05 Feb

Maroc 2023 : plein sud ! (La suite)

Publié par yvesetnickie.over-blog.com - Catégories : #Maroc

Du 22 au 29 janvier 2023.

Huit jours : c’est le temps que nous avons pris pour parcourir les 1.000 kilomètres qui séparent Laayoun de la frontière mauritanienne. 1.000 kilomètres à travers un reg désespérant : pratiquement rien à voir sur la route sinon, toujours face à nous, un soleil éblouissant qui nous explose les yeux …

La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...

Heureusement, de belles escales à Boujdour, l’Oued Kraa et Dakhla permettent de rompre la monotonie du désert.

Foum el Oued est la station balnéaire de Laayoun. Il ne faut pas imaginer la croisette de Cannes ou le remblai des Sables ! En ce dimanche, seules quelques familles sont venues planter leurs tentes sur cette côte battue par le vent.

Nous cherchons vainement un resto pour déjeuner jusqu’à trouver une petite gargote qui nous propose un plat de lentilles et quelques « m’smènes », sorte de crêpes locales …

Rien à voir jusqu’à la ville suivante, Boujdour, 200 kilomètres plus au sud.
La ville n’a pas de charme particulier mais nous sommes contents d’y passer deux nuits et donc une journée sans rouler. Il y a un souk et des boutiques bien achalandées, un hammam où j’ai mes habitudes et un camping, rustique certes, mais le seul à des centaines de kilomètres à la ronde. Avec des douches chaudes !
Il y a même une fête foraine pendant les vacances scolaires …

Encore 350 kilomètres de désert jusqu’à la prochaine ville, Dakhla, mais juste à mi-parcours il y a l’Oued Kraa : une station-service et un point de débarquement de poissons. C’est ici que mon association, Taxi Brousse 85, a distribué à deux reprises du matériel pour les pêcheurs qui y vivent dans une grande précarité. Rachid, notre correspondant sur place ne l’a pas oublié puisqu’il nous accueille avec un magnifique turbot qui, grillé, fera notre régal le lendemain. Je lui laisse un peu de matériel, le reste étant réservé aux pêcheurs du Cap Barbas.
Le cadre est toujours aussi magnifique et sauvage …

Mais le village est toujours aussi misérable et témoigne des conditions de vie pénibles des quelques cinq cents pêcheurs qui y vivent très loin de leur famille.

Yusef, un représentant de la Marine royale, nous explique que la plupart sont actuellement partis plus au nord car sur place ils ont épuisé leurs quotas de pêche au poulpe.

Dakhla est la dernière ville avant la frontière située 450 kilomètres plus au sud. La ville est bâtie sur une langue de terre entre l’Atlantique et une immense lagune.
Nous prenons notre bivouac côté terre, en face la ville que l’on ne distingue que la nuit venue lorsqu’elle s’illumine.

Il faut dire que le vent du Sahara, chargé de poussière et de sable, réduit sensiblement la visibilité dans la journée et donne une atmosphère particulière au paysage. Nous rejoignons Dakhla par les pistes proches de la lagune avec passage obligé par la Dune Blanche, accessible à marée basse. Il y souffle un vent à décorner des zébus !

Un petit supermarché et le souk nous offrent une dernière chance de remplir les placards de nourriture avant la Mauritanie …

Sur une route si monotone, tout petit évènement est accueilli avec enthousiasme. Un chameau qui sur le bord de la route se gratte sur un poteau …

… le passage du Tropique du Cancer, marqué par son ineffable panneau …

… la rencontre d’un pédaleur fou catalan dans sa drôle de machine …

… deux épaves distantes de quelques centaines de mètres près d’un petit poste isolé de la Marine Royale…

… le Cap Barbas, son phare et son poste de la marine tous deux un peu délabrés …

A quelques kilomètres de là, nous passons notre dernière journée avant la frontière à Lamiris.
C’était il y a dix ans un simple village de pêcheur, avec quelques dizaines de cabanes formant un bidonville. Aujourd’hui, nous ne reconnaissons plus rien : un port en eaux profondes est en cours de construction, il y a une grande mosquée et de nombreux bâtiments neufs, des logements, des commerces ...
Nous y retrouvons Hassan qui va se charger de remettre à des pêcheurs nécessiteux ce qu’il me reste du matériel de Taxi Brousse 85 …

Le lendemain nous n’avons plus que quelques dizaines de kilomètres à parcourir pour atteindre la frontière où une longue file de camions nous a précédés.
Heureusement, nous passons sur une autre file !
Nous nous sommes réjouis trop vite : malgré des bâtiments neufs, c’est toujours la pagaille côté marocain. Mais après une heure et demie à courir en tous sens, nous pouvons nous élancer vers le no man’s land qui nous sépare de la Mauritanie …

On the road again : le résumé en images des routes et pistes de la semaine …

Le saviez-vous ?

Située à 30 kilomètres au nord du Tropique du Cancer (comme La Havane ou Hawaï), Dakhla, l’ancienne Villa Cisneros des espagnols, est désormais une ville de plus de 100.000 habitants sous administration marocaine (à 1.700 kilomètres de Rabat).
C’est un des meilleurs spots mondiaux pour les sports nautiques grâce à son soleil, à son immense lagune et au vent qui y souffle en permanence. Le kitesurf y est roi tout au long de l’année dans un cadre unique entre désert et océan.

De notre côté, nous privilégions un autre sport : la dégustation de délicieuses huitres au bord de la lagune !

Le top : du côté de Lamiris, la côte est superbe. Mais le joyau du coin c’est le motel Barbas !
Un espagnol a eu l’idée folle de dresser en plein désert un bâtiment en « U », de planter des palmiers et autres arbres dans la cour, qu’il a surmontée de voiles disposés comme le toit d’une immense tente berbère. L’établissement n’est pas luxueux mais l’accueil y est chaleureux et on est sûr d’y trouver quelques voyageurs pour échanger des nouvelles de la route. Cette fois il y a notamment un sablais vivant au Sénégal avec qui nous évoquons des amis communs.

Le flop : petit enquiquinement de cette côte, le vent qui souffle très fort en permanence. Pas un arbre, pas une colline : difficile de trouver un endroit abrité pour le pique-nique et pour dormir la nuit sans être secoué par des rafales. Quant à se réfugier derrière une dune, quand il y en a, il vaut mieux oublier si on ne veut pas manger de sable …

L’anecdote : j’avais commandé quelques jours avant le départ une superbe pelle à sable pliante en prévision des inévitables ensablements du Sprinter. Il faut croire que j’avais confondu mm et cm car il m’est arrivé un modèle réduit tout juste bon à faire un pâté de sable sur la plage.
Heureusement, le souk de Sidi Ifni m’a donné l’occasion de réparer cette erreur avec une magnifique raclette utilisée par les cultivateurs locaux, négociée moins de 5 euros avec le manche, qui a fait preuve de sa grande efficacité.
Je crois pouvoir dire sans me vanter que mes compagnons de route me l’envient !