Au loin, une grande dune ...
Du 13 au 22 octobre 2024.
Nous poursuivons notre périple le long de la frontière algérienne, à l’ouest d’abord, plein sud ensuite. Après une halte à Figuig et quelques centaines de kilomètres de plateaux désertiques, égayés heureusement de quelques oasis, se profilent à l'horizon l’Erg Chebbi et la grande dune de Merzouga, exceptionnellement entourée de petits lacs après les inondations récentes.
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
Après avoir fait nos adieux à Mohammed, nous quittons Ich pour Figuig, située également à la frontière marocaine mais plus au sud. A vol d’oiseau, c’est à 50 kilomètres, par la piste environ 80. Seulement voilà, suite aux inondations, « la piste est mal » comme nous le dit un gendarme. Nous devons faire un grand détour par la route et, au final, parcourir 160 kilomètres de goudron !
Figuig est une petite ville, composée de sept ksour (un ksar, des ksour !), mais il y règne quasiment la même tranquillité qu’à Ich. Les gens y sont d’une extrême courtoisie et beaucoup, travaillant ou ayant travaillé en France, parlent un français impeccable. Les femmes sont enveloppées dans de grands voiles blancs avec lesquels elles masquent la moitié de leur visage quand on les croise.
En voici quelques-unes sur les images ramenées du souk hebdomadaire …
Au bout de la palmeraie, face à l’Algérie, nous allons nous perdre dans les ruelles labyrinthiques du Ksar Zénaga dont les maisons sont toujours habitées et très bien entretenues …
Arrivés sous la chaleur, nous repartons deux jours plus tard sous la fraicheur après une après-midi et une nuit entière de pluie. Les figuiguis (les habitants de Figuig) ont beaucoup apprécié, nous un peu moins …
Nous partons vers la Vallée du Ziz par la route des « Bou » (Bouarfa, Bouanane, Boudenib où nous faisons étape) sur la monotone Hamada du Guir, une immensité désertique qui s’étire à perte de vue du Maroc vers Algérie. Ce plateau autrefois fréquenté par les seuls nomades voit désormais s’implanter de vastes exploitations de palmiers et d’oliviers qui forment autant de taches vertes dans le paysage minéral. Quel sera l’impact écologique de ce bouleversement (on nous parle de forages jusqu’à 300 mètres de profondeur) ?
Soudain, au détour de la route, surgit une large cassure dans la hamada et apparait un véritable fleuve de verdure : au fil du temps, l‘oued Ziz a creusé dans le plateau une profonde gorge qui accueille aujourd’hui 1,8 millions de palmiers, la plus grande palmeraie du monde parait-il !
Nous nous arrêtons pour trois jours au camping Tissirt à Ouled Cheker, chez Lahcen, aux bons soins du gardien Ali avec qui nous visitons la palmeraie et le ksar.
La palmeraie garde des traces de l’incendie qui l’a ravagée il y a trois ans suite à des années de sécheresse …
Par chance, l’eau qui avait disparu dans les gorges depuis cinq ans a refait son apparition avec les pluies récentes et coule de nouveau dans les petits canaux d’irrigation …
La plupart des palmiers et des cultures sont bien reparties et la récolte des dattes, la richesse de la région, bat son plein. Les grosses dattes "majhoul" sont énormes et délicieuses …
Quant au ksar, il n’a guère changé depuis des siècles. Le temps s’y écoule toujours paisiblement et chaque rencontre dans ses ruelles est prétexte à une invitation à prendre le thé …
C’est au grand souk d’Aoufous que nous allons nous ravitailler et c’est l’occasion de photographier les femmes berbères qui, ici, portent de jolis voiles noirs brodés aux couleurs locales …
A la sortie du village, nous grimpons découvrir les ruines d’une vaste et mystérieuse kasbah dominant le Ziz et la palmeraie (pour laquelle je ne trouve aucune documentation, si quelqu’un a des infos, je suis intéressé) …
Poursuivant plein sud nous atteignons Arfoud qui a bien changé depuis nos premières visites mais conserve toujours le charme de son vieux souk …
Avec les dattes, l'autre spécialité locale ce sont les fossiles, abondants dans la région. Nous visitons une des nombreuses entreprises qui polissent le marbre où, depuis près de 400 millions d’années, sont figés ammonites, trilobites et autres céphalopodes …
Notre bivouac du soir, dans une palmeraie, nous offre calme et beauté …
Le petit matin aurait été aussi enchanteur si Jean n’avait pas déclaré une crise de coliques néphrétiques dans la nuit. Ce n’est pas sa première et il sait que seule une intervention chirurgicale résoudra son problème. Il repart donc avec Nicole vers Marrakech où nous pensons qu’il pourra se faire soigner efficacement sans avoir recours à un rapatriement sanitaire.
