L’Anti-Atlas : canyons et agadirs …
Du 18 au 23 novembre 2022.
Après une première boucle sur des pistes peu éloignées de la mer, nous nous dirigeons vers l’est, dans l’Anti-Atlas, au milieu de paysages de montagne fabuleux.
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
Nous faisons toujours route avec Philippe et Catherine, avec un premier arrêt à Bouizarkane, petite bourgade typique, pour quelques courses …
… avant le pique-nique à Taghjijt dans la palmeraie …
Nous sommes déjà tous allés plusieurs fois à Amtoudi, mais nous sommes toujours émerveillés par la beauté de ce site. Pendant deux jours nous profitons du village et du canyon à l’entrée duquel il est niché. Nous stationnons à l’entrée des gorges avec vue sur le canyon, la palmeraie et le vieil agadir …
L’endroit est très particulier avec des sons amplifiés par la montagne, comme cet appel à la prière du soir, le muezzin venant couvrir le bruit de l’eau coulant dans les petites canalisations de la palmeraie …
Il y a deux imposants agadirs à Amtoudi : Aguellouy, le plus ancien qui date du XIème siècle, et Id Issa, plus récent, qui domine l’entrée de la vallée. Tous les deux se fondent avec la roche de leurs promontoires et sont extrêmement spectaculaires …
Nous les connaissons déjà, et nous renonçons à une rude grimpée : nous ne les contemplerons que d’en bas pendant nos promenades dans le village et le canyon, que nous remontons jusqu’à la source de l’oued qui irrigue les jardins du village …
Nous quittons Amtoudi après un délicieux couscous chez Aïcha et Hassan, des amis de Saliha rencontrés par hasard dans le village …
C’est dans l’oued Tamanart, vaste mais complètement à sec, que nous passons la nuit suivante, loin de tout, dans un silence impressionnant …
La piste qui mène vers Tafraoute est désormais goudronnée mais offre toujours des vues incroyables sur les oasis de montagne …
Une route spectaculaire nous mène d’Igmir, au fond d’un canyon, jusqu’au plateau à 1.300 mètres d’altitude …
Nous cherchons à rejoindre Aoukerda, village recommandé par Hassan d’Amtoudi pour sa beauté et ses curiosités. Nous imaginions une petite piste de montagne mais c’est une route toute neuve qui nous attend. Vu la topographie du coin, ce n’est sans doute pas plus mal !
La première de ces curiosités se situe sur la route à quelques kilomètres du village : dans une paroi rocheuse de quelques mètres de largeur seulement s’ouvre une vaste fenêtre rectangulaire, immense télé diffusant des images du ciel !
Nickie donne l'échelle ...
Tout le reste de la descente vers le village, situé à 300 mètres en contrebas du plateau, est également magnifique.
La route finit au fond de l’oued sur les premières maisons du village où les voitures ne peuvent pénétrer. Nous nous installons au bord de l’oued (à sec), à l’écart du village, où personne ne viendra nous déranger. Le décor est magnifique et, comme si cet endroit nous était destiné, une carte de France semble représentée dans la paroi toute proche …
Il nous faudra deux jours pour résoudre les deux autres « mystères » du village, peu aidés que nous sommes par ses habitants (voir plus loin « Le top »). Nos cartes nous signalent un tunnel qui semble faire une centaine de mètres de long, mais qui ne débouche sur aucune route ou piste, et aussi un « château ». Pour ce dernier, il est vite trouvé : il s’agit en fait d’un vieil agadir et des restes de l’ancien village, perchés tous deux sur une crête de la montagne. Bien qu’ils se fondent parfaitement dans leur décor minéral, nous les repérons vite et il ne reste plus qu’à trouver un accès pour grimper là-haut …
Une petite suée plus tard, nous sommes en haut à contempler des habitations très ruinées et une belle vue aérienne du village …
Le tunnel, lui, sera trouvé au GPS. La carte est erronée dans la mesure où il ne fait qu’une vingtaine de mètres mais ce qui est étonnant c’est qu’il part de l'oued pour déboucher … sur l’oued qui entre temps a décrit un long méandre. D’où la mention sur notre carte « Shortcut through rock tunnel ».
En tout cas ce tunnel est étonnant et son origine pas évidente : a-t-il été creusé par des hommes ? Par l’oued ? … ou les deux ?
C'est en tous cas un raccourci bien intéressant pour rejoindre Igmir, le village le plus proche : 6,5 kms par le fond de l'oued, plus de 30 par la route !
