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Récits de voyages à l'usage de nos petits enfants, de notre famille, des amis et de tous les autres curieux ... Le blog relate nos voyages au Maroc, en Mauritanie, au Mali, en Afrique du Sud et Namibie ainsi qu'un long séjour dans neuf pays d'Amérique du Sud ...

29 Oct

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

Publié par yvesetnickie.over-blog.com  - Catégories :  #Sahara 1978

  

C’était une époque sans blog ni internet, sans téléphone portable ni GPS, sans routes goudronnées ni 4x4 et … et quasiment sans argent !

Sans blog, mais avec un petit carnet à spirale tenant lieu de journal de bord. Ces notes, griffonnées chaque jour, je les ai laborieusement dactylographiées quelques mois après notre retour sur une vieille machine à écrire et les ai offertes pour leur mariage à mes deux compagnons de voyage, Florence et Etienne. Je viens de retrouver au fond d’un placard ce document de 25 pages : le récit de mon premier grand voyage : une traversée du Sahara en 1978.

L'original et la version dactylographiée ...
L'original et la version dactylographiée ...

L'original et la version dactylographiée ...

 

Un voyage d’un autre temps …

Quand on y pense aujourd’hui, entreprendre un voyage dans ces conditions était pure folie !
Mais qui à l’époque aurait imaginé internet, les téléphones portables, les GPS, les Gopro, les appareils photo numériques … ?
Pas de 4x4 mais une vieille 504 Peugeot déjà fatiguée par une traversée depuis la France.

Aucun moyen de communications et comme outil de navigation une simple carte générale de l’Afrique de l’Ouest.

Quasiment pas de routes goudronnées mais des milliers de kilomètres sur des pistes chaotiques et la plupart du temps désertes à travers le Mali, le Burkina Faso (la Haute-Volta à cette époque), le Niger, l’Algérie (où nous retrouvons le goudron) et le Maroc avant de traverser l’Espagne pour atteindre la France …

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Avant d’ouvrir ce carnet de route, revenons rapidement sur la génèse de ce voyage …

Vacances d’été 1977 : j’ai acheté à des amis de Dakar, où nous vivons à l’époque, un vieux Land Rover qu’ils viennent de ramener en France. Je prépare un retour au Sénégal à travers le Sahara, via la Tunisie, avec ma sœur Michèle comme copilote.

Hélas le Land se révèle en assez mauvais état (une réparation de fortune au Niger ne l’a pas arrangé !). Je n’ai pas le budget pour le réparer convenablement et il n’est pas prudent, vu mon incompétence en mécanique, de nous lancer pour des milliers de kilomètres avec cet engin.
La déception est énorme !

Printemps 1978 : Etienne,  un ami dakarois rentré en France, va relancer mon projet de traversée saharienne. Il a retapé une vieille 504 Peugeot et se propose de descendre avec sa copine Florence me chercher jusqu’à Dakar, pour un retour à trois. Etienne est un grand baroudeur avec qui nous avons déjà bourlingué ensemble au Sénégal et en Mauritanie. Bien sûr son projet m’enthousiasme.

A l’époque, la route la plus courte, par la côte via le Maroc, est bloquée par la guerre au Sahara « espagnol ». Restent deux possibilités : la piste passant par Gao, qu’ils empruntent à l’aller et le grand tour par le Niger et Tamanrasset que nous prendrons ensemble au retour.

Fin juillet 78, Florence et Etienne arrivent à Dakar … sans la 504 qu’ils ont laissée à Bamako : l’amortisseur avant gauche est passé à travers l’aile !
Elle y reste pour réparation dans un garage tandis qu’ils prennent un repos bien mérité avant de repartir.

De mon côté, je reviens tout juste d’un voyage magnifique mais éprouvant au Pays Dogon avec Nickie et notre amie Dominique. Quelques jours tranquilles ne me feront pas de mal avant de reprendre dans l’autre sens le mythique train Dakar-Bamako …

 

Voici donc ce journal de bord tel qu’il a été écrit au fil du voyage. Les rares photos qui l’illustrent proviennent des quatre ou cinq pellicules diapo de 36 poses dont j’ai fait numériser les meilleures (les moins pires ?). Ni Gopro ni appareil numérique à l’époque, on photographiait avec parcimonie …

Sur la page de garde,  j’avais osé quelques vers de mirliton et l’acrostiche suivant à l'attention des jeunes mariés …

SAUREZ-VOUS RETROUVER DANS CES MODESTES PAGES

AGADEZ,  BAMAKO ET LES CIELS SANS NUAGES ?

HELAS ! NOUS VOILA LOIN DU SOLEIL DE L'AFRIQUE

AVEC NOS SOUVENIRS D'UN VOYAGE MAGNIFIQUE.

REVEZ DE SABLES CHAUDS ET VIVEZ EN COMMUN,

AUTANT DE BONS MOMENTS QU’AUX PAYS SAHARIENS.

 

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

JEUDI 3 AOUT 1978

Ce journal commencera par un coup de théâtre !

A 15h 30 nous apprenons que le train du vendredi ne partira que le mardi 8 Août et encore,  la voie étant coupée,  il faudra retrouver celui qui vient de Bamako,  faire l’échange des voyageurs et des marchandises ... bref, un voyage plaisant en perspective.

Coup de téléphone à l'aéroport : un avion pour le Mali part à 18h, il est plein mais qui sait ? Il faut se présenter à 17h.

En une heure les bagages sont prêts, les sacs, bourrés, sont fermés à grand peine.

17h : "Revenez à 18h30 !"

18h30 : "Il reste de la place mais l'avion ne partira que demain à 10h " !

Nous enregistrons les bagages (75 kilos pour 60 possibles !).

Le moral est bon mais Etienne a mal aux tripes : abus de la cuisine africaine de N'goné ou du whisky chez notre ami Thureau la veille ?

Espérons que le suspense est terminé. Je me suis pesé a l'aéroport : poids de départ 83kgs (plus 3 kgs depuis le retour du Mali !). Par ailleurs Florence a joué à la coiffeuse : j'ai la boule à zéro et ma barbe est taillée court.

 

VENDREDI 4 AOUT

Nouveau départ mais au lieu de 10h c'est 12h 15 sur un vieil Illiouchine 18 d'Air Mali.
Nous pensons avec satisfaction qu'au moins un repas compensera notre attente (ce qui sera toujours ça de pris car d’ores et déjà le problème financier nous préoccupe) mais une limonade généreusement offerte par la compagnie en tient lieu !

Arrivés à Bamako nous prenons un bus pour le centre-ville dans lequel nous déjeunons de quelques pruneaux.

Chez les bonnes sœurs où nous pensions loger il n’y a plus de place et l’accueil est plutôt mitigé, contrastant avec celui reçu quelques jours plus tôt lors de mon voyage au Mali avec Nickie et Dominique. Où coucherons-nous ? Inch Allah !

Nous partons au garage où nous attends une nouvelle déception : la voiture n'est pas prête car il n'y a plus une bouteille d'air comprimé dans tout Bamako, donc pas de soudures possibles. Dimanche Inch Allah!

