2016 - De l'océan aux gravures rupestres de l'Anti-Atlas
Depuis bientôt deux mois que nous avons repris nos pérégrinations marocaines, nous n’avons guère quitté les rivages de l’Atlantique. Les températures se radoucissent à l’intérieur du pays, il est temps de faire route vers l’est et d’aller explorer un peu l’Anti-Atlas méridional…
Du mercredi 3 mars au dimanche 6 mars 2016 :
Depuis le dernier envoi nous avons passé quelques jours à Sidi Ifni pour «refaire les niveaux». Rien de bien nouveau pour le blog mais quand même encore quelques images inédites de la vie quotidienne à Sidi Ifni…
Ma 4L favorite
Un détail saisi à la boucherie "caméline" (nous avons bien des boucheries chevalines en France). Il y a d’excellents morceaux dans le dromadaire mais je n’ai jamais essayé la tête !
En arrière-plan ce n'est pas un tigre ou une panthère mais une cliente dans sa magnifique gandoura !
Deux élégantes avec leurs melhfas colorées
Un pêcheur solitaire sur sa falaise
Le quartier espagnol et le phare, d’un blanc éclatant avec leurs peintures neuves
Blanc et bleu, les couleurs d'Ifni.
Le petit tour d'un parapentiste, allemand et néanmoins casse-cou. Il n’a pas dû voir le panneau d'interdiction posé suite à l’accident d’un polonais qui s’était écrasé sur les immeubles proches de la mer …
Parapente sur le front de mer.
Et pour finir, un petit mystère résolu avec le temps : nous avions constaté de petits rassemblements le soir près de notre caravane garée dans la rue. En voici l’explication : la maison proche dispose du wifi et comme le code d’accès a manifestement circulé, en l'absence du propriétaire, la jeunesse du quartier vient surfer à proximité !
Preuves à l'appui :
Vous voyez, on ne s’ennuie jamais à Sidi Ifni...
J’ai profité aussi de cette escale pour faire repeindre, pour un prix défiant toute concurrence, le toit et le tour de parebrise passablement rouillé du Toy.
Lundi 7 mars 2016 :
Nous voilà prêts à reprendre la route, au revoir Sidi Ifni où nous nous plaisons toujours autant. Au revoir les voisins : Malika, ses sœurs Aïcha et Zora, la maman Fatima, Ahmed, Hafida et leurs trois garçons Oussama, Yasir et Zacharia…
Adieu le vieux Brahim, Abdel le barbier, le pêcheur qui voulait acheter notre caravane, les petits épiciers du coin et tous ceux qui dans la ville nous sont désormais familiers…
La caravane a repris sa place derrière le Toy, en route pour Tighmert. Nous retrouvons l’oasis encore plus verdoyante que lors de notre passage début février : quelques mm de pluie sont tombés et les céréales ont pris de la hauteur.
L’image du jour :
Cette fresque peinte à la gloire de la Marche verte et du « Sahara marocain » sur un mur du lycée de Mesti.
L’anecdote du jour :
Paisiblement installés dans la palmeraie, je vois en fin de journée un gros animal noir passer en trottinant devant la fenêtre de la caravane. Je pense tout d’abord à un chien.
Trop gros !
Puis je crie à Nickie : « Un cochon ! ».
Une idée stupide en pays musulman…
Ce n’est qu’au moment où il disparait sur le chemin de la palmeraie que la vérité m’apparait : c’est un gros sanglier qui se balade tranquillement.
Mardi 8 mars 2016 :
La nuit n’a été troublée que par notre voisin, l’âne de Saliha, quand il a brait à deux reprises.
Il est presque midi quand nous levons l’ancre pour prendre la route de Tadalt. Une petite piste vers la droite et nous voilà à pique-niquer dans un décor de savane africaine.
Quelques kilomètres encore, voilà le jardin de Hassan et Alia avec les petits qui nous sautent au cou.
La cérémonie du thé de bienvenue et une promenade dans le village, dont de nombreuses vieilles maisons de terre sont abandonnées, occupent notre après-midi.
Alia prépare le thé, les maisons ruinées, vue du jardin d'Hassan, la zaouïa et le cimetière.
Le soir Alia nous prépare un tajine que nous mangeons sans Hassan. Parti dans l’après-midi à Guelmim, pour quelques courses, il ne rentrera qu’après 22 heures, après avoir attendu longuement un véhicule pour le ramener.
L’image du jour :
Tout est recyclé au Maroc. Témoin cette vielle jante qui sert de poulie pour le puits d’Hassan.
Mercredi 8 mars 2016 :
Nous avions prévu de partir ce matin en direction d’Assa, mais comment résister à l’invitation d’Hassan que nous avons peu vu hier, et au couscous préparé par Alia?
