Bienvenue en Equateur.
Du 3 au 7 février 2020.
Adieu le désert, l’océan Pacifique, le farniente sous les cocotiers, les apéros et les repas avec les voyageurs de rencontre … et adieu le Pérou. A nous l’Equateur !
Un dernier coup d’œil aux pélicans qui rasent les flots, un petit café sous les cocotiers et nous prenons la route vers la frontière située à une quarantaine de kilomètres.
A peine celle-ci franchie, la végétation tropicale du sud de l’Equateur nous éblouit, par contraste avec le désert de la côte péruvienne. Il est vrai que nous roulons vers l’est, vers la sierra, dont le climat comme au Pérou est très différent de celui de la côte. L’entrée dans le pays se fait par de très belle quatre-voies mais nous préférons retrouver le terrain de prédilection de Trottinette et nous bifurquons rapidement sur une petite route puis une étroite piste qui nous mène au campement de Rio Blanco, planqué dans la verdure. Après négociation, nous divisons par deux le prix de la nuit et nous installons non loin d’une cascade, sous un petit crachin, avec pour toute compagnie quelques moustiques et les oiseaux …
Le lendemain, nous faisons étape à Zaruma, petite ville perchée à 1.150 mètres. Créée en 1539, c’est une des plus vieilles villes coloniales du pays. Ce n’est pas par hasard que les espagnols s’y sont installés : les environs regorgent d’or et le minerai est toujours exploité dans la région. On dit même qu’il y a un magnifique filon sous son église qui attire bien des convoitises. Nous allons d’ailleurs visiter une de ces mines, entretenue pour le tourisme.
La ville est construite sur un promontoire et les rues sont si pentues que Trottinette s’y déplace difficilement et qu’il n’est pas question de trouver un endroit plat pour dormir. Nous nous installons donc dans un petit hôtel vieillot avec vue sur la place qui va nous permettre de découvrir la vieille ville, son marché, ses maisons à arcades aux balcons ciselés et peintes de couleurs vives.
75 kms d’une piste magnifique où nous tutoyons les nuages puis un peu de route goudronnée nous mènent à Loja, une ville un peu plus importante située elle à 2.100 mètres (nous nous élevons progressivement).
La ville est agréable et très animée et nous déambulons dans les rues piétonnes à la découverte de quelques beaux bâtiments.
Le lendemain nous remontons plein nord par la panaméricaine qui joue aux montagnes russes entre 2.000 et 3.500 mètres au grand dam de Trottinette …
Nous passons une partie de la journée à Saraguro qui a retenu notre attention pour deux bonnes raisons. Tout d’abord, dans ce petit bourg isolé à 2.400 mètres d’altitude, vit la communauté indienne des saraguros venus il y a des siècles depuis les rives du lac Titicaca. Jeunes ou vieux, beaucoup portent encore une tenue traditionnelle noire en mémoire de la mort de Atahualpa, empereur inca tué par les espagnols en 1533 à Cajamarca au Pérou. Les femmes ont une longue jupe noire brodée dans le bas et les hommes, aux longs cheveux tressés, un pantacourt noir également.
L’autre raison de notre arrêt est l’existence inattendue dans ce village perdu d’un restaurant gastronomique. Le chef et la pâtissière ont fait leurs classes auprès des plus grands chefs de Barcelone et l’on y sert une cuisine extrêmement raffinée à base de produits locaux. De loin notre meilleur repas en Amérique du Sud, digne des restaurants étoilés français, pour le prix payé chez nous dans une pizzeria !
Un peu plus loin, nous allons coucher dans le petit village de Oña, pour nous écarter de la route. Comme nous le faisons parfois, nous couchons près de la place du village. Cette fois nous sommes près du poste de police, et nous allons demander par politesse si on ne dérange pas. « Aucun problème » nous répond un policier jovial en nous accueillant chaleureusement avant de nous présenter son sergent, la représentante du gouvernement, le responsable de la radio locale … bref tous ceux qui passaient près de nous !
Il nous reste une petite centaine de kilomètres à parcourir pour rejoindre Cuenca où nous devons retrouver nos cousins colombiens. A suivre dans le prochain article …
Quelques images de notre parcours ...