L'optimisme revient vite avec un sandwich au « Berry » et l'invitation pour l'apéro de Patrice Dodin le gérant du garage Peugeot. En fait il nous invite ensuite à manger et nous sommes même logés par des amis à lui. Bissimilaye !

(Note a posteriori : Patrice est motard et s’est inscrit pour le premier Paris-Dakar qui partira en fin d’année. Il sera malheureusement, suite à un accident, le premier mort de cette épreuve).

 

SAMEDI 5 AOUT

Apres une excellente nuit à Badalabougou, dans un appartement proche du Niger et en plein quartier africain, nous descendons à Bamako où une bonne nouvelle nous attend : le garage a trouvé une bouteille d'oxygène et les travaux seraient même commencés ! Optimisme.
Rendez-vous à 18h où nous aurons peut-être la voiture.

En attendant, nous nous occupons à ranger le matériel entreposé chez les sœurs. Suée magistrale mais échec dans notre tentative pour remplacer deux pneus sur les roues de secours. Notre acharnement a quand même des limites et nous allons au garage ou l'opération est effectuée en deux minutes et pour 200 francs maliens. (100 francs CFA de l’époque = 0,30 euros)

Déception ! Au rendez-vous du soir personne et demain c'est dimanche ! Nous ne savons même pas où est la voiture …

Le moral est remonté par un bon repas à l'appartement suivi d'une partie acharnée de Cluedo.

Nuit rendue difficile par des myriades de moustiques.

 

DIMANCHE 6 AOUT

Achats au marché puis petit déjeuner.

Visite aux tisserands voisins ...

Le tisserand de Badalabougou ...
Le tisserand de Badalabougou ...

Le tisserand de Badalabougou ...

 

Départ pour Bamako. Retrouverons-nous notre voiture ?

Balla Cissoko, le garagiste, n'est évidemment pas là au rendez-vous mais nous retrouvons sa trace ... et la voiture qui est prête.

A nouveau nous sommes invités le midi par Patrice.

L'après-midi, préparatifs dont un superbe lavage de deux heures dans une station pour 1.250 francs maliens. La voiture est chargée et nous effectuons quelques réparations jusqu'à 23h.

A Bamako ...
A Bamako ...
A Bamako ...
A Bamako ...
A Bamako ...
A Bamako ...

A Bamako ...

 

LUNDI 7 AOUT

5 heures : réveil !

6h 30 enfin le grand départ après photo d'un magnifique lever de soleil sur le Niger.

A l'heure du départ ...

A l'heure du départ ...

 

9h 30 : arrivée à Ségou après une superbe déviation transformée en bourbier par les pluies récentes. Il faudra relaver la voiture ! Marché coloré le long du Niger.

Nous passons sans encombres les multiples barrages de police, douanes et gendarmerie sauf la dernière à Fô en Haute-Volta : il faut un laissez-passer, le bureau est fermé, c’est le chef qui a la clé mais il fait la sieste ! Attente en pleine chaleur sous un manguier, en compagnie d'une cinquantaine d'africains. Enfin le chef veut bien faire son apparition et nous remplissons la bagatelle de quatre registres, une fiche en double exemplaire … mais par contre la masse de nos bagages refroidit le zèle du douanier qui renonce à toute fouille.

Nous arrivons à Bobo-Dioulasso vers 17h chez un ami de Florence, J.F. Vivant, docteur travaillant sur la trypanosomiase.

Belle maison, climatiseurs, cheval, piscine ... bref le rêve ! Accueil très sympa.
Nous apprenons beaucoup sur la Haute-Volta et les pays voisins car J.F. fait des tournées en brousse.

Souper avec des amis des Vivant mais sans Etienne qui, le pauvre a la crève. Grippe ou palu ? Il n'a pas pu conduire aujourd’hui.

720 kms en 10 heures de conduite.

Constructions en banco, typiques de la région ...
Constructions en banco, typiques de la région ...
Constructions en banco, typiques de la région ...

Constructions en banco, typiques de la région ...

 

MARDI 8 AOUT

Il fait beau (à Bobo) et nous profitons de la matinée pour visiter aux environs de la ville la mare aux silures. On y fait des sacrifices (poulets, moutons ...) dont on donne les entrailles aux énormes silures, qui sont censés représenter les ancêtres, pour favoriser la fécondation des femmes.

Paysages de falaises, cascades, travaux collectifs dans les champs rythmés par des chants curieux. Les champs de mil, maïs, ignames… se succèdent.

Au retour à Bobo, nous assistons au lynchage d'un africain qui avait pêché un silure et qui est amené à la gendarmerie. Pêcher un aïeul ! Les bobos ne plaisantent pas avec ça !

L'après-midi sieste puis bricolage sur la voiture jusqu'a la nuit.

Encore un très bon repas. Nous faisons une cure de Bordeaux !

Bain dans la piscine jusqu'à minuit et demi. C'est dur l'Afrique ...

Nous visitons aussi l'animalerie du centre Muraz où travaille J.F. Florence voulait acheter un singe (environ 1000f CFA) mais renonce à son projet.

Etienne, lui, retrouve des forces et le goût du bricolage ce qui est très bon signe.

 

MERCREDI 9 AOUT

Visite du marché, menus achats, piscine, bricolage, bouffe, piscine, bricolage ...

Pour nous ce n'est pas le ramadan ! Il a pourtant commencé dimanche et comme disent les africains ici avec leur accent chantant "C'est le carême alors on est un peu fatigués !".
Ça promet !

A Bobo les africaines font du vélo et de la mobylette.

Lettre à Nickie qui sera transmise par Joëlle Vivant.

 

JEUDI 10 AOUT

Départ de Bobo à 6h 40. La piste est assez pénible (tôle ondulée, trous, mares...).

Arrêt à Sabou pour voir les caïmans sacrés. Moyennant 500f CFA, un gosse les attire avec un poulet retenu par une ficelle et les fait monter sur la berge avant de leur abandonner le malheureux volatile. Ces sales bêtes sont grasses comme des loches !!

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

13h : arrivée à Ouagadougou. Nous sommes poursuivis, comme a Bobo, par des acheteurs de voiture mais nous ne sommes pas bien sûr disposés à leur céder notre vieille titine !

Repas dans une gargote pour 100f CFA à nous trois.

Visite du marché. Déception pour le palais du Moro Naba : il est entièrement moderne.

Nous redémarrons à 14h 45. Barrage de gendarmes sympas.

Route puis piste jusqu'à Fada N'Gourma (18h 30). Nous allons au campement. Ma chambre est déjà occupée par une chauve-souris, des tarentes et des moustiques mais le seau d'eau pour la douche est le bienvenu. Repas sur la place du village : riz+ sauce + viande + œuf pour 100f CFA chacun puis café au lait (concentré sucré) sur des petites tables en plein air éclairées par des lampes à pétrole.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Centaines de roussettes dans le ciel. Depuis 19h le tam-tam bat son plein sur la place du village pour la fin du jeûne.

C'est assez joli car accompagné de chants étranges très différents des chants sénégalais.

Puis nous apprécions moins car cela dure toute la nuit. Mon voisin y ajoute le vacarme de son appareil à cassettes mais après une petite intervention il finit par se taire et je trouve enfin le sommeil.

570 kms en 10 heures de conduite.

