2013 - L'Adrar mauritanien
Vendredi 1 mars 2013
Après une nuit parfaite, au frais et sans bruit, nous partons au marché central. Sidi Mohammed a loué pour la circonstance un petit bus typique de Nouakchott qu'il qualifie avec beaucoup d'humour de "bis jiste sourti d'isine". Disons que c'est assez rustique, bien aéré, et que pour démarrer il faut quelques notions d'électricité ...
Le marché est incroyablement animé et on y trouve un peu de tout en grandes quantités. Nous négocions au mieux 20 yards de tissu pour de futurs rideaux. Le coin des téléphones et de leurs accessoires est particulièrement animé. Et encore c'est vendredi, jour férié ici, c'est parait-il largement plus fréquenté les autres jours !
Nous goûtons sur un petit étal du foie et de la bosse de chameau grillés : pas mauvais !
La circulation est totalement anarchique et les véhicules souvent délabrés. Ici, rétroviseurs et clignotants sont des ustensiles superflus, l'important est d'avoir un bon klaxon ...
Après un nouveau "tiep bou djenn" au restaurant sénégalais voisin, nous prenons un peu de repos dans la petite cour ombragée de l'auberge avant d'aller assister sur la plage au retour des pêcheurs. On se croirait au Sénégal car ce sont tous des wolofs, ils ont les même grandes pirogues et l'animation sur la plage est similaire. Ici aussi les vagues sont fortes près du rivage et d'ailleurs l'une des pirogues se fait prendre par le travers et chavire à moitié, perdant une partie de sa cargaison. Aussitôt qu'elles approchent, une nuée de jeunes se jettent à l'eau avec des récipients divers ou des sacs plastiques pour récupérer quelques poissons. Cela semble être une sorte d'usage ici et une façon pour les pêcheurs, qui ne paraissent pas affectés par cette perte, de partager un peu avec des moins favorisés. Il reste encore une grande quantité de poissons dans le fond du bateau et le déchargement se fait à l'aide de grandes pelles dans des caisses qui sont transportées dans un va et vient incessant vers le rivage.
Nous profitons du marché voisin pour acheter un belle langouste pour environ 5 euros et la déposons à notre retour dans le congélateur d'un de nos amis camping caristes.
Vers 16 heures nous reprenons la route jusqu'à notre bivouac près du petit village de Bou Rjeimat entre Nouakchott et Akjoujt. Avec Jean et Christine nous nous écartons un peu sur le reg non loin d'un groupe de tentes de nomades. Leurs propriétaires viennent nous saluer et nous inviter à dormir sous leur tente mais nous déclinons et ils se retirent assez vite pour ne pas nous gêner. Nous assistons au spectacle des petits bergers qui ramènent les troupeaux de chèvres et de moutons. Ici il fait beaucoup plus chaud et le thermomètre est monté à 38° dans la journée, mais la soirée est douce, avec une légère brise, et il fait frais juste comme il faut quand nous montons nous coucher.
Nouakchott - Bou Rjeimat : 145 kms
L'anecdote du jour
Mauritanie Aventure a cru bon de nous faire accompagner dans le marché par un policier mauritanien. Le problème c'est que celui-ci prend son rôle un peu trop au sérieux et chasse un peu brutalement et à grands coups de sifflet tout ceux qui s'approchent de nous. Bonjour la discrétion !
Cela nous met mal à l'aise car manifestement il n'y a aucun risque et par contre cela provoque quelques vives réactions de certains mauritaniens qui considèrent, à juste titre, qu'ils sont chez eux et peuvent aller où ils veulent. Mais le plus drôle est à venir !
Acte 1 : Janine, une des camping caristes, à acheté une tenue traditionnelle mauritanienne, l'a revêtue dans la boutique et, nonobstant sa blondeur et ses yeux bleus, se promène ainsi affublée dans le marché.
Acte 2 : le policier qui la voit de dos au sein de notre groupe se précipite vers elle pour l'écarter vivement !
