2013 - De Boujdour à Dakhla
Vendredi 22 février 2013
Bonne nuit malgré la relative fraîcheur nocturne. En fait il fait plus froid que la moyenne dans la région, genre 20-22° dans la journée et 15° la nuit. Le ciel est très bleu depuis notre orage sur la lagune de Naïla mais le vent est toujours assez présent.
Un petit tour matinal sur la plage me donne l'envie d'un petit essai de pêche car, bien qu'on m'ait dit que le coin n'est pas très bon, j'y rencontre un pêcheur. Le temps d'aller chercher mon matériel il est parti et je suis déçu car je comptais sur lui pour quelques conseils et la fourniture d'appât. Heureusement un promeneur marocain vient à mon secours. Il est pêcheur professionnel, me monte un bas de ligne, trouve une "patate de mer" en guise d'appât, me met la canne dans les mains ... et s'en va avant même que j'ai pu le remercier ! Je rentre un peu plus tard, complètement bredouille cette fois.
Le reste de la matinée est consacré à finir et expédier le blog, lire les mails, gérer les comptes en banque... car il y a la wi-fi au camp ce qui est assez rare dans le coin.
L'après-midi nous faisons la connaissance de plusieurs de nos compagnons de voyage dont Jean qui est comme nous en 4x4. L'un d'entre eux nous prépare d'excellents irish coffees !
En fin d'après-midi nous partons nous ballader à Boujdour, petite ville d'environ 40.000 habitants qui se révèle très commerçante et agréable. Achat de petit matériel de pêche dans une des nombreuses boutiques spécialisées, de quelques légumes et de gâteaux.
Où l'on retrouve l'actualité dans les boites de thé !
Ensuite je vais prendre un bon hammam tout près du camp et en ressors bien décrassé.
Le repas et le reste de la soirée se passent dans la tente 2 secondes car le vent est frais.
L'anecdote du jour
En ville nous retrouvons Jean qui traîne en laisse son gros chien sous l'oeil inquiet de tous les marocains. Nous prenons un thé à la terrasse d'un café et il donne à boire à son chien dans un verre d'eau. Quand le chien a fini, le serveur prend le verre, l'enveloppe soigneusement dans une poche plastique et ... le jette à la poubelle !
Le saviez-vous ?
Non seulement les marocains ont peur des chiens, mais encore ils les considèrent comme des êtres impurs. D'où une de leurs grosses injures, "Ibnou kelb", "Fils de chien" !
Au passage on reconnait dans ce "kelb" (pluriel "kileb") notre "clebs" de l'argot français.
Fin de la rubrique chien, demain je vous parlerai du chinchilla à poil dru ...
Samedi 23 février 2013
Bonne nuit car le vent est tombé et la température reste douce. Après quelques dernières courses à Boujdour, nous reprenons la route à la suite de nos compagnons de voyage qui bivouaquent ... à 15 kms de là sur une plage immense occupée seulement par quelques cabanes de pêcheurs marocains.
Peu d'activités dans la journée : discussions avec les uns et les autres, lecture, promenade sur la plage ...
Malheureusement, comme hier soir, le vent du nord forcit au coucher du soleil, le sable commence à voler et, même s'il fait près de 20°, on se les gèle dehors !
Nous réorientons le Toy pour avoir moins de prise au vent et nous faisons inviter dans un camping car pour le repas. Il y fait vraiment meilleur ! Merci à Christine et Marco...
Au coucher, le vent est déjà un peu tombé et la nuit se présente bien.
L'anecdote du jour
En début d'après-midi, une camionnette de pêcheurs passe sur la piste près de notre campement. Je les arrête dans l'idée de leur demander de l'appât pour aller pêcher. Ils me disent que la mer est trop forte pour la pêche aujourd'hui mais me demandent si je veux du poisson. Ils en ont plein la camionnette et je prends deux beaux sars tous frais. Quand je veux les payer ils refusent, c'est cadeau.
Encore une démonstration de la gentillesse des marocains, notamment dans le sud. Loin de quémander comme souvent dans les lieux touristiques du nord, ce sont eux qui nous offrent le peu qu'ils ont. Ils vivent en effet dans des conditions souvent misérables...
Le saviez-vous ?
Dans le sud du Maroc, on achète les olives chez le boucher et pas ailleurs !
Dimanche 24 février 2013
Au réveil, le vent est toujours présent et toujours aussi froid. Aussi, le petit déjeûner est vite expédié.
Nous reprenons la route, objectif Dakhla. La monotonie de la route n'est brisée que rarement par quelques habitations de pêcheurs et même, peu avant Dakhla, par deux villages entiers de ces pêcheurs. Contrairement à ceux que nous avons vus jusque là, dispersés le long de la côte à quelques centaines de mètres les uns des autres, ils vivent groupés sur la falaise et leurs barques sont hissées sur des tracteurs pour être mises à l'eau. Nous assistons à l'un de ces transports : il faut une bonne dizaine d'hommes pour monter le bateau sur le tracteur à grand renfort de cris variés. Dans leur grande majorité, ces pêcheurs vivent dans des cabanes misérables faites de bric et de broc (pas de petites maisons d'Etat par ici).
