Retour à l’océan !
Du 6 au 13 décembre 2019.
Le désert, des dunes, un canyon … et surtout la mer après la montagne !
Nous voici arrivés au bord du Pacifique après un périple de 7.500 kms depuis l’Atlantique que nous avons quitté à Montevideo il y a deux mois et demi.
Peu après Nazca, nous abandonnons la panaméricaine pour tenter de rejoindre le canyon de los Perdidos, mentionné de façon un peu floue dans le Routard. Nous comprendrons plus tard que l’accès normal se fait par le nord et non par le sud d’où nous venons. Il nous faudra plus de 24 heures pour l’atteindre en empruntant une petite route, puis une piste, puis … de vagues traces dans le sable ! A 7 kms du but, nous trouvons une falaise sur notre gauche et un vaste réseau de dunes sur notre droite. La nuit tombe, un gros nuage nous a enveloppés, nous bivouaquons aux abords des dunes …
Le lendemain matin, le soleil revenu, c’est à pied, que Philippe et moi poursuivons, à travers les dunes, jusqu’au fameux canyon qui mérite bien son nom.
L’endroit est magnifique mais se mérite car nous devons marcher une quinzaine de kilomètres, en bonne partie dans du sable mou et brulant, ce qui n’est pas qu’une partie de plaisir.
Notre lieu de bivouac est si beau et si tranquille que nous y restons la nuit suivante. Cette fois les nuages ne nous enveloppent pas totalement dans la soirée mais produisent d’étonnantes lumières sur les dunes …
L’oasis de Huacachina, notre étape suivante, est un lieu curieux : la route s’y termine en cul de sac au milieu de gigantesques dunes. Il y a une petite lagune et quelques palmiers pour justifier son appellation. L’endroit est spectaculaire mais le problème c’est que nous sommes samedi et que l’oasis se trouve à trois kilomètres de la grande ville d’Ica. Le site est envahi de bus de touristes venu chercher là un peu d’exotisme et des sensations dans les dunes, en quad ou sur des snowboards.
Dur, dur, quand on vient du silence du désert, de tenir dans cette cohue et de supporter les sollicitations des divers rabatteurs qui quadrillent la place. Comble de malchance, le lieu où nous pensions dormir est bondé et nous ne trouvons pas de bivouac à proximité tant la ville d’Ica s’étend partout dans le désert environnant. Les pourtours de la ville sont particulièrement horribles : bidonvilles poussiéreux, jonchés d’ordures, pleins de chiens errants … Finalement nous revenons sur place une fois les hordes reparties et nous dégotons un petit hôtel dont la douche est bienvenue après les quelques jours poussiéreux que nous venons de passer.
Pour finir quand même sur une bonne note, nous retrouvons pour la soirée seulement, mais avec grand plaisir, Carlos, Aurore et Hugo avec qui nous avions passé quelques jours au canyon de Colca …
Après cet intermède plutôt raté, nous allons nous rattraper dans la péninsule de Paracas dont nous profitons quatre jours !
Le premier plaisir c’est de retrouver la mer : nous ne l’avions pas vue depuis l’Uruguay fin septembre et elle nous manquait un peu. Bien sûr, ce n’est pas le même océan que nous contemplons puisque nous avons traversé le continent d’ouest en est. Le Pacifique, que nous avions connu tempétueux en Patagonie chilienne est ici bien calme d’autant que nous sommes installés au fond d’une baie, entre la petite ville de Paracas et la réserve du même nom.
L’endroit est animé soir et matin par de nombreux oiseaux qui laissent la place l’après-midi, une fois le vent levé, aux kite surfers : spectacle assuré toute la journée !
Le port de pêche de Paracas qui est très actif alimente en produits frais les restaurants voisins et nous avons la chance d’assister au retour d’un trio de plongeurs à qui nous achetons quatre belles douzaines de coquilles St Jacques juste sorties de l’eau. Un régal le soir avec une fondue de poireaux.
