2013 - D'Oujda à Figuig
Mercredi 6 novembre 2013 :
Petit changement de programme : au lieu de partir aujourd'hui avec la caravane visiter Oujda et y coucher (probablement sur un parking) avant de prendre la route de Figuig, nous décidons de rester une nuit de plus à Raid oriental et de faire l'aller retour à Oujda avec le seul Toyota.
Nous sommes vite rendus puisqu'il n'y a qu'environ 50 kms à parcourir et nous nous installons d'emblée dans un café avec wifi pour envoyer le blog. Nous n'avions pas eu d'internet depuis une semaine, les villes ça a aussi du bon. La connexion est moyenne mais avec un peu de patience ça finit par passer.
Promenade dans la ville moderne, agréable avec ses grands boulevards et calme aujourd'hui puisque c'est férié.
Les magasins et les étals sont néanmoins ouverts pour la plupart et on peut trouver toutes les contrefaçons et les produits "tombés du camion" possibles et imaginables : fringues de marques, derniers téléphones, parfums...
Pour nous changer, nous déjeunons de pizzas avant d'aller découvrir la médina, cachée derrière ses grands murs.
Elle est également assez calme mais très riche en souks de toutes sortes. Une sénégalaise nous interpelle en wolof et à sa grande surprise nous lui répondons ! Elle nous explique que toute une communauté de banas banas (les vendeurs sénégalais que l'on rencontre un peu partout) se trouve rassemblée à Oujda et y attend des papiers promis par le roi ! Elle nous montre son étal composé de quelques bijoux (certains estampillés "Dior") et nous salue d'autant plus que ses frères travaillent au collège des Maristes où nous avons exercé jadis...
Avant de partir nous visitons Dar Sebti, la demeure d'un riche marchand du siècle dernier.
L'anecdote du jour : nous avons décidé ce soir d'aller une dernière fois à Tafoghalt pour y dîner. Mauvaise pioche : quand nous arrivons, la rue principale, si animée dans la journée, est déserte ! Une seule boutique ouverte et il n'y a pas le pain que nous cherchons. Qu'à cela ne tienne, les deux ou trois personnes présentes se mobilisent et deux minutes plus tard on nous porte un pain que nous ne pourrons pas payer. Ce sera notre cadeau du jour ! (Hier c'est Naoual, la cuisinière de Raid Oriental qui m'a offert quatre paquets de graines des légumes de son jardin).
Tafoghalt - Oujda et retour : 102 kms
Jeudi 7 novembre 2013 :
Après nos adieux à Marc et Cédric à Raid Oriental, nous partons pour notre prochaine étape dont nous attendons beaucoup : Figuig, la petite oasis nichée tout au sud-est du Maroc dans un petit coin près de la frontière algérienne.
Après avoir refait le plein à Oujda, nous repartons plein sud et notre GPS nous indique la route, assez simple : 370 kms à parcourir, tout droit à une intersection et à un rond-point. Ces trois points correspondent au trois seuls bourgs que nous allons traverser ! Tout de suite nous roulons sur un grand plateau où la végétation se fait de plus en plus rare et nous montons imperceptiblement pour bientôt rester entre 1.200 et 1.500 mètres. Seule distraction, les khaïmas (tentes basses à peine visibles) des nomades et leurs grands troupeaux de chèvres et moutons.
Et aussi de temps à autre une petite gare abandonnée le long de la ligne construite par les français pour acheminer notamment les minerais extraits dans cette région.
Cette ligne, désormais en sommeil devait à l'origine aller jusqu'au Niger, elle s'est arrêtée à Béchar en Algérie, peu après la frontière marocaine actuelle.
La bonne nouvelle c'est que la route a été refaite et est très convenable.
Vers midi nous atteignons Tendrara où nous pique-niquons, au pied d'une grosse colline que nous voyons depuis près de 100 kms. Nous repérons aussi non loin de la route plusieurs école destinées aux nomades, fermées pour cause de vacances.
Nous arrivons à Figuig peu après 16 heures et nous installons au petit camping de l'Hôtel Figuig, en pleine palmeraie.
Surprise, il y a là une voiture immatriculée 85 : c'est un vendéen qui passe à l'hôtel plusieurs semaines chaque année depuis très longtemps et qui connaît parfaitement la région. Sinon, nous sommes seuls ... jusqu'à l'invasion d'un groupe de huit 4x4 ! Ce qui ne nous empêche pas d'apprécier la fin d'après midi sur notre terrasse qui domine une mer de palmiers et, entre les deux montagnes, la frontière algérienne.
