D'oasis en oasis : Tozeur et les palmeraies de montagne ...
Du 10 au 13 janvier 2022
La Tunisie n’est pas bien large : nous étions proches de la frontière libyenne il y a quelques jours, nous filons à présent vers celle de l’Algérie !
Les oasis étaient autrefois des îles sur la route des caravanes. Aujourd’hui, même dans notre Renault « Symbole » de location, l’image reste pertinente car pour aller de Douz à Tozeur, il nous faut traverser le Chott el Jérid, vaste dépression occupée jadis par la mer. Une digue relie les deux rives à travers un paysage étonnant : il n’y a pratiquement pas d’eau en ce moment mais une croûte salée d’un blanc immaculé sur laquelle flottent quelques mirages à l'horizon.
Au milieu du parcours, un café, une boutique de souvenirs et quelques manifestations de l’humour tunisien …
Puis Tozeur apparaît, cernée de vastes palmeraies (dont nous reparlerons plus loin).
A la différence de Douz, la ville est ancienne et présente une architecture remarquable : les bâtiments de la vieille médina sont couverts de petites briques d’argile dont les motifs s'inspirent des tapis et de la calligraphie. Certaines fenêtres arborent de jolis moucharabiehs …
Les portes en bois d’abricotier sont également très belles. Remarquez les trois heurtoirs (les « dakdekas », jolie onomatopée !) qui les garnissent : en haut à droite celui des hommes, à gauche celui des femmes. Eventuellement, plus bas, celui des enfants.
Le son émis par chacun étant différent, cela permettait aux propriétaires de déterminer qui doit ouvrir pour respecter les bons usages du monde musulman !
Le reste de la ville est plus moderne, avec d’innombrables boutiques, étals divers, gargotes ... le tout dominé par les minarets des nombreuses mosquées …
Depuis Tozeur, nous parcourons quelques kilomètres dans un relief à nouveau tourmenté pour voir les remarquables oasis de montagnes toutes proches de la frontière algérienne.
Ces palmeraies sont très différentes des palmeraies maritimes de Djerba et de celles des oasis sahariennes. Elles sont littéralement enchâssées dans des canyons creusées par des oueds presque à sec en ce moment.
Premier arrêt pour une courte balade à Chebika …
Quelques kilomètres plus loin, nous parcourons le vieux village de Tameghza, abandonné à l’exception des mosquées qui restent toujours en activité …
… puis, depuis la palmeraie, nous remontons sur le plateau par le canyon.
Une balade qui nécessitera quelques acrobaties !
Le top : à part quelques nuits d’hôtels ou de gîtes, nous avons passé la grande majorité du séjour dans des logements réservés par le biais d’Airbnb. Avec la possibilité de nous installer tranquilles quelques nuits, d’aller faire nos courses et de préparer des repas à notre guise.
Un choix que nous n’avons pas regretté car nous avons trouvé de jolies maisons, bien situées, et rencontré des gens sympas. Voyez ces quelques images de nos locations à Djerba, Douz et Tozeur …
Reste que devant certains paysages, nous n’avons pas pu empêcher une certaine nostalgie de nous gagner : quels beaux bivouacs nous aurions pu faire avec Trottinette !
Le flop : à travers les siècles, les hommes ont domestiqué l’eau, l’ont canalisée, ont planté des milliers de palmiers, et les dattes ont fait leur richesse.
De loin, la palmeraie de Tozeur est magnifique. De près aussi parfois …
Mais malheureusement, une bonne partie est abandonnée, livrée aux chiens errants et aux dépôts d’ordures. Peut-être était-ce inéluctable mais le tourisme a joué un rôle énorme dans cette évolution.
A partir des années 90, beaucoup de « fellahs » ont abandonné leurs cultures pour se consacrer à cette nouvelle activité prometteuse. Mais la révolution de 2011 puis la pandémie ont mis fin à cette manne. Le tourisme, qui a vidé la main d’œuvre les palmeraies, est aujourd’hui moribond. Presque toutes les agences de tourisme et les grands hôtels sont fermés, parfois déjà totalement délabrés comme le Continental en face de chez nous à Tozeur.
Plus grave, les grands hôtels ont épuisé l’eau de la nappe phréatique et aujourd’hui ce sont des forages à plus de 1.000 mètres de profondeur dans la nappe fossile, donc non renouvelable, qui livrent une eau chaude et salée.
Le comble a été atteint avec la réalisation d’un golf. Entretenir un parcours par 50° la moitié de l’année est évidemment une hérésie (j’ai lu que l'entretien d’un green nécessite l’équivalent de la consommation de 60.000 personnes !).
Voici ce qu’il subsiste aujourd’hui de ce golf qui a nécessité la destruction de centaines de palmers …
L’anecdote : le carburant n'est pas cher pour nous en Tunisie, guère plus d'un tiers du prix français.
Mais il l’est encore moins en Lybie ce qui a généré un trafic, apparemment toléré par les autorités puisque l’on trouve partout des points de vente sauvages, au bord des routes, dans les villes et les villages …
Le saviez-vous ?
Le Chott el Jérid couvre 5.000 km2. C’est la plus vaste des « sebkhas » (dépressions salées) qui barrent la Tunisie sur 300 kms au niveau du Golfe de Gabès
Au XIXème siècle, François Roudaire, un capitaine français soutenu par Ferdinand de Lesseps, a conçu le projet de créer une mer intérieure en creusant un canal depuis la Méditerranée. Le projet est tombé à l’eau (façon de parler !) en 1882 du fait d’un petit oubli : si le Chott el Gharsa est bien situé au-dessous du niveau de la mer, le Chott el Jérid, lui, se trouve entre 15 ou 20 mètres d’altitude positive !
Le saviez-vous (Bis) ? Spéciale dédicace pour Mister Hat.
Tout près de Tameghza se trouve une intrigante « piste Rommel ».
On raconte que les troupes allemandes étaient bloquées là par les alliés, coincées par la montagne. Les alliés ont transmis à Rommel un ultimatum lui donnant un mois pour rendre les armes ce qu’il ne fit pas. Pendant plusieurs jours, la zone fut alors pilonnée par l’artillerie américaine et anglaise … avant que l’on se rendre compte que l’oiseau s’était envolé.
Rommel aurait réussi le tour de force de construire dans ce court délai une piste à travers le djebel pour s’échapper.
On trouve de nos jours des restes de cette piste de béton mais je n’ai pas trouvé de sources sûres pour attester cette histoire. Certaines prétendent que la piste aurait été construite dans les années 50 par l’armée française. Un historien pourra peut-être nous éclairer ?
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