Turquie : le Nemrut Daği ...
Du 4 au 8 avril 2025.
C’est une autre Turquie que nous découvrons désormais. A plusieurs reprises notre route franchit l’Euphrate : nous sommes désormais dans le nord de la Mésopotamie, dans le fameux croissant fertile où, il y a 12.000 ans, des groupes humains ont commencé à cultiver des céréales et à élever des animaux domestiques. D’ailleurs, sur les sites antiques que nous visitons, on ne compte plus en centaines mais en milliers d’années avant notre ère !
L’autre élément marquant de ces quelques jours, ce sont les marques du terrible tremblement de terre de 2023, car nous traversons la région de Turquie la plus frappée par le séisme.
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La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
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Les points d’intérêt ne manquent pas à commencer par la cité antique de Perre. C’était une ville importante du royaume de Commagène, occupée ensuite par les romains et les byzantins. Il en reste essentiellement la nécropole dont les chambres funéraires sont creusées directement dans la roche …
Suivent le tumulus de Karakkus, mausolée dédiée aux femmes de la famille royale commagène …
… et le pont romain construit sous Septime Sévère, qui ne fait pas ses presque 2.000 ans (des véhicules jusqu’à 5 t pouvaient encore l’emprunter il y a quelques années !) …
Le soir, nous arrivons sur le site de la forteresse de Yeni Kale. Comme il est trop tard pour la visite, nous établissons notre bivouac au bord d’une petite piste de l’autre côté de la vallée. Depuis notre "salon", le point de vue est superbe au coucher du soleil et plus encore la nuit car, de manière inattendue dans ce petit village sans touristes, le château est éclairé …
Nous montons à l’assaut du château le lendemain : de quoi bien se dégourdir les jambes car il est perché sur un impressionnant pic rocheux. La forteresse mamelouk du XIIIème, surmontée d’un palais, est comme un décor de cinéma et offre de beaux points de vue sur le petit village de Kocahisar et les proches vallées …
Objectif principal de notre venue dans la région,le Nemrut Daği est perché à 2.150 m et la route que nous avons choisie pour l’atteindre par le nord, magnifique, se termine par une piste sur quelques kilomètres.
Le lieu en lui même est spectaculaire.
Il domine la vallée de l’Euphrate (pour être au plus près des dieux) et on a du mal à penser que l’énorme colline qui s’élève à son sommet est artificielle. Il s’agit pourtant bien d’un tumulus de 50 m de hauteur (70 à l’origine) et de 150 mètres de diamètre. Il est constitué d’un formidable amas de pierres pour protéger le tombeau d’Antiochos Ier, roi de Commagène, inviolé depuis le premier siècle avant notre ère !
Les énormes têtes décapitées de cinq géants gisent à quelques mètres des statues monumentales qui leur servaient de socle.
Sur deux sites différents, on peut admirer ces incroyables statues du roi lui-même, entouré de deux lions, deux aigles et de quatre dieux grecs et iraniens …
Pour compléter nos visites dans la région, nous passons par Malatya pour voir le site d’Aslantepe (« la colline du lion » en turc). Le site a été occupé depuis le VIème millénaire av. JC par de nombreuses civilisations mésopotamiennes, par les assyriens, les hittites, les romains, les byzantins … qui ont laissé diverses traces de leur passage ...
Quelques considérations générales pour conclure ce chapitre ...
Plus nous avançons vers l’est et plus la présence de l’Islam est sensible. Au classique bonjour turc « Günaydin » se substitue fréquemment un « Merhaba » ou un « Salam Aleikum » arabe.
Les kurdes sont aussi de plus en plus nombreux, et certains villages semblent l’être à 100 % comme Kocahisar, le petit village du Yeni Kale. Nous découvrons d’ailleurs l’excellent café kurde, préparé à partir d’une pâte de fruits du pistachier sauvage grillés et de lait ainsi que quelques délicieuses préparations comme le çiğ köfte (viande crue, oignons, poivrons et épices) qui se mange enroulé dans une feuille de salade et une fine galette de pain.
De manière générale, nous notons aussi que la nourriture, toujours aussi délicieuse, est de plus en plus épicée …
Notre prochaine étape, encore un lieu qui nous fait rêver : le lac de Van !
On the road again : des images glanées sur la route au fil de notre parcours ...
