2014- De la frontière mauritanienne à Boujdour
Mardi 4 mars :
Bon, nous voilà revenus au Maroc, pour environ 4 semaines puisqu'on s'est fixé de rentrer chez nous début avril.
Pour l'heure, il faut remettre un peu d'ordre et de propreté dans notre équipage. Nous resterons donc deux nuits à l'hôtel (dans notre chambre à 14 euros) et nous allons au bord de la mer au petit village de pêcheur de Lamhiris tout proche pour profiter de la vue et faire un peu de rangement.
Il fait frais et, avec le vent, la mer est agitée ce qui fait que toute les barques sont sagement rangées sur la plage, attendant des jours meilleurs.
Cet hiver est exceptionnellement frais pour la région et la pêche ne marche pas fort.
Au retour, je passe chez le barbier local. C'est un ami d'Hakim, également d'Agadir, et j'ai droit à un traitement de faveur : la barbe et une petite coupe de cheveux pour 1,80 euros.
L'anecdote du jour : l'hôtel Barbas, jusque là très "européen" s'est remis ce soir en mode marocain, autrement appelé "inch Allah" : pas d'eau chaude, la wifi en rade et plus de riz pour faire le thiep bou djenn !
Mercredi 5 mars :
Retour sur le goudron de la Nationale 1, plein nord, le vent souffle de face ... la consommation s'envole. Heureusement le gazole au Sahara Occidental est à 63 cts d'euro le litre.
Toujours cette route lancinante dans le désert avec ses bornes qui nous narguent : "Laayoune 810 kms", "Laayoune 763 kms" ... quand on sait qu'à Laayoune on est encore à 1.350 kms de Tanger et 3.000 de chez nous !
Parfois, nous trouvons quand même quelques distractions comme ce troupeau de chameaux venant s'abreuver à un forage réalisé pour les nomades, avec notamment un petit chamelon de huit jours ...
La côte aussi est souvent très belle comme ici au niveau de Dakhla.
On peut y apercevoir des pêcheurs, comme ce solitaire qui ramasse ses filets sur la plage, au-dessous de sa tente nichée dans la falaise.
Et puis il y a, parfois séparées de plus de 150 kms les unes des autres, les stations "Bagdad Café" qui offrent carburant et thé aux voyageurs.
Négligeant Dakhla où nous avons passé cinq jours lors de la descente, nous roulons jusqu'à Lakhraa, petit village de pêcheurs où nous installons notre caravane sur la plage.
Je tente ma chance à la pêche sans plus de succès que mes prédécesseurs qui viennent de remballer leur matériel. Le vent est trop fort et la mer trop froide. Dans ces moments, je regrette vraiment le Banc d'Arguin si poissonneux. Comme le vent est glacial, je n'insiste pas et regagne rapidement la caravane : à 19 heures il ne fait que 16° à l'abri du vent.
L'anecdote du jour : depuis l'année dernière, la pancarte vétuste annonçant le passage du Tropique du Cancer a été remplacée. Bon, y'a une petite faute, mais elle est rutilante et pas encore couverte d'autocollants et de graffitis divers.
Barbas - Lakhraa : 385 kms.
Jeudi 6 mars :
Surprise au lever : le vent est tombé mais ciel est tout gris et brumeux. Nous n'y sommes pas habitués car il y a bien longtemps que nous sommes abonnés au ciel bleu, éventuellement voilé d'un peu de poussière mais jamais de nuages.
Sous ce ciel gris le paysage est encore plus sinistre et de plus la route est assez mauvaise jusqu'à Boujdour où nous avons prévu de faire étape au moins deux jours. Nous y retrouvons le soleil et la civilisation : boutiques bien achalandées, café et restaurant ...
Nous ne manquons pas d'en profiter dès l'après-midi pour divers achats avant d'aller nous décrasser au hammam.
Le soir nous grillons quelques poissons achetés à un pêcheur sur la côte, en compagnie de Jean et Christine que nous avons rejoints et de Patrick et Annie que nous connaissons depuis l'an passé et que nous croisons régulièrement.
Le vent a repris et, le soleil couché, il fait frisquet. Sitôt le repas terminé chacun rentre se mettre au chaud rapidement...