En attendant, notre première impression de l’Equateur est plus que favorable. La première chose qui nous frappe c’est la propreté tant le Pérou nous a habitués aux dépôts d’ordures en tous lieux. Les rues et les bords de route sont propres et les habitations, même modestes, sont beaucoup plus coquettes. Manifestement, dans cette région du moins, le niveau de vie est plus élevé qu’au Pérou, et je ne parle même pas de la Bolivie.
Nous sommes heureux de retrouver des paysages verdoyants, même si Trottinette manque un peu d’oxygène dans les côtes de la sierra vers 3.000 mètres. Elle en a vu d’autres !
Plaisir aussi de retrouver des températures fraiches la nuit. Pour la première fois depuis bien longtemps nous avons ressorti une petite laine : finies les journées à 35° et les nuits à 26° de la côte péruvienne.
Quant aux équatoriens, ils sont aimables, toujours souriants et ne manquent jamais de nous saluer, à pied comme en voiture. Ils engagent facilement la conversation pour nous demander d’où l’on vient, où l’on va, si on se plait … avant de nous quitter sur de chaleureux « Que pasa muy bien ! ».
Une dame nous a même donné un morceau de son gâteau dans la rue.
Le saviez-vous ?
L’Equateur est un tout petit pays à l’échelle de l’Amérique du sud : sa superficie est à peine la moitié de celle de la France et trente fois inférieure à celle du Brésil. En revanche il a une densité de population assez importante bien que la région amazonienne soit peu peuplée. Il s’étend du Pacifique à l’Amazonie, traversé verticalement par la chaine des Andes et horizontalement par la ligne équatoriale. A ce propos, c’est le seul pays au monde désigné par une particularité géographique.
Son climat est … équatorial, donc globalement chaud et humide surtout d’octobre à mai : nous arrivons en pleine saison des pluies. Mais dès qu’on est en altitude, les températures sont fraiches et agréables. Grâce à ce climat, l’Equateur est un gros producteur agricole : bananes, cacao et roses forment, avec les hydrocarbures, l’essentiel des exportations du pays.
Une autre particularité : depuis l’an 2000 la monnaie nationale n’est plus le sucre (du nom du général qui a libéré le pays) mais … le dollar américain.
Le top : le prix du diesel, 1,03 dollar le galon.
Ne prenez pas votre calculette, je l’ai fait : 25 centimes d’euros le litre !
Mon premier plein de plus de 80 litres : 23 dollars !
En fait, par rapport à la France, c’est comme si Trottinette, telle une mobylette, consommait 2,5 litres au 100 …
Le flop : nous avons franchi déjà beaucoup de frontières ; celle-ci ne restera pas notre préférée.
Aucun fléchage pour se repérer parmi de nombreux bâtiments dont d’ailleurs beaucoup sont vides. Il y a en plus un camp de la Croix Rouge accueillant les nombreux vénézuéliens sans visas qui cherchent à entrer au Pérou, donc une ambiance un peu spéciale. Nous passons assez vite la « migracion » mais c’est l’heure du repas et les deux douaniers qui assurent à la fois les formalités d’entrée et de sortie des véhicules vont déjeuner à tour de rôle allongeant le temps d’attente. Nous passons plus d’une heure à attendre dans ce bureau.
Mais en contrepartie, au passage, les roues de Trottinette ont été désinfectées au jet et on nous a invités à nettoyer la semelle de nos chaussures sur un tapis spécial. Avec ça l’Equateur est sauvé !
L’anecdote : Le village de La Paz n’a de commun avec la capitale de la Bolivie que son nom et sa situation à plus de 3.000 mètres d’altitude. Son unique rue, située sur la Panaméricaine entre Loja et Cuenca, accueille manifestement la pause des chauffeurs de camions, automobilistes et passagers des bus traversent cette région où les villages sont rares. C’est pourquoi une bonne partie de La Paz est constituée de gargotes devant lesquelles sont grillés des cochons entiers.
Le bestiaire : nous voyons souvent des colibris. Les photographier constitue toujours un petit défi tant ils sont rapides et imprévisibles. Voilà ce que j’ai fait de mieux …
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