Printemps 2011 : de Sidi Ifni à Marrakech
2 mai 2011
Pas trop de problèmes d'eau cette nuit. Le temps revient progressivement au beau mais il reste quelques nuages à évacuer.
La matinée se passe pour partie au Suerte Loca, l'hôtel voisin, à mettre à jour le blog et à boire du café. Vu la vitesse de la connexion, on a le temps de papoter avec la serveuse, Malika n° 2).
Nous prenons ensuite la route de Sidi Ouarzig, à quelques kms au sud, coin de mer très sauvage, dont une partie des constructions (sauvages également) sont en train d'être démolies, d'où une atmosphère un peu bizarre. Pas le moindre boui-boui à l'horizon. Nous pensons rentrer à la maison car il est plus de quatorze heures, quand le patron de la seule petite boutique ouverte nous signale l'adresse d'une auberge tenue par un français. Nous le trouvons sur les hauteurs, à quelques kms de la mer, entouré principalement de figuiers de barbarie. Nous tombons sur une sorte de baba cool très sympa qui nous présente un gros sar pêché le matin même et nous propose un tagine. Une heure et demie d'attente, passée en palabres, visite des lieux (il a fait un énorme boulot pour tout aménager) et grignotages divers. Le résultat est à la hauteur de l'attente, c'est un régal.
Il est déjà 17 heures quand nous regagnons Sidi Ifni pour quelques achats pour Nickie (gateaux et crêpes) et un petit passage chez le coiffeur pour Yves.
Après un petit goûter avec les colocs, nous allons chez Malika n°1 dont la mère nous prépare de l'huile d'argan alimentaire. Plus de deux heures de travail : il faut griller les amandes, les broyer dans un moulin rustique puis malaxer une heure la pâte obtenue en ajoutant régulièrement un peu d'eau pour enfin extraire l'huile.
L'anecdote du jour : "L'arganier fleure en février et fruite en juin", dixit le beau-frère de Malika.
Sidi Ifni - Sidi Ouarzig et retour : 50 kms
3 mai 2011
Après quelques coups de fil, nous réintégrons tout notre bazar de la terrase dans le Toy. Nombreuses effusions avec Malika et sa famille ainsi qu'avec les colocs qu'on se promet de revoir.
Nous prenons très doucettement la route vers le nord le long de la mer avec notamment deux longs arrêts à la plage de Legsira et ses arches puis à la petite station balnéaire de Mirleft.
Ensuite, cap sur la montagne via Tiznit. La route qui rejoint Tafraoute est absolument superbe : vieux villages qu'on pourrait confondre avec la roche, grimpettes vertigineuses, montagnes de formes et couleurs variées... Bref, on ne va pas vite (surtout qu'on s'arrête souvent pour des photos) mais on s'en met plein les yeux.
Résultat, arrivée à Tafraoute vers 18h et installation dans un petit camping bien rustique (comme d'hab) dans la palmeraie mais avec la wifi!!! Et nous sommes passés du niveau de la mer à 1200 métres d'altitude.
La nuit s'annonce fraîche et demain c'est jour de souk à Tafraoute.
L'anecdote du jour : ici les Pigeot 504 et même 404 ne sont pas encore réformée et constituent la grande majorité du parc des taxis de campagne.
Sidi Ifni - Tafraoute : 180 kms
4 mai 2011
Journée tranquille à Tafraoute : souk le matin et ballade dans la palmeraie jusqu'au village de Adaï l'après-midi.
La petite ville est très propre et assez animée le jour du souk. On y rencontre les femmes berbères enroulées dans trois tours de voile noir brodé, tenu par des fibules. Recherche de babouches pour Isabelle, c'est la spécialité de Tafraoute.
Un peu d'animation en début d'après-midi dans le camping, jusque là plus que calme : un tout petit coup de vent fait écrouler le mur d'enceinte fort mal construit apparemment. Pas de panique, on nous met des rallonges électriques, ma kainch mouchkil !
