2015 - Namib-Naukluft National Park
Mardi 31 mars :
Pas de tente à démonter ce matin mais un gros breakfast qui va nous permettre d’affronter une longue étape d’environ 150 kms. D’autant plus longue que nous faisons un petit détour par la lagune de Walvis Bay pour y admirer de très nombreux oiseaux, notamment de véritables « troupeaux » de flamants.
Pour rejoindre notre prochaine étape, il nous faut à nouveau traverser le désert côtier du Namib. C’est l’occasion de saluer quelques autruches et de croiser notre premier kokerboom, un des emblèmes de la Namibie.
Nous quittons bien vite la petite laine, justifiée par les 16° de Swakopmund, car le thermomètre grimpe en flèche. Les gorges de la Kuiseb rompent un peu la monotonie de la route qui s’anime progressivement au fur et à mesure que nous approchons des montagnes du Naukluft où se situe notre camp, dans le Namib-Naukluft National Park.
Deux petits arrêts dans l’après-midi : le premier au passage symbolique du Tropique du Capricorne, le second à Solitaire, un formidable « Bagdad Café » namibien. Une station-service, une « general store », quelques bâtiments et la célèbre boulangerie de Moose Mc Gregor qui propose, au milieu du désert, d’excellentes apfelstrudel (tartes aux pommes genre crumble).
Notre camp est au cœur du massif, à 1.500 mètres d’altitude, dans une gorge où coule la rivière Naukluft (un petit torrent en fait). En voici la piste d'accès.
L’anecdote du jour : tout aurait été parfait ce soir si un gros orage n’avait pas compromis la cuisson du riz et des boerevors qui grillaient sur le braai (pour le lexique, cf. chapitres précédents). Nous arrivons finalement à sauver le tout et à manger rapidement entre deux averses… Mais la verdure environnante et les ruisseaux qui descendent partout de la montagne auraient dû nous alerter : il y a un microclimat sur ces montagnes entourées de déserts !
Le zozieau du jour
Flamants roses (aujourd’hui, vu la quantité, je dois mettre au pluriel)
Mercredi 1er avril :
Ce matin, randonnée de trois heures et demi dans la montagne. Le sentier emprunte le lit des petits torrents qui descendent des sommets et forment parfois de jolis petits bassins dans lesquels vivent des crabes ! Il est bien balisé par des marques jaunes parfois agrémentées de crottes de babouins.
L’après-midi c’est plutôt repos avec juste une petite promenade autour du camp ; l’occasion de photographier un très beau kokerboom d’environ 6 mètres de haut et quelques plantes locales.
Le saviez-vous ?
Kokerboom signifie en afrikaans « arbre à carquois » car ses branches et son écorce sont utilisés par les bushmen pour fabriquer les carquois dans lesquels ils rangent leurs flèches. Son vrai nom est Aloe Dichotoma et il peut atteindre jusqu’à 9 mètres de haut.
Nous passons la fin d'après-midi avec deux sympathiques françaises arrivées ce matin qui commencent un périple d’un mois en Namibie. Elles apportent une bouteille de rouge sud-africain qui remplace avantageusement notre traditionnel apéro jus de mangue et nous leur fournissons en échange quelques renseignements sur les lieux que nous avons visités.
L’anecdote du jour : dans l’après-midi nous sommes montés à l’accueil du camp où se tient un petit bar. Nous y trouvons trois couples de sud-africains qui sont comme nous au camping. Depuis 10 heures ce matin ils tentent de mettre à sec les réserves du bar et enchainent vin rouge, whikhy, mousseux … Les notes de plusieurs milliers de dollars namibiens s’accumulent sur leur table. Ils ne rentreront qu’à la nuit tombante, quelques peu décalés dans ce plutôt dédié à la randonnée !
Le zozieau du jour
L’oiseau en lui-même n’a rien de spectaculaire mais son nid est incroyable : ramené à la taille humaine, ça nous donne un immeuble de dix étages. C’est sans doute le seul oiseau qui vit ainsi en HLM et qui passe toute sa vie à agrandir son nid. Et puis, quel nom magnifique !
