Magallanes y Antartica
Du 25 au 29 novembre 2018
Détroit de Magellan et Antarctique, c’est le nom de la province chilienne que nous allons traverser pour rejoindre la Terre de Feu et Ushuaia. Nous devrons aussi passer du Pacifique à l’Atlantique et du Chili à l’Argentine. En effet l’histoire et la géographie locales se sont combinées pour faire en sorte que, par la route, on ne peut aller au sud de l’Argentine sans passer par le Chili, ni d’ailleurs au sud du Chili sans passer par l’Argentine !
Une première étape nous conduit de Puerto Natales à Punta Arenas 250 km plus au sud.
130.000 habitants, nous n’avons pas vu une ville de cette taille depuis des semaines … Elle est peuplée principalement des descendants de colons européens dont 50% de croates. On peut le vérifier facilement en visitant l’étonnant cimetière de la ville …
Outre les immeubles et les feux rouges dont nous avions presque oublié l’existence, ce qui nous frappe dans la ville ce sont les « Sentiers de vents », zones protégées par des barrières où les piétons peuvent circuler sans crainte de se faire emporter sur la chaussée par une bourrasque ! Et oui, c’est la Patagonie ici, ça souffle dur !
Avant de quitter Punta Arenas, nous allons sur la Plaza de las Armas toucher le pied d’une statue : selon une tradition locale, ce geste nous assure de revenir un jour dans la ville. Bon, c’est pas gagné, ça fait un bout depuis chez nous !
Puis nous prenons la route de la Péninsule de Brunswick, au long du Détroit de Magellan.
Cap au sud sur 56 kms et nous n’irons pas plus loin sur le continent sud-américain proprement dit : au-delà il n’y a que des iles !
Un vrai coup de cœur pour nous que ce petit coin perdu du Chili peu fréquenté. Il faut dire que nous bénéficions de températures clémentes (avec humour, les gens d’ici nous ont dit que c’était l’été qui avait commencé et aussitôt fini ces quelques jours).
Le détroit et ses villages de pêcheurs nous ont offert quelques moments magnifiques …
Le top : une journée parfaite …
Après une excellente nuit au bord du détroit, nous allons découvrir Punta Carrera, étonnant petit village de pêcheurs. Certaines des maisons en tôle sont très pauvres mais la petite chapelle est rutilante !
Puis le long de notre route nous avons la chance de rencontrer Walter, propriétaire des 36.000 hectares de l’estancia du coin. Comme je me suis arrêté pour photographier son vieux pick-up et sa maison, il vient nous parler et il nous invite gentiment à visiter celle-ci, construite par son arrière-grand-père d’origine suisse.
Aujourd’hui Walter habite à Punta Arenas mais il essaie de maintenir en état cette grande maison et vit toujours de l’élevage sur les terres de l’estancia tandis que sa femme y exploite la tourbe …
Nous poursuivons jusqu’au bout de la route : on ne peut pas aller plus loin au Chili sur le continent ! Un très bel endroit, occupé seulement par un couple d’originaux qui proposent du café et quelques friandises aux rares marcheurs qui passent ici en cette saison.
Nous profitons du beau temps pour pique-niquer avant d’entreprendre une belle marche sur la plage jusqu’au phare San Isidro. Une marche un peu pénible dans les graviers, mais avec au bout une belle récompense : le phare et son environnement. Et une auberge perdue, atteignable seulement en bateau, qui propose sauna et jacuzzi rustiques !
Pendant notre marche le long du détroit, entre mer et forêt primaire, nous avons l’impression que rien n’a changé depuis que Magellan est passé ici il y a cinq siècles.
La nature n’a pas été transformée par l’homme à cet endroit.
Pendant le pique-nique, nous assistons aux galipettes d’un groupe de dauphins, dans l’après-midi nous croisons une bande de perroquets (à notre grande surprise sous cette latitude !) et le soir, au bord du détroit c’est encore un nouveau spectacle : des baleines viennent nous saluer de leur souffle puissant pour conclure cette journée magique.
Le flop : Bang !
Quelques instants après m’être engagé dans un vaste rond-point à Punta Arenas, un camion vient à toute vitesse percuter le flanc droit de Trottinette ! Je le poursuis en klaxonnant avant qu’il ne s’arrête un peu plus loin …
Dialogue difficile avec le chauffeur du fait de la surprise, de la langue et aussi parce que je ne sais pas si j’ai tort ou non dans l’affaire …
Après examen, il s’avère que les dégâts sont très minimes par rapport au choc et je laisse le chauffeur du camion partir, à son grand soulagement semble-t-il. Après réflexion je crois qu’il roulait beaucoup trop vite et que, de plus, il a dû être inattentif car il pouvait certainement m’éviter.
Faire un constat ? Faire appel à la police ? C’était bien compliqué pour un résultat certainement incertain … et pour finalement juste une petite écorchure.
Le saviez-vous ?
Le premier novembre 1520, Ferdinand Magellan découvre un passage permettant de passer de l'Atlantique au Pacifique. Ce faisant, il longe les côtes d'une terre qu'il appellera " Tierra de los Fuegos ", en raison des nombreuses fumées qu’il aperçoit sur son parcours. Ce qu’il voit en fait ce sont les feux allumés par les indigènes pour une raison très simple : malgré le climat rigoureux, ils vivent pratiquement nus toute l’année, seulement couverts par de la graisse de lions de mer et une petite cape.
Le mythe de la Terre de Feu était né, pour le plus grand malheur des différentes tribus qui habitaient les lieux depuis des milliers d’années. Comme partout ailleurs sur le continent américain, les indigènes furent décimés par les épidémies, voire ici par les véritables chasses à l’homme organisées par les colons.
Haushs, Onas, Yahgans, Alacalufs ne sont plus aujourd’hui que des noms dans les dictionnaires …
L’anecdote : soudain devant la piste, un immense carrefour goudronné, des panneaux, une statue.
Ce lieu est en fait dédié à la Vierge Marie afin de protéger le peuple chilien.
Mais pourquoi ici, au milieu de nulle part ?
Parce que nous sommes précisément au centre du Chili, entre sa frontière nord avec le Pérou et le Pôle sud. En effet comme sept autres pays (dont la France) le Chili détient une part de l’Antarctique !
Le bestiaire : typique de cette région du globe, le joli brassemer cendré est appelé localement « pato vapor », canard-vapeur. Parce qu’il ne vole pas et qu’en cas de danger il pédale avec frénésie à la surface de l’eau en la faisant gicler abondamment !
J'y ajoute quelques chevaux qui broutent en liberté le long du détroit ...
No comment :
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