Turquie : de Van à la frontière géorgienne ...
Du 13 au 16 avril 2025.
C’est un pays rude mais magnifique que nous traversons. Vous ne verrez pas beaucoup de soleil sur les photos, et la vidéo se termine carrément en noir et blanc sous la neige.
Notre sommes désormais à l’extrême est de la Turquie. Notre route passe au ras des frontières de l’Iran, de l’Azerbaïjan et de l’Arménie.
Pourquoi ne pas entrer directement en Arménie puisque c’est le but ultime de ce voyage ?
Tout simplement parce que la frontière entre les deux pays, en conflit depuis plus d’un siècle, est fermée depuis trente ans !
Il nous faut donc entrer par la Géorgie au nord pour trouver une frontière ouverte.
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
Nous sommes bien loin de la côte Egéenne turque, de son soleil et de ses villas cossues !
La région est rurale et pauvre. Les maisons construites le plus souvent en pierres sombres sont couvertes de tôle ou de terre « végétalisée » avec de l’herbe. Nous voyons également de nombreuses tentes revêtues parfois de toiles plastiques, habitées par des pasteurs (kurdes nomades ou semi-nomades ?) ...
Nous traversons de vastes steppes semi-désertiques où les villages sont rares. Seuls de grands troupeaux amènent un peu d’animation … entre les postes de l’armée turque, proximité des différentes frontières oblige !
Mais aucun souci pour nous (qui ne sommes pas kurdes), on nous laisse passer généralement sans même contrôler nos passeports.
Malgré le temps maussade, nous faisons un petit détour que nous ne regretterons pas par Ani. Pour une fois, les romains n’y sont pas venus … mais Alexandre le Grand, si !
Même sous la pluie, nous avons pris un grand plaisir à visiter ce lieu magique. Une muraille impressionnante ...
… une cathédrale « gothique » plusieurs siècles avant l’invention du gothique (elle fut achevée en 1001!) …
… une mosquée du XIème siècle dont le minaret domine la rivière qui sert de frontière avec l’Arménie …
… des églises arméniennes millénaires ...
… et ici ou là, sur ce plateau désolé, les restes d’une ville qui comptait 100.000 habitants en l’an 1.000 et qui devait ressembler à ça …
Si nous avons visité Ani sous le crachin, du moins avons-nous évité la neige !
Le lendemain matin, 15 cm de neige sont tombés sur la région et notre route vers la frontière se fait dans le grand blanc, sous les giboulées.
A la frontière, côté turc, quelques poids lourd sont agglutinés et nous font perdre une demi-heure mais globalement tout se passe bien.
Nous pouvons faire nos premiers pas en Géorgie !
On the road again : des images glanées sur la route au fil de notre parcours ...
Têtes de turcs : quelques portraits volés ici ou là ...
Le saviez-vous ?
Ani, située sur un plateau isolé, en surplomb d’un ravin constituant une frontière naturelle avec l’Arménie, est une ancienne cité au passé riche et tumultueux. Surnommée la "ville aux mille et une églises", elle fut autrefois une capitale florissante de l’Arménie médiévale.
Cette cité médiévale associe des structures résidentielles, religieuses et militaires, caractéristiques d’un urbanisme construit au fil des siècles par les dynasties chrétiennes, puis musulmanes. La ville connaît son apogée aux Xe et XIe siècles de notre ère, lorsqu’elle devient la capitale du royaume arménien des Bagratides, et tire sa richesse de la maîtrise de l'une des branches de la Route de la soie. Plus tard, sous les souverainetés byzantine, seldjoukide et géorgienne, elle maintient son statut d'important carrefour pour les caravanes marchandes. L’invasion mongole et un séisme destructeur en 1319 marquent le début du déclin de la cité. Le site offre un large panorama du développement architectural médiéval, grâce à la présence de presque tous les types architecturaux qui ont émergé dans la région entre le VIIème et le XIIIème siècle de notre ère.
Située dans une zone frontalière sensible, Ani a été longtemps inaccessible.
Le top :
Arrivés en fin d’après-midi à Ani, nous nous posons pour la nuit dans un champ en face de la citadelle.
C’est sans compter sans le fermier voisin qui vient nous dire que nous serions mieux ailleurs. Ailleurs, c’est dans sa cour !
Gürcan, c’est son prénom, nous invite chez lui et nous sert le thé tandis que sa femme et ses filles balaient en toute hâte le salon. La maison ne compte que deux pièces : un salon cuisine avec un poêle et une chambre où dorment les parents et les trois filles. Bientôt on nous prépare un repas de pommes de terre frites, omelette et un bon mais curieux fromage maison (préparé un peu comme de gros spaghettis).
Nos hôtes son vraiment d’une très grande gentillesse et nous arrivons à communiquer un peu grâce à Google Translate.
Nous quittons la famille à la nuit tombante, rassasiés et ravis de cette belle rencontre …
Le flop :
Notre route passe à quelques kilomètres du mont Ararat, rebaptisé Ağrı Dağı par les turcs. Nous aurions aimé nous en approcher, notamment d’un endroit supposé être le lieu où Noë s’est échoué avec son arche, mais la route est coupée par la neige. Nous restons donc bivouaquer dans une vallée proche en espérant une éclaircie … qui ne viendra pas. Son sommet, pourtant à 5.137 mètres et recouvert de neiges éternelles, restera dans les nuages derrière les collines qui nous en séparent.
D’une façon générale, la météo ne nous est guère favorable ces derniers temps.
Nemrut Dağı : dans le brouillard !
Lac de Van : sous la neige !
Ani : sous la pluie !
Le lendemain, un berger et son troupeau s’approchent. Nous lui faisons signe de venir car nous sommes en train de préparer du café. Il le refuse en nous montrant qu’il a mal aux dents. Nous lui donnons un antidouleur et une bouteille d’eau : il les regarde avec perplexité, finit par empocher le comprimé et s’en va en nous montrant que son troupeau s’éloigne …
Contact raté : serions nous tombés sur l’idiot du village?
L’anecdote :
Pendant notre séjour chez Gürcan, sa femme sort et revient avec un énorme sac sur le dos. Il s’agit de bouses de vache séchées dont elle remplit le poêle. Un combustible écolo, apparemment inodore, et une matière première abondante. Gürcan possède une cinquantaine de vaches et tout une partie de sa cour, comme celle de ses voisins, est emplie d’une épaisse couche de lisier en train de sécher ...
No comment : amusantes, étonnantes, intrigantes ... quelques images qui n’ont pas trouvé leur place ailleurs dans le blog ...
Ainsi s’achève, après un parcours de plus de 4.500 kilomètres en Turquie, la première partie de notre voyage dans ce pays. Nous le retrouverons pour boucler la boucle, du côté de la Mer Noire en septembre avant de rejoindre la France par les Balkans.
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