Républicain social (Sociable weaver)
Jeudi 2 avril :
C’est sous un ciel à nouveau gris et même quelques gouttes de pluie que nous quittons le massif du Naukluft pour retrouver les grandes plaines du Namib. Après 20 mn de route le ciel est tout bleu et la température grimpe en flèche.
L’étape est courte et nous sommes avant midi au camp de Sesriem, toujours dans le Parc national mais cette fois dans la partie Namib. Cela nous permet de nous installer tranquillement dans un bel emplacement sous un acacia certainement multi centenaire. Quelques élégants springboks gambadent paisiblement dans le camp, il y a une petite piscine pour se rafraichir … que du bonheur !
En fin d’après-midi nous grimpons sur Elime dune, grande dune rouge située près du camp, pour y observer le coucher du soleil. Pas de chance, un gros nuage se présente et gâche le spectacle.
On se rattrapera plus tard au camp avec des lumières splendides et un bel arc en ciel car comme souvent la soirée amène quelques pluies et orages locaux.
Le saviez-vous ?
Les « fairy circles » sont une des spécialités de la région. Ces cercles de fées sont constitués d'une zone circulaire dénudée de végétation avec une couronne de végétation un peu plus haute que le reste de la prairie. A ce jour, malgré de nombreuses recherches, toutes les hypothèses émises ont été réfutées et les scientifiques n’ont pas réussi à expliquer de manière convaincante cette bizarrerie de la nature.
Ce qui serait presque réjouissant dans un monde qui prétend tout connaitre et maitriser !
L’anecdote du jour : vers midi, à l’entrée du camp, un couple de cyclistes ! Qui plus est, pas jeunes du tout, genre 70 ans à première vue. Quand je les interroge sur leur étape de la matinée, ils me montrent une vague direction vers le nord et m’expliquent qu’ils ont couché comme chaque jour en brousse sous leur tente. Très petite certainement vu le peu de bagages arrimés au vélos. Ils font du feu de bois pour leur cuisine…
Leur petite concession au luxe : une bouteille de rouge qu’ils viennent d’acheter au bar du camp.
Par crainte de les importuner, nous ne prolongeons pas la conversation. Mais que de choses ils doivent avoir à raconter !
Le zozieau du jour
Le vrai zozieau du jour !
Vendredi 3 avril :
Réveil à 5h 45. Car si nous sommes ici, c’est pour aller voir les fameuses dunes rouges de Sossusvlei à 60 kms du camp. La route, fermée la nuit, ouvre une heure avant le lever du soleil prévu à 7h, ce qui nous laisse juste le temps d’arriver à la grande dune située au km 45 et d’y grimper en compagnie de quelques touristes qui comme nous sacrifient à ce rituel.
Nous poursuivons jusqu’au bout de la piste où un grand arbre nous offre une ombre bienvenue pour le breakfast avant d’attaquer une petite marche dans les dunes qui nous mènent au Dead Vlei. Ce dernier porte bien son nom : vlei ; c’est le mot afrikaner pour désigner l’espace plat et parfois, comme ici, salé, entre les dunes. Dead parce que les arbres qui s’y trouvent sont morts (de soif ou de vieillesse) il y a 400 ans parait-il.
C’est un endroit très étrange mais magnifique offrant un étonnant contraste entre la blancheur du vlei et le rouge des dunes.
A 11 heures, dans cette cuvette, la chaleur est déjà accablante. De toute façon, il nous faut rentrer au camp pour démonter la tente et reprendre la route vers notre nouvelle destination.
Cette route, une « gravel road » évidemment, est absolument magnifique. Elle traverse les vastes plaines du Namib central entre montagnes et dunes rouges.
Sur cent kms, nous y croiserons plus d’autruches et de gazelles que de voitures. Plus surprenant, à plusieurs reprises, de petits avions posés sur ces vastes étendues planes : il y a dans le coin quelques lodges de luxe dont les clients utilisent ce mode de transport !