 

VENDREDI 11 AOUT

Lever à 5h. Le moins qu'on puisse dire c'est que la chaleur et le tam-tam ne sont pas somnifères !

Départ à 6h après un café sur la place. Les danses elles se poursuivent ...

La piste est abominable jusqu'à Niamey (trous + tôle ondulée + cailloux + passage de gués) et chaque jour nous trouvons pire dans ce domaine. Quand cela s'arrêtera-t-il ? Heureusement la piste est agrémentée de rencontres intéressantes : des femmes peules à qui nous achetons du lait, des cavaliers superbes près de la frontière du Niger …

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Le yougoslave que nous avions rencontré la veille sur la piste est bloqué faute de visa et essaie de s'en sortir dans un arabe approximatif. Nos tentatives pour l'aider sont vaines ; je crois qu'il ne lui reste plus qu'à faire preuve de beaucoup de patience (il n'y avait pas de consulats nigériens dans les pays qu'il a traversés).

Comme la veille beaucoup de singes sur la piste, mais aussi d'énormes camions difficiles à doubler à cause de la poussière.

Le paysage est nettement moins verdoyant.

A l'arrivée sur Niamey, le ciel devient noir : tornade de sable puis pluie diluvienne. Nous terminons les derniers kms de justesse sur la piste inondée, dans des éclaboussements énormes.

Palmiers doum-doum à deux troncs.

Arrivée à Niamey à 12h 15.

Diner-spectacle à la terrasse d'un restaurant : un fleuve d'eau et de boue dévale dans les rues provoquant de nombreuses chutes qui font d'autant plus notre joie que nous avons failli nous aussi patauger.

La réparation de Bamako n'a pas tenu. Quête d'un garage, courrier à la poste, visite du marché vers 16h lorsque la pluie cesse enfin.
Décalage horaire d'une heure.
Chambre sympa au "Domino" : 2.700f pour trois + 1300f de repas.

Niamey est une ville pleine de contrastes : superbes voitures devant des cases en banco, chameaux devant des buildings, vieil anglais en Land-Rover, femmes ramenant du bois …

Niamey, la ville, le Niger, les hippos ...
Niamey, la ville, le Niger, les hippos ...
Niamey, la ville, le Niger, les hippos ...
Niamey, la ville, le Niger, les hippos ...
Niamey, la ville, le Niger, les hippos ...

Niamey, la ville, le Niger, les hippos ...

 

Apres le repas, belote inachevée pour cause de tricheries multiples et flagrantes !

Nous espérons avoir la voiture demain soir.

Transistor à fond dans la pièce voisine (du Johnny en plus !).

Il faudra s'habituer à dormir avec la musique.

Nous avons fait la lessive dans la douche avec Etienne pendant que Florence nous préparait un délicieux café.

300 kms en 6h. Total : 1.590 kms en 26 heures.

 

SAMEDI 12 AOUT

Assez bonne nuit. Lever 8h. Petit déjeuner habituel en plein air au coin d'une rue.
Nous conduisons la voiture au garage et partons à pied à la découverte de Niamey. La ville est très animée à partir de 9h puis après 16h ; les ethnies sont variées.

Le temps est revenu au beau et même au chaud.

Visite du très intéressant musée national :  artisanat, architecture nigérienne, costumes et bijoux de tous les peuples du Niger ( peuhls, houassas, djermas, touaregs....). L’entrée est libre d'où une grande animation.

Vaches "bouroumas" avec leurs immenses cornes flotteur.

Ah la vache !

Ah la vache !

Repas dans une gargote pour 500 f. Douche. Café. Sieste jusqu'à 16h 30. Visite du petit marché où nous retrouvons des bana-banas sénégalais heureux de parler Wolof avec nous ce qui nous facilite l'achat de deux superbes bracelets de pieds Homboris (une tribu peuhle) pour 2.500 f.

Un de ces lourds bracelets (1,4 kilo) ...

Un de ces lourds bracelets (1,4 kilo) ...

 

Puis nous passons au garage : ça avance, le gars a l'air sérieux et nous l'aurons peut-être demain matin.

Nous rentrons au Domino bien fatigués car nous avons parcouru Niamey en tous sens (sans trouver trace de notre ami yougoslave).

 

DIMANCHE 13 AOUT

J'ai un bon rhume depuis Bobo.

La voiture doit être prête vers 11h ce qui nous permettrait d'être dans la soirée à Birni Nkoni chez El Hadj Demba Ba (le mari de N'goné, la bonne des parents d’Etienne à Dakar) chez qui nous sommes attendus.

Après marchandage pour la réparation (17.000f ) et un excellent ceebu-jeen (riz au poisson) à la gargote de l'Islam nous quittons Niamey vers 13h 30. Vers 18h 30 nous sommes à Birni Nkoni et partons à la recherche d'El Hadj.

C'est l'hivernage et il a beaucoup plu sur la région, étonnamment verdoyante ...
C'est l'hivernage et il a beaucoup plu sur la région, étonnamment verdoyante ...
C'est l'hivernage et il a beaucoup plu sur la région, étonnamment verdoyante ...

C'est l'hivernage et il a beaucoup plu sur la région, étonnamment verdoyante ...

 

A Malbassa nous prenons une piste puis des sentiers non carrossables. La nuit tombe tandis que nous errons toujours dans les champs de mil, à travers les rochers, traversons une mare ... Nous arrivons finalement à 20h 30 à Lawaye Tiédia où l'accueil est extraordinaire : El Hadj est hilare (surtout en voyant Flo) et tout le village est présent. Nous saluons de nombreuses personnes dont les trois femmes d'El Hadj qui s'agenouillent devant nous. On nous installe trois fauteuils parmi la foule, les chameaux et les ânes dans la concession. Clair de lune sur les maisons et les greniers à mil ventrus en banco. Un interprète français-haoussa nous permet quelques échanges.

Nous avons faim et soif mais devrons attendre assez longtemps.
Finalement, on nous apporte des goyaves, puis du lait de vache sucré, des œufs (quel régal !) et du poulet dont l'odeur (et le goût peut-être ?) n'est pas sans rappeler celle de la m..de !!!
Un bon thé efface ce sinistre moment.

A 23h nous partons dans le village, toujours suivis par la foule, pour assister aux danses et exhibitions des griots. On nous installe aux places d'honneur devant musiciens et danseurs. Il y a quatre tamtams dont un petit qui fait un roulement continu et trois plus gros tendus de cordes provoquant des distorsions du son.

L'ensemble est harmonieux et très impressionnant. Les filles du village dansent en rangs selon des figures convenues, puis seules en agitant frénétiquement leur popotin tandis que les garçons font un mélange très rythmé de danses et d'acrobaties. Nous distribuons quelques pièces et sommes remerciés par des discours du griot et de nouvelles danses.

Il est une heure du matin quand nous retrouvons la concession ...

El Hadj nous a préparé en plein air des lits faits de lattes de bois et couverts d'une natte. Il fait chaud et malgré les moustiquaires, les bestioles piquent dur !

500 kms en 7 heures.

 

 

LUNDI 14 AOUT

Nous avons peu dormi car à 4h le muezzin est passé chanter dans toutes les concessions : en période de ramadan, les musulmans doivent prier et chanter avant le lever du soleil.

