Colombie : de Bogota à Manizales
Du 4 au 8 février 2024
Dimanche 4 février 2004 :
Après quatre jours d'acclimatation à Bogota, nous penons possession de notre nouvelle maison pour trois semaines : un petit Mitsubishi aménagé, appelé ici "chivita" (les chivas sont les vieux bus colorés locaux).
C'est assez rustique quand on est habitué au luxe du Sprinter mais ça devrait faire l'affaire ! La chivita va nous donner une grande liberté de mouvement car nous n'avons pas de plan défini pour cette partie du voyage.
Après une longue sortie de Bogota, nous prenons la route vers le nord ouest et nous dévalons la cordillère orientale en direction de Guadas. Après seulement une soixantaine de kilomètres, nous avons perdu près de 2.000 mètres d'altitude et gagné 15° de température. Autour de nous une végétation tropicale : canne à sucre, bananiers, caféiers, bambous ...
Pour notre première nuit dans la chivita, nous reprenons un peu de hauteur sur la terrasse d'un club de parapente dominant le grand fleuve Magdalena. Au loin les fumées du volcan Nevado del Ruiz (5.700 m) ...
L'anecdote du jour : comme je l'ai dit plus haut, l'aménagement de la chivita est assez sommaire. Mais il comporte comme il se doit en Colombie une "pataconera".
Pataconera késako ?
C'est un ensemble de deux petites planchettes en bois qui servent à aplatir les grosses bananes plantains avant de les faire frire. Ces bananes frites, que l'on retrouve dans beaucoup de plats, sont appelées "patacones", d'où le nom de "pataconera", "machine à patacon" !
Lundi 5 février 2024 :
Aujourd'hui, nous avions prévu de rallier tranquillement Manizales mais la journée ne va pas se passer comme prévu !
Déjà, notre belle vue de la veille a disparu car nous nous réveillons dans le brouillard et sous la pluie (ce qui n'est pas un bon début quand on doit prendre son petit déjeuner dehors puisqu'on ne tient pas assis dans la chivita) ...
Mais le pire est à venir : après une vingtaine de kilomètres dans la montagne, un grand "clac" au moment de rétrograder. La pédale d'embrayage de la chivita est inerte, le câble vient de lâcher !
J'appelle Pablo notre loueur qui heureusement est très réactif et va parfaitement gérer la situation. D'abord c'est un 4x4 de la sécurité routière locale qui va venir sécuriser notre position et appeler un camion de remorquage.
Une heure et demi plus tard la chivita est devant un garage de Honda, la ville la plus proche et nous nous abritons de la pluie sous la tonnelle d'un petit café juste en face ...
Le garagiste demande trois ou quatre heures pour faire fabriquer un câble sur mesure et procéder au remplacement ...
Progressivement la pluie cesse et après un somptueux déjeuner à trois euros pour nous deux, nous allons sur le pont qui enjambe la Magdalena pour observer les nombreux pêcheurs qui s'activent dans le fleuve.
Finalement, dès 15h, la chivita est réparée et nous pouvons reprendre la route. Mais pas question d'aller à Manizales (qui n'est pourtant qu'à 130 km) car nous savons ce qui nous attend dans la Cordillère centrale : des files de camions roulant à 15/20 à l'heure, pratiquement impossibles à doubler tant la route est sinueuse.
Nous nous contentons de monter jusqu'à Fresno qui, située à 1.600 mètres, va nous permettre une nuit fraiche. De plus nous y connaissons un petit hôtel pour routiers : à moins de 10 euros nous avons une petite chambre avec douche (chaude de surcroit !).
L'anecdote du jour : notre garage à Honda n'est rien d'autre qu'une maison dans une petite rue. Les réparations se font dans la rue, la pièce du bas est l'atelier avec, au fond, la cuisine et la salle à manger.
Et madame met les mains dans le cambouis pour aider monsieur !
Mardi 6 février 2024 :
Il nous faut continuer de traverser la Cordillière Centrale pour rejoindre Manizales. La route offre de beaux points de vue sur les vallées qui sont très peuplées. Il y a de nombreuses petites "fincas", chacune exploitant sur des pentes extrêmement raides, quelques plants de canne à sucre, de bananiers ou de caféiers. Les maisons sont modestes, parfois très précaires, et les paysans se baladent en moto ou cheval avec leurs machettes à la ceinture ...