Le top : Nous avons adoré Aoukerda malgré une entrée en matière étrange : à notre premier passage dans le village nous n’avons aperçu que l’ombre furtive de quelques femmes et trois vieux, à l’heure de la prière, mais ils ne parlaient que le berbère. En rentrant aux camions, nous allons frapper à la porte de la petite école sur notre chemin.
Mais l’instituteur qui parle un peu français n’est guère loquace, n’est pas du village et ne connait pas l’existence du tunnel ! (après coup, je pense qu’il ne comprenait pas le mot tunnel).
Nous apprenons toutefois que le village ne compte que six maisons habitées, les autres appartenant à des gens vivant en ville ou à l’étranger, et six à huit élèves (il reste flou sur le nombre). Il nous précise aussi que la route goudronnée ne date que d’un peu plus d’un an et que la première épicerie se trouve à vingt kilomètres ! On imagine combien il a hâte de quitter ce bled …
Ce n’est que le lendemain que nous pouvons saluer quelques habitants et voir les enfants à la sortie de l’école, dont ce gamin qui m’a pris la main et ne voulait plus la lâcher …
C’est seulement après avoir trouvé par nous-mêmes le tunnel que je croise le vieil Hussein qui parle quelques mots de français et d’arabe. Je n’ai pas tout compris à l’histoire (ou sans doute plutôt la légende) qu’il m’a racontée, voilà ce que j’en retiens …
Il y a 800 ans, les hommes du village décident de détourner le cours de l’oued qui ravage leurs cultures et commencent à attaquer la montagne par le haut. Mais ils renoncent vite après avoir constaté qu’il leur faudrait environ 400 ans pour venir à bout du chantier ! C’est alors qu’ils creusent ce tunnel. Mais à la suite d’une histoire fumeuse, par la faute d’une femme, un arbre se coince dans le tunnel, ramenant l’oued dans son ancien cours.
Voilà, nous n’en saurons pas plus !
Dans tous les cas, nous avons été ravis de découvrir ce village perdu, resté « dans son jus », avant que les touristes n’y viennent nombreux maintenant que la route en facilite l’accès.
Le flop : bien sûr, il y a toujours dans un voyage de petits empoisonnements. J’ai déjà parlé des chiens qui gueulent la nuit et Amtoudi, avec son écho dans le canyon, était bien placé !
Mais une autre espèce animale est omniprésente ici : les mouches !
Autant nous n’avons pratiquement pas vu de moustiques, même dans les palmeraies, autant nous avons toujours avec nous quelques mouches à bourdonner dans la cellule. Nous en transportons en permanence quelques-unes pour le cas où il n’y en aurait pas à la prochaine étape !
Heureusement, le chasseur de mouches est là avec sa tapette !
Le saviez-vous ? Quand on dit « Agadir », on pense immédiatement à la grande ville touristique du même nom. Mais nous voyons beaucoup d’agadirs (on devrait dire « igoudar » au pluriel) dans le sud du Maroc puisque cela désigne, en berbère, les greniers fortifiés construits par les villageois qui voulaient se défendre des fréquents pillages dont ils étaient victimes. Ces greniers, généralement d’un accès difficile, sont constitués de cellules appartenant aux différentes familles de la tribu, protégés par un mur d’enceinte et sont gardés par l’ « amin » qui en contrôle l’accès et fait respecter les droits et devoirs des utilisateurs.
Certains agadirs, comme ceux d’Amtoudi, sont conçus pour que, outre le stockage des denrées, la population du village vienne s’y réfugier en cas d’attaque.
Quelques agadirs sont encore utilisés partiellement mais, ayant perdu leur utilité, la plupart sont laissés à l’abandon.
Voici les images que j'avais prises en 2016 du grand agadir d'Amtoudi ...
L’anecdote : j’avais deux problèmes dans la cabine du Sprinter que j’ai résolus d’un coup.
En premier, les images de ma Gopro étaient parasitées par les reflets du tableau de bord dans le pare-brise. Ensuite, ma tablette servant de GPS n’aimait pas la chaleur du soleil qui la frappait fréquemment de plein fouet.
La solution ?
Poser sur la tablette un large tchador noir qui recouvre à la fois la tablette et le tableau de bord …
Le bestiaire : « Qui voit le moula-moula, voit le Sahara » !
Le moula-moula, en français le Traquet à tête blanche, est un petit oiseau familier qui vient toujours en couple vous rendre visite à la recherche de quelques miettes, dans les lieux les plus reculés du désert …
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