Acte 3 : bien sûr, il réalise vite son erreur et Janine réintègre le groupe. Mais le policier n'est pas au bout de ses peines car elle provoque un attroupement de mauritaniens hilares qui viennent la photographier avec leur portable sous l'œil furibond du susdit.
Le monde à l'envers : c'est le touriste qui est photographié comme une bête curieuse ...
Et nous on s'est vraiment marré !
Le saviez-vous ?
Juste une petite citation pour se préparer à notre virée dans l'Adrar :
"L'Adrar, pays déshérité, vie plus rude...
Ici nous ne sommes que des hôtes, sans la moindre voix au chapitre, ignorés avec une sereine indifférence, ou provisoirement tolérés ; ici, ce n'est pas en notre honneur que fonctionne la machine et nous n'y sommes guère le centre du monde ; il est bon, parfois, de se l'entendre répéter par quelques coins de nature sauvage, vierge, et qui ne ment pas"
Théodore Monod, "Méharées".
Samedi 2 mars 2013
La soirée était trop belle. Vers 1h 30 nous sommes réveillés par de grandes rafales de vent et je dois descendre replier l'avant de la tente où le vent s'engouffre. Nous sommes secoués un petit moment avant que ça ne se calme ...
Nous repartons dans la matinée vers Atar sur une route extrêmement monotone jusqu'à Akjoujt où nous faisons nos provisions d'eau pour l'Adrar. Comme nous sommes plus rapides que les camping cars, nous roulons en tête de peloton et les attendons aux barrages. Ce qui nous donne l'occasion de discuter avec les policiers et les gendarmes, contents de sortir un peu de leurs cahutes situées au milieu de nulle part et de parler.
Ils sont toujours très courtois et même souvent extrêmement chaleureux.
Peu à peu le paysage s'anime, des reliefs apparaissent ainsi que l'erg Amatlich sur notre droite, puis c'est la montée sur le plateau d'Atar après l'oued Seguelil et la belle palmeraie d'Hamdoun.
Dès l'entrée d'Atar, sans pénétrer dans la ville, nous prenons une petite route qui, par une superbe passe, nous mène à la palmeraie d'Azougi où sera établi le camp de base de l'Adrar et où seront stationnés tous les campings cars.
Bou Rjeimat - Azougi : 315 kms.
L'anecdote du jour
Pendant notre arrêt à Akjoujt, cité peu affriolante, nous voyons venir vers nous un mauritanien drapé dans un très beau boubou bleu : c'est le Maire qui vient nous souhaiter la bienvenue et vanter les mérites de cette petite bourgade qui, dit-il, possède les mêmes atouts que la région d'Atar avec en prime ce qu'il nomme "le tourisme industriel" (Il y a ici des mines d'or et de cuivre). Il nous demande d'être ses ambassadeurs auprès des touristes français ce que nous promettons lâchement ... avant de nous enfuir au plus vite devant son insistance !
La route sortant de la ville est flanquée d'une longue rangée de lampadaires solaires offerts par les chinois. Peut-être auraient-ils pu faire un investissement plus utile !
Le saviez-vous ?
Azougi, où nous résidons, pauvre petit village à 8 kms d'Atar a connu des jours meilleurs : il fut au XIème siècle la capitale des Almoravides qui ont créé Marrakech et construit un empire s'étendant du fleuve Sénégal jusqu'en Espagne ! On a du mal à le croire aujourd'hui ...
Dimanche 3 mars 2013
Ce matin nous démarrons une première virée de deux jours dans l'Adrar avec les 4x4 de Mauritanie Aventure avec deux thèmes principaux : la conduite dans le sable et la découverte des petits camps de nomades très nombreux dans la région.
Pour le premier point, ça démarre assez fort avec passage d'oueds, escalade et descente abrupte de dunes ...
Après un petit temps d'adaptation et plusieurs dégonflages successifs des pneus, notre bon vieux Toy s'en sort bien, même s'il est moins puissant dans le sable que les énormes 4x4 des locaux aux pneus surdimensionnés.