Nous voilà donc seuls pour terminer cette étape jusqu’à Merzouga. Les grandes dunes sont visibles de très loin au bout d’un lugubre reg de pierres noires …
Après deux semaines sans voir de touristes, à Merzouga nous basculons dans un autre monde. Des convois de 4x4 déposent au pied des dunes les touristes « enchèchés » de frais, avant de les jucher sur des chameaux pour rejoindre leur hôtel ou leur campement dans l’erg. Les plus hardis escaladent la grande dune …
Il faut dire que l’Erg Chebbi vaut le coup d'oeil ...
Il prend un aspect inattendu cette année à la suite des inondations : de véritables petits lacs se sont formés ici où là, faisant la joie des aigrettes et bien sûr des chameaux qui profitent d’une végétation inhabituelle !
Le Ksar Sania, où Françoise nous accueille, avait encore de l’eau au pied de ses murs il y a quelques jours et l’on comprend la présence d’un kayak dans la cour !
Une petite photo avec Françoise pour nos amis Dumont, et nous reprenons la route vers d’autres cieux …
On the road again : le résumé en images des routes et pistes du moment.
Le saviez-vous ?
L’achelnoud, encore appelé chou-fleur de Bou Hamama, est la plante la plus bizarre du Maroc Oriental.
A l’intérieur, des petits rameaux très imbriqués, le peu d’espace vide étant rempli de sable.
A l’extérieur, de toutes petites feuilles piquantes, le tout formant une boule piquante et dure comme de la pierre.
Cette plante très résistante à la sécheresse vit entre 1.000 et 1.500 mètres sur des sols dépourvus de nappe phréatique. Elle est utilisée par les nomades comme combustible et en cas de disette pour nourrir les animaux …
Le top :
Un des plaisirs de notre voyage est de coucher chaque soir ou presque dans un nouvel environnement. Les endroits favorables sont nombreux au Maroc et il n’est pas difficile de les trouver avec un peu d’expérience …
Le flop :
Après le vent de sable, dans l’ordre des fléaux qui agacent le voyageur dans le sud, je pense que les mouches suivent de près. Et si le vent de sable n’est que passager, les mouches sont toujours présentes, petites mais innombrables surtout si l’on s’arrête dans les palmeraies.
Par chance, en général elles ne piquent pas.
Et j’ai trouvé au souk de Figuig une magnifique tapette à mouche qui devrait faire des dégâts chez les diptères !
L’anecdote :
A Ich comme à Figuig, on nous parle des difficultés que rencontrent les familles qui ont été séparées par la frontière algéro-marocaine. La frontière terrestre, fermée depuis trente ans, crée des situations absurdes. Par exemple, pour se rendre à la sépulture de sa grand-mère, un marocain de Figuig doit se rendre dans un aéroport du nord du pays, prendre un vol pour la Tunisie, obtenir un visa pour prendre un nouvel avion vers l’Algérie, puis des trains ou des bus ...
Trois jours de voyage pour terminer à quelques kilomètres de chez lui !
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