Printemps 2011 : de Zagora à Sidi Ifni
23 avril 2011
Aujourd'hui, c'est journée repos. Le matin, ballade dans la palmeraie proche du camping. L'après-midi nous allons au hammam nous décrasser un peu. A la sortie, nous découvrons que la tempête s'est à nouveau lévée, les sacs plastiques volent dans le ciel et la pluie fait son apparition. Direction une boutique Internet ou nous alimentons le blog (35 cts d'euros de l'heure et on nous offre le thé !). Pour conclure notre journée feignasse, nous commandons un tagine au camping que nous dégustons sous la khaïma. Préparation de la piste du lendemain pour le cas où le temps serait favorable.
Zagora-Zagora : 12 kms
24 avril 2011
Hamdoulillah, ce matin le beau temps est revenu. Nous allons enfin pouvoir affronter le désert. Après quelques courses au souk de Zagora, nous prenons la route pour Mhamid via Tagounite.
Arrivés à Mhamid vers midi, nous attaquons directement la piste, sablonneuse à souhait dès le départ. Le Toy et son chauffeur s'adaptent bien !
L'arret pique-nique L'oasis sacrée
Arrêt après quelques kilomètres près d'une petite dune, sous un grand tamaris. Nous poursuivons ensuite la piste par un plateau rocailleux jusqu'à l'Oasis sacrée où nous faisons une nouvelle petite pause le temps notamment de remplir la douche solaire à la source. La piste descend alors vers l'erg Chigaga que nous allons longer pendant 20 ou 30 kms.
Les dunes de Chigaga Le campement
Vers 18 heures nous rentrons dans les dunes pour trouver un bivouac. Alors qu'on croit être seuls au monde, on voit passer une caravane de chameaux et de touristes qui campent quelques dunes plus loin.
Le temps, parfait jusque là, nous réserve une petite surprise : le vent commence à se lever et le sable commence à nous fouetter les jambes. Nous montons la tente à l'arrière du Toy pour nous protéger du sable. Le temps de manger nos nouilles au sable, le vent se calme un peu et nous pouvons prendre une bonne douche quasi chaude qui n'est pas de trop car nous avons bouffé pas mal de poussière.
Le vent reprend la force vers 22 heures, dans l'autre sens, et la nuit va être un peu chahutée sur le toit.
Désolé, je ne résiste pas au photos de coucher de soleil !
Zagora - Erg Chigaga : 170 kms dont 65 de piste.
25 avril 2011
Au réveil, le vent s'est calmé et les dunes sont magnifiques, avec le Jebel Bani en toile de fond.
Nous reprenons tranquillement la piste jusqu'à Foum Zgig, confiant dans le Toy et les traces enregistrées sur le GPS. Environ 75 kms de piste dont une bonne vingtaine de tôle ondulée assez éprouvante pour finir, avec le dilemme dans ce cas là : se trainer et être quand même secoué à 20 à l'heure, ou rouler à 80 au-dessus des bosses, de façon plus confortable, mais avec le risque de taper un grand coup s'il y a un gros trou. La seconde méthode est vite adoptée, sans dommage car la piste est quand même entretenue.
Déjeuner à Foum Zgid et route jusqu'à Tata par la N12.
Deux constantes des routes marocaines, l'arret thé et la devise du Maroc, Dieu, le Peuple, le Roi.
A l'arrivée nous cherchons le camping Titi Tata et finissons par découvrir qu'il est à l'abandon. Par contre il y a tout près des grottes assez étonnantes que nous allons découvrir à pied (stalactites, bois pétrifiés).
Nous aterrissons au camping municipal, bien bétonné mais super bien placé en pleine ville. Notre tentative de restaurant avorte vu la pauvreté des ressources locales. Quelques courses dont de délicieux petits gateaux feront l'affaire pour ce soir.
Nous avons finalement des voisins, un couple de bordelais également en KZJ95.
Erg Chigaga - Tata : 231 kms.
26 avril 2011
Aujourd'hui, ce sera journée gravures rupestres. Elles abondent dans la région et l'on part à leur recherche après un arrêt au vieux mellah de Tazerte, impressionnant sur sa colline. Notre première gravure nous est indiquée par un jeune de Tigane, on ne l'aurait pas trouvée seuls. Long arrêt repos sous un arbre car il fait un peu plus de 35° à l'ombre.