Notre déjeuner est pris dans le restau très sympa d'une station service où l'on nous sert des tagines de poissons (la plupart de la courbine, le poisson roi ici) pour un prix dérisoire.
L'arrivée sur Dakhla et sa lagune en début d'après-midi est très belle et nous observons nos premiers kite surfers. Ils trouvent certainement ici les conditions idéales avec cette très vaste lagune et un vent soutenu comme nous le constatons depuis plusieurs jours à nos dépens !
Nous avions décidé pendant la route que justement, ça allait bien ce vent froid le soir et le matin, et que donc nous irions ce soir dans un très bel hôtel situé sur la lagune. Malheureusement, il y a un congrès autour du cinéma en ville et c'est complet. Nous nous rabattons donc sur une petite chambre au camping Moussafir, certes plus rustique, mais ô combien moins chère (plus de 10 fois !).
Nous faisons un petit tour en ville pour prendre quelques repères et rentrons prendre une douche bien méritée après le bivouac de la veille. Ici l'eau n'est pas saûmatre comme depuis quelques jours mais soufrée et dégage une odeur d'oeuf pourri .... !!!
Pour nous venger de l'hôtel loupé, nous nous offrons le meilleur restau de Dakhla, tenu par une française. Dans un cadre très chic on nous sert un délicieux repas. Quand nous sortons vers 21:30, la ville, quelque peu assoupie cet après-midi, est grouillante de monde.
Boujdour -Dakhla : 355 kms.
L'anecdote du jour
En repartant de notre bivouac sur la plage ce matin, il nous faut parcourir 130 kms avant d'apercevoir une première bâtisse (si l'on excepte un relai téléphonique tous les 20 ou 30 kms). Il s'agit d'une petite gargotte où nous commandons deux cafés au lait. A peine servis, on entend "Missiou, missiou !". C'est un jeune pêcheur marocain qui nous invite à partager son petit déjeuner, une grande omelette aux tomates. Nous en grignotons un peu en discutant avec lui et son père. Il nous explique que tous les deux ou trois jours il va vendre le produit de sa pêche à ... Agadir, à plus de 900 kms !
Son père, à qui j'offre une cigarette, insiste pour m'offrir un thé et pour me convaincre dit ses seuls mots en français "c'est le whisky marocain".
Le saviez-vous ?
La police marocaine aime les fiches !
Depuis que nous avons passé Guelmim, nous sommes très régulièrement arrêtés, comme tous les véhicules, par des barrages de policiers et de gendarmes. Certains se concentrent plus sur les marocains, et nous passons très rapidement, d'autres sur les étrangers. Et là ce sont toujours les mêmes demandes : nationalité ? profession ? motif du voyage ? et surtout "ficha ficha", la fameuse fiche comprenant tout un tas de renseignements et qu'il faut leur donner. Avertis, nous en avons fait pas mal de photocopies ce qui évite de les remplir sur place.
Les mauvaises langues disent que les fiches sont au final destinées à l'alimentation des chèvres !
Il faut quand même préciser que ces contrôles se font dans la bonne humeur et en général nous repartons accompagnés de tous les voeux possibles : "Bienvenue chez vous au Maroc", Bon voyage", "Le soleil, la mer, tout bien bronzés" ...
Lundi 25 février 2013
Ce matin un peu de logistique : je trouve un garagiste pour réparer mon échelle de toit cassée depuis quelques jours et que je suis obligé de sangler à chaque utilisation. Ensuite courses pour Nickie dans le "quartier arabe" (le vieux Dakhla des saharaouis) tandis que je me fais raser chez le barbier.
Nous parcourons ensuite quelques kms le long de la lagune pour aller manger des huitres car nous avons repéré quelques parcs hier. Nous descendons le long de la falaise et découvrons au ras de l'eau une sorte de paillotte charmante avec quelques tables bien abritées. Le lieu est magique.
Nous commandons des huitres et un tagine au poulpe, aux couteaux et aux huitres. Le tout s'avère délicieux. En rentrant au camp nous croisons Jean et Marco et on se fait offrir un café sur le bord de mer.
Dans l'après-midi on me ramène mon échelle : nickel, mieux qu'avant, pour 18 euros.
Le soir nous passons voir les plages côté Atlantique au coucher de soleil et retournons dîner dans le centre ville toujours aussi animé le soir.
Le vent a baissé d'intensité aujourd'hui, et ça fait du bien !
L'anecdote du jour
Pendant le repas, le spectacle est assuré par quelques pêcheurs qui à une bonne centaine de mètres au large posent leurs filets. Un petit détail : en guise de bateau, ils utilisent des vieilles chambres à air !
Quand on voit le vent qui souffle ici on imagine le danger, même s'ils utilisent des palmes pour se déplacer.
Le saviez-vous ?
La courbine est le poisson roi des côtes marocaines. On ne le trouve pas sur les étals chez nous car elle n'est pas péchée par les chalutiers. Comme elle longe en permanence les côtes, elle ne peut être prise qu'à la ligne. Or, une courbine atteint fréquemment un mètre pour une quarantaine de kilos. Sport assuré pour les pêcheurs. Quant à moi qui fais mes débuts, j'aimerai autant ne pas en avoir une au bout de ma ligne.
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