Mais l'essentiel ce sont les paysages superbes que l'on découvre et les rencontres avec les nomades, autour des puits ou dans leurs campements. Quelques photos illustreront mieux que de grands discours cette belle journée.
Les paysages ...
Femmes et enfants nomades sous la tente ...
Autour du puits ...
Le soir nous gagnons un petit campement en plein désert où nous trouvons des tentes montées et nos repas préparés. Cool, ce soir pas de cuisine à préparer, pas de tente de toit à installer !
L'anecdote du jour
Dans la matinée un des gros Chevrolet de l'organisation tombe en panne : disque d'embrayage mort.
Vers 17h il est remorqué à travers les dunes jusqu'au campement où les chauffeurs, qui font aussi office de mécaniciens, le prennent en charge. L'énorme pont et la boîte automatique sont descendus à même le sable et, la nuit n'interrompant pas le travail grâce aux frontales, vers 21h tout est remonté !
Quand je pense qu'il faut plus de 10 heures au garage Toyota des Sables pour me changer mon embrayage ...
Le saviez-vous ?
Si l'on en croit le grand voyageur arabe Al Bakri, la palmeraie d'Azougi comptait plus de 200.000 palmiers en 1068. Combien en reste t'il aujourd'hui ? Quelques milliers ?
Lundi 4 mars 2013
Après une bonne nuit sur notre lit de camp dans la khaïma et un bon petit déjeuner (confitures locales de bissap, de dattes et de mandarines), nous repartons à l'assaut de quelques dunes avant de franchir la passe de Tenzak pour redescendre sur la palmeraie de Tedh où est organisé notre déjeuner.
Puis nous rentrons au camp de base d'Azougi en passant par les petits jardins dans la palmeraie. Délaissant l'orge et la luzerne, nous y faisons provision de carottes, salades et navets ...
Menu du soir : cassoulet au confit et salade qui nous changent des menus locaux habituels.
L'anecdote du jour
A la pause de midi je tends mon hamac entre deux palmiers pour prendre un peu de repos à l'ombre. Les enfants du village me contemplent à distance puis se rapprochent progressivement. Après quelques hésitations, les plus hardis grimpent dedans et le hamac se transforme en balançoire à leur plus grande joie.
Le saviez-vous ?
En attendant le déjeuner, je pars avec quelques compagnons à la recherche de stromatolites car mon petit bouquin sur l'Adrar en signale un champ entier, découvert autrefois par Théodore Monod. Nous le trouvons à seulement 200 m et revenons les bras chargés de cailloux.
Ces stromatolites sont des algues primitives, fossilisées dans des dépôts calcaires il y a la bagatelle d'un milliard d'années !
Mardi 5 mars 2013
Ce matin nous partons pour trois jours visiter les oasis au sud est d'Atar mais nous avons décidé de laisser notre bon vieux Toy au repos et de nous faire conduire dans un 4x4 de Mauritanie Aventure. Deux bonnes raisons à cela : les pistes s'annoncent assez cassantes et j'en ai un peu marre après près de 6.000 kms de conduite.
Nous quittons vite Atar et la route d'Akjoujt pour la piste de Terjit puis roulons hors piste vers Mhaïreth. Les paysages de montagnes sont somptueux et le coin pique-nique sous un acacia multi centenaire tout aussi formidable.
Après avoir poursuivi un peu sur le plateau, nous entamons une descente bien corsée vers Mhaïreth, et nous terminons d'ailleurs à pied : ça secoue moins et ça permet d'admirer plus aisément la palmeraie et les petites cases très africaines du village.
Nous nous installons pour les deux nuits dans les petits "tikit" ou "mermeth", cases de palmes et d'herbes tressées respectivement rondes ou rectangulaires qui constituent l'auberge du village, .