Nous visitons la concession qui est propre, à part les emplacements réservés aux animaux.

A noter, l'emplacement central de la case de la mère d'El Hadj ! (cliquer pour agrandir)

A noter, l'emplacement central de la case de la mère d'El Hadj ! (cliquer pour agrandir)

El Hadj, une de ses femmes et quelques unes de ses filles ...
El Hadj, une de ses femmes et quelques unes de ses filles ...
El Hadj, une de ses femmes et quelques unes de ses filles ...
El Hadj, une de ses femmes et quelques unes de ses filles ...

El Hadj, une de ses femmes et quelques unes de ses filles ...

 

Pour le petit déjeuner, on nous a apporté du lait, des beignets et ... le reste de poulet de la veille auquel, malgré notre désir de faire plaisir à El Hadj, nous ne touchons guère.

Ensuite, comme prévu la veille, nous devons partir visiter les environs à dos de chameau ce qui réjouit encore plus les villageois que nous (ils se bidonnent franchement). Tout le village est là, les préparatifs sont assez longs.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Etienne et Florence grimpent sur un chameau muni d'une grande selle en compagnie de l'interprète tandis que je partage le second avec El Hadj : il est sur une selle monoplace et moi derrière sur une couverture. Je ne vais pas tarder à regretter l'absence de selle. Le chameau se redresse devant puis derrière et commence son balancement. J'ai rapidement les fesses en compote car la couverture glisse et la sale bestiole a la colonne vertébrale saillante et coriace. Nous rentrons 2h plus tard après une promenade dont Etienne et Florence rient encore à mes dépens : il est difficile de faire bonne figure quand on a les fesses littéralement en sang !!!

Au départ j'ai le sourire, ça ne va pas durer ...

Au départ j'ai le sourire, ça ne va pas durer ...

 

Nous sommes assoiffés car il fait très chaud et heureusement, nous, nous avons nous le droit de boire. Repas : riz au poulet (toujours aussi infect), œufs (notre régal), lait puis thé. Ce n'est pas l'envie qui nous manque d'aller chercher quelques conserves dans la voiture !

Nous essayons vainement de faire la sieste : il fait très chaud et le frère d'El Hadj, fier de son transistor, nous en régale. Profitant de son assoupissement, je l'éteins, mais il se réveille aussitôt et le rallume. Raté !

Nous passons l'après-midi ainsi sur les nattes à discuter puis dans la soirée nous faisons un tour du village où toutes les femmes pilent et font la cuisine car à 19h15, au coucher du soleil, c'est la fin du jeûne.

Galerie de portraits dans le village ...
Galerie de portraits dans le village ...
Galerie de portraits dans le village ...
Galerie de portraits dans le village ...
Galerie de portraits dans le village ...
Galerie de portraits dans le village ...

Galerie de portraits dans le village ...

 

Nous visitons aussi les jardins : des cours d'eau en cette saison arrosent papayers, manguiers, goyaviers et les premiers palmiers-dattiers. Quant au mil il pousse un peu partout et il est presque mûr (un mois d'avance au moins sur le Sénégal).

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Sur notre demande, les griots apportent leurs tamtams : nous pensions en acheter mais ils sont vraiment trop chers pour nous. C'est la pression sur les cordes latérales qui produit les distorsions dans le son, car elles tendent plus ou moins la peau du dessus.

 

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Un bon seau d'eau nous tient lieu de douche. Un examen attentif de mes fesses montre qu'elles sont à vif, de grosses ampoules ayant crevé ; premiers soins par Etienne qui s'amuse comme un fou à mes dépens.

Repas habituel mais les nouilles ont remplacé le riz.

Palabres autour d'un bon thé. Nous sommes pressés de nous coucher mais malgré de très lourdes allusions, El Hadj ne semble pas disposé à nous laisser dormir et il s'installe près de nos nattes avec quelques vieux, comme pour veiller sur nous, et ils commencent la palabre. Nous devons ensuite nous relever pour saluer les femmes de la concession. Enfin, vers 23h 3O, ils nous quittent.

Etienne et Flo n'arrêtent pas de gigoter et de se lever pour trouver une solution à leur problème n°1 : les moustiques ! J'ai beaucoup de chance de ne pas sentir leurs piqûres.

 

MARDI 15 AOUT

Vers 5h on nous réveille pour le petit déjeuner. Délicieux petit beignets mais le lait, malheureusement, "commence à dormir".

Départ à 5H 45. El Hadj nous accompagne et nous guide jusqu'à Malbaza. Nous gagnons facilement Zinder (arrivée 11h 45).

Pendant ces 500 kms, le paysage s'est encore transformé : nous voyons le Sahel typique, quoique assez vert car les pluies d'hivernage ont été abondantes. Premières dunes de sable, les arbres sont remplacés progressivement par des épineux, le mil par l'arachide. Seul incident du parcours : un camion a failli nous envoyer dans les décors pendant que nous le doublions (il faut dire que notre klaxon est « gâté complet »).

Bière fraiche à l'arrivée dans l'h6tel-bar où les africains se font faire les ongles des mains et des pieds par un manucure très outillé. Bon couscous dans une gargote qui présente des plats première classe et des seconde classe ( 50 f moins cher ).

Nous restons quelques heures à Zinder avec des coopérants de Yaoundé qui logent au lycée (douche bienvenue) et avec qui nous échangeons des renseignements, Algérie contre pays Dogon.

A 16h nous repartons sur Agadez. La piste est absolument abominable et comporte à peu près tous les plaisirs possibles : tôle ondulée énorme, trous, sable, ornières de camions, boue, cailloux, eau dans les koris ...
Je me plante dans le fech-fech : après une heure de travail nous sommes difficilement sortis par une Toyota.

Il est 21h quand nous atteignons Tanout à 160 kms de là. Café sur la place, essai de brochettes super-pimentées.

Nous roulons encore 40 kms jusqu'à 23h et nous arrêtons sur le bord de la route dans un petit coin de sable où j'écris ces dernières lignes au clair de lune avant de dormir.

J'ai eu droit à de nombreuses applications de Bétadine sur le derrière tout au long de la journée …

700 kms en 13 heures (dont 200 kms en 7h)

 

 

MERCREDI 16 AOUT

Lever 6h, départ 6h 45. Après quelques kms la piste est ensablée mais meilleure et nous pouvons rouler plus vite. On sent qu'on se rapproche du Sahara véritable.

Nous sommes déçus de ne pas voir de peuhls bororos, réputés pour leur beauté : peut-être sont-ils déjà partis avec leurs chameaux à la cure salée ?

Arrêt vers 11h pour vérification de la voiture. Nous avons l'impression d'être très bronzés mais je crois qu‘en réalité une bonne douche nous ferait vite pâlir !

A midi nouvel arrêt : cette fois nous nous sentons dans le vif du sujet car sable et pierres constituent l’essentiel du paysage. Nous installons un petit campement : riz à la tomate et thé vert au menu. Bricolage, la voiture tient le coup.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Il nous reste 100 kms que nous parcourons en 2h presque totalement à côté de la piste (si l'on peut appeler piste ce tas de cailloux !). Nous croisons des caravanes de chameaux, des puits où s'abreuvent les bêtes et les hommes, des zones d'acheb ....

