Au bout du bout du Maroc ...
Du 7 au 13 octobre 2024.
Ce bout-là du Maroc est bien particulier : il est loin de tout et dédaigné par les touristes, deux bonnes raisons pour nous séduire !
Ich, une minuscule oasis cernée sur trois côtés par les montagnes et la frontière algérienne, est la bourgade la plus orientale du Maroc. C’est notre objectif pour les quelques jours à venir.
En route pour 800 kilomètres de découvertes à travers le plateau du Rekkam …
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
Après 1.600 kilomètres parcourus en 5 jours à travers la France et l’Espagne, il est temps de prendre notre rythme de croisière !
Notre descente vers le sud se fera par sauts de puces et les prévisions de parcours seront souvent abandonnées.
Nous gardions un excellent souvenir de notre passage il y a une dizaine d’années au Cap des Trois Fourches, au nord de Nador. Une péninsule sauvage et magnifique, quasi déserte, au bout de laquelle se dresse un grand phare. Mais cette première journée au Maroc n’a pas tenu toutes ses promesses …
En premier lieu, le ciel souvent voilé et le vent violent n’offraient pas les conditions idéales pour apprécier cette côte magnifique (et je ne parle pas de se baigner !).
Ensuite, les militaires, désormais très présents sur tous les bords de mer (certainement en relation avec la lutte contre l’immigration clandestine), nous ont indiqué qu’il n’était pas envisageable de passer la nuit sur une plage.
Nous sommes donc repartis coucher dans la montagne au-dessus de Nador (avec quand même quelques belles images en tête) …
Notre première étape après Nador se trouve dans les monts des Beni Snassen, plus précisément à "Raid Oriental", un gîte dédié aux balades à moto, quad ou cheval. Nous couchons toujours dans nos camions mais nous bénéficions de la piscine et de l’excellent restaurant, dans un très beau cadre, propice à la découverte des environs …
C’est jour de souk à Tafoughalt, le village le plus proche, et bien sûr nous allons y déambuler. Ce n’est pas un très grand souk mais il est pittoresque à souhait et on s’y ravitaille à des prix défiant toute concurrence …
La médina d’Oujda, grande ville du nord proche de la frontière algérienne, est évidemment bien mieux achalandée. Comme toujours, nous sommes étonnés par la grande profusion de marchandises que l’on y trouve dans des centaines de petites échoppes …
Non loin de la frénésie du souk, Dar Sebti est un havre de tranquillité et de fraicheur. C’est un petit palais qu’un riche marchand originaire de Fès a légué à la ville, qui l’a dédiée aux musiques traditionnelles …
Un gardien nous a ouvert les portes et nous laisse seuls profiter de cet endroit paisible (nous y digérons le somptueux repas à 6 euros pour quatre pris un peu plus tôt dans la médina).
Cédric, le patron de Raid Oriental, nous a parlé de Debdou, une petite ville méconnue au sud-ouest d’Oujda. Au lieu de descendre plein sud sur le monotone plateau du Rekkam, nous changeons nos prévisions et décidons de faire un détour par cette petite ville entourée de montagnes. Après quelques errements, nous atteignons, au-dessus du bourg moderne, l’antique kasbah qui abrite encore une dizaine de familles vivant dans de grandes maisons très bien rénovées. Ici pas de tour-operators, de guides, de boutiques, pas même un panneau indicateur !
Au fil des ruelles escarpées, il faut découvrir soi-même les anciennes murailles, la tranchée de défense, la vieille mosquée et le vieux cimetière qui dominent la ville nouvelle …
Et pourtant Debdou a une très riche histoire débutée au paléolithique, poursuivie avec les romains puis les Mérinides et bien d’autres dynasties marocaines. Qui pourrait penser aujourd’hui qu’elle fut pendant des siècles la capitale d’un vaste et riche royaume.
Il est vrai que son déclin a débuté au XVIème siècle, alors le temps a fait son œuvre !