Notre logement de ce soir n’est pas si huppé mais c’est certainement le plus beau de notre séjour. Comme nous y sommes pour deux nuits, je garde pour demain le plaisir de vous le faire visiter…
L’anecdote du jour : la route entre le camp de Sesriem et Sosussvlei est goudronnée, une rareté dans la région. Mais pour atteindre le parking de Dead Vlei, il reste cinq kms d’une piste très sablonneuse réservée aux 4x4 que nous nous faisons un plaisir d’emprunter (ça nous rappelle la Mauritanie). Le problème c’est que ça secoue un peu et nous avons négligé de sécuriser notre casier à bouffe. Résultat, la bouteille d’huile en vrac parmi le sucre, la semoule … et une petite demi-heure de nettoyage.
Le zozieau du jour
Samedi 4 avril :
Il est temps que je dise où nous sommes et que je vous présente les lieux…
Nous sommes dans la Namibrand Nature Reserve, une réserve privée à but non lucratif dont le but est de préserver et d’étudier l’environnement magnifique du Namib. Elle a été fondée sur les terres de 16 fermes abandonnées et compte au total 202.000 hectares (il y a 1.6OO kms de clôtures !) jouxtant le Namib-Naukluft National Park.
Pour rejoindre notre camp il faut, à l’intersection de la D829 et de la C27, prendre une petite piste vers l’ouest qui traverse les terres de la ferme Die Diune. Après 16 kms on trouve une ancienne ferme restaurée qui sert de lodge en self catering. Encore un kilomètre de piste et c’est notre camp : un grand cercle de sable fin autour d’un vieil acacia, un auvent, un robinet et une petite construction de bois et de toile abritant des toilettes et une douche. Pas d’électricité mais un panneau solaire pour l’eau chaude.
Derrière, une petite dune de sable rouge, devant, un point d’eau pour les animaux, tout autour la brousse, les dunes et au loin les montagnes.
Autant vous dire que notre séjour a été du style « contemplatif » !
La promenade du matin nous a conduits à un petit coin d’ombre au flanc d’une dune d’où nous avons contemplé longuement le paysage : des montagnes, des dunes, de l’herbe, du ciel bleu, un lézard, quelques scarabées et au loin dans la plaine, quelques oryx et springboks.
Voilà tout ce que nous avons, le reste il n’y a pas !
Pas de bruit, pas un souffle de vent et bien sûr pas de routes, pas de voitures, pas trace humaine … on se croirait seuls au monde.
Au camp, nous avons par contre des visites régulières : oryx et springboks arrivent sans bruit sur le sable et nous les découvrons soudain, s’abreuvant au point d’eau situé à 50 mètres de notre tente.
Autre visite, Titus, le gardien du camp vient s’enquérir de notre bien-être et nous porter une radio pour l’appeler en cas de besoin. C’est l’occasion de bavarder autour d’un petit café et d’apprendre qu’un petit camp comme le nôtre a été mis en service depuis deux semaines de l’autre côté du cordon de dunes. Nous partagions donc notre paradis sans le savoir !
Dans l’après-midi un petit tour sur les merveilleuses petites pistes de la réserve nous permet d’apprécier encore la beauté de ces vastes étendues.
C’est étonnant de voir comment les touffes d’herbes, pourtant bien espacées, donnent un bel effet de prairie…
Pour finir la journée, flambée nocturne : pour le fun car il fait 28° !
L’anecdote du jour : notre petit parcours de l’après-midi a été un peu perturbé par une énorme averse, aussi violente qu’inattendue. Comme nous avions laissé tout dehors au camp, nous pensions retrouver nos affaires trempées. Et bien pas du tout, à 7 ou 8 km près il n’était pas tombé une goutte.
Le saviez-vous ?
L’oryx (ou gemsbok) est une gazelle qui peut rester jusqu’à six mois sans boire et possède des aptitudes extraordinaires à résister à la chaleur. Il oriente son corps de manière à présenter le moins de surface possible aux rayons du soleil ; il sue et halète pour se rafraichir : ça, beaucoup d’animaux le font.
Mais, alors que la plupart des mammifères meurent lorsque leur température dépasse 42°, lui peut tenir huit heures à plus de 45°.
Son secret ? Un ingénieux système de veinules, appelé « réseau admirable » par les anatomistes, qui rafraichit le sang de son cerveau et le maintient 3° au-dessous de sa température centrale.
Le zozieau du jour
Commenter cet article