L'anecdote du jour : Isabelle nous a lancé un défit redoutable : retrouver un marchand babouche nommé Mohammed et tenant boutique dans un coin du souk. Après quelques investigations, nous renonçons devant le nombre important de "babouchiers", de Mohammed et de coins de souk.
Tafraoute - Tafraoute : ballades à pied.
5 mai 2011
Départ vers Taliouine après quelques courses. A nouveau, la route est magnifique quoique parfois éprouvante pour le Toy et son conducteur. Il arrive de passer sur le bas-côté, moins accidenté que le goudron! Et puis, ça tourne, ça grimpe, ça redescend...
Passage de cols à 2000 mètres, hauts plateaux sur lesquels circulent les troupeaux, nombreuses tentes de nomades, agadirs nombreux, vieux douars de montagne, récoltes de l'orge, et au loin les neiges du Haut Atlas. On ne s'ennuie vraiment pas.
Dans l'après-midi nous faisons une petite pause près de la route quand un homme sur son âne vient nous voir. Quelques échanges tant bien que mal en arabe (car, je dois l'avouer, nous maitrisons assez mal le chleuh, parler berbère du coin) et nous voilà invités dans sa maison toute proche.
Moment magique avec toute la famille élargie qui vient nous saluer après avoir revêtu ses plus beaux atours. La grand-mère, toute petite et pliée à angle droit ne dépasse pas 80 cm de haut. Elle nous salue avec beaucoup de chaleur, nous embrasse les mains, nous bénit, et ne lâche plus Nickie... On nous sert du lait de chèvre sucré, des amandes, puis une semoule de couscous au lait caillé (l'ben).
Petit à petit la cour se remplit de femmes aux magnifiques vêtements et parées d'une coiffure multicolore étonnante. Malheureusement, nous ne rapporterons pas de photos, Islam oblige.
La séparation est émouvante, les femmes embrassent Nickie et s'étonnent du Toy et de son installation. Mais il faut rejoindre Taliouine encore distant d'une cinquantaine de kms...
Nous avons choisi de loger sous des tentes caïdales dans une petite auberge à la sortie de la ville. Accueil sympa et après de bonnes brochettes maison, la nuit s'annonce belle.
L'anecdote du jour : nous avons croisé un jeune garçon à vélo qui lisait un livre en roulant sur les routes de montagnes!
Tafraoute - Taliouine : 210 kms
6 mai 2011
Après confirmation de l'état des pistes par les sources locales, nous décidons de joindre Aït Bennadhou par la piste du Jebel Siroua passant par Askaoun et Anzel. La montée au-dessus de Taliouine est vertigineuse puisque nous passons de 1.000 m à 2.000 m en moins de 30 kms mais les points de vue sont époustouflants. Quelques ilôts de verdures dominés par leur douars aux maisons de pisé, puis un haut-plateau couvert de céréales et d'arbres fruitiers (en attendant le safran planté un peu plus tard), avec en toile de fond les neiges du Toubkal !
Malheureusement, nous croisons bientôt un 4x4 qui nous indique que la piste est coupée après Askaoun. A regret nous redescendons vers Taliouine, mais nous profitons quand même à nouveau de ces paysages formidables.
La route goudronnée qui passe par Tazenakht n'est pas mal non plus. Nous prenons notamment une petite piste qui nous mène vers des habitations trogloytiques aperçues de la route. Ces caves servent manifestement encore d'habitations aux nomades qui passent par là mais ils doivent être avec leurs troupeaux car seul un chien nous y accueille.
Petit pique-nique près des puits aménagés pour ces mêmes nomades dont les troupeaux nous environnent. Certains louent désormais des camions pour déplacer leurs bêtes et nous en croisons plusieurs groupes.
Nous arrivons à Aït Bennadhou en fin d'après-midi. La kasbah est absolument sublime, malgré les nuages, mais le site est pollué à notre goût par de trop nombreux touristes qui viennent en car par Ouarzazate. Nous avons perdu l'habitude de ce genre de lieux et, après avoir quand même bien profité de la vue devant un bon jus d'orange, nous laissons le village, par ailleurs peu propice au camping, aux touristes qui franchissent les 50 mètres de gué menant à la kasbah à dos de dromadaire!
