2014- De Sidi Ifni à Tafraout
Samedi 15 mars :
Quel bonheur de trouver chaque matin un ciel bleu et une douce température à son réveil.
Comme le tôlier n'est toujours pas réapparu dans son atelier, notre journée consistera essentiellement en flaneries,et petits achats dans le centre, arrêts thés ou café en terrasse (avec wifi !), lecture et bronzage sur la terrasse...
La ville est animée car le samedi beaucoup de gens ne travaillent pas. De plus le grand souk, qui se tient principalement le dimanche sur l'ancien aéroport, accolé au centre ville, est déjà commencé et les marchands s'y installent progressivement.
On y trouve de grands étalages de légumes, souvent disposés à même le sol, et toutes sortes de stands de style vide-greniers où l'on trouve de tout y compris ce produit original : des bondes en ciment peintes en rose et bleu pour chiottes à la turc (pour diminuer les odeurs sans doute...)
(J'ai achetè la paire de qraqeb, les castagnettes en fer utilisées par les gnawas, en bas à gauche sur la table).
Le midi nous mangeons une pizza, histoire de changer, puis le soir, au Nomad, "le" restaurant de la ville, avec Catherine et Philippe avec qui décidément nous nous entendons bien.
L'anecdote du jour : nous passons un peu de temps à observer les joueurs de cartes installés comme chaque après-midi sous les arcades. Ils jouent avec des cartes à enseignes espagnoles qui étaient fabriquées en France aux XVIIème et XVIIIème siècles avant de disparaitre progressivement au profit de nos jeux actuels ...sauf sur la côte entre Gironde et Loire. Ce jeu était encore pratiqué sous le nom de "aluette" ou "vache" en Vendée quand j'étais jeune et c'est amusant de le retrouver ici, toujours au bord de l'Atlantique mais quelques milliers de kms plus bas. Ce qui confirme que ce jeu a été répandu par les marins au cours de leurs pérégrinations le long des côtes, du Maroc à Saint Nazaire.
Dimanche 16 mars :
Toujours à Sidi Ifni, toujours beau temps et ... toujours dans l'attente de notre tôlier !
Le matin nous allons au souk d'où nous revenons chargés de légumes pour un total d'environ 2,50 euros. Nous profitons aussi de la wifi au Cordoba pour passer un petit FaceTime aux enfants.
En fin d'après-midi nous retournons "en ville" voir l'entrainement de l'équipe de Sidi Ifni pour la prochaine fantasia de Tiznit. C'est un très beau spectacle avec des chevaux et des cavaliers superbes qui vont répéter ainsi chaque soir pendant plusieurs jours leurs déboulés au grand galop ponctués d'un tir groupé de leurs vieux fusils.
Nous retrouvons Christine et Philippe à la fantasia et nous improvisons un petit apéro pinacolada dans leur charmante petite cour avant de rentrer au clair de lune.
L'anecdote du jour : dans la maison d'Isabelle et Jean-Yves où nous sommes installés, il y a des volets à la fenêtre des chambres. Pourquoi pas direz-vous ?
Sauf que ces fenêtres donnent sur l'intérieur de la maison et non à l'extérieur !
Parce que c'est une maison marocaine dans le style d'Ifni.
En bas un garage et l'escalier qui mène à l'appartement proprement dit, construit autour d'un patio central qui fait office de puits de lumière car il n'y a de fenêtres qu'en façade. Autour, les différentes pièces dont les chambres, munies de fenêtres sur le patio pour laisser entrer la lumière, et de volets pour s'en protéger le soir et le matin. Puis le salon, une petite cuisine et une salle de bain avec des fenêtres en façade sur la rue.
Une maison simple, pratique et efficace qu'il fasse froid (rare ici) ou chaud dehors !
Lundi 17 mars :
Au lever, le vent souffle fort sur Sidi Ifni. C'est le chergui, un vent chaud venant de l'est qui fait grimper la température. Dès ce matin 28°, il fera 35° cet après-midi avant que le calme ne revienne en soirée.
9 heures : Hamdoullah ! Lahcen le tôlier est de retour dans son atelier. Nous allons ensemble chercher les fournitures nécessaires (tôle, vis, charnières...) car comme tout artisan marocain qui se respecte il travaille à flux tendus !
Nous le laissons à son travail et partons à Sidi Ouarzik dans une petite auberge tenue par un français et sa jeune femme berbère. Le tagine de poisson y est absolument délicieux comme nous l'avions déjà constaté il y a deux ans, et l'accueil simple et sympathique.
Pour rentrer nous passons par la montagne pour acheter de l'huile de pépin de fiques de Barbarie dans une coopérative de femmes. Malheureusement nous trouvons porte close mais que la route est belle !
A notre retour Lahcen a bien avancé et tout devrait être terminé demain. Nous pouvons retourner tranquilles voir à nouveau l'entrainement à la fantasia !
L'anecdote du jour : tandis que je vais faire les courses avec Lahcen, un homme traverse devant la voiture et je l'évite de justesse. Lahcen m'explique son comportement ainsi : "Ici ça arrive souvent, ce quartier, c'est les administrations. Les gens ils viennent payer leurs impôts, ils sont choqués !"
