De Smara au Cap Draâ.
De Smara à Tan Tan
Nous ne sommes pas encore rassasiés de pistes et pour rejoindre la mer au cap Draâ, près de Tan Tan, notre petite équipe ignore à nouveau au maximum le goudron. Nous aurons ainsi parcouru plus de 1.000 kilomètres depuis Dakhla, le plus souvent au long de pistes traversant des lieux désertiques.
Jeudi 1er mars 2018 :
Le vent s’est calmé progressivement et la nuit a été calme dans notre petit camping de Smara. Au réveil, on vient nous offrir une théière de thé vert avec un pain chaud et de l’huile, le petit déjeuner traditionnel saharaoui.
Avant de partir, nous admirons les douches du camp, très originales car construites sur la base des petits hammams berbères en roseau et pisé. Dommage qu’il n’y ait pas d’eau chaude …
Les (futures) douches du camping.
Après nous être acquittés des 30 dirhams (moins de 3 euros !!!) demandés pour la nuit, nous retournons à la découverte de Smara pour faire les ravitaillements. La ville est plus moderne que prévu et très animée. Les touristes ne la fréquentent pratiquement pas, donc les gens viennent spontanément nous saluer et nous souhaiter la bienvenue sans aucune pensée mercantile comme dans les lieux touristiques. C’est le cas par exemple de ce charmant vieil homme, ancien professeur d’arabe, qui discute un moment avec nous et accepte de se faire tirer le portrait.
A titre de revanche, la serveuse du resto où nous nous sommes goinfrés ce midi pour un prix dérisoire, nous demande la permission de prendre un selfie avec nous !
Les boutiques sont bien achalandées car ici vivent beaucoup de militaires et de fonctionnaires.
Les boutiques de Smara ...
La ville est récente car elle n'a été fondée qu'en 1898. Elle est restée longtemps une cité interdite du Rio de Oro et ce n'est qu'en 1930 que Michel Vieuchange, un jeune français de 26 ans, y pénétrera déguisé en femme berbère, après de multiples péripéties. Il mourra d'épuisement et de dysenterie à son retour à Agadir.
Avant de repartir nous allons voir la zaouïa dédiée à Ma el Aïnine, grand résistant au colonisateur et fondateur de la ville. La kasbah qu'il avait créée aurait besoin d’une bonne restauration et la mosquée est en partie effondrée.
Quelques restes du palais et la zaouia.
Nous repartons en début d’après-midi en direction du ga’at Chbabyine au bord duquel nous établissons notre bivouac. C’est un lac asséché qui dégage une étrange atmosphère.
Sur le ga'at Chbabiyine ...
L’anecdote du jour : faire ses emplettes au Maroc réserve toujours quelques surprises. Par exemple aujourd’hui nous cherchons du sucre en poudre. Il nous faudra faire plusieurs boutiques pour en trouver. Ce que l’on utilise ici, ce sont les pains de sucre que l’on casse notamment pour sucrer le thé. Je finis par en trouver mais en sac de trois kilos. C’est beaucoup trop mais, pas de problème, le commerçant m’ouvre un sac et m’en vend cinq cents grammes … dont il me donne le prix en rials, c’est-à-dire dans la monnaie qui avait cours au Maroc avant 1960 ( un dirham = 20 rials) !
Vendredi 2 mars 2018 :
Ce sera un vendredi sans couscous, vu que nous ne verrons pas un restaurant, pas un village et même pas âme qui vive aujourd’hui !
Notre route commence en douceur avec 25 kilomètres parcourus sur le ga'at, plat comme une autoroute de la Beauce (à condition de ne pas quitter la piste car il y a ici ou là des trous profonds comme des baignoires).
Il faudra vite relever le pied car nous attaquons une zone de petites montagnes où les pistes sont très pierreuses et franchissent de nombreux lits d’oueds à sec. Nous trouverons à plusieurs reprises des tombes de nomades très bien entretenues.
Tombes nomades ...
