Galère à Zarate.
Pour des raisons qui m’échappent, il ne nous est pas permis de débarquer les véhicules en Argentine mais il nous faut cependant y faire escale, à Zarate, avant de revenir en arrière vers l’Uruguay et Montevideo. Ce n’est évidemment pas idéal pour nous puisque cela rallonge le voyage de cinq ou six jours.
En théorie du moins !
Car en pratique, ce sera beaucoup plus …
Notre arrivée à Zarate s’est apparentée à un feuilleton à suspense, nos nerfs ont été soumis à rude épreuve et ça n’a pas été le meilleur moment du voyage …
Alors que nous avions, après quatre semaines à bord, épuisé un peu les plaisirs de la vie en cargo et que nous pensions toucher au but, tout s’est mis de travers pour nous retarder, peut-être à cause de la journée de retard prise à Santos …
Jeudi 27/09 dans la matinée : deux jours après notre départ de Paranagua, nous sommes dans les eaux territoriales uruguayennes et nous doublons Punta del Este.
Le soir nous sommes au ralenti à proximité de Montevideo. Deux pilotes uruguayens embarquent et on nous annonce l’arrivée à Zarate pour le lendemain matin. Jusque-là tout va bien …
Vendredi 28/09 : dans la nuit le bateau s’est arrêté. Nous sommes à l’ancre à l’entrée du Rio de la Plata en compagnie de quelques autres bateaux. Alfonso nous informe que faute de place dans le port, nous ne repartirons que le lendemain matin. Déception : pas de sortie à terre et retard à l’arrivée en perspective.
La zône d'ancrage du Rio de la Plata.
Une heure plus tard, surprise, le bateau repart !
Vers midi nous passons à quelques kilomètres de Montevideo, notre but final, puis un peu plus tard devant Buenos Aires.
Les gratte-ciel de Buenos Aires aperçus du bateau.
Vers 15h 30 nous enfilons le Canal de la Mitre puis le rio Parana de las Palmas, une branche du delta du Parana qui mène à Zarate.
Entrée dans le rio Parana.
La remontée est très belle sur cette zone lacustre et nous découvrons, sous le soleil revenu, les maisons secondaires plus ou moins chics installées au bord de l’eau… Les maisons ont toutes leur embarcadère car elles ne sont joignables que par voie fluviale.
Les rives du Parana ...
A 17h 30, coup de théâtre : le bateau fait soudain demi-tour !!!!
Dans la soirée nous repassons devant Buenos Aires et regagnons à la nuit un point d’ancrage entre Argentine et Uruguay en attendant de repartir. Nous aurons navigué une journée entière pour rien.
Samedi 29/09 : depuis deux jours le temps est le plus souvent froid, gris et pluvieux. Mais ce matin ce sont les éclairs, le tonnerre et la grêle qui nous réveillent. Nous voilà au milieu des eaux boueuses du Rio de la Plata, confinés à l’intérieur du bateau, qui de plus en plus nous semble une prison.
Personne sur le bateau ne nous dit pourquoi nous avons fait demi-tour et surtout quand nous allons repartir. Philippe et moi nous demandons si nous serons à Buenos Aires le 4 octobre pour accueillir Cathy et Nickie !
Dimanche 30/09 : nous devrions être arrivés hier à Montevideo et on nous parle d’y être le 6 ou le 7 octobre.
Moral en berne ! Nouvelle de l’après-midi : on partirait demain matin. Mais pouvons-nous y croire ?
Lundi 01/10 : encore des nouvelles contradictoires toute la matinée … Départ à midi, dans l’après-midi, à 10 heures, on ne sait pas, les versions se succèdent … Le ciel est bas et le vent glacé.
Encore une journée enfermés sans avancer ?
Non ! Double miracle vers 14 heures : le ciel se dégage et l’équipage se prépare au départ. Nous guettons le pilote comme jamais et nous saluons son arrivée par des applaudissements
L'arrivée du pilote.
Nous passons à nouveau devant Montevideo avant de reprendre le canal de Mitre puis le Parana cette fois jusqu’à Zarate. Nous profitons à nouveau du spectacle fourni par les maisons bâties le long du fleuve et du coucher de soleil. Le moral est bien remonté
Mardi 02/10 : c’est le lendemain que nous découvrons le port de Zarate et que nous comprenons un peu mieux les problèmes récurrents ici : non seulement l’accès y est long et difficile par la rivière, mais en plus il n’y a que trois places ce qui explique la queue de bateaux attendant leur tour dans la baie. La principale activité du port semble centrée autour des voitures car il y a d’immenses parkings autour de nous
Détail amusant : les voitures sont rangées avec un soin extrême. Pour cela il y a plusieurs hommes dont l’unique travail consiste à placer un petit bâton étalon rouge entre les voitures qui se garent pour respecter un intervalle constant.
La ville que nous découvrons tout au long de la journée n’est guère affriolante : beaucoup de maisons en mauvais état, des rues défoncées, des boutiques plus proches de celles de Dakar que de nos magasins … Zarate ne respire pas la prospérité
Seule la place principale offre un peu de charme avec ses statues (des Peron évidemment mais aussi du Ché).
Cet arrêt nous aura quand même permis de nous procurer des pesos argentins et d’acheter des cartes SIM argentines. Ce qui nous a pas mal mobilisés … Sans doute à cause de l’inflation galopante il y a de grandes files d’attente devant les banques et il nous faut en voir plusieurs pour réussir à retirer des pesos.
Quant à la carte SIM, la plupart des boutiques ne les délivrent que sur présentation d’une carte d’identité argentine ! Nous finissons par trouver une boutique qui acceptera de nous en fournir au vu de nos passeports, mais seulement l’après-midi … après réparation de leur informatique !
Au restaurant le midi, on nous passe du Charles Aznavour en boucle : sa mort hier a bouleversé l'Argentine où il était très populaire.
Mercredi 03/10 : le départ est prévu dans la matinée mais encore une fois les retards s’accumulent. Les pilotes mettent beaucoup de temps pour arriver et quand la porte se ferme enfin elle émet de drôles de grincements. Après plusieurs allers-retours elle se positionne bien et nous pouvons enfin partir. Ouf ! Nous avions en mémoire les deux jours passés à Santos pour la réparer …
Avec ce retard nous profitons de la lumière du soir sur le Parana avant de retrouver le Rio de la Plata et les lumières de Buenos Aires en début de nuit.
Cathy et Nickie arrivent demain matin à Buenos Aires et nous avons pu communiquer avec elles in extremis avant leur départ. Le plan est le suivant : elles dorment à Buenos Aires et traversent le lendemain par le ferry jusqu’à Colonia en Uruguay où nous irons les attendre.
Jeudi 04/10 : au petit matin nous arrivons en face de Montevideo sous un beau soleil.
Le souci c’est que, à nouveau, il va nous falloir attendre une place dans le port. Comme d’habitude nous recevons des informations floues voire contradictoire. Il n’est pas du tout certain que nous soyons sortis du bateau ce soir ! Or nous sommes à 185 kms de Colonia où le bateau des filles arrive à 9h 30 demain matin ...
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