La croisière s'amuse.
Après trois semaines passées sur le Grande Nigeria, il est temps que je vous parle de la vie à bord ….
Voyons d’abord un peu du bateau.
Pour vous représenter le Grande Nigeria, imaginez un immeuble de 13 étages, de 215 m de long et 32 de large. C’est une telle masse que, même s’il y a un peu de mer, on ne ressent pratiquement ni tangage ni roulis.
C’est une telle masse que, même s’il y a un peu de mer, on ne ressent pratiquement ni tangage ni roulis. Dans la couchette de légères vibrations et à-coups sont perceptibles, comme les battements de cœur du bateau, dont le bruit du moteur est omniprésent de jour comme de nuit évidemment. Notre allure est régulière, proche de 18 nœuds soit plus de 33 km/h. Cela peut paraître lent mais faites le compte : en 24 heures nous parcourons près de 800 kms !
Les machines, que nous avons pu visiter, sont impressionnantes : le moteur principal à deux temps et 8 cylindres développe une puissance d’environ 15.000 cv et consomme quelque chose comme 50 tonnes de fuel lourd par jour à 115 tours minute pour atteindre sa vitesse de croisière. L’hélice de 7 mètres de diamètre vient d’être changée : le bateau avance un peu moins vite mais économise 10% de fuel par jour. Une économie non négligeable au moment de faire le plein à Hambourg : les cuves contiennent 2.800 tonnes de carburant, je vous laisse convertir en litres … et en euros !
Dans les entrailles du monstre ...
Après les escales d’Anvers et de Hambourg, nous abordons vraiment la traversée avec au programme une première semaine entière de mer sans escale. Au départ, nous avons été bien occupés par la découverte du navire, les escales (à bord et en ville), l’observation des côtes et des autres bateaux. Désormais, la vie devient un peu plus monotone. La plupart du temps, pas un bateau à l’horizon.
Il faut ajouter que jusque-là nous avons longé les côtes et donc accroché le plus souvent un réseau du pays le plus proche. Passé la Manche, téléphone et internet sont à ranger au rayon des souvenirs.
Une seule exception : nous longeons un soir les Canaries dont nous apercevons distinctement les côtes. En un instant équipage et passagers sont sur le pont pour téléphoner et prendre les mails. L’intermède durera deux heures …
Comme on nous l’a bien rappelé à notre arrivée, nous ne sommes pas sur un bateau de croisière mais sur un Ro-Ro (de l’anglais roll in – roll out), un navire de transport de véhicules et de matériels appelé aussi roulier en français. Peu de distractions proposées donc, en dehors de la petite salle de gym et de quelques jeux au salon.
Ce ne sont pas des GO du Club Med, mais le personnel de bord est sympathique et essaie de nous faciliter la vie dans la mesure du possible.
Ils y a 27 marins à bord : italiens pour la majorité des officiers, philippins pour la plupart des autres postes. Petite anecdote : à Hambourg notre steward philippin, Richie, a terminé son service et débarqué pour retourner chez lui. Il était sur le bateau depuis huit mois et je vous laisse imaginer sa joie ! Les italiens quant à eux passent quatre mois en mer avant de rentrer chez eux pour deux ou trois mois.
Les passagers sont au nombre de huit (sur douze possibles car il n’y a que six cabines) : les allemands Carola et Peter, Isabelle la belge et Adriaan le néerlandais, nos compatriotes Nicole et Jean et enfin Philippe et moi qui partageons la quatrième cabine. Tout le monde part faire du tourisme au long cours (les allemands sont partis en principe pour cinq ans !). Très vite nous faisons connaissance et l’ambiance est vite excellente parmi une super petite équipe de six (car les allemands restent à l’écart).
Sur le bateau, la « lingua franca » est l’anglais, que chacun baragouine avec son petit accent. Mais on entend évidemment de l’italien, du philippin et … du français que nos amis flamands parlent parfaitement ce qui nous arrange bien.
L’emploi du temps est rythmé par les repas : petit déjeuner à partir de 7h 30, déjeuner à 11h et diner à 18h ! Autant dire que les matinées sont courtes et les soirées un peu longues …
Au fur et à mesure que notre route nous mène vers l’ouest, nous devons décaler notre montre d’une heure, ce qui rallonge notre nuit d’autant. Nous le ferons cinq fois au total pour arriver au Brésil et à Montevideo à l’heure locale.
Luigi, le chef cuistot, est italien et cela se ressent au niveau du menu : chaque repas débute par un gros plat de pasta souvent agrémentées de lentilles, haricots blancs voire pommes de terre. Une entrée qui cale bien l’estomac !
Viennent ensuite selon les jours un plat de poisson, de hachis Parmentier, d’aubergines farcis … suivi d’une viande. Celle-ci est toujours servie à part avec juste un peu de sauce. Et pour finir, presque invariablement, un fruit pas mûr et glacé ! Le dessert ne semble pas la préoccupation majeure de Luigi.
Pour moi, ça manque cruellement de légumes et de laitages mais au moins on ne meurt pas de faim surtout que les assiettes servies sont conséquentes !
Pour compenser cette riche nourriture et un certain manque d’activité, chaque jour, comme la plupart des passagers, je fais une bonne séance de gym. Le beau temps nous permet aussi de monter sur le pont pour marcher un peu, lire, faire le point de notre avancement avec les GPS, parler de la pluie et du beau temps … Notre attraction majeure reste l’arrivée, le départ et les opérations de chargement déchargement aux escales.
Avec Philippe, comme nous n’avons pas de hublot, la cabine est un peu triste et donc nous passons la plupart du temps dehors ou au salon (l’option hublot coûtait 1.000 euros de plus par personne !).
Un peu comme dans le désert, il y a peu à voir : pas de présence humaine, pas de flore évidemment et peu de faune. Ainsi, chaque petite chose est perçue comme un évènement : un banc de poissons volants chassé par des thons, un cargo qui passe à proximité, un petit oiseau embarqué en clandestin à Hambourg et qui ne pourra retrouver la terre ferme qu’à Dakar, un oiseau de mer qui fait le show autour du bateau pendant des heures, tout est prétexte à distraction !
Oiseau vole. Poisson aussi ...
De temps en temps nous organisons aussi une séance de cinéma et nous avons démarré un puzzle …
Il y a parfois un petit extra comme la visite de la passerelle …
Le poste de commandement.
... ou encore l’anniversaire de Philippe ...
Pour la circonstance, Cathy m’a confié deux bouteilles de Champagne et nous lui réservons une petite surprise : nous prétextons un exercice incendie pour le faire venir avec son gilet, son sac de sauvetage et son casque au salon ! Et pour l’occasion, Luigi a confectionné un gros gâteau au chocolat servi au diner …
Quelques jours plus tard, le 15 septembre, nous guettons le passage de l’équateur pour immortaliser notre passage dans l’hémisphère sud. Nous nous attendions à une petite cérémonie pour célébrer ça comme le veut la coutume : elle ne viendra pas ...
Notre commandant, pas désagréable au demeurant, n'est quand même pas un gai luron et n'a pas dû juger utiles les pitreries d'une telle manifestation !
En passant la ligne, nous quittons l’été pour l’hiver.
Six jours plus tard, le 21 septembre, nous quitterons l’hiver austral pour le printemps : nous aurons ainsi connu trois saisons dans la même semaine !
A bientôt pour une prochaine escale ...
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