Nous passons aussi près d’une mosquée et de bâtiments plantés au milieu de nulle part. Une route toute neuve y mène (venant d’où ?) et il y a aussi une piste pour les hélicoptères. J’apprendrai plus tard qu’on y honore la mémoire de Sidi Ahmed al Rguibi, un cheikh mystique né au XVIème siècle et considéré comme l'ancêtre des Rguibats, une des principales tribus saharaouies.
Le bivouac du soir se fait près d’un puits, dans le lit d’un petit oued bien fourni en arbres, notamment celui-ci, multicentenaire, en forme de parasol.
L’anecdote du jour : « Rien ne se perd, tout se transforme ». Ce pourrait être la devise des marocains. Pour preuve, cette magnifique sculpture réalisée à partir de pneus.
Samedi 3 mars 2018 :
Le ciel est gris ce matin, comme il l’a été une bonne partie de la journée d’hier. Au moins, nous avons des températures douces alors qu’il neige en France.
Au menu ce matin, petites collines entrecoupées de passages d’oueds. Nous notons un retour progressif de la végétation, fleurs et euphorbes notamment, formant parfois des « rocailles » que l’on croirait créées par des paysagistes.
Les paysages du jour ...
Nous traversons à nouveau un ga’at, avec quelques points d'eau celui-ci.
De l'eau au bord du ga'at.
Tous ces espaces sont déserts jusqu’à la route Tan Tan - Smara que nous retrouvons un peu avant Abteh où nous nous arrêtons acheter du pain. Ce sont les premières maisons que nous rencontrons depuis Smara. Quelques militaires, une épicerie et le Café Central … la civilisation !
Malgré tout, ce n’est pas encore les Champs Elysées comme le montrent les photos de ses deux établissements majeurs …
Abteh : le Café Central, la "picerie".
Notre route suit l’oued Chbika qui va nous mener jusqu’à la mer. Même s’il ne coule pas vraiment, l’oued offre quelques points d’eau et de la verdure, dont profitent de nombreux troupeaux.
Ce soir le bivouac se fera au bord de l’oued, dans un environnement assez verdoyant.
De nombreuses hirondelles sont comme nous de passage, en migration vers l’Europe …
L’anecdote du jour : le fait serait passé inaperçu s’il n’était apparu sur notre système de navigation sous la forme d’un gros trait bleu rectiligne …
… mais dans la matinée, nous avons franchi la frontière entre le Maroc et le Sahara Occidental. Sans contrôle quelconque puisque les marocains en occupent les deux côtés.
Dimanche 4 mars 2018 :
Un repérage à pied nous a permis de trouver un passage pour traverser le lit de l’oued et passer sur la rive droite où le guide Gandini annonce différents monuments préislamiques. Nous faisons deux arrêts pour voir un tumulus et un autre curieux monument funéraire « à antennes », témoins d’un habitat très ancien en ces lieux.
La remontée de l’oued offre de jolis paysages. De nombreux nomades y sont installés avec leur troupeaux et nous retrouvons une faune et une flore plus riche que ces derniers jours …
Après déjeuner, nous regagnons la Nationale 1 à l’extrémité de l’oued et roulons jusqu’à El Ouatia où nous prenons la piste pour la rive gauche de l’embouchure du Draâ. L’arrivée sur le Cap Draâ est superbe et nous nous installons pour la nuit sur la falaise afin de bénéficier de la vue sur le "foum".
L’anecdote du jour : après toutes ces journées sur les pistes, nous sommes en vue de la route goudronnée du Cap Draâ lorsque quelques dunettes nous barrent la route. Nous tentons une piste latérale mais elle passe par les camps militaires situés près de la mer. Un charmant mais ferme militaire nous oblige à faire demi-tour.
Il faut donc se résoudre à dégonfler les pneus une dernière fois pour passer ces quelques centaines de mètres de sable tout près du but.
Quelques images de ces trois journées ...
A suivre ...
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