Pour quitter Debdou vers le sud, il faut grimper sur le plateau du Rekkam à 1.500 m. Là-haut c’est un paysage désertique et monotone qui nous attend, tout juste agrémenté par la rencontre de quelques nomades, leurs tentes et leurs troupeaux et par le souk d’El Atef où nous prenons un thé … et quelques photos …
A Tendrara, après le couscous (eh oui, nous sommes vendredi !), nous prenons la piste en direction de Ich, jusqu’aux abords du Chott Tigri. Une petite zone de dunettes nous attend pour un magnifique bivouac …
Nous poursuivons sur le plateau, dans des paysages désertiques … émaillés d’étonnants plans d’eau. Les pluies torrentielles qui ont balayé le sud marocain il y a trois semaines environs ont transformé la région, apportant partout un peu de verdure et de l’eau dans certains oueds et dans le chott.
Du coup, la piste directe jusqu’à Ich semble risquée et nous préférons faire le détour par Bouarfa sur une piste bien tracée.
A peine arrivés à Ich, un homme se précipite vers nous. C’est Mohammed, rencontré pour la dernière fois il y a neuf ans, qui commence par nous engueuler d’être restés si longtemps sans donner de nouvelles !
Bien sûr, son sens de l’hospitalité n’est pas entamé et il va prendre grand soin de nous pendant notre séjour dans ce petit village qui offre bien des particularités. Tout d’abord, c’est le village le plus à l’est du Maroc, comme une petite pointe enfoncée dans l’Algérie. Les plus proches voisins sont les militaires algériens postés au-dessus de la medina mais vu les relations entre les deux pays, les échanges sont nuls.
Il n’y a plus aucune boutique au village et la quarantaine de familles qui y vit doit se ravitailler à Bouarfa à 90 kilomètres ! Les habitants se regroupent pour louer une voiture et aller faire des provisions environ tous les deux mois.
Les gens vivent désormais dans des maisons modernes offertes il y a quelques années par le Roi du Maroc, et ont quasiment abandonné la vieille médina que Mohammed nous fait découvrir.
…
Par contre la palmeraie est toujours très bien entretenue car elle fournit l’essentiel de la nourriture du village. Selon les villageois, les dattes ne sont pas formidables cette année, mais nous les trouvons délicieuses, tout juste cueillies par un acrobate spécialiste de l’escalade de palmier à mains nues…
Après de bons moments passés en compagnie Mohammed, d’Abdellatif (un ami d’ami) et des enfants du village, nous reprenons notre route en direction de Figuig, en promettant de donner des nouvelles cette fois !…
On the road again : le résumé en images des routes et pistes du moment …
Le saviez-vous ?
A quelques kilomètres au sud de Tendrara, l’œil est immanquablement attiré par des bâtiments incongrus en plein désert. Il s’agit de l’ancienne gare située sur la ligne Méditerranée-Niger.
En effet un ambitieux projet de chemin de fer transsaharien est né à la fin du XIXème siècle et voit un début de réalisation à partir de 1941. Après bien des péripéties et des échecs, les travaux s’arrêtent en 1949, reliant seulement Oujda à Colomb-Béchar via Bouarfa …
Le top :
C’est un thème qui revient souvent dans mes blogs quand nous sommes au Maroc : la gentillesse et le sens de l’accueil des marocains nous frappent à chaque fois.
« Marhaba » (« bienvenue ») est sans doute le mot que nous entendons le plus souvent, et il est (presque toujours) sincère et désintéressé.
Une illustration parmi bien d’autre : au souk de Tafoughalt, alors que nous prenons un thé, un homme à la table voisine engage la conversation. Quelques minutes plus tard il nous apporte des feuilles de verveine … et règle discrètement nos consommations !
Ce geste sera suivi de bien d’autres les jours suivants (dattes, grenades, thé …).
Le flop :
C’est un petits enquiquinement que l’on rencontre toujours à un moment ou à un autre dans le sud : le vent de sable !
Il éteint tous les paysages sous un voile jaunâtre et surtout il s’insinue partout, dans les véhicules, les vêtements, les cheveux … Il nous a d’abord contrariés à Oujda, puis encore du côté de Ich.
Par contre il a eu le bon goût de nous laisser profiter pleinement d’un petit bivouac dans la zone d’ergs du Chott Tigri …
L’anecdote : les temps changent au Maroc …
Cette photo nous apprend trois choses : les filles sont de plus en plus souvent voilées, de belles routes goudronnées remplacent les anciennes pistes et les trottinettes électriques les petits ânes !
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