Les "twalt" et les "duch" sont rustiques mais un ancien réservoir d'eau en ciment, qui tient lieu de piscine, nous permet de prendre un bain, d'autant plus apprécié que la piste était bien poussiéreuse.
Outre le bain, le reste de l'après-midi se passe en bavardages avec les uns et les autres, lecture, aide à la pluche des légumes du souper et enfin par une ballade dans les environs qui se termine avec les gamins du village, toujours très joueurs après une petite période d'observation. Un petit Mohammed ne me lâche pas la main avant mon retour à l'auberge.
La soirée se termine par un délicieux pot au feu de chameau et la nuit s'annonce douce...
Azougi - Mhaireth : 70 kms
L'anecdote du jour
Ne prenant pas notre 4x4, nous héritons d'un vieil Hilux dont le compteur affiche plus de 550.000 kms, avec un chauffeur que nous surnommons vite Vaatanen car il fait preuve, disons, d'une certaine témérité hors piste. Peut-être que la présence à ses côtés de Vesta, le chien de Christine et Jean dont il a très peur, le pousse à arriver le plus vite possible ! D'abord installés dans la benne, Jean et Vesta ont finalement obtenu après négociation de venir à l'avant compte-tenu des sauts du pick-up sur les pistes. Mais ce n'est guère du goût de notre pilote !
Le saviez-vous ?
La Mauritanie est une république islamiste et les règles de l'Islam y sont assez rigoureusement suivies. Nos accompagnateurs mauritaniens font par exemple leurs cinq prières chaque jour avec assiduité. Non seulement il ne boivent pas d'alcool, mais encore ils ont presque la hantise de toucher un verre qui en aurait contenu. C'est pourquoi lors des repas on nous fournit tous les couverts, à l'exception des verres que nous devons apporter et laver nous mêmes.
Mercredi 6 mars 2013
Journée bien calme !
La matinée est entièrement consacrée à des petites ballades dans le village pour visiter la palmeraie, à boire le thé et discuter dans les concessions.
Puis nous embarquons dans les 4x4 pour rejoindre quelques kms plus loin une guelta (un point d'eau) malheureusement peu fourni cette année en raison des faibles pluies. Le lieu est toutefois magnifique dans cette gorge creusée jadis par un fleuve certainement assez important. Comme il fait très chaud chacun trouve un petit coin d'ombre dans les rochers pour la sieste avant de retourner au campement.
Le soir je monte sur le plateau pour quelques photos d'ensemble de la palmeraie et pour accueillir le troupeau de chèvres et de moutons qui redescend de sa journée sur le plateau en compagnie d'un berger. C'est étonnant de les voir, une fois arrivés en bas, se diviser en petits groupes pour rentrer tout seuls dans leurs enclos respectifs.
L'anecdote du jour
La guelta est peu profonde, froide et son fond est vaseux. Quelques-uns s'y baignent néanmoins avant qu'un troupeau de chèvres n'arrive et les déloge pour s'y désaltérer et ... y faire ses besoins !
Le saviez-vous ?
Je l'ai écrit dans le "Saviez-vous ?" d'hier, l'Islam est très présent en Mauritanie.
Par contre les femmes y jouissent d'une grande liberté et les rapports hommes femmes sont très différents de ceux du Maroc notamment. Ainsi ce midi, comme chaque jour, un groupe de femmes est arrivé sur le lieu du pique-nique pour nous proposer quelques petits colliers, tissus et objets pour touristes. Comme il faisait très chaud, nous sommes restés assez longtemps à l'ombre et nos accompagnateurs mauritaniens sont allés les rejoindre, plaisanter avec elles (elles n'étaient pas en reste manifestement) et cela s'est terminé par quelques flirts assez poussés !
Jeudi 7 mars 2013
Ce matin nous démarrons à nouveau à pied, de l'autre côté de la palmeraie cette fois. Une bonne occasion d'observer à nouveau le système d'irrigation ancestral, alimenté aujourd'hui par des pompes à gasoil. Un fellah me montre comment il ouvre et ferme alternativement des petits barrages pour arroser tour à tour l'ensemble des palmiers.