Nous sommes rejoints par Saliha qui accompagne deux couples de touristes et par un improbable canadien anglophone qui semble s’être égaré dans le coin et a trouvé le jardin par hasard…
Ce n’est donc qu’en début d’après-midi que nous reprenons la route après quelques séquences câlins et un dernier thé !
A Assa nous allons visiter le vieux ksar de pierre qui, telle une forteresse cathare, épouse les formes de la falaise sur laquelle il est construit. Malgré quelques restaurations il est assez ruiné et l’ensemble est, disons … austère.
Par contre la vue sur la palmeraie est fort réjouissante !
Le vieux ksar d'Assa et la palmeraie.
La visite étant rapide, nous abandonnons nos idées de bivouac à Assa et poursuivons notre route jusqu’à Icht pour retrouver du confort au Borj Biramane (douches chaudes, électricité, internet, restaurant…). Quatre-vingt kilomètres d’une belle route dans des paysages désertiques : pas une voiture, pas une maison, à peine quelques tentes de nomades et leurs chameaux…
Voici un petit résumé des routes de la journée :
L’image du jour :
On trouve constamment ce panneau au Maroc, chaque fois que la route franchit un oued sur un radier.
Un lourd investissement si on le rapporte au nombre de jours où l’eau coule !
A titre d’exemple il n’a pas plu à Icht depuis un peu plus d’un an et demi. Et rien ne dit qu’il pleuvra avant quelques mois, voire … quelques années.
L’anecdote du jour :
Au moment de partir je glisse quelques billets à Hassan pour les repas que nous avons pris. Il ne les accepte qu’après avoir longuement argumenté sur le fait que nous sommes des amis … que nous voyageons et aurons donc besoin d’argent ….
Jeudi 9 mars 2016 :
Coup double en début de matinée : sur le même site, proche du camp, une géocache et des gravures rupestres. Les gravures rupestres il y en a beaucoup dans la région, les géocaches beaucoup moins : la dernière que j’ai trouvée était à Dakhla à plus de 800 kms d’ici !
Nous allons ensuite à Icht en passant par l’oued qui alimente la palmeraie.
Mais l'oued n’est pas seul à arroser les jardins. Il existe un système de « khettaras », c’est-à-dire des conduites souterraines qui vont chercher l’eau à des kilomètres de là pour la conduire jusqu’aux jardins. On peut observer encore des tas de la terre qui a été extraite et les regards destinés à la maintenance de ces canalisations très anciennes. Selon les habitants l’eau coule toute l’année et aucune réparation n’a été faite depuis plusieurs générations bien que ces conduits ne soient évidemment pas maçonnés.
Il suffit de suivre l’eau pour arriver à la palmeraie où l’eau coule abondamment et est répartie dans les «séguias» par tout un système de petites écluses. Nous profitons de sa fraîcheur avant de rentrer à travers les ruelles du vieux ksar.
L’après-midi je pars avec Abdallah, un guide local, pour découvrir d’autres gravures rupestres près de l’oued Tamanart. La route qui y mène traverse la magnifique vallée des Aït Herbil.
Un peu de piste et nous arrivons sur le site. Les gravures sont nombreuses mais n’ont rien d’extraordinaire. Elles sont probablement assez récentes vu les thèmes représentés : un homme avec un arc, des bovidés, mouflons, autruches …
L’anecdote du jour :
En revenant à la voiture, nous rencontrons un vieil homme. Tradition oblige, il nous invite à prendre le thé. Il y a dans ce coin perdu deux familles qui habitent dans des cabanes en pierre et des tentes, avec quelques enclos pour les bêtes.
Un grand moment !
Sa maison de pierre comporte une petite pièce unique, avec un four à pain à l’entrée, éclairée principalement par la porte. Par terre quelques vieux tapis, pas de meubles mais quelques sacs accrochés au mur pour ranger toutes ses affaires. Il y a des centaines de mouches et ça sent très fort le mouton…
Mais quelle gentillesse et quelle générosité : outre les trois thés, il nous offre de l’huile d’argan et du miel avec du pain à tremper dedans. Une petite table de bois, une théière, quelques verres et deux tasses, toute sa richesse est là !
Au moment où nous le quittons, un de ses fils arrive de Tafraout. Il lui apporte de la farine et de quoi nourrir ses bêtes. On imagine que sans cette aide il ne pourrait guère survivre ici…
L’image du jour :
Il n’y a que 80 kilomètres entre Assa et Icht mais les paysages changent et surtout le peuplement est complètement différent : des saharaouis d’un côté, des berbères de l’autre.
C’est d’abord la tenue des femmes qui le démontre clairement. Aux grandes mehlfas colorées qui enveloppent les saharaouies succèdent les châles noirs ou blancs que les femmes berbères portent sur de longues jupes chatoyantes.
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