Arrivée à Agadez. Formalités folklos. Nous allons au camping de l'oasis dans un très joli cadre assez verdoyant, proche de puits et de jardins.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

Douche bienvenue (il nous reste quand même un peu de couleurs). Des petits touaregs lavent notre linge ce qui n'est pas non plus du luxe.

Vers 18h, petit tour en ville et petit Ricard à l'h6tel de l'Aïr (doux bruit tant attendu des glaçons) puis repas au restaurant sénégalais. (A l’hôtel de l’Aïr nous croisons Thierry Sabine et son équipe. Nous comprendrons plus tard qu’ils étaient là pour préparer le premier rallye Paris – Dakar)

Nombreux touaregs de l'Aïr.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Il  souffle un vent chaud et sec qui pique les yeux, dessèche les lèvres … mais qui devrait vite aider à cicatriser mes pauvres petites fesses!

250 kms en 7h. Total : 3.100 kms en 53h.

 

JEUDI 17 AOUT

Lever 6h 15. Petit tour dans l'oasis, café, puis nous partons "en ville". Agadez est une ville en banco très typique, d'architecture assez proche de celle de Djenné mais avec une ambiance tout à fait différente. Il y a là de très nombreux touaregs "Kel Air", voilés, dignes, superbes. Au loin, derrière les palmiers, les premiers contreforts de l'Air.

Agadez ...
Agadez ...
Agadez ...
Agadez ...
Agadez ...
Agadez ...
Agadez ...

Agadez ...

 

Nous faisons quelques achats au marché, des photos, visitons le marché aux bestiaux (incident avec un petit noir). Dès 9h la chaleur est très éprouvante.

Sur le marché d'Agadez ...
Sur le marché d'Agadez ...
Sur le marché d'Agadez ...
Sur le marché d'Agadez ...
Sur le marché d'Agadez ...
Sur le marché d'Agadez ...

Sur le marché d'Agadez ...

 

Nous rencontrons enfin ces fameux peuhls bororos aux longs cheveux nattés, vêtus de culottes de peaux, et qui semblent émerveillés par les richesses pourtant toutes relatives du marché.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Repas au "Sahara" : légumes, omelette. Nous rentrons au camping où nous passons l'après-midi dans la piscine, un grand bassin moussu sous les arbres, entourés de très jolis oiseaux verts et de mange-mil.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Puis nous partons pour Arlit mais ce n'est qu'un faux départ car nous ne pouvons pas trouver la piste de l'ouest que nous pensions prendre.

17h 15 : vrai départ par la piste classique cette fois. Le paysage est splendide, surtout au coucher du soleil, dans ces montagnes de pierres parsemées de petites plaques d'herbe.

Nous traversons de nombreux koris qui descendent des sommets et rencontrons des paysans travaillant leur champ de mil irrigué par des systèmes à balancier. Malheureusement je ne profite qu'assez mal de ce spectacle car la piste est infecte ; je suis "énervé" et fais un festival au volant !

Il faut souvent descendre devant la voiture choisir sa route. Je m'arrête finalement … sur crevaison après 95 kms éprouvants. Il est 21h 30 !

Rapide soupe au pain après la réparation et Etienne redémarre.

La pleine lune nous permet, Flo et moi, de reconnaitre le terrain devant la voiture. Nous sommes sur un reg parsemé de tas de sable et de boue où les camions ont creusé des ornières invraisemblables. Cinq ensablements en quelques kms (et le pelletage qui s’en suit) nous permettent d'avaler quelques kilos de poussière.

Quelques rencontres agrémentent ce paysage lunaire où même en pleine nuit le vent est brulant : des lièvres, deux fennecs à l'arrivée sur Arlit et surtout un méhariste qui passe fièrement à quelques pas de la 504 ensablée - supériorité incontestable du chameau dans ce domaine au moins - et poursuit son chemin sous la lune.

Peu avant Arlit, tôle ondulée sur plusieurs centaines de mètres de large ; nous suivons une mauvaise piste mais nous nous retrouvons grâce à l'étoile polaire.

Arrivés en vue d’Arlit à 4h du matin, épuisés, nous nous endormons à même le reg jusqu'à 8h.

250 kms en 11h. Total : 3350 kms en 64h.

 

 

VENDREDI 18 AOUT

Ville construite pour la SOMAIR (Société minière d’extraction d’uranium), Arlit présente comme intérêt principal la présence de frigos et quelques jus d'oranges sont les bienvenus. Réparation des deux roues crevées, plein d'essence (150 litres) et d'eau (50 litres). Nous visitons le zoo de M.Villemain mais dédaignons superbement la piscine dont l'entrée est d'ailleurs problématique car privée et à midi nous reprenons la route sur un reg absolument désolé.
Sable et pierre, parfois, miracle, un petit épineux. Une balise tous les kilomètres. L'avantage c'est qu'on roule vite ; l'ennui c'est qu'après une heure à bon train, je déchiquette littéralement un pneu.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Nous arrêtons, montons le double toit et passons calmement les heures chaudes à boire du thé. Le début d'après-midi est pénible : la chaleur est accablante et les coups de vent brulants. Résultat : on transpire beaucoup puis, quand le vent souffle, on se couvre de sable et on dessèche. Applications fréquentes de pommade sur les lèvres et une gorgée d'eau toutes les trois minutes !

Jusqu'au soir nous ne verrons comme être vivant qu'une sauterelle. La chaleur baissant un peu (tout est relatif) nous repartons vers In Guezzam à 19h 30 après transvasement d'essence pour cause de fuite d’un jerrycan.

Rouler sur le reg est très grisant car, sauf une petite bosse de temps en temps ou un passage de sable, il n'y a aucun obstacle et, surtout le soir, on se croirait en avion. Ce morceau de désert est très impressionnant et on ne peut se retenir d'envisager une panne suivie d'un manque d'eau : rien que d'y penser, j'ai la gorge sèche (quand je n'y pense pas c'est d'ailleurs pareil !).

Enfin je crois que nous tenons le bon bout : plus que 500kms et nous atteindrons la merveille des merveilles, le goudron de Tamanrasset !

Une seule crainte, importante : nous n’avons plus qu'un pneu de rechange.
Inch Allah ça ira !

Florence conduit et se plante plusieurs fois car il y a du fesch-fesch (sable très fin proche de la poussière) et des passages près des dunes. Les passages de sable sont longs et chaque ensablement en entraine trois ou quatre à la suite car on ne peut relancer suffisamment la voiture pour passer. Je prends le volant à mon tour sans plus de succès et à 23h,  épuisés,  nous arrêtons après avoir parcouru moins de 50kms.

Nous n'avions pas pensé à manger et prenons chacun deux cafés au lait !

La nuit précédente nous a je crois beaucoup fatigués et les nombreux désensablages que nous venons de faire n'étaient pas de tout repos. Bien calés sur une dune, près de la voiture ensablée, nous creusons notre lit dans le sable et allons essayer de récupérer. Ce n'est pas ce soir que nous allons profiter longuement des milliers d'étoiles que nous offre le ciel saharien.

100 kms en 5 heures. Total : 3450 kms en 69h.