La maroquinerie du jour : ce matin nous arrivons à Oujda par une belle route à quatre voie comme on en trouve à l'entrée de toute ville marocaine qui se respecte. Tout à coup le semi-remorque qui roule devant nous se met en travers et entreprend de traverser le terre plein central pour prendre une petite piste de l'autre côté !
Le saviez-vous ? La frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie est fermée depuis 1994. Nous avons pu constater lors de nos déplacements près de cette frontière comme elle était soigneusement surveillée ... ce qui n'empêche pas les trafics en tous genre et en particulier, dans la région d'Oujda, celui du carburant. Le long des routes on trouve des dizaines de vendeurs avec leurs petits bidons et, en contrepartie, la plupart des stations service sont fermées car elles ont fait faillite. Les algériens ont récemment serré la vis pour mettre fin au trafic mais des petits ânes chargés de bidons passent encore dans la montagnes tous seuls et sont attendus d'un côté et de l'autre de la frontière. Récemment deux de ces pauvres bêtes ont été les victimes de tirs algériens et ont explosé !
Vendredi 8 novembre 2013 :
Dans la matinée nous rencontrons Mohammed Lehyani, l'instituteur de Bouarfa avec qui nous avons communiqué par internet. Il nous apprend beaucoup sur sa ville,sur son métier d'instituteur dans les écoles nomades et nous propose une promenade pour l'après-midi que nous acceptons avec plaisir. Quelques courses nous permettent une première approche de Figuig, en tous cas de la partie où nous résidons car en fait la ville est composée de sept ksours différents s'étendant sur une assez grande surface.
L'après midi nous partons avec Mohammed pour un grand tour de la palmeraie et des quartiers anciens. Les photos parleront mieux que moi ...
Les petits jardins au pied des palmiers.
Une des nombreuse tours de guets qui parsèment la palmeraie.
Le vieux minaret de pierre du 12ème siècle.
Un grand bassin de rétention des eaux collectées dans la montagne.
Coucher de soleil (je ne résiste pas !)
L'anecdote du jour : les hasards de la diplomatie ont faits que la gare de Figuig se trouve actuellement en territoire algérien. Ce qui fait que si un figuigui (rien à voir avec toi Guillaume, c'est un habitant de Figuig) veut aller voir son cousin à trois kilomètres de chez lui mais en en Algérie, il va devoir se rendre à Casablanca en car ou voiture, prendre un avion pour Oran puis un train dont il descendra à la gare de ... Figuig deux ou trois jours plus tard !
Samedi 9 novembre :
Petite matinée tranquille : quelques courses en ville, barbier pour moi, l'occasion de discuter avec le coiffeur et un client qui parlent parfaitement français.
Certaines boutiques sont bien encombrées !
Nous cherchons aussi un certain Mustafa qui pourrait nous servir de guide demain car nous voulons aller à Ich par la piste. Ich est une petite oasis encore plus perdue que Figuig, situé à environ 85 kms de piste ou 150 de route. Après quelques péripéties et de nombreux avis contradictoires, nous abandonnons le guide et décidons que nous essaierons seul, quite à rebrousser chemin si c'est trop difficile.
Au camping, nous ne manquons ni de dattes ni d'olives !
L'après-midi nous repartons avec Mohammed, en 4x4 cette fois pour visiter le poste frontière, la palmeraie environnante et des marabouts (tombeaux d'hommes saints) proches.
Ensuite nous repartons plus au nord sur les pistes qui mènent à l'oued qui sert de no man's land et qui abrite une belle palmeraie. Comme on s'y attendait, nous sommes vite rattrapés par un pick-up de l'armée. Les militaires nous indiquent que cette zone est dangereuse et interdite mais, comme tout s'arrange gentiment ici, nous laissent quand même aimablement quelques minutes pour admirer le paysage.
Au repas du soir, notre ami vendéen nous régale de la grande et des petites histoires locales. Il a été rejoint à l'hôtel par un américain et deux italiens. Figuig est très internationale en ce moment !
Le cadeau du jour :
Mohammed est arrivé cet après-midi avec des amandes, de la menthe, de l'armoise et quelques 5 kgs de dattes, le tout provenant des jardins de sa famille !
