Les deux versants de l’Atlas : de Marrakech à Ouarzazate …

Du 17 au 25 octobre 2022.

Ce début de voyage est décidément placé sous le signe de l’amitié : après nos escales à Rabat et Marrakech, c’est vers Ouarzazate que nous nous dirigeons dans l’espoir d’y retrouver nos amies Fabienne et Majhouba.
Mais avant cela, il nous faut franchir l’Atlas …

Nous partons d’Oumnast par le plateau du Kik, une région très cultivée. L’ancienne piste que nous connaissions a été goudronnée, mais les fellahs labourent toujours à la charrue tirée par des ânes …

A Ourika, c’est jour de souk et la route est déviée ce qui nous vaut un bel embouteillage et un franchissement d’oued imprévu. Voici une version courte de cette traversée du village, avec nos commentaires (légèrement énervés) en live …

Après un bivouac dont nous reparlerons plus loin, nous attaquons le col du Tizi n’Tichka (2.260 mètres) dont la route s’est améliorée mais est encore bien perturbée, comme toujours depuis des années, par de perpétuels travaux … Mais sans neige à cette saison !

Le col franchi, nous prenons la route de Télouet. Nous y restons deux jours car nous avons beaucoup roulé ces derniers temps ; nous nous y trouvons bien et donc une petite pause est bienvenue. Bien sûr, une visite de la kasbah du Glaoui s’impose. Nous l’avions déjà visitée, mais en 2004, et nous retrouvons avec plaisir la beauté des quelques salles qui ont été restaurées.

Le lendemain c’est le jour du souk hebdomadaire, donc l’occasion de quelques achats et surtout d’un spectacle dont nous ne nous lassons pas.

Nous enchainons par une magnifique route vers Aït Benhaddou. La piste que nous avions parcourue il y a une dizaine s’est transformée, là aussi, en une belle route goudronnée. Mais les paysages sont restés fantastiques avec les maisons des douars se fondant dans leur environnement de montagnes aux couleurs incroyables et ici où là quelques kasbahs en ruine … Tout comme le Nil, toutes proportions gardées, l’oued Ounila propose un rafraichissant filet de verdure inattendu dans l’univers minéral qui l’entoure …

Je ne m’étendrai pas sur Aït Bennadhou : nous sommes décidemment fâchés avec cette bourgade trop envahie par les touristes. Egoïstement on aimerait profiter seuls de cet endroit magnifique, ce qui n’est pas possible. Ou, du moins, sans les nombreux cars de touristes, sans être sollicités sans cesse, en anglais de surcroit, par des marchands et des faux guides. L’endroit reste quand même très photogénique notamment sous ses meilleures couleurs, le soir et le matin …

Il nous reste deux jours avant de retrouver nos amies de Ouarzazate ce qui va nous permettre un petit séjour dans un de nos lieux préférés au Maroc : l’oasis de Fint à quelques kilomètres au sud.
Le tourisme s’y est un peu développé depuis nos premiers passages et c’est tant mieux pour ses habitants. Mais ici, au moins, les cars de touristes ne peuvent accéder même si le goudron arrive maintenant tout près du village. C’est resté une véritable oasis, authentique, vivante, bien entretenue et cultivée grâce à ses ressources en eau. Le temps s’y écoule paisiblement dans les jardins sous les palmiers chargés de dattes et le chant des oiseaux.

A Ouarzazate nous retrouvons Fabienne que nous avons connue par le biais d’associations caritatives, un domaine dans lequel elle est très active. Elle est installée là depuis une quinzaine d’année et c’est un excellent guide pour découvrir la région et ses habitants. Elle nous amène passer une journée à Skoura, une belle oasis remarquable notamment par sa kasbah bien restaurée et de belles maisons traditionnelles …

Nous passons la fin d’après-midi chez Mohammed, un sympathique et habile potier de ses amis …

Le lendemain, Majhouba, une infirmière avec qui nous avions voyagé il y a quelques années, se joint à nous pour le déjeuner et la visite de l’association Al Michka pour laquelle Fabienne intervient et où Eva, fille de notre amie Martine, a passé quelques mois récemment. Nous sommes impressionnés par l’énergie déployée par Malika qui œuvre sans cesse pour les enfants en difficultés de Ouarzazate.