 

SAMEDI 19 AOUT

Lever 6h. Etienne ne se sent pas bien et vomit. Crise de palu sans doute. Nous le couchons dans la voiture et en deux heures rejoignons Assamaka à la frontière Niger-Algérie. Le pot d’échappement s'est dessoudé mais heureusement nous passons bien dans le sable.

Florence fait des piqures à Etienne après de nombreuses palabres car l'infirmier du poste, vexé qu’Etienne ait refusé ses soins, ne voulait pas prêter son matériel. Le poste, au beau milieu des sables, nous offre l'eau d'un forage et l'ombre de quelques arbres sous lesquels nous nous installons en compagnie des douaniers. Etienne dort tandis que nous prenons le thé avec les militaires nigériens enfin amadoués. Ils jouent au dara (ou dili) avec des bouts de bois et des cailloux. Ils tracent dans le sable 6 rangées et 5 colonnes, chaque joueur dispose de 12 "pions" et il s'agit d'en aligner trois. Alors on en prend un à l'adversaire. Quand celui-ci n'en n'a plus, on marque +2. Le premier à 12 a gagné (on marque -2 pour chaque défaite) mais les parties semblent interminables.

16 h : Etienne dort toujours mais il semble reprendre quelques couleurs après une nouvelle injection de quinimax. Ouf!

Nous n'avions guère envie de rester ici car sans parler du paysage un peu sinistre, l'ambiance n'est pas des plus agréables. Des douaniers algériens sont venus de leur poste frontière pour boire avec les nigériens. On voit qu'ils sont privés chez eux car la bière coule à flots. Vers 17h, tout le monde est bien bourré, en particulier les algériens qui proposent de nous faire rejoindre In Guezzam hors-piste pour nous faire gagner du temps. Ils insistent lourdement et comme l'alcool n'a pas l'air de leur réussir, nous avons bien du mal à nous en débarrasser. Les nigériens s'en mêlent et, prétextant l'état d'Etienne, ne semblent pas disposés à nous laisser partir ! Heureusement, Etienne se lève et réussi à leur démontrer qu'il est en pleine forme. De plus, des français en BJ Toyota sont arrivés qui proposent de faire la route avec nous.

Nous voilà tirés de ce mauvais pas.

A 18h départ. Nous avons dégonflé les pneus à 1 kg malgré notre lourd chargement. Nous arrivons à In Guezzam à 19h. Les formalités sont rapidement effectuées et le douanier ne voit pas  le pastis dissimulé dans le chargement et destiné à la vente avec profit en Algérie où c'est un produit très rare.

Nous roulons encore 20 kms en territoire algérien et nous arrêtons à la nuit tombante. Nos compagnons sortent trois boites de poulet à la crème dont nous nous régalons. Etienne a bien récupéré.

Nous buvons quelques bières, tièdes malheureusement, tandis que Jackie et Christian nous racontent leur voyage : ils sont partis de Djibouti où ils tenaient un restaurant, sont passés par le Kenya, le Cameroun, le Gabon où lui travaille dans une exploitation forestière en pleine brousse....

Dodo superbe après toutes nos émotions!

100 kms en 3h. Total : 3550 kms en 72 h.

 

DIMANCHE 20 AOUT

Nous repartons à 9h (décalage horaire d'une heure en Algérie). Nous devons d'abord rouler très lentement sur des regs pierreux qui sont peu à peu remplacés par des ergs et des dunes.

Le paysage est très beau avec les monts du Tassili du Hoggar entre lesquels nous louvoyons.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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La Toyota suit la piste balisée tous les 5 kms, ce qui nous permet de rouler hors-piste à vue pour trouver le meilleur terrain. Cela nous joue un tour car, passant chacun d'un côté d'un groupe de dunes,  nous nous perdons de vue. Il nous faudra une heure pour nous retrouver en plein midi, les yeux brulés à force de scruter l'horizon. Etienne a lancé quelques fusées de détresse : la première qu'il tenait à l'envers lui a claqué dans les mains !

Nous roulons jusqu'à 15h 30 ; petite pause ; repas.

A 18h nous repartons,  les pneus regonflés pour attaquer le Hoggar.

Les derniers kilomètres sont très pénibles : montagne, tôle ondulée infâme, lits d'oueds à traverser ...

 

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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A 21h nous apercevons les lumières de Tam et roulons, merveille, sur du goudron, après près de 4.000 kilomètres de pistes. Nous allons au campement des Zéribas où, après dégustation de nombreux jus d'oranges, nous mangeons avant de nous coucher, ô bonheur, dans un lit !
La toilette a été relativement sommaire malgré notre crasse car il y a très peu d'eau mais en revanche beaucoup de cafards dans les douches.

400 kms / 9h - TOTAL : 4000 kms / 81h

Moyenne de Zinder à Tamanrasset : 33 km/h

 

LUNDI 21 AOUT

Dormi jusqu'à 9h 30. Formalités de douanes, police, assurance, poste, banque. Tam est une très jolie petite ville entourée de montagnes. Les maisons sont en banco très rouge et on sent, ajouté au style soudanien, une forte influence arabe. Toutes les pancartes sont rédigées en arabe ce qui n'est pas pratique pour nous. Très grande variété ethnique du plus blanc au plus noir, cheveux lisses, frisés ou crépus ...

Bien que la ville soit reliée depuis un an au nord par le goudron on ne trouve pas grand-chose et surtout pas du vin ou de la bière en cette période de ramadan. Nous avons cependant la chance de tomber sur un arrivage de fruits et légumes du nord et après bien des palabres les filles obtiennent des tomates, poivrons, poires, raisins et pastèques dont nous nous régalons au déjeuner.

Il est déjà 16h quand nous entamons une petite sieste. Je me lève à 17h pour amener la voiture au garage qui doit ressouder le pot d’échappement.

Nous en sortons à 21h …

Petit Ricard presque frais, riz au curry, tomates, fruits et dodo car nous avons du sommeil à récupérer.
Musique algérienne pas trop forte heureusement.

 

MARDI 22 AOUT

Lever 8h. Nous avons plus dormi en deux jours que pendant toute la semaine dernière (et mangé dans les mêmes proportions !).

Révision et nettoyage de la voiture : nous en tirons des kilos de poussière et resserrons de nombreux boulons.

Après quelques courses en ville, nous partons pour la route de l'Assekrem avec l'intention de faire quelques kilomètres et de revenir.

Après 1 km de piste, nous stoppons aux gueltas d'Im Laoulaouléne, succession de cinq bassins dans la roche. En escaladant les parois pour atteindre la troisième, je tombe et m'en tire quelques mètres plus bas avec un peu d'écorchures et les sarcasmes de mes collègues bien plus doués que moi pour l'escalade.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Bain et déjeuner.

A 14h nous reprenons la route. Le paysage est magnifique mais la piste est assez dure. Nous décidons néanmoins de continuer jusqu’à Assekrem qui, en distance du moins, est tout près. Quelle erreur !

Il faut dire que le spectacle est somptueux malgré le ciel un peu nuageux. Nous atteignons le refuge du Père de Foucault vers 18h 30. Vue splendide sur le Hoggar.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Nous avons dû pousser la voiture plusieurs fois tant la pente est forte et nous avons également changé la pompe à essence à cause de l’altitude.

