2016 - L'oued Noun
Vendredi 12 février 2016 :
Après quelques jours passés tranquillement à Sidi Ifni à « refaire les niveaux » après notre précédente escapade, nous reprenons la route pour trois jours, toujours sans la caravane car quelques pistes sont au programme. Le projet est de visiter la région de l’oued Noun, au sud de Sidi Ifni, que nous avons contournée la semaine dernière.
Notre premier arrêt sera pour Sidi Ouarzik, village de quelques maisons de pêcheurs dispersées sur la falaise au bord de l’océan, au-dessus d’une magnifique plage déserte. Certaines de ces maisons ne se composent que d’un petit cube, mais c’est déjà beaucoup mieux pour eux que les assemblages de tôles et de morceaux de bois ou encore les simples tentes que l’on rencontre le plus souvent tout au long de la côte.
En nous promenant nous rencontrons le mokadem du village, un poste correspondant en gros à ce qu’était le garde-champêtre chez nous autrefois. Il nous fait ouvrir par l’imam la ravissante petite zaouïa qui abrite les restes de Sidi Ouarzik, le saint homme musulman qui a donné son nom au village et qui est honoré chaque année en août par les gens de la région.
Quelques kilomètres plus loin nous prenons la piste vers Fort Bou Jérif. Nous y pique-niquons au bord de l’oued Noun au pied des ruines du grand borj construit par les français du temps du protectorat, à partir de 1934. Bien que très détruits, les bâtiments de pierres et de briques de terre édifiés par la légion restent très imposants sur leur colline. Jusqu’à 200 soldats français ont occupé cette garnison jusqu’en 1956 et l’indépendance du Maroc. Leur rôle : contrôler les bandes de saharaouis susceptibles de remonter du Rio de Oro et surveiller l’enclave d’Ifni tenue par les espagnols.
Notre étape pour la nuit se situe tout près de là : un hôtel restaurant tenu par un français, lieu plutôt chic surtout si l’on considère qu’il est perdu dans un lieu semi-désertique à 25 kilomètres de Guelmim, seulement relié par quelques pistes impraticables lorsqu’il pleut (ce qui heureusement - ou malheureusement pour les agriculteurs - n’est pas fréquent ici).
Les montagnes environnantes sont le royaume des sangliers et des serpents (cobras, vipères heurtantes…) que nous ne verrons pas, nous contentant des beaucoup plus sympathiques gerbilles et écureuils de Barbarie qui pululent dans les montagnes.
Nous y sommes seuls avec un couple de cyclistes néerlandais que nous retrouvons au diner (un excellent couscous de chameau).
La soirée se termine à la bougie car l’électricité est fournie par un groupe électrogène qui se repose la nuit !
L’anecdote du jour :
Pas de pollution lumineuse à Fort Bou Jérif : le soir les étoiles sont innombrables.
Et le silence serait absolument parfait si l’on ne percevait pas un très léger bruit de fond : la mer à quelques dix kilomètres de là !
L’image du jour :
Dimanche 13 février 2016 :
Au réveil notre petit déjeuner nous attend sur la terrasse mais pas le soleil. Le ciel est gris, le vent de nord est frais, il fait à peine 20°. Dommage car nous regagnons le bord de mer que le ciel bleu et le soleil n’illumineront que quelques minutes.
Nous retrouvons la mer à la Plage Blanche, immense grève déserte qui s’étend sur une quarantaine de kilomètres et permet de rejoindre à marée basse Aoréora, où nous étions la semaine dernière.
Mais rouler sur la plage n’est pas à notre programme car notre route, ou plutôt notre piste, nous mène vers le nord, en bord de mer, sur la falaise, ou un peu plus à l’intérieur dès qu’un oued oblige à un détour. La piste est assez cassante, style « Orangina » (secouez-moi, secouez-moi), avec quelques franchissements délicats. Moyenne : moins de 15 km/h sur les trente kilomètres qui nous séparent de Foum Assaka. Mais malgré la grisaille ambiante ça reste une belle piste avec de belles perspectives sur la mer. Plages et montagnes sont à l’état sauvage et seuls un vieux fortin espagnol et quelques habitations de pêcheurs, souvent inoccupées en cette saison, rappellent une présence humaine.
En début d’après-midi nous atteignons donc Foum Assaka, à l’embouchure du fleuve Noun, et la petite auberge de Rachid, « Le rayon vert ». L’endroit est pour le moins rustique car il n’y a en cet endroit que quelques maisons de pêcheurs, sans eau courante ni électricité. Mais le décor et l’accueil de Rachid sont formidables. Et que dire de la vue depuis notre lit !
Dans la soirée Philippe et Catherine nous rejoignent et nous faisons ensemble honneur à la cuisine inventive de Rachid et aux deux bars mouchetés du pêcheur voisin qu’il a passés au four …
Pour dormir, pas de problème de voisinage, sauf celui de la mer qui est si proche et si bruyante qu’on a l’impression d’avoir un Boeing à notre porte. Seule solution pour s’endormir : les boules Quiès !
L’anecdote du jour :
Le réseau Maroc Télécom arrive jusqu’à Foum Assaka mais très affaibli. Ainsi chez Rachid, on ne peut téléphoner que devant une certaine fenêtre. Deux mètres plus loin ça ne marche pas.
Il y a aussi une zone sur la plage où l’on peut capter le réseau, ce qui explique les petites lueurs aperçues dans la soirée : ce sont les pêcheurs du coin qui se baladent avec leur téléphone à la recherche du spot !
L’image du jour :
Dimanche 14 février 2016 :
Ce matin le soleil est au rendez-vous, le ciel et la mer retrouvent tout leur éclat. Nous voyons cette fois le « Rayon vert » sous son meilleur jour.
La plage de Foum Assaka et le "Rayon vert".
Nous quittons Rachid avec la promesse de revenir et suivons Philippe et Catherine qui nous font découvrir le petit village de pêcheurs de l’oued Chaab. Encore un lieu sauvage et magnifique.
Pour terminer, nous retrouvons les maisons blanches de Sidi Ifni et son grand souk du dimanche …
L’anecdote du jour :
Comme toute la région, Foum Assaka a beaucoup souffert des inondations de novembre 2014. L’oued Noun a causé beaucoup de ravages et déposé sur la plage des tonnes de végétaux arrachés à la montagne. Seul petit aspect positif pour les habitants, nous raconte Rachid, il a amené avec lui des centaines de potirons. Un peu d’approvisionnement gratuit alors que toutes les routes étaient coupées !
L’image du jour :
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