Ensuite les 4x4 nous rejoignent sur le plateau et nous amènent dans la vallée voisine, près de Terjit. Le paysage est grandiose avec de très belles dunes de sable orangé qui montent parfois à l'assaut des "falaises" environnantes, creusées par de puissants fleuves dans le plateau à l'époque où le Sahara était encore verdoyant.
Par contre la piste est coriace, avec une succession de "tôle ondulée", de sables très mous et de passages dans les rochers. Vaatanen s'en donne à cœur joie et nous sommes bien secoués !
Encore une fois le lieu de pique-nique est très bien choisi au bord d'une grande dune, sous un très vieil acacia aux épines impressionnantes.
Au retour nous nous arrêtons à Atar pour quelques courses avant de retrouver le camp d'Azougi et de nous précipiter sous la douche car il fait environ 40° à l'ombre en ce milieu d'après-midi.
Ce soir nous sommes invités à diner par l'équipe mauritanienne. Nous sommes reçus sous la tente d'Ahmed, leur chef, dont la femme Meriem nous a cuisiné une spécialité locale : des crêpes (sans œufs) appelées "leksour" qui sont accompagnées indifféremment de légumes ou de sucre. On nous sert évidemment force thés et sitôt le repas terminé, toute la concession arrive pour danser : les enfants, les neveux, les cousins, les amis de passage ....
L'anecdote du jour
Les mauritaniens sont très joueurs et en particulier adorent la pétanque. Ils ont d'ailleurs une équipe nationale très bien classée au niveau mondial. En tous cas, nos accompagnateurs, chauffeurs ou cuisiniers, ne perdent pas une occasion de défier les français lors de parties acharnées le soir au camp.
Le saviez-vous ?
Ce petit symbole, figurant sur chacune des maisons en dur de la palmeraie, indique la visite d'un ophtalmologiste et sa date. Par exemple ici, 2010.
Il n'y a pas de paludisme dans l'Adrar mais les problèmes d'yeux sont un des soucis majeurs sur le plan de la santé à cause des vents de sable, des mouches ...
Vendredi 8 mars 2013
Après avoir replié la tente de toit assez rapidement (nous améliorons constamment la technique), nous partons pour trois jours à Chinguetti. La piste emprunte désormais obligatoirement la passe d'Ebnou qui est goudronnée avant de serpenter sur le plateau.
Tout à coup, plus loin sur le plateau, nous apercevons un épais trait jaune à l'horizon : c'est l'erg Ouarane, devant lequel est blotti Chinguetti.
Nous traversons l'oued pour rejoindre notre campement dans une petite auberge, ancienne maison aux petites chambres rustiques dont les plafonds sont en palmier tressé. Après le repas et un bon repos sous la paillotte de la cour, nous partons dans le vieux Chinguetti visiter une bibliothèque et voir la mosquée.
Puis nous reprenons les 4x4 pour monter sur une grande dune et admirer l'erg au coucher de soleil. C'est un grand classique, mais on peut l'avoir vu cent fois, on est toujours émerveillé par toutes ces ondulations dorées par le soleil couchant ...
Le dîner est super (nos cuistots ont une cuisine mieux équipée qu'à l'auberge) et bien décalé : confit de canard, gratin dauphinois, confit d'oignons aux figues, et en dessert, des crêpes !!!
Bravo à Moustapha et Eddine qui ont travaillé avec 40 degré à l'ombre (je n'ose imaginer la température sous leur toit de tôle !)
Azougi - Chinguetti : 95 kms
L'anecdote du jour
Depuis quelques mois Total est en prospection pétrolière dans la région, à l'est de Chinguetti et Ouadane. Conséquence immédiate et visible, la piste qui mène à ces deux villages a été considérablement améliorée et est entretenue en permanence. Nous croisons d'ailleurs la niveleuse locale : un tracteur qui traîne derrière lui tout un ensemble de gros pneus de camions attachés à une grosse chaîne. Simple mais relativement efficace !