Nous décidons de retourner à Tam par l'autre piste, celle de Terhanet. Après une descente périlleuse dans les cailloux la piste emprunte un oued et nous nous plantons plusieurs fois dans le sable. Ensuite nous nous trompons à un embranchement et tombons en pleine nuit dans le village de Terhanet.

Les touaregs voudraient nous faire coucher dans le village (quelques huttes en paille) dans l'espoir sans doute de gagner quelque argent. Devant notre refus, ils deviennent agressifs et à deux reprises nous indiquent des fausses pistes pour nous faire ensabler. Nous retraversons le village à toute vitesse et par chance, dans la nuit noire, nous retombons sur les kerns (petits tas de pierres) qui balisent la piste,  avec le sentiment peut-être exagéré d'avoir échappé à un danger. Il faut dire que dans la nuit ces visages voilés et ces voix étrangères ne sont pas très rassurants.

Nous déchirons un pneu sur les cailloux. Un peu plus tard nous devons travailler pendant plus d'une heure comme des forçats pour sortir la voiture du fond d'un oued. Avalons des kilos de poussière.

Et c'est avec un énorme soulagement que pour la seconde fois nous retrouvons le goudron et les lumières de Tam. Cette fois nous jurons bien que la piste c'est fini !

Il est une heure du matin,  nous sommes extenués, sales et affamés car nous n’avions à manger qu’une boite de lait concentré. Le plus bête est que nous aurions pu nous dispenser de ce cauchemar. Enfin ! Nous avons souffert, la voiture plus encore peut-être,  mais nous avons vu l'Assekrem et c'est quand même un spectacle inoubliable.

200 kms en 11 heures Total : 4200 kms en 92 heures.

 

MERCREDI 23 AOUT

Réveil à 9h. Quelques courses en ville où n'y a plus de cigarettes depuis hier soir. 
J'en trouve finalement vers midi dans un hôtel.

Nous partons sur le goudron vers In Salah après avoir vainement essaye de vendre notre pastis (par contre la voiture étant mal réparée, Etienne s'est fait rembourser la réparation !).
Après quelques kms la route effondrée après le passage d'un oued nous oblige de nouveau à quelques excentricités que la pauvre 504 supporte bien,  dans un nuage de poussière.

Léger repas vers 14h. Nous traversons les sinistres gorges d'Arak dans une terrible tempête de sable, mais nous roulons bien ... jusqu'à l'éclatement d'un pneu ! Nous le remplaçons par le pneu entaillé à l'Assekrem et le suspense commence car celui qui nous reste ne mérite même pas le nom de pneu !

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Nous roulons avec mille précautions à 30 km/h. Le paysage est sinistre, plat, balayé de vent de sable et notre seule distraction est une petite averse, rareté dans la région, qui nous rafraichi un peu.
Alors que nous pensons arriver à bon port, bang ! Le pneu éclate en morceaux. La ferraille sort du pneu qui nous reste, comment rouler avec ça ?

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...

 

Nous tentons le coup en le bourrant de vieilles chambres à air. Cette fois nous comptons presque chaque mètre nous séparant d'In Salah. Nous roulons maintenant à 15 km/h et tous les trois devant pour essayer de soulager l'arrière. Chaque nouvelle borne atteinte est accueillie comme un miracle tant nous attendons à chaque instant le boum fatidique ...

Allah est avec nous puisque nous arrivons enfin vers 21h 30.

Après un déjeuner infâme (chorba aux pois chiches puis ... pois chiches!), nous allons nous coucher dans la palmeraie ou nous attend un décor de rêve : palmiers bruissant doucement sous le vent,  ciel étoilé ... on se croirait au cinéma.

Mais tout cela est trop beau et pour couronner la journée, des moustiques terribles nous assaillent. Ils piquent même à travers les vêtements et les vieilles peaux comme la mienne ne les rebutent pas. Après avoir tenté plusieurs opérations pour les dissuader, nous finissons par dormir vers 2 heures, le sommeil l‘emportant sur l'agacement des piqures.

700 kms en 10 heures ; Total : 4900 kms en 102 heures.

 

JEUDI 24 AOUT

Trouverons-nous un pneu à In Salah ?
Levés à 7h,  nous allons dans le centre qui est désert à cause du ramadan. Les boutiques n'ouvrent qu'à 10h. Ce lever matinal, malgré la fatigue de la veille, nous aura quand même permis d'admirer un magnifique lever de soleil sur la palmeraie.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Par chance nous tombons sur El Hadj Abderhamane qui nous aide beaucoup : il nous trouve deux pneus d'occasion à 350 dinars et nous sert un bon repas pour 5 dinars. Il est prévu que nous lui paierons les pneus plus tard en France où il se rend assez souvent …  (En fait nous n’entendrons plus jamais parler de lui, il ne nous a jamais appelé !)

C'est un personnage assez extraordinaire qui voyage beaucoup et qui compte de nombreux amis en Europe (il est allé deux fois aux Sables d’Olonne).

Nous nous reposons bien grâce au climatiseur car dehors il fait un peu plus de 55° à l'ombre !

Il y a quelques jours, une 204, toutes vitres fermées en pleine chaleur, a tout simplement explosé ! El Hadj nous raconte ses conquêtes féminines et nous montre ses photos.

Vers 18h la chaleur commence à tomber et nous reprenons la route.

Le reg est absolument nu et pas une pierre, pas un caillou ne dépassent. Cette fois tout se passe bien malgré notre appréhension de crever à nouveau.

Je dors dans la voiture de 20h à 21h 30. Photo souvenir de tous les trois (je ne l’ai pas retrouvée !).

A 22h 30 nous sommes à El Goléa où nous trouvons un accueil vraiment très sympathique d'abord au restaurant des amis (très bon couscous accompagné d’un thé pour 7 dinars). Toute la population est dans la rue à cette heure, les boutiques sont ouvertes et relativement bien achalandées (café,  sardines ...). Les gens nous renseignent avec beaucoup de gentillesse.

Ensuite nous allons au camping où nous pouvons nous doucher.

Le patron, Aïssa, nous invite à manger des grenades et à boire le thé avec lui. Thé extraordinaire fait dans plusieurs théières à la fois.

Vers 1h 30, après avoir bien palabré nous nous couchons, toujours sous un magnifique ciel étoilé,  et cette fois sans moustiques !

400 kms en 5 heures. Total : 5300 kms en 107 heures.

 

VENDREDI 25 AOUT

Petit déjeuner et préparatifs tranquilles. Vers 10h nous allons acheter quelques roses des sables ...

 

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Puis nous prenons la route de Ghardaia et nous longeons d'abord le Grand Erg Occidental aux dunes splendides.