Après quelques kilomètres, nous rentrons dans les nuages et la pluie aux abords de l'Alto de Letras à 3.700 mètres.
Et toujours ces camions qui se trainent. A l'abord des virages serrés il faut s'arrêter car ils prennent toute la route. Prenons le bon côté, on a le temps d'admirer le paysage (sauf dans le brouillard !).
En début d'après-midi, nous arrivons à Manizales ou, plus exactement à la Finca San Luis à quelques kilomètres de la ville. C'est un endroit magique que nous avons connu il y a trois ans. Patricia nous y accueille avec beaucoup d'émotion et de gentillesse car elle se souvient, comme nous, que nous étions ses premiers visiteurs post pandémie en 2021 !
L'anecdote du jour : au long des routes colombiennes, près des villages, des vendeurs se postent souvent au milieu de la route près des nombreux ralentisseurs ou des zones de travaux pour proposer leur marchandise. Et ça marche ! De nombreux véhicules s'arrêtent, y compris les camions, au milieu de la route ...
Mercredi 7 février 2024 :
Nous nous levons tôt pour accompagner Patricia qui va en ville vendre une petite production de citrons, mandarines et bananes et faire quelques achats. Manizales est bâtie à environ 2.000 mètres d'altitude sur une multitude de collines très pentues. Ajoutez à cela des rues étroites et vous imaginez les conditions de circulation. Or Patricia va vendre ses fruits en plein centre-ville dans un quartier où sont installés tous les grossistes. Ce n'est pas Rungis, mais ça sent bon les fruits et légumes et le café qui est torréfié sur place.
Cette matinée en ville a été pour nous une belle immersion dans le quotidien des colombiens dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas facile ...
Après la frénésie de cette matinée, nous retrouvons la finca, véritable oasis de paix et nous passons l'après-midi à ne rien (ou presque) faire !
L'anecdote du jour : Après d'âpres négociations, Patricia récupère quelques billets qu'elle va investir immédiatement dans un séchoir à café et une balance pour le peser. Elle revient donc chez elle pas plus riche qu'en partant et elle se plaint de la dureté de la vie en Colombie, très touchée par l'inflation ...
Le saviez-vous ?
Sur plus de 7.000 km, les Andes longent la côte pacifique de l'Amérique du Sud, d'Usuhaia au Vénézuela. En Colombie, elles se séparent en trois cordillères : l'orientale qui abrite Bogota, d'où nous venons, la centrale où nous sommes actuellement qui s'élève jusqu'à 5.750 mètres, et l'occidentale ... où nous serons prochainement !
La météo : depuis notre arrivée nous avons toujours à peu près le même temps, une alternance de soleil et de quelques averses orageuses. Ce qui change beaucoup et très rapidement ce sont les températures qui sont très dépendantes de l'altitude. Quand on traverse comme nous le faisons le pays d'est en ouest, le thermomètre joue au yoyo : on étouffe à Honda à 250 mètres d'altitude, tandis qu'il fait plus que frais au col de Letras soixante kilomètres plus loin !
Le top : nous n'y avons passé que deux nuits mais vraiment nous avons adoré notre séjour chez Patricia. C'est un petit paradis empli de fleurs et d'oiseaux ...
Et que dire de la vue aux alentours sur les vallées aux flancs desquelles des maisons sur pilotis s'accrochent littéralement au dessus du vide ...
Le flop : il y a un petit problème que l'on n'avait pas vraiment anticipé.
Nous ne tenons pas assis dans la chivita !
Il y a des placards, de l'eau, de l'électricité, du gaz, on peut donc y cuisiner, mais il faut manger dehors. Ce qui est parfait lorsqu'il fait beau. Mais la Colombie nous réserve souvent une petite ondée entre deux rayons de soleil. Il va falloir s'adapter et trouver des lieux proposant de petits abris au cas ou, comme chez Patricia qui met à notre disposition tout un espace équipé ...
Le bestiaire :
Une petite vache "buffalo", proche des zébus africains, et deux vautours urubus, omniprésents dans les Andes ...
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