Le saviez-vous ? ; les figuiers de Barbarie sont omniprésents et représentent un nouvelle richesse pour ces campagnes qui n'en n'ont guère par ailleurs. On en fait des confitures et les "raquettes" sont traitées façon cornichon trempées dans le vinaigre. Mais surtout l'huile de pépin est très recherchée en cosmétique, plus encore que l'argan, et se vend des centaines d'euros le litre.
Mardi 18 mars :
Dernière journée à Sidi Ifni, toutes les bonnes choses ont une fin...
Réception des travaux sur la caravane, dernières courses, séance chez le barbier (pour moi) et déjeuner au marché (chacun une petite salade de crudités, Nickie un tagine au poulet et moi une douzaine de sardines, le tout pour 3,60 euros !), voilà tout le programme de la matinée.
Dans l'après-midi nous allons un peu à la plage (c'est la première fois en trois séjours ici) puis partons prospecter un peu les maisons à louer car on se sent tellement bien qu'un petit séjour d'un mois ou deux en hiver ne serait pas pour nous déplaire. Nous trouvons le bon endroit, inch Allah nous reviendrons en octobre...
Au retour la pétarade du baroud nous attire comme chaque soir et je ne résiste pas à faire quelques photos supplémentaires.
La maroquinerie du jour : c'est notre ami Lahcen le tôlier qui nous la fournit et c'est notre caravane qui en fait les frais.
Voilà, c'est pas top finition. En même temps, ça nous dépanne, et Lahcen est adorable. Si on regarde le rapport qualité - prix, il n'y a rien à redire : 9 euros de fournitures et 9 euros de main d'oeuvre pour presque une journée de travail !
On verra plus tard pour améliorer le look...
Mercredi 19 mars :
Ifni c'est fini ...
Nous prenons la route direction Tiznit puis Tafraout. Peu à peu le paysage change et les figuiers de Barbarie, euphorbes, fenouils sauvages disparaissent. Ils sont remplacés par les arganiers et les cultures dans les endroits favorables.
Nous grimpons au col de Kerdouss à 1300 mètres d'où s'offre une belle vue sur les vallées et les terrasses dont la plupart ne sont plus cultivées.
La route pour redescendre sur Tafraout est jolie aussi mais ... non goudronnée car en réfection. Et encore 25 kms de piste et de tôle ondulée pour la caravane !
Nous arrivons en tout début d'après-midi à Tafraout située à 1.0OO mètres dans un cadre magnifique devant le djebel Lekst qui lui culmine à plus de 2.300. Aux maisons blanches et bleuesdu bord de mer ont succédé les grosses maisons couleur terre, roses ou rouges, avec leurs motifs berbères.
C'est le jour du souk, l'occasion d'observer les femmes berbères enroulées dans leurs étoles noires fixées par des fibules. Il y a beaucoup d'animation et les taxis Peugeot hors d'âge ne chôment pas car on vient de tous les environs acheter et vendre à ce souk.
A la lumière du soir, quand les teintes vives s'adoucissent, rochers et montagnes offrent aussi un très beau spectacle...
L'anecdote du jour : vus ce matin, à l'arrière d'une antique 404 bâchée, trois ânes, une vache et le berger !
Le saviez-vous ? : Tafraoute est la capitale des Ammeln, une tribu célèbre pour un sens des affaires qui s'exerce aussi bien au Maroc qu'en France et en Europe. A en juger par les énormes maisons, généralement vides car construites par des M.R.E. (marocains résidents à l'étranger) qui bordent les routes de la région, beaucoup ont effectivement bien réussi.
D'accord, c'est plutôt le style "pièce montée rose dégoulinante", mais à chacun ses goûts...
Jeudi 20 mars :
Nous en avions perdu l'habitude depuis quelques jours : ce matin nous enfilons une petite laine par dessus le tee-shirt. 10° à 7h 30, les effets de l'altitude... Le soleil ne tarde pas à corriger ça et il fait bon pour notre ballade à pied du matin vers le village d'Aguerd à quelques kms de Tafraout. Le paysage est superbe : quelques vieux ksours, des palmiers, et partout des amas de rochers énormes aux formes curieuses.
En rentrant par Tafraout nous déjeunons de deux excellents petits tagines et passons à l'épicerie (petit paquet cadeau pour le transport de oeufs), mais pas chez le coiffeur malgré sa belle enseigne.
L'après-midi autre ballade vers Taskat cette fois à la recherche d'une gazelle gravée dans la pierre. Elle se révèle assez peu photogénique mais le cadre est encore une fois très spectaculaire et tout près il y a un ksar superbe dressé dans les éboulis granitiques.
Retour par la palmeraie assez mal en point car elle n'est plus entretenue et de plus beaucoup de palmiers sont malades. Quant aux petits jardins délimités par des pierres ils sont abandonnés depuis longtemps. Que restera t'il de ce lieu magnifique dans quelques années ?
L'anecdote du jour : nos amis camping caristes avec leurs engins luxueux rechignent à payer quelques euros de camping et ont envahi ce qu'il reste de la palmeraie et ne risquent pas de l'arranger en y jetant leurs déchets.Ils aiment donner dans la démesure et dans le genre celui-ci, allemand, est bien placé.
Devant, un autobus aménagé mais, comme on pourrait manquer de place, le côté gauche à des parois mobiles pour créer deux extensions. Derrière, une remorque grande comme deux fois notre caravane et contenant une Fiat 500 (Abarth s'il vous plait), un gros quad, un scooter et pour faire écolo deux vélos !
Qui dit mieux ?
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