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Puis nous retrouvons le reg et enfin la sebkha à l'approche du Mzab. Les 270 kms sont vivement bouclés et l'arrivée est superbe par la route qui domine El Atteuf puis Beni Isguen. Nous découvrons au fur et à mesure les trois autres villes de la pentapole qui ressemblent d'ailleurs aux premières : bâties sur une colline, des maisons aux couleurs pastel et au sommet des minarets orientés vers La Mecque.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Les habitants et l‘architecture sont vraiment très originaux. Nous achetons au marché pour 15 dinars de tomates, oignons, pastèques, concombres et raisins que nous allons déguster dans la palmeraie de Beni Isguen. Nous y découvrons un véritable paradis : sous les palmiers, baignés par les foggaras, poussent grenades, raisins, figues, oranges, citrons, menthe .... Nous allons nous promener en grapillant à droite et à gauche, admirant les maisons d'été des mozabites et le formidable travail qui a fait d‘un tas de pierre cet Eden.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Nous allons ensuite visiter la ville sainte de Beni Isguen malheureusement noyée dans le vent de sable. Petites rues typiques, chant musulmans pour le Ramadan, cimetière empli de poteries brisées. Puis nous visitons le souk de Ghardaia très animée, à la foule cosmopolite.

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Tout le monde vit dans l‘attente de la fin du jeûne à 20h 15. Dans un restaurant bondé bien avant l'heure,  les chorbas (soupes) sont déjà dans les assiettes et les algériens salivent devant. Dix minutes après le "coup d'envoi", tout est terminé et l'on passe à un second service.

Nous mangeons un couscous médiocre et rentrons nous coucher dans la palmeraie.

250 kms en 3 heures. Total : 5550 kms en 110 h.

 

SAMEDI 26 AOUT

Nous avons dormi de 22 h à 7h 30 ce matin, réveillés par les petits oiseaux. Avant de partir, nous faisons une ample provision de raisins, citrons, figues, grenades et dattes.

La route est bonne jusqu'à Laghouat où nous quittons le Sahara pour franchir l'Atlas saharien puis les hauts plateaux, sorte de steppe vallonnée où les nomades berbères aux tentes basses rouges et noires élèvent moutons et chameaux. Progressivement nous retrouvons la végétation et les cultures pour aboutir à des paysages de type méditerranéen que nous trouvons luxuriants : arbres (ifs et oliviers ), pâturages, vignes ...

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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A partir de Frenda, la région est très peuplée et semble prospère. Nous passons à Mascara (moche) et à 20h atteignons Sidi bel Abbes très belle ville moderne de type colonial. Nous y retrouvons au restaurant la même scène que la veille : chacun attend le signal pour attaquer sa gamelle !

Nous repartons ensuite, toujours par des petites routes aux virages serrés, vers Tlemcen où à 23h règne une ambiance extraordinaire. Les terrasses des nombreux cafés débordent de monde (des hommes exclusivement bien sûr !) et nous nous régalons d'une glace.

Nous gagnons ensuite le camping gratuit où nous retrouvons des français et des hollandais ...

La beauté des paysages nous a fait quelque peu oublier notre hâte de rentrer, mais des projets s'échafaudent : si nous pouvions passer rapidement par le bateau à Mellilla plutôt que de rouler jusqu'à Tanger ?

800 kms en 10 heures. Total : 6350 kms en 12O heures.

 

DIMANCHE 27 AOUT

Petit tour à Tlemcen, ville historique cernée de remparts, que nous n'aurons guère le temps de visiter. Femmes algériennes voilées dont seul un œil est visible.

Ma traversée du Sahara en 1978 : un voyage d'un autre siècle ...
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Essayons vainement de vendre notre pastis et filons vers Melilla.

 

Les frontières algériennes, marocaines puis espagnoles sont franchies assez facilement et après avoir traversé les mêmes paysages que la veille nous parvenons vers 14h 30 à Melilla, enclave espagnole en Afrique. Quel changement de voir des femmes en short au bord de la plage ! Il me faut ressortir mon espagnol vieux de dix ans ce qui ne va pas sans mal au début. Nous n‘avons pas de chance avec le change car tout est fermé. Nous voilà donc sans un sou au moment où nous retrouvons les restaurants, les bières aux terrasses des cafés ...

Nous finissons donc les réserves : une boite de carottes et une boite de sardines sans pain !

L‘après-midi se passe mollement étendus sur le sable. Les bains sont délicieux et c'est vraiment un plaisir de retrouver la mer, oubliée depuis Dakar.

Dans la soirée nous allons en ville pour essayer de changer quand même un peu d‘argent ; il y a de nombreux changeurs dans la rue mais les taux de changes sont vraiment abominables. Nous tentons une dernière chance dans un petit restaurant près de la plage. Hourrah !

La patronne nous fait crédit et nous nous goinfrons de tomates aux olives et de poulet, le tout arrosé d'un litre de vin qui nous rend des plus optimistes. Relation de cause à effet ? Le bricolage sur la 504 qui suit le repas n'est pas un franc succès loin de là !

Nous nous couchons sur la plage, un peu inquiets : aurons-nous une place dans le bateau du lendemain ?

Des espagnols (un peu truands ?) semblent peu optimistes quant à nos chances.

250 kms en 4 heures ; total : 6600 kms en 124 heures.

 

LUNDI 28 AOUT

Un abruti me réveille à 4h mais à part cela, bonne nuit sur le sable. A 7h nous allons faire la queue aux guichets pour le bateau.

Suspense car nous avons des indications contradictoires sur les places disponibles ; grosse mêlée. A 9h nous avons les billets et soulagés, ayant enfin trouvé des pesetas, nous engloutissons un somptueux petit déjeuner composé de café au lait, de pain grillé et de beurre. Nous passons rembourser les pesetas à la señora du restaurant (qui nous avoue qu’elle ne pensait pas nous revoir !) et embarquons sur le ferry qui nous offre un confort que nous ne connaissions plus.

Nous profitons amplement des couchettes, des douches, des transats du bar et du restaurant. Le temps est splendide et nous coinçons la bulle jusqu'à 19 heures. La dernière étape sera longue car nous espérons traverser l'Espagne dans la nuit. Départ : 19h 30 ...

 

MARDI 29 AOUT

Malgré quelques errements lors de la traversée de Madrid, nous atteignons Orthez au petit matin !

Fin du voyage pour la 504 …
Il me reste à sauter dans un train pour regagner Nantes et retrouver Nickie et les enfants !

 

 

 

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B
Quel bonheur de lire vos aventures ! Nous avons effectué presque le même itinéraire Suisse - Zinder et retour durant notre périple de 9 mois en Afrique de l'Ouest en 1985 avec un Land Rover 110 avec cellule aménagée. Pas de technologie, carte et boussole, et un télégramme tous les 15 jours pour donner de nos nouvelles ou 1 journée d'attente pour obtenir 3 minutes de grésillements dans un téléphone !!! Une autre vie, mais que de souvenirs ! Peut-être que nos pistes se croiserons un jour !
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Y
Merci de votre sympathique commentaire ...<br /> Si nous routes se croisent nous pourrons évoquer l'Afrique mais aussi l'Amérique du Sud puisque nous y avons passé comme vous pas mal de mois ces dernières années !<br /> Cordialement,<br /> <br /> Yves
P
Une bien belle expérience que tu as eu beaucoup de chance de pouvoir réaliser à l’époque et dans ces conditions !
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À propos

Récits de voyages à l'usage de nos petits enfants, de notre famille, des amis et de tous les autres curieux ... Le blog relate nos voyages au Maroc, en Mauritanie, au Mali, en Afrique du Sud et Namibie ainsi qu'un long séjour dans neuf pays d'Amérique du Sud ...