le chameau.
S’il n'est pas évoqué, c’est sans doute parce que son comportement est tellement aléatoire que nul ne peut prédire ce qu’il va faire !!!
Le flop : une des plaies de notre séjour aura été le vent de sable. Deux exemples pour l’illustrer …
Comme à l’aller, nous prenons notre pause déjeuner à l’ineffable « Gare du Nord ». Elle est tellement balayée par le sable que nous nous en sommes couverts le temps de prendre un thé. Nous devons nous réfugier à l’intérieur pour manger nos tagines …
Et que dire de cet homme qui, muni d’une simple pelle, dégage la voie de chemin de fer à Bou Lanouar ? Combien sont-ils au long des 470 km de la ligne, tels des Sisyphe mauritaniens, à pelleter d’un côté de la voie à l’autre, dans un éternel recommencement, un sable qui revient immédiatement ?
L’anecdote : sur les pistes mauritaniennes, le chauffeur n’a pas le temps de s’ennuyer. Par contre sur les routes, au régulateur, c’est d’un monotone !
J’ai relevé une ligne droite de 64 km du côté d’Akjoujt.
Seuls les gros trous qui par moment parsèment la route obligent à quelques zigzags pour dévier de cette trajectoire rectiligne …
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