Maroc 2023 : de Guelmim à Tafraout par le chemin des écoliers ...

Du 26 février au 11 mars 2023.

Après notre longue route depuis la Mauritanie, notre voyage prend un tour différent. Nous connaissons bien maintenant la région de Guelmim et le plaisir de la découverte et de l’inconnu y est remplacé par celui des retrouvailles. Par ailleurs, les pluies récentes, tant attendues, ont verdi le paysage. Après plus d’un mois passé dans un désert de sable et de caillou, c’est agréable de retrouver de l’herbe et des arbres !

La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...

Bien qu’elle s’agrandisse très vite, comme toutes les villes du Maroc, Guelmim reste « dans son jus » et c’est un plaisir de faire découvrir à Jean et Nicole la médina et ses souks très animés …

A quelques kilomètres de la ville, l’oasis de Tighmart efface peu à peu les traces du terrible incendie d’il y a deux ans.

Nous bivouaquons près de la Maison Saharaouie qui a retrouvé tout son charme et un petit séjour chez Saliha et Zineb, dans ce cadre paisible, est toujours ressourçant.

Quant à Imran, il est toujours aussi craquant !

Alors que Jean et Nicole nous quittent pour d’autres aventures, nous coupons notre séjour dans l’oasis par une petite boucle de trois jours dans les environs. La piste de vers Taïdalt nous réserve une surprise : un terrible vent de sable (vous le verrez sur le film) nous oblige à prendre notre bivouac à l’écart de la piste, derrière une colline, dans une zone caillouteuse où le sable ne vole pas. Le lendemain matin le ciel est redevenu limpide et nous pouvons admirer pleinement le décor qui nous entoure …

Nous nous sentons tellement loin de tout que Nickie est à la toilette porte grande ouverte … lorsqu’un Land Rover arrive droit sur nous. Ce sont deux nomades qui se sont déroutés de la piste pour venir s’assurer que nous ne sommes pas en panne et que nous avons bien de l’eau !
Rassurés ils repartent en pétaradant dans un nuage de gaz d’échappements …

Notre nuit suivante se passera au bord des gorges de Fask. Le coucher de soleil sur l’Anti Atlas est somptueux …

Le lendemain matin, ce n’est pas mal non plus au lever du soleil, suivi d’une balade dans les gorges …

Nous quittons la palmeraie de Tighmart pour prendre une petite bouffée de bleu et blanc à Sidi Ifni avant de partir vers l’intérieur du pays et bien sûr rendre visite à nos compagnons de voyage en Mauritanie, Philippe et Catherine …

Ils nous avaient fait découvrir il y a quelques années Aït Ahmed et l’Oasis aux tortues que nous avons très envie de revoir.
Les tortues sont discrètes dans l’oued mais j’ai réussi à en voir quelques petites …

 

Mais ce n’est pas pour les tortues que nous sommes venus : vers 1930, la légion étrangère a bâti un fortin à cet endroit. C’était le seul point d’eau permanent de la région, et donc un passage obligé pour les populations locales pas encore « pacifiées ». Le grand souk qui s’y tenait permettait aux militaires français de contrôler les tribus de la région …
L’endroit est depuis longtemps abandonné et le temps a fait peu à peu son œuvre pour produire un étonnant décor …

C’est par de toutes petites routes de montagne que nous décidons de rallier Tafraout. Les minuscules douars aux maisons de pierre et les terrasses verdoyantes se succèdent …

Evidemment on n’avance pas très vite avec ces routes sinueuses, sans parler des arrêts photos. Mais nous avons tout notre temps et heureusement : tout à coup la route s’arrête devant une paroi abrupte où stagnent quelques engins de chantier. Il y a un gardien, Mustafa, qui vit là tout seul dans la montagne dans un abri de fortune.

Il nous invite à boire le thé avec lui et nous restons un moment avec lui, tout heureux d’avoir une distraction rare ! Nous lui demandons si la piste qui semble poursuivre la route est praticable. « M’ziane » nous répond-il (« Parfaite »).
Nous lui laissons quelques dattes et des cigarettes avant de nous engager sur la piste dont on a du mal à voir où elle va passer tellement il y a un mur devant nous. Mais finalement, en mobilisant toutes les ressources du Sprinter, nous arrivons à franchir le col avant de redescendre dans la vallée suivante où la piste est meilleure. Mais j’ai connu des passages plus « M’ziane » (vous verrez dans le film) !