Têtes de turcs : quelques portraits volés ici ou là ...
Le saviez-vous ?
En arrivant dans la région, nous avons été intrigués par quelques grands camps d’« algécos » et même de tentes que nous avons d’abord attribués à des réfugiés syriens vu la proximité de la frontière.
Mais aussi par le grand nombre de maisons, lotissements et immeubles flambants neufs.
Bientôt nous avons fait le rapprochement avec le terrible tremblement de terre qui, en février 2023, a littéralement ravagé le sud est de la Turquie. Plusieurs épisodes, atteignant jusqu’à 7,8 de magnitude, ont causé la mort d’au moins 56.000 personnes et détruit un million de logements.
Si nous n’y avons pas pensé immédiatement c’est que, curieusement, on ne voit pratiquement aucune trace du séisme comme nous en avions observé récemment dans l’Atlas Marocain qui a vécu le même sinistre. Tous les bâtiments atteints ont été rasés et il ne reste au pire que quelques amas comme celui-ci, restes d’un hôtel restaurant dont le patron nous a fait comprendre qu’il avait perdu sa femme lors du drame …
L’école du village de Kocahisar, près du Yeni Kale, se déroule encore dans un bâtiment provisoire …
Mais ce qui frappe surtout c’est le nombre de constructions neuves ou en cours d’achèvement. Seulement deux ans après le sinistre, cela paraît incroyable.
Le top :
Le sens de l’hospitalité des turcs ne semble pas avoir de limites et nous ne comptons plus les invitations à boire le thé.
Arrêts dans de petits routiers ou une station service : le patron nous offre le thé !
On s’approche d'une famille qui pique-nique : ils nous offrent le thé et nous partons, après un échange sympathique conclu par un selfie, avec tout ce qu’il leur reste de gâteaux et fruits secs !
On veut acheter du pain dans une petite épicerie de montagne : on nous offre le pain de la maison !
A chaque jour son ou ses cadeaux ...
Une des expressions turques que nous employons le plus souvent après « Tesekkur » (merci), c’est « Her sey yolunda » (tout va bien) car où que l’on s’arrête il y a toujours quelqu’un pour venir vérifier que nous n’avons pas de problèmes, et pour souvent nous inviter à boire un thé, voire à manger !
Le flop :
Notre visite au Nemrut a été un peu perturbée par le temps. En haut, nous sommes environnés par la neige et un vent violent ajoute au froid ambiant. Il y a toutefois parfois un petit rayon de soleil fugace et nous faisons le pari qu’une éclaircie va arriver.
Mauvaise pioche !
Quand nous nous décidons à monter un gros nuage noir est sur la montagne qui va bientôt déverser sur nous une belle pluie fine avant de déferler sur le sommet. C’est ainsi que, pataugeant dans la neige et envahis par le brouillard, nous terminons notre visite ...
Pour tout arranger, notre chauffage refuse de démarrer le soir alors que nous sommes encore à près de 2.000 m d’altitude et que le thermomètre dehors descend progressivement sous zéro.
La soirée est frisquette !
Je comprendrai le lendemain que l’allumage du radiateur n’est pas alimenté en 12 volts mais par une simple pile AAA (Ah ah ah, mort de rire !) qui évidemment doit être changée de temps en temps.
L’anecdote :
Nous avons beaucoup progressé en turc au fil du voyage. Surtout en lecture !
Il faut dire que l’on retrouve dans cette langue beaucoup de mot français et que l’orthographe est simplissime (un son une lettre, une lettre un son - les turcs écriraient ortograf ).
Il suffit de connaître la prononciation des quelques lettres différentes de notre langue pour lire facilement.
Même les plus fâchés avec l'apprentissage des langues étrangères (je ne citerai pas de nom) peuvent s'y retrouver.
Vous retrouverez dans les photos suivantes : les accessoires pour téléphones, l’ascenseur, la bronchite chronique (sur le paquet de cigarettes), la mayonnaise et le ketchup, la bicyclette et la moto, l’emballage plastique, la gaufrette, la charcuterie, le tee-shirt et la clinique vétérinaire ...
Le bestiaire :
Elle abonde dans la région : la corneille de Mésopotamie ...
No comment : amusantes, étonnantes, intrigantes ... quelques images qui n’ont pas trouvé leur place ailleurs dans le blog ...
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