2016 - Quand le Sahara se jette dans l'Atlantique.
Notre projet pour les jours à venir est de descendre jusqu’à Dakhla. Pour y être passés déjà deux fois lors de nos voyages en Mauritanie, nous savons un peu ce qui nous attend : encore 350 kms dans un environnement de plus en plus désertique, le Sahara à gauche, l’Atlantique à droite. Tous deux quasiment vides de toute présence humaine. Au milieu, le long ruban de la route seulement agrémenté de rares stations-services, de villages fantômes construits par le Maroc pour occuper le terrain mais la plupart du temps vides, quelques tentes ou baraques de pêcheurs et c’est tout. Une maigre végétation, pas un arbre, le soleil qui tape et le vent qui souffle très fort quasiment en permanence. Il faut être fou pour parcourir le Sahara occidental !
Dimanche 21 février 2016 :
Pas grand-chose à signaler sur les deux jours que nous avons passés à Boujdour sinon la pluie qui, sous forme d’averses sporadiques, a bien rafraîchi l’atmosphère. Si j’en crois les échos d’autres voyageurs nous avons été privilégiés par rapport aux régions plus au nord qui elles ont été très arrosées.
La petite ville de Boujdour qui vit de la pêche et des subventions du nord, ne présente pas beaucoup de charme. Dès que l’on s’éloigne de la grande avenue moderne qui est aussi la route nationale, on tombe dans des rues pas toujours goudronnées, plutôt sales, où parfois des troupeaux de chèvres viennent trouver leur nourriture parmi les vieux sacs plastique. En voici néanmoins quelques images.
Jean et Christine nous ont rejoints hier soir et dès ce matin nous reprenons la route. Pas pour aller très loin : une vingtaine de kilomètres et nous descendons sur la plage d’Aouziwel.
Cette immense plage est quasi déserte même si aujourd’hui dimanche une dizaine de marocains sont venus pique-niquer et pêcher. Le temps est absolument idyllique : pas un nuage et surtout, plus rare ici, pas de vent.
Nos activités ? Pêche (pour moi, mais sans succès), lecture et grande balade sur la plage jusqu’à une des nombreuses épaves qui jonchent cette côte inhospitalière.
Le soir, les marocains regagnent Boujdour et nous restons seuls à bivouaquer avec les cormorans.
L’anecdote du jour :
Pour favoriser l’implantation des marocains dans ces territoires qui ne leur appartiennent toujours pas officiellement, l’Etat détaxe de nombreux produits dont les carburants. Nous avons donc le plaisir de faire notre plein pour 25 euros, à moins de 40 centimes le litre de gazole.
L’image du jour :
« Mon » hammam de Boujdour, bien que récemment repeint, a néanmoins conservé l’empreinte de l’occupation espagnole.
Lundi 22 février 2016 :
La nuit a évidemment été très calme sur notre plage et nous avons retrouvé ce matin le même ciel bleu qu’hier. Par contre le vent est revenu au nord-est, l’alizé habituel ici. Et comme il forcit au fil de la journée il fait un peu plus frais.
Le peu d’évènements dans la journée a surtout trait à la pêche et au poisson. D’abord une visite à deux pêcheurs un peu plus loin sur la plage : ils sont allés avec leur bouée remonter des filets posés hier après-midi et sont en train d’en extraire patiemment toutes sortes de poissons. Ils nous en proposent et nous choisissons quatre soles pour lesquelles ils refuseront tout paiement !
Manifestement le coin est poissonneux et je profite de la marée haute pour lancer ma ligne et remonter une sorte de grosse daurade. Une fois n’est pas coutume, je ne serais pas bredouille aujourd’hui.
La canne, les "patates de mer" servant d'appât et ... la victime.
Pour finir nous grillons une grosse courbine que Jean et Christine avaient en réserve depuis Aoréora et qui, agrémentée de quelques épices marocaines, s’avère absolument délicieuse.
L’image du jour :
Dans l’après-midi un fourgon Mercedes nous rejoint sur la plage. C’est Bruno, un kite-surfer qui nous fait une démonstration et assure le spectacle devant nous…
L’anecdote du jour :
Dans l’après-midi, deux saharaouis s’arrêtent près de nous et vont faire du thé sur la plage. Au moment de repartir ils viennent nous solliciter : panne de batterie. Je jette un œil sous le capot, sa cosse est toute défaite. Jean la remet sommairement, le chauffeur met en route et ça démarre du premier coup. Ils nous remercient chaleureusement et Jean est surnommé « El Baba » … le Pape !
Mardi 23 février 2016 :
Nous remontons dans la matinée sur la nationale pour avancer un peu, toujours vers le sud, en direction de Dakhla. La route est toujours aussi monotone et les quelques petites dunes, maisons de pêcheurs ou relais téléphoniques constituent un petit évènement.
Après environ 150 kms, quelques reliefs annoncent Lakrâa, sa station-service, sa gendarmerie et surtout la petite route qui mène à une jolie anse occupée par des pêcheurs.
Nous nous installons au bord de la plage. Le site est très beau mais aujourd’hui le vent a encore forci. Mes tentatives de pêche se soldent de ce fait par un échec mais Omar, un pêcheur local, nous fournit en poisson relevé dans ses filets.