L'anecdote du jour : deux hommes sont venus ce matin pour récolter les olives près de la caravane. Après environ une heure de travail ils sont partis se reposer et ne sont revenus que vers 16 heures pour une autre heure. Des intermittents de la récolte ? A ce train là, il va bien falloir un mois pour la trentaine d'oliviers qui nous entourent.
L'anecdote du jour : voilà bientôt deux semaines que nous sommes partis et je m'aperçois que je n'ai jamais parlé de la météo. Sans doute parce qu'elle est parfaite pour voyager : 25° à 28° le jour, 12° à15° la nuit, et quand à la couleur du ciel, il suffit de regarder les photos !
Dimanche 10 novembre :
Exceptionnellement, nous nous bousculons un peu ce matin et avant 8 heures nous sommes partis. Nous voulons gagner la petite oasis de Ich par la piste et nous ne savons pas vraiment le temps que ça peut prendre. En fait la piste est assez bonne sur les quarante premiers kms jusqu'à un barrage récent dans la montagne. Là, les pistes se multiplient et nos traces GPS, anciennes, ne nous sont d'aucune utilité. Nous trouvons des ouvriers (à mobylette sur ces pistes caillouteuses !) qui nous indiquent la route à suivre. Sauf qu'ils nous envoient vers une liaison vers la route goudronnée. Nous préférons poursuivre toutefois cette piste car elle est très belle et certainement beaucoup plus confortable. Nous perdons de vue le Jebel Amour au si beau nom (connu par le roman de Frison Roche) pour parcourir un plateau peuplé de nomades avec leurs troupeaux.
Une fois retrouvé le goudron, nous avançons rapidement vers Ich avec toutefois un très bel arrêt auprès d'un oued en eau où de petits ânes s'abreuvent tandis qu'un gars venu d'on ne sait où rempli des jerrycans d'eau à une source.
A l'arrivée à Ich il y a un comité d'accueil pour nous car notre ami Mohammed de Figuig à téléphoné à son ami Mohammed de Ich pour qu'il nous fasse visiter, en compagnie d'un conseiller municipal, son village. Nous sommes un peu au bout du monde, au fond d'une gorge qui vient buter sur un djebel où flotte le drapeau algérien, à plus de 100 kms du premier bourg et du premier magasin !
Mais un nouveau village est en train de naître au-dessus du second grâce à la générosité du Roi suite à sa visite dans la région. Une auberge, des logements sociaux, une maison pour les femmes et un centre du patrimoine sont en cours de réalisation. Nous parcourons aussi le vieux village et la palmeraie, salués de toutes parts par les habitants présents.
Fabrication et séchage des briques d'adobe servant aux constructions traditionnelles.
Le tout se termine par la cérémonie incontournable du thé avant que nous ne quittions Mohammed, retenu par d'autres activités malheureusement, car nous aurions aimé qu'il nous amène aux gravures rupestres que seuls quelques locaux savent situer. La prochaine fois inch Allah !
Le saviez-vous ?
Non ce ne sont pas des gros cailloux ! Curiosités de la région, les choux-fleurs de Bou Hamama, ou choux-fleurs du désert, sont des végétaux (de la famille des chenopodiaceae si vous voulez tout savoir). Ils sont durs comme de la pierre et très piquants comme je l'ai constaté en approchant ma main ! On les trouve en quantité sur les regs où ils forment parfois, vu de loin, un vrai tapis vert.
L'autre spécialité du coin est une truffe qui, parait-il, est relativement abondante dès qu'il pleut et fait accourir des commerçants de tout le Maroc et d'ailleurs. Malheureusement il ne pleut pas souvent dans le coin !
L'anecdote du jour : comme nous repartons de Ich, Mohammed nous remet un paquet de cigarette. Il est destiné à un militaire en poste à quelques kms de là et qui est en manque sérieux. Nous le trouvons en effet en haut d'un petit col, sous son poste de surveillance. Quand on voit le peu d'habitants et de déplacements dans le coin on imagine comme ces pauvres gars doivent s'ennuyer à longueur de journée...
L'anecdote du soir : suite à différents problèmes de réseau, dd batteries... qui m'ont permis de vérifier la loi de Murphy, dite aussi loi de l'emmerdement maximum, cette journée a dû être réécrite trois fois !
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