Nous reprenons la route jusqu'à un second site où nous trouvons toute une série de gravures de bovidés, de rhinocéros, éléphants. Il y a dans la région des richesses étonnantes, mais pas un panneau, pas une indication et le coin est semi-désertique, avec des villages tous les 20 ou 30 kms.
Arrivés à Akka, nous atterrissons après quelques recherches chez Brahim, un vieil original tout à fait extraordinaire qui a monté chez lui un petit musée hétéroclite en mémoire de son grand-père le Cheikh Omar. A 78 ans, il a eut une vie bien remplie et conserve une jeunesse et une philosophie tout à fait étonnante. L'accueil est aussi chaleureux que les conditions rustiques mais quelle soirée autour du couscous préparé par sa femme et ses filles, éclairés par les lampes à huile car l'électricité n'est pas encore arrivée ! (A cause de ses idées gauchistes selon lui). Nous refaisons le monde avec lui toute la soirée...
Tata - Akka : 85 kms
27 avril 2011
En route pour Amtoudi et son oasis de montagne d'Id Aïssa, cul de sac au fond d'un canyon où nous pensons faire une halte sympatique de deux jours. Dès l'arrivée, nous comprenons que nous ne serons pas déçus. Le coin est superbe et l'accueil à l'auberge "On dirait le sud" est chaleureux. Il n'y a plus de chambres (la capacité doit être limitée à une douzaine de personnes) mais on peut camper devant l'auberge et profiter de ses commodités et nous réservons pour le lendemain soir.
Après un petit repos, nous montons à l'assaut d'une des merveilles du site : l'agadir de d'Id Aïssa. C'est un grenier collectif et un lieu de refuge en cas d'attaque, construit sur un piton rocheux impressionant. Les murs épousent la forme du rocher et se fondent entièrement dans le paysage. Tout est prévu là-haut pour soutenir un siège : citernes, ruches... et même une petite mosquée !
L'auberge L'agadir d'Id Aissa
Après cette bonne petite marche, nous avons bien mérité le tagine à l'agneau mitonné par le chef Abdou, agrémenté des histoires intéressantes du patron, Georges, à l'humour ravageur.
Le portable, rallumé pour rassurer la famille car nous nous avons appris qu'un attentat avait été commis à Marrakech, nous apporte de mauvaises nouvelles de Suzanne. Heureusement Ben et Fred ont bien assuré !
Après avoir réservé un guide pour une petite rando le lendemain, nous couchons dans la palmeraie, sous les étoiles, bercés par le bruit du petit canal qui alimente le village en eau.
Akka - Amtoudi : 160 kms
28 avril 2011
Après un excellent petit déj à l'auberge, nous partons avec notre guide, Faradji, à l'assaut du plateau. La grimpette est rude mais il fait encore frais et nous sommes récompensés par la vue superbe sur l'oasis et les gueltas. Nous redescendons ensuite vers la source de l'oued qui jaillit au milieu des lauriers roses. Le pique-nique, la sieste et la baignade dans une guelta (pas celle qui est emplie de grenouilles et de poissons), sont suivis d'un petit thé préparé par Faradji et égayé par l'arrivée d'un petit scorpion noir dérangé par le feu.
Le retour se fait par le fond du canyon, parmi les gueltas puis dans la palmeraie, fouillis d'abricotiers, grenadiers, caroubiers...
Nous intégrons cette fois notre charmante petite chambre et testons avec succès un nouveau tagine, au chevreau cette fois.
Amtoudi - Amtoudi : une douzaine de kms à pieds ! Pour la première fois depuis 15 jours, le Toy n'a pas roulé.
29 avril 2011
C'est avec regret que nous quittons Georges et les délices de sa palmeraie. Avant de partir vraiment, nous nous arrêtons à la sortie du village pour admirer un superbe éléphant martelé dans la roche il y a quelques milliers d'années. C'est toujours saisissant dans ces lieux semi-désertiques de trouver ces témoignages d'un temps où ces mêmes lieux étaient couverts de forêts et de végétation.
Route vers Fort Bou Jerif, dernière étape avant la mer. Petit plantage de navigation qui nous coûte une bonne heure : la Nationale 12 qui devait nous y mener s'avère tout d'abord une piste assez difficile à suivre, puis finalement un cul de sac, un oued étant apparemment en cours d'aménagement pour un lac artificiel. Nous pique-niquons sur place avant de refaire la piste en sens inverse. Nous finissons par trouver la route, tellement nouvelle qu'elle n'est absolument pas indiquée, mais qui s'avère très jolie et nous permet d'observer, comme depuis quelques jours, de très nombreux troupeaux de nomades (dromadaires, chèvres, ânes, moutons) qui remontent à la recherche de pâturages.