Nous aimons beaucoup l’ambiance très sereine des villes du sud qui règne à Ouarzazate mais il nous faut reprendre la route vers notre prochain objectif : Sidi Ifni au bord de l’Atlantique.

Le saviez-vous ?

 Thami el Mezouari el Glaoui est né et mort à Télouet (1879 - 1956). Fils du caïd local de la tribu des Glaoua, il devient au fil des intrigues et des guerres inter tribales pacha de Marrakech et allié de Lyautey. C’est ainsi que, sous le protectorat français, il participe à la pacification du Maroc. Son habileté lui confère une influence et aussi une fortune grandissante : sa kasbah de Télouet est luxueuse, il y entretient un vaste harem et il reçoit à Marrakech Colette, Churchill, Chaplin, Ravel et bien d’autres. Il fait même réaliser un parcours de golf pour plaire à ses amis européens qu’il couvre de fastueux cadeaux !
Dans les années 50, il s’oppose frontalement au sultan Mohammed V. On connait la suite : la chute du Glaoui sera aussi spectaculaire que son ascension et c’est l’année même de l’indépendance du pays qu’il décède à Télouet après s’être prosterné aux pieds de Mohammed V, roi du Maroc.

On dit à Télouet que la traitrise du Glaoui n’est toujours pas pardonnée par la monarchie ce qui ne serait pas étranger au fait que la kasbah, en très mauvais état, ne fait pas l’objet des restaurations qu’elle mériterait …

Mais pour conclure sur un brin d’humour, le Glaoui c’est comme Lapeyre, y’en a pas deux !

Le top : si on adore revenir à Fint, c’est aussi pour y retrouver notre ami le chibani Mohammed, un sacré personnage qui vient toujours partager avec nous quelques moments de « blablabla ». Entre les histoires de sa jeunesse quand son grand-père partait avec une caravane de chameaux et de mules vendre ses dattes à Marrakech, et les blagues dont il sait qu’elles nous font toujours rire, on ne s’ennuie jamais avec lui !

Comme on s’enquiert de la santé de sa famille, il évoque ses enfants (nombreux et des deux sexes) en nous précisant fièrement dans son langage fleuri qu’il a « mélangé les graines de garçons et de filles comme la salade de grenouille » !

Le flop : avant d’attaquer le Tichka, nous trouvons un magnifique bivouac dans la montagne au détour d’une piste.

Hélas, vers 21 heures, deux hommes à mobylettes viennent nous dire que nous ne pouvons pas rester là, que c’est dangereux ( ! ) et que nous devons les suivre. Devant notre réticence, ils nous expliquent que ce sont les consignes du pacha (le préfet local) et finissent par nous mettre directement en relation avec ce dernier par téléphone. Celui-ci insiste vraiment, « pour notre sécurité », et nous finissons par obtempérer et suivre l’un d’entre eux. Nous rejoignons la route derrière la mobylette et poursuivons, dans la nuit, jusqu’au prochain village où il nous installe, au bord de la route, face à la gendarmerie, après avoir pris une photo de nos passeports.
Un excès de zèle des autorités dont nous nous serions bien passés car nous avons vraiment perdu au change question tranquillité …

L’anecdote : tout au long de la route vers le Tizi n’Tichka, des vendeurs proposent différents produits locaux dont des pierres. La plupart sont des attrapes-touristes, grossièrement teintés en rouge ou en bleu …
Lors d’un de nos petits arrêts photo pendant l’ascension, l’un d’entre eux vient nous en proposer, en vain bien sûr. Devant notre refus, il enchaine en nous demandant de lui donner « li goudasses ou li jaquite » (des chaussures ou une veste).

On the road again : quelques images glanées au long des magnifiques routes marocaines …

Le bestiaire : voilà une rubrique qui avait disparue depuis le début de notre voyage.
La vie aquatique de l’oasis de Fint me permet de renouer avec cette habitude …

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