L'anecdote du jour : c'est amusant de retrouver un mois plus tard les gens rencontrés lors de notre descente. Nickie retrouve sa marchande de pain qui l'embrasse chaleureusement. Quant à moi, au Hammam je suis accueilli par le chibani qui m'avait récuré lors de notre passage le mois dernier. Il me propose à nouveau ses services, que j'accepte, mais refuse absolument l'argent que je lui propose.
La maroquinerie du jour : dans un petit magasin vendant des téléphones et de l'électronique, je me renseigne sur ma clé 3G, défaillante depuis la Mauritanie. Le vendeur me la prend pour l'essayer sur son ordi, et, à ma grande surprise, va chercher un grand manche à balai ...??!!
En fait c'est pour activer son compteur électrique situé à 3 mètres du sol !
Vendredi 7 mars :
Journée repos = pas grand chose à raconter !
Alors voyons plutôt quelques images...
Tout d'abord la visite au garage-café-restaurant-mosquée pour la vidange et le lavage du Toy.
... puis quelques curiosités saisies au fil de nos promenades dans les rues de Boujdour ...
Oui, ça roule !
Beaucoup de maisons attendent des jours meilleurs pour voir finir leur premier étage ...
No comment.
Et pour finir, ces superbes étalages verticaux de légumes qui nous font baver après la Mauritanie...
L'anecdote du jour : dans la série "Gens et véhicules originaux" nous rencontrons Jacques qui sillonne l'Afrique et surtout la Mauritanie avec Cacahuète, une ex-ambulance 4x4 Renault de l'armée française agée de 50 ans. Jacques réussit à allier ses passions pour la photographie, l'ULM et le désert et j'avais eu l'occasion de voir à El Beyedh ses magnifiques photos aériennes du Guelb er Richat et des crocodiles du Tagant (oui, il reste quelques crocodiles dans le Sahara).
Son prochain défi : retrouver et photographier l'épave d'un Constellation qui a fait il y a quelques dizaines d'années un atterrissage forcé au Sahara Occidental !
http://www.ariegenews.com/ariege/le_saviez_vous/2012/46090/la-mauritanie-vue-par-un-ariegeois-amoureux-des-grands-espaces.html
Samedi 8 mars :
Deuxième journée repos (enfin presque), forcée cette fois.
En effet après être partis dès 9 heures en direction de Laayoune, nous nous arrêtons faire le plein à la station suivante, Lemsid, à 90 kms de Boujdour. Petit café, tout va bien.
Trois kms plus loin un voyant s'allume : remettre de l'huile... puis le moteur s'arrête carrément. Arrêt sur le bas-côté : l'huile dégouline gaiement sur la route et a déjà maculé l'arrière du Toy et l'avant de la caravane !
Je remets les deux litres qui me restent de la vidange d'hier et nous retournons doucement à la station service, espérant trouver un mécanicien. Mais de mécanicien "wallou" !
Le pompiste et tous les marocains présents se mobilisent et nous identifions assez rapidement la panne : c'est le filtre à huile qui a été insuffisament resserré. Il n'y a rien à la station service, ni outils ni même chiffons que je dois fournir mais il y a quand même de l'huile. Je remets 4 litres dans le moteur, on resserre le filtre le mieux possible et nous retournons à Boujdour pour régler définitivement le problème dans le garage fautif.
Le vrai mécanicien (car celui d'hier n'était qu'un assistant) me refait la vidange, change le filtre et tout semble aller bien. Le patron "m'offre" un lavage soigné du Toy et de la caravane qui tous deux ressortent flambants neufs...
Il est 15 heures... nous retournons à notre point de départ, le camping de Boujdour.
Heureusement, nous n'avons pas d'impératif et nous profitons du reste de la journée, tiède et sans vent ce qui est rare ici, pour arpenter une dernière fois Boujdour et prendre la photo du phare construit par les espagnols, agrémenté d'une statue bien saharaouie.
Un yaourt et des gâteaux dans la boutique de Fatima qui nous offre des crêpes, un repas de kefta de sardines grillées, l'envoi du blog et hop, au lit !
L'anecdote du jour : les gendarmes et policiers qui dans le sud font des barrages de contrôle réguliers tout le long des routes sont généralement très joviaux et ne manquent pas de nous souhaiter bonne route, nous féliciter d'être en retraite, nous dire que nous sommes chez nous au Maroc ...
Certains ne manquent pas d'humour comme un gendarme ce matin qui nous demande de saluer personnellement Jacques Chirac de sa part.
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