Nous terminons par les quelques kilomètres de piste qui seuls permettent d'atteindre Bou Jerif. Nous prenons l'option camping, seuls avec un couple de nantais en Land, mais profitons amplement du confort du bar et d'un excellent repas arrosé, une fois n'est pas coutume, d'une excellente bouteille de rouge de Meknès.
Amtoudi - Bou Jerif : 185 kms, détours compris !
30 avril 2011
Il semble qu'il ait pas mal plu cette nuit mais, curieusement, nous n'avons rien entendu...
Parmi plusieurs pistes possibles, nous choisissons de passer par le Fort construit autrefois par les français pour rejoindre directement la route de Sidi Ifni. Le passage de l'oued Noun se passe bien mais quelques centaines de mètres nous séparent encore du plateau caillouteux et la piste est constituée d'une sorte d'argile qui, suite aux averses, colle terriblement aux roues et donne l'impression de rouler sur du verglas. A moins de trente mètres du plateau, un petit passage délicat et voilà le Toy qui part du cul et va se planter en travers dans une ravine. Blocage de différentiel et petite vitesse n'y font rien, il faut sortir la pelle, mettre des pierres, décrasser les roues et aménager un petit chemin pour s'en sortir. Après tout ce travail, le Toy, avec l'aide de la poussée coordonnée de Nickie (?!?), regrimpe vaillamment les deux mètres qui nous sont nécessaires pour retrouver de l'adhérence. Le reste de la piste est un bonheur parmi les fleurs et les innombrables petits écureuils de Barbarie qui jouent à cache cache avec nous.
Tout à coup, un ruban bleu à l'horizon : c'est la mer vers laquelle nous roulons depuis plus de 1.000 kms !
L'arrivée sur la plage Notre merveilleuse petite terrasse
Arrivés à Sidi Ifni après un petit détour par une plage, nous enménageons sur la terrasse de la maison que nous prêtent Jean-Yves et Isabelle. Leurs cousins, fort sympathiques, occupent les autres pièces de la maison.
Après une sieste monumentale, nous partons en repérage dans Sidi Ifni, curieuse ville où rien n'a bougé depuis le départ des espagnols en 1969. Visite au souk, courses et repas sur la terrasse. Le temps est maussade et frais mais on est bien installé.
Bou Jerif - Sidi Ifni : 45 kms.
1er mai 2011
Dans la nuit, de maussade, le temps est passé à exécrable et l'on entend les giboulées frapper la terrasse. Le problème, c'est que les maisons ici ne sont pas conçues pour résister à de telles averses. L'eau pénètre dans notre chambre, descend l'escalier et, malgré une bâche plastique, tombe par le puits de lumière dans l'entrée du premier étage. Les grains succédant aux grains, nous passons le plus clair de la matinée à tout sécher et à élaborer des stratégies anti-fuite avec les voisins du dessous.
La fabrication du pain Après la pluie, un oued dans la rue près de "chez nous".
Nous nous régalons quand même des petits pois et navets achetés la veille au souk (la bouteille de gaz a la bonne idée de se terminer alors que nous sommes à 50 mètres d'une épicerie et nous en trouvons une, deux fois plus grande pour le dixième du prix français) puis nous tentons une sieste réparatrice. Elle est bien vite interrompue par les coups de tonnerre et une nouvelle averse. Cette fois les dégats sont moindres et nous célébrons ça par une petite cérémonie du thé à la menthe avec nos colocs.
Nouveau petit tour de ville et achat, comme la veille, du pain délicieux qu'une vieille femme cuit par sur des pierres dans un four en terre. Le texte, les photos et les cartes sont préparés pour le blog et un café internet trouvé pour envoyer le tout le lendemain (première connexion depuis une semaine, le sud du Maroc n'est pas très branché!).
Pour finir, nous nous régalons de poissons (daurade royale et courbine) au Nomad, restaurant proche de la maison.
Une dernière petite saucée en rentrant et hop, au lit ! Pourvu qu'il ne pleuve pas trop et que nos matelas ne partent pas à la dérive...
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