Le saviez-vous ?
Chinguetti est la septième ville sainte de l'Islam sunnite. Elle doit ce titre notamment à son ancienneté (bâtie en 1264 à la suite d'un ancien village construit lui à partir de 777) et à l'abondance des livres religieux conservés dans ses bibliothèques. Tous les pèlerins pour La Mecque du Sahara Occidental s'y regroupaient autrefois pour partir en caravane, elle abritait une université islamique et était un grand carrefour du commerce transsaharien. Du temps de sa gloire elle comptait 12 mosquées pouvant accueillir jusqu'à 1.000 hommes et parfois 20.000 chameaux pouvaient y transiter en une seule journée.
Samedi 9 mars 2013
La matinée est consacrée à une bonne séance de "jardinage" avec les 4x4 dans l'erg Ouarane. Nous sommes sur une ancienne étape du Paris - Dakar et les passages de dunes s'enchaînent. Montées en force, descente en finesse ... Nickie ne supporte pas de plonger à pic à l'arrière des dunes et fait les descentes à pied devant nous. Il faut dire que les ensablements se succèdent. Notre Toy qui a fait longtemps bonne figure finit lui aussi bloqué dans le bas d'une pente trop abrupte que j'ai décelée trop tard sous la lumière de midi. Au total nous avons parcouru 16 kms en 3h 30 !
L'ombre d'un grand acacia est la bienvenue pour le pique-nique du midi, au calme avec tous ces vrombissements. Personnellement j'ai largement ma dose : c'est une expérience à faire, c'est amusant quelque temps, mais ça ne vaut pas, et de loin, une randonnée chamelière.
Quelques photos quand même entre deux dunes : les tatouages au henné d'une jeune fille transportée dans un de nos 4x4 et qui s'est réfugié à l'ombre de notre Toy et une tombe (serait-ce un concurrent malheureux du Dakar ?).
Par bonheur, le retour se fait sans "saute-dune", par le fonds de l'oued, et nous pouvons profiter d'un bon moment de temps libre pour récupérer de nos émotions et surtout de la chaleur assez forte.
Programme du soir : méchoui de mouton cuit sous le sable et soirée musique et danse avec les griotes locales. Chaque touriste y va de son petit tortillement mais la palme reste à notre équipe mauritanienne qui fait voltiger ses boubous avec beaucoup de grâce.
L'anecdote du jour
Ma barbe, laissée à l'abandon, devenant bien envahissante et dure, je décide d'aller voir le barbier local comme je le fais tous les 5 ou 6 jours depuis le début du voyage. On me recommande Sidi Ahmed près du marché mais quand je trouve sa boutique, elle est fermée. L'épicier voisin l'appelle au téléphone : il va venir ...
Aussitôt un voisin m'offre le thé et l'on vient s'assoir avec moi dans un coin d'ombre.
Quand Sidi Ahmed arrive une demi-heure plus tard, j'ai fait la connaissance d'un tas de gens, dont le Cadi (le Gouverneur) de Chinguetti ...
Le saviez-vous ?
La gloire de Chinguetti, évoquée hier, est bien loin derrière elle. C'est aujourd'hui une petite cité envahie par les sables (sans parler des ordures), sans aucun charme par elle-même si ce n'est sa mosquée et son très bel environnement.
Comble d'infortune, le tourisme qui avait commencé à la faire renaître est au point mort depuis plus de cinq ans du fait de l'instabilité de la région. Sur environ 25 "auberges" que compte la ville, deux sont ouvertes en ce moment et les quelques vendeuses de souvenirs restantes se livrent à une concurrence acharnée pour accrocher les rares touristes. Chinguetti est à la limite de la zone rouge formellement déconseillée par le Ministère des Affaires étrangères et les avions charters ne desservent plus Atar.
Inch Allah ça va changer l'année prochaine !
