Au pays des dromadaires : Sidi Ifni, Guelmim, Tan-Tan, Aoreora, Plage Blanche ...
Du 10 au 18 novembre 2022.
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
Les dromadaires (on les appelle improprement chameaux ici) sont omniprésents dans cette partie de notre voyage. Nous en avons rencontré beaucoup, certains jours plus que d’êtres humains !
Il faut dire qu’après notre longue pause à Sidi Ifni chez Philippe et Catherine, nous sommes partis avec eux pour une boucle de 550 kilomètres dans le sud, principalement sur des pistes, et dans des coins peu fréquentés.
L’occasion de tester notre « camioune » comme on dit ici. Le résultat a été très satisfaisant, au-delà même de ce que nous attendions, habitués que nous sommes aux 4x4 Toyota : le Sprinter est passé partout où Trottinette passait, même si j’ai dû parfois m’y reprendre à deux fois dans le sable, faute d’avoir anticipé un dégonflage suffisant des pneus. Bien sûr, avec la cellule nous ne ferons pas du franchissement comme un 4x4, mais il nous permettra de prendre la grande majorité des pistes pour découvrir le pays.
Nous avons débuté en terrain bien connu dans l’oasis de Tighmert, après un passage ravitaillement dans l’ineffable Marjane de Guelmin, une grande surface construite en périphérie de la ville, en plein désert …
Nous bivouaquons à quelques pas de l’Auberge Saharaouie de notre amie Saliha que nous retrouvons avec plaisir après notre longue absence. Un nouveau sourire éclaire cet endroit paisible : son petit-fils Imran, le petit garçon de Zineb …
C’est toujours un bonheur pour nous de passer quelque temps dans cette palmeraie …
Puis c’est par le chemin des écoliers que nous nous dirigeons vers Tadalt : les sources d’eau chaude de Fask, un troupeau de chameau, un vieux puits, quelques gravures rupestres … tout est prétexte à s’arrêter et nous passons même la nuit auprès de la piste !
Tout comme Tighmert, Tadalt est pour nous une étape incontournable tant nous avons passé de bons moments avec la famille Bouchrouaat. Encore une fois, ils nous réservent un accueil formidable et comme c’est samedi, nous pouvons voir tous les enfants d’Hassan, sauf l’ainé, Hamza, qui travaille désormais à Laayoun.
Rien de plus facile dans cette région que de trouver un coin tranquille à proximité pour passer la nuit …
Notre objectif suivant est de trouver l’ancien fort français d’El Ayun du Draa. Nous le dénichons au bout d’une belle piste, perdu au bout de nulle part. Quelques militaires marocains gardent ce lieu très ruiné qui fait inévitablement penser au « Désert des Tartares ». Seule richesse, inestimable ici, une source permanente qui permet d’entretenir quelques palmiers. Après nous avoir offert un bon thé saharien, le chef de poste nous accompagne pour une visite …
Nous déclinons son invitation à déjeuner pour passer à Tan-Tan nous ravitailler, notamment en essence. Philippe nous dégotte ensuite une grande dune à Tafnidilt pour un bivouac de rêve …
Notre destination suivante porte un nom étrange, difficile à prononcer et à mémoriser : Aoréora.
Mais c’est un endroit magnifique : les méandres d’un large oued presqu’à sec, cerné de falaises et d’immenses dunes, débouchent sur l’océan et une plage sauvage surmontée d’un ancien fort en ruines.
Si l’endroit est magnifique, il se mérite ! La navigation dans le fond de l’oued est semée d’embûches : sable, eau, cailloux et végétations diverses …
Mais décidément, ce périple est placé sous le signe du chameau : tandis que nous pique-niquons à mi-route au fond de l’oued, une tête émerge de la dune, puis deux, puis trois et finalement un grand troupeau mené par trois chameliers …
Si l’aller dans l’oued est un peu compliqué, que dire de la longue remontée dans le sable jusqu’au plateau que vous pourrez voir sur les images un peu plus loin …
Ce n’est pas Nickie et Philippe qui ont fait une bonne partie de la montée à pied avec mes plaques de désensablement qui diront le contraire !
Un bref passage par le fort et les quelques cabanes de pêcheurs qui l’entourent et nous transportons notre bivouac au-dessus de la plage où à nouveau des chameaux nous rendent visite pour profiter comme nous de la vue sur la mer …
Je passe rapidement sur nos tentatives de pêche (à notre décharge, la mer était forte et notre appât, des moules trouvées sur une épave, pas des meilleurs !) …
C’est par le plateau que nous rejoignons la Plage Blanche après avoir contemplé l’oued d’en haut cette fois, avant de le traverser en amont …
Le parcours est plus tranquille et nous gagnons rapidement un coin de bivouac habituel derrière une grande dune. La mer est un peu loin tant la plage est large et bordée de dunettes à cet endroit mais nous adorons ce lieu aux lumières fantastiques …
Voici quelques images depuis la remontée d’Aroéroa jusqu’à la sortie de la Plage Blanche …
Le saviez-vous ?