Nous retrouvons le goudron un peu plus loin pour rejoindre Tafraout, toujours par des routes magnifiques …

A Tafraout, nous passerons quatre jours, mais ce sera pour le prochain blog …

On the road again : le résumé en images des routes et pistes du moment …

Le saviez-vous ?

Les marocains ne font pas de distinction marquée entre croyances religieuses et superstitions, celles-ci étant tolérées par l’Islam et toujours très vivaces. Saliha nous a raconté avoir accompagné des jeunes femmes de Tighmart qu’elle connait bien pour une cérémonie très particulière. Après avoir recueilli à sept endroits précis l’eau d’une source, celle-ci se sont déshabillées, ont accroché leurs sous-vêtements dans un arganier puis, juchées sur une espèce de cactus, se sont lavées. A leur retour au village, si le premier homme rencontré est célibataire, c’est le signe qu’elles vont se marier bientôt. Si cet homme est marié, il leur faudra attendre … Nous n’avons pas vu « l’arbre à culotte » qui est non loin de l’oasis mais j’aurais bien aimé !

Dans un autre style, comme je m’étonne du haut mur entourant le cimetière proche du Marjane de Guelmim, on nous explique qu’il est destiné à interdire l’accès aux sépultures la nuit. Apparemment, des femmes venaient déterrer des cadavres et prélever des morceaux de corps. Ils étaient glissés et cuits dans un tagine destiné à leur mari, afin de garantir leur fidélité !

Le top : passer à Taïdalt dans la famille d’Hassan est toujours un vrai moment de bonheur. Nous tombons bien : Hamza, le fils ainé que nous n’avions pas vu en octobre car il était parti à Laayoun depuis plusieurs mois, est de retour à la maison. Nous passons de délicieux moments en compagnie de cette formidable famille. Nickie va nourrir les chèvres avec Alya tandis que le couscous d’orge finit de cuire …

Autour du thé, Hassan évoque son passage dans l’armée marocaine, notamment cette histoire incroyable : il a fait partie d’un convoi de camions chargés de rouler sur une étroite bande de terrain entre Aousserd et la frontière mauritanienne pour préparer la piste d’un Paris-Dakar. Petit détail : la région était minée (elle l’est d’ailleurs toujours), suite à la guerre avec le Polisario.
Cinq camions ont sauté !
« Le salaire de la peur », sans le salaire, avec des chauffeurs qui pleuraient de trouille !

Le flop : j’avais imaginé depuis longtemps installer un déflecteur de vent entre le toit du Sprinter et la cellule pour atténuer le bruit et réduire la consommation.
Le Maroc est normalement l’endroit idéal pour ce genre de bricolage …

Mais à Tiznit le dénommé Boujemaa avec qui j’ai pris rendez-vous m’annonce que finalement il ne peut pas le faire. A Tafraout, nous tombons par hasard sur un carrossier prêt à le faire à un prix intéressant. Le problème c’est qu’au bout d’une journée entière il a tout juste scié la partie de galerie qui gênait et soudé deux tôles (rouillées) … à l’envers !
C’était vraiment mal parti et comme je lui avais avancé une partie du prix pour l’achat de la tôle, nous ne sommes pas revenus le lendemain pour la suite qui s’annonçait galère.
On verra ça plus tard … ou pas !

L’anecdote : Hassan, dont j’ai décrit les malheurs lors d’un précédent blog, reste d’un optimisme indéfectible.  N’ayant plus les moyens de payer l’entretien et le fonctionnement de sa voiture il l’a néanmoins gardée pour des jours meilleurs. Cette voiture, qu’il nommait avec beaucoup d’humour « Titanic », méritait bien son surnom tant elle était déglinguée. Alors voyez après trois ans sans servir …

Pas de quoi décourager Hassan qui a déjà calculé son budget pour la restauration de l’engin et déclare sûr de lui : « Bientôt, Inch Allah, ce sera une voiture ! »

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