Dimanche 10 mars 2013
Après l'habituel copieux petit déjeuner, nous traversons une dernière fois la "batha" de Chinguetti pour reprendre la piste d' Atar. Mais cette fois nous nous arrêtons avant Ebnou pour aller découvrir le site grandiose de l'ancienne passe d'Amogjar, avec en prime, au fond le Fort Saganne, très bien intégré dans le paysage même s'il a été construit il y a quelques années pour les besoins du film du même nom (avec notre Gégé Depardieu national).
Le décor du repas de midi n'est pas en reste : les abris sous roche, face à la passe, abritent des peintures et gravures rupestres découvertes par Théodore Monod.
Nous rentrons ensuite à Azougi après un petit arrêt à Atar pour quelques courses, dont un kg de bissap.
Les enseignes des boutiques sont une source inépuisable de photos ...
L'anecdote du jour
Le soir nous partageons le repas avec quelques uns de nos compagnons de route dont notre voisin vendéen Alcide qui fête son anniversaire. Au fil de la soirée, le vent se lève et soulève des nuages de poussière. Si au moins il faisait descendre la température ! Mais à peine : il fait encore 29° à minuit.
Comme le vent ne fait que se renforcer, nous finissons par quitter la tente et ses "flip flap" pour nous réfugier sous la paillote bien abritée à l'entrée du camp. Le gardien, réveillé par nos allées venues, nous donne deux petites mousses et nous nous installons pour les quelques heures qui nous restent ...
C'est dimanche, pas de "Le saviez-vous ?" aujourd'hui.
Lundi 11 mars 2013
Matinée au camp d'Azougi : rangement, dépoussiérage Je fais un petit tour avec Pino, l'italien du groupe pour chercher les vestiges de la ville ancienne des Almoravides, mais en vain. Il y a pourtant des fouilles qui ont démarré quelque part ...
Vers 13 heures nous faisons nos adieux à l'équipe de l'Adrar et reprenons la route de Nouakchott. Petit arrêt pour un thé au "Bon appétit" à Akjoujt pour rompre la monotonie de la route. Je laisse un peu le volant à Nickie après un léger endormissement. Il faut dire que toutes les conditions sont réunies : 40° à l'ombre, l'heure de la digestion, rien à voir sinon un arbuste rabougri tout les 500 mètres et une route toute droite (je relève une ligne droite de 65 kms !).
Nous atteignons notre lieu de campement, Bou Rjeimat comme à l'aller, vers 18 heures.
L'anecdote du jour
Comme à l'aller, avec Jean et Christine, nous nous éloignons des camping-cars qui bivouaquent sur le reg près du village. Cette fois nous traversons la route pour nous installer un kilomètre plus loin au bord de l'erg Ed Dkhaïna. Comme Mauritanie Aventure a prévu un un point de contrôle pour le groupe, nous voyons bientôt arriver une Mercedes qui dépose quatre gendarmes armés de fusils mitrailleurs avant de s'ensabler en repartant. Nous poussons la Merco qui repart dans le village tandis que nos militaires, censés veiller nous, vont s'installer à 200 mètres de nous. Ils sont bien sympas et leur chef nous explique fièrement qu'il a fait un stage de deux mois à Versailles au GIGN.
Pour compléter la côté surréaliste de la situation, nous mangeons ce soir la langouste achetée à Nouakchott. Imaginez ce que pourrait écrire un chercheur du CNRS, dans 500 ans, s'il trouvait la carapace de notre langouste dans la dune !
La nuit précédente ayant été courte, nous ne tardons pas à poser nos duvets dans le sable et profitons à peine de la belle nuit étoilée et de la douceur nocturne (31° encore vers 21 heures).
Un beau lieu de bivouac !
Le saviez-vous ?
La Mauritanie fait partie des endroits au monde où l'on recense beaucoup de météorites Pourquoi ? Je ne sais pas mais en me promenant dans les dunes, je trouve sur le sable une boule qui pourrait bien en être un fragment. A vérifier en France ...
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