Le dromadaire, qui n’a qu’une bosse contre deux au chameau, aurait été domestiqué vers le deuxième millénaire avant JC mais n’est apparu que tardivement en Afrique du nord (entre le IVème et le VIIème siècle après JC). Il s’y est particulièrement bien adapté dans les zones désertiques grâce à ses caractéristiques uniques, par exemple ses pieds munis de coussinets pour marcher dans le sable. Toutes sortes de mécanismes lui permettent de tenir jusqu’à un mois sans boire dont sa bosse, une réserve de graisse convertible en eau. Il se contente aussi, si besoin, d’une nourriture peu raffinée comme les branches d’acacia aux épines pourtant si redoutables …
Aujourd’hui, au Maroc, les caravanes ont disparues mais les dromadaires sont toujours appréciés pour les travaux agricoles, le cuir, le lait, la viande … et bien sûr pour le tourisme !
Le top :
« Résilience » : un mot qui prend tout son sens au Maroc quand on voit le courage et l’optimisme des gens face aux difficultés qui se sont abattues sur le pays. Sécheresse générale, covid, absence de touristes …. les obstacles ne manquent pas.
Nos amis Saliha et Hassan y ont ajouté leur part de catastrophes supplémentaires.
A Tighmert une partie de la palmeraie mais aussi de la maison de Saliha a brulé. Imprudence de quelqu’un ou feu spontané (les températures atteignaient presque 50° à l’ombre) on ne le saura jamais ! Aujourd’hui, la Maison Saharaouie ne garde plus de traces des destructions mais certains endroits de la palmeraie sont encore bien tristes …
Quant à Hassan, il a été touché par une crue inattendue de l’oued qui est passée sur une seule maison habitée du village : la sienne !
Elle a été ravagée, tout comme son jardin, sans entamer sa foi, sa combativité et sa bonne humeur : « Dieu m’a dit, tiens Hassan, prends, c’est tout pour toi ! ». Il a vendu son chameau et reconstruit une maison (« avec deux portes, comme les souris »), réinstallé un camp et planté un jardin sur un terrain familial. Il considère que cette catastrophe est un cadeau de Dieu car son nouveau terrain est plus grand, avec une maison plus moderne.
Le flop : les pistes c’est chouette, mais la poussière et le sable moins. C’est incroyable ce que l’on peut ramasser en une journée à certains endroits. Ça s’incruste partout, remonte par les ventilations …
Le pire, c’est de s’arrêter dans une zone de fech-fech, du sable si fin qu’il s’apparente à la poussière : tout le nuage soulevé par le camion le rattrape, l’enveloppe par l’arrière et alors gare aux fenêtres ouvertes !
L’anecdote :
Deux petites anecdotes recueillies à la sortie de la Plage Blanche …
Dominant l’oued et sa sortie sur la mer, un immense bâtiment : c’est le palais d’un émir du Moyen-Orient dont l’ampleur et le luxe contrastent avec la dizaine de pauvres habitations établies près de la plage. Cette construction n’est sans doute pas étrangère au fait que désormais il y a une route goudronnée et une adduction d’eau pour desservir cet endroit quasi désert !
Deuxième surprise : de gros nuages s’accumulent dans le ciel au moment de notre départ et soudain une pluie soutenue s’abat sur nous … pendant une minute tout au plus. Une heure plus tard le ciel est complètement dégagé et le sol ne porte aucune trace de cette giboulée qui n’aura guère été utile …
Le bestiaire : pendant plusieurs jours, de véritables nuées de papillons nous ont accompagnés. Ils apparaissent même devant le camion sur certains films.
C’est toujours mieux que les sauterelles ou les criquets !
Sur la plage d’Aoreora, c’est toute une troupe de bécasseaux sanderling qui fait le spectacle, avançant et reculant sur la plage au gré des vagues …
Et puis, si on ne les voit pas forcément, les habitants du désert laissent de nombreuses traces dans les ergs. En voici quelques-unes que je vous laisse reconnaitre …
Vous trouverez facilement le plus polluant !
Je vous aide pour une dernière photo : sur la plage, un goéland s’est arrêté pour dégurgiter d’un côté une sorte de pelote de minuscules coquillages broyés dont il se nourrit, et de l’autre … déposer un peu de guano !
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