Comme le vent est de plus en plus fort, nous remontons en fin d’après-midi vers l’intérieur des terres pour un bivouac un peu moins venté …
Petit résumé en images :
L’image du jour : En arrivant vers Lakrâa nous avons la surprise de rencontrer dans certains endroits de véritables tapis de fleurs mauves. Les botanistes que sont Jean et Christine les identifient immédiatement comme faisant partie de la famille des limonium.
L’anecdote du jour :
Omar, notre « poissonnier » est très volubile et particulièrement survolté. Nous ne comprenons pas tout ce qu’il dit dans son sabir franco-arabo-espagnol, loin de là, mais il en ressort qu’une équipe de télévision tourne actuellement un documentaire sur la pêche au poulpe dont il est le principal acteur. Preuves à l’appui !
Bivouac près de Lakrâa : N 46° 41,485 W 014° 51,537
Mercredi 24 février 2016 :
Le vent a soufflé fort toute la nuit et ce matin il ne fait que 13° (à l’abri du vent !). Nous ne tardons pas dans ces conditions à regagner la route pour parcourir les 150 kms qui nous séparent de la lagune de Dakhla. Un petit arrêt café à la seule station-service qui se trouve sur notre parcours me donne l’idée de vous présenter un hommage à ces « Bagdad Café » du désert marocain.
La raison de tous ces kms parcourus depuis quelques jours se révèle dès que l’on quitte la route qui continue vers la Mauritanie dont la frontière est maintenant à seulement 300 kms et que l’on se dirige vers Dakhla.
L’arrivée est splendide : le désert, la mer turquoise, l’immense lagune et tout au fond la petite langue de sable qui mène à la ville…
Nous pique-niquons au bord de la lagune où évoluent quelques kite-surfers et profitons du panorama exceptionnel qui s’offre à nous.
Nous renonçons au bivouac pour nous installer au camping de Dakhla. Non pas qu’il présente des attraits irrésistibles avec ses chiottes à la turc, ses douches chaudes « inch Allah » et son électricité de 20 h à minuit, mais parce qu’il nous offre un peu d’abri contre notre grand ennemi le vent.
L’image du jour :
Notre route est souvent très proche de la mer mais parfois, plus proche encore est l’ancienne piste vers la Mauritanie. Pour la baliser, une succession de petites bornes qui évitaient les chutes depuis la falaise.
L’anecdote du jour :
Incroyable, il y a une géocache au bord de la lagune de Dakhla. C’est la seule depuis Sidi Ifni à près de 1.000 kms au nord. Evidemment je ne passe pas à côté de l’occasion !
Jeudi 25 février 2016 :
La journée est consacrée à la (re)découverte de Dakhla.
Située sur une langue de sable formée par le courant des Canaries, la ville occupe une position exceptionnelle entre Sahara et Atlantique, à plus de 1.100 kms d’Agadir et tout près du Tropique du Cancer.
Après les images de sa lagune hier, voici quelques vues de la ville et de son souk.
Le midi nous retrouvons pour le déjeuner notre établissement favori, le très chic "Samarkand" idéalement situé au bord de la lagune.
Le reste de l’après-midi est consacré à déambuler dans le quartier arabe et à nous refaire une beauté chez la coiffeuse esthéticienne pour Nickie, le barbier pour moi…
L’image du jour :
Au menu du Samarkand ...
L’anecdote du jour :
Mon barbier cet après-midi m’a sorti le grand jeu : rasage délicat, massage du visage, application de serviette chaude, application de lotion sur les cheveux …
Comme je le félicite pour son travail il se rengorge et me confie qu’il est le coiffeur du gouverneur, du général de la place et de tout ce que Dakhla compte de hautes personnalités.
Et moi qu’il l’avait choisi au hasard !
Vendredi 26 février 2016 :
Le vent a soufflé très fort cette nuit et continue ce matin. La météo annonce du vent de nord à 50 kmh avec des rafales à 80. Ce n’est pas un hasard si Dakhla est le royaume des kite-surfers !
Nous profitons de la plage proche du camping avant de songer à remplir un de nos objectifs du séjour à Dakhla : déjeuner chez le producteur d’huitres où nous avons désormais nos habitudes. Comme à chaque passage nous sommes émerveillés du cadre au bord de la lagune et ravis de nos tagines de fruits de mer et autres poissons grillés.
Pour échapper un peu au vent qui va encore se renforcer selon la météo, nous remontons dans l’après-midi jusqu’à Boujdour et cette fois, contrairement à l’aller, sans étape à Lakrâa. Nous avons carrément le vent dans le nez et la jauge de carburant nous le confirme rapidement.
Bof, à 40 centimes d’euro le litre de gazole …
L’image du jour :
Deux sternes caspiennes, fatiguées elles aussi de lutter contre le vent, se reposent sur la falaise.
L’anecdote du jour :
Les températures à Dakhla restent toute l’année comprises entre 17° et 25°. Mais le vent fausse toutes les données au niveau du « ressenti ». Par exemple aujourd’hui, abrités du vent à la plage, on peut se tenir en maillot de bain tandis qu’au-dessus, sur la falaise, la polaire est nécessaire …
Commenter cet article