Nous commençons notre visite de la réserve par un tour en bateau vers les iles Ballestas qui abritent une faune variée : sternes incas, fous péruviens, pélicans, cormorans, manchots de Humboldt, lions de mer … Il faut dire qu’ici, du fait d’une remontée du courant de Humboldt, la mer est une des plus riches du monde en plancton et autres nutriments, d’où une chaine alimentaire exceptionnelle …
La partie terrestre de la réserve est également magnifique avec des paysages désertiques qui nous évoquent le Sahara Occidental … ou la lune ! Autant la mer est riche, autant la terre est pauvre ici car les précipitations annuelles sont limitées à 1,8 mm et les rares plantes ne subsistent que grâce à une éventuelle petite bruine.
Nous passons trois nuits sur une grande plage, déserte dès le soir après que quelques touristes et deux ou trois pêcheurs l’aient abandonnée. Les oiseaux de mer nous y offrent un spectacle permanent : Lourd vol des pélicans qui passent tels des canadairs, piqué des fous sur les bancs de sardines, urubus à tête rouge à la recherche de charognes, ballet des huitriers-pies …
Il y a aussi des mollusques sur la plage notamment des pignons (ou tellines) dont nous faisons facilement une grande récolte : délicieux avec de l’ail, de l'huile d'olive et des spaghettis !
En résumé, une belle étape avant de regagner la région de Lima où nous laisserons Trottinette pendant notre aller-retour en France … Nous quittons Catherine et Philippe qui eux ne rentrent pas pour Noël et vont donc prendre de l’avance sur nous. Mais qui sait si nos routes ne se croiseront pas de nouveau ?
Le saviez-vous ? L’île de Ballestas est littéralement couverte d’oiseaux et est connue pour une richesse bien particulière : le guano. Il parait qu’en 1870, quand l’exploitation a commencé, il y en avait une épaisseur de trente mètres à certains endroits ! On peut toujours voir les anciennes installations et l’on extrait encore quelques centaines de tonnes chaque année bien que l’île soit très protégée.
Le top : le Pérou est « le » pays du ceviche, un plat à base de poisson et de fruits de mer crus servis dans une marinade de citron, piment, gingembre, coriandre, ail … avec selon les cas des patates douces, du mais, du manioc, des bananes plantains …
Un régal pour les mangeurs de poisson que nous sommes ! Et on en trouve non seulement au bord du Pacifique mais dans tout le pays.
Par contre, nous n’avons pas tenté le « cuy » (prononcé « couille » en espagnol, je vous laisse le soin de faire les jeux de mots …) : très présent dans certaines régions de montagnes il s’agit de cochons d’Inde cuits à la broche !
Le flop : Trottinette nous fait des blagues ces derniers temps : pour commencer, une durite se détache dans les dunes pendant notre retour du canyon. Plus de liquide de direction assistée et donc un peu la galère avant de réparer et de trouver l’huile adéquate chez un petit mécano.
Ensuite c’est le démarreur qui fait des siennes avec quelques pannes intermittentes … jusqu’à la panne définitive en plein dans la réserve de Paracas. McGuyver et sa boite à outils sont là mais nous ne trouvons pas la cause et nous sommes à deux doigts du remorquage quand un minibus se gare près de nous. Le chauffeur propose ses services car il est aussi mécano et en deux minutes trouve la panne : un simple câble déconnecté.
Tout ça n’est pas bien grave et on lui pardonne pour cette fois à notre vieille Trottinette !
L’anecdote : le manguier, les papayes et l’orque !
Ce n’est pas un conte péruvien mais les rencontres que nous faisons lors de notre arrêt pique-nique sur la route du canyon. Il fait très chaud et nous repérons près de la piste l’ombre de jolis manguiers chargés de fruits.
Un peu plus loin un homme travaille dans son champ de tomates. Je vais le voir pour le saluer et demander si on ne gêne pas … et je reviens avec une énorme papaye sous chaque bras !
Il me demande si nous sommes venus pour « la orqua » et devant mon incompréhension me désigne un immense pétroglyphe sur une colline voisine. Sans le savoir, nous sommes proches d’une figure célèbre de la région représentant une orque et des poissons. Un petit complément inattendu à notre visite des lignes de Nazca …
Le bestiaire : pour changer des oiseaux et autres animaux marins …
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