Pour nous remettre de cette épreuve, nous nous arrêtons un peu plus loin, au petit village d'Asfalou, à l'auberge tenue par Zoë et Abderrhamane. Tout est charmant, de l'accueil à la déco, et nous dégustons après une bonne douche chaude, un sublime tagine de poulet au citron.
Taliouine - Asfalou : 240 kms
L'anecdote du jour : un homme tente de pousser un pick-up arrêté au milieu de la route au bout d'une longue côte. C'est une famille de marocain, l'embrayage est cramé. Après avoir essayé de pousser avec lui (tu parles, vu le poids et la côte!) nous le remorquons jusqu'au début de la descente. Inch Allah il essaiera de passer la troisième et de gagner le prochain bled...
7 mai 2011
Début de matinée royal avec le petit déjeuner servi sur la terrase dominant les champs, à contempler les femmes du village moisonnent l'orge (et en prime, pas de matos à ranger, pas tente à replier...).
Nous nous arrachons avec peine pour reprendre la "route-piste" de Telouet. A nouveau nous parcourons des paysages remarquables avec notamment la kasbah de Tamdaght, les villages plaqués le long de l'oued, une verdure incroyable contrastant avec l'aridité des montagnes aux tons pastels très variés.
Après une petite pause café à Telouat, nous reprenons la route du Tizi (le col) n'Tichka qui avec ses 2.200 m d'altitude, nous réserve à nouveau de magnifiques points de vue. Bien que goudronnée, la route est assez éprouvante et les quelques aires de stationnement étant infestées de marchands d'objets et de souvenirs les plus improbables, le pique-nique bucolique que nous avions prévu se transforme en un arrêt dans une petite gargote le long de la route. Les brochettes et le tagine y sont toutefois appréciés. Il reste environ 70 kms pour gagner Marrakech à travers des paysages évoquant parfois plus la Suisse que le Maroc.
A l'arrivée à Marrakech, nous naviguons à vue vers Dar Samira, le riad d'Isabelle et Jean-Yves. Mal nous en prend, les rues deviennent ruellesencombrées jusqu'au moment où le Toy ne peut plus passer. Un local en mobylette nous sort d'affaire et nous mène jusqu'à un parking proche de la place Jemaa el Fna dans lequel nous logeons tant bien que mal le Toy. Nous retrouvons rapidement Rachida qui gère le riad et la suivaons dans la médina, déjà abassourdis et affolés par la foule qui s'y presse, les cris, la poussière, la chaleur, les mobylettes, les vélos... Après le calme de la montagne, c'est un vrai choc !
Mais passé la porte du riad, miracle, il fait frais, le silence règne. Une véritable oasis au milieu de la médina et un régal pour les yeux, les photos parlent d'elles-mêmes...
Après une bonne douche, nous allons nous immerger à nouveau dans l'incroyable foule de la place Jemaa el Fna où nous dinons au milieu d'une joyeuse pagaille de marchands ambulants, bonimenteurs, montreurs de singes et de serpents (les favoris de Nickie), musiciens gnaouas... Les touristes sont revenus et se mêlent aux marocains particulièrement nombreux à venir manifester leur refus du terrorisme et de l'extrêmisme.
Retour au riad avec l'aide du GPS car la médina est un incroyable dédale de ruelles (nous finissons par suivre la charette d'un marchand de gateau qui fend la foule avec autorité et l'efficacité d'un chasse-neige).
Encore une fois le calme du riad nous frappe, d'autant que nous sommes seuls dans cette grande maison.
Nous finissons la soirée dans le patio devant quelques patisseries orientales...
L'anecdote du jour : à Telouat, on nous demande avec insistance si nous sommes de Dompierre. En fait, le maire qui tient l'auberge à reconnu la plaque 85 et son village est jumelé avec Dompierre sur Yon. Récit et photo de son voyage et longue discussion politique d'ensuivent...
Asfalou - Marrakech : 180 kms
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