Mauritanie 2014 - Au sud d'Atar.
Dimanche 23 février :
Journée repos aujourd'hui après notre périple de cinq jours dans l'Adrar. Il faut remettre un peu d'ordre dans nos affaires couvertes de poussière et de sable, et nous reposer un peu. La journée est de toute façon très chaude et nous avons peu envie de trop bouger. Nous allons quand même au marché le matin, toujours aussi pauvre mais plein de surprises pour les européens que nous sommes. Peu à peu nous apprenons à connaitre certains produits intrigants comme par exemple la pâte de dattes enveloppée dans de la peau de chèvres...
Je poursuis avec acharnement ma quête d'internet et ça finit par payer : ma clé 3G marche enfin mais seulement en haut de la passe qui surplombe le camp et encore, à quelle vitesse !
Finalement je retourne à Atar où j'ai trouvé un "cyber café" (pas du tout café et à peine cyber) d'où je peux envoyer le blog, mais sans les photos car le débit est très lent.
L'anecdote du jour : nous discutons parfois avec un jeune d'Atar qui sert de guide aux rares touristes. Il nous apprend aujourd'hui qu'il a 15 frères et sœurs et que son père a eu plusieurs femmes. L'an dernier, à 89 ans, il s'est marié à nouveau avec une fille de 23 ans !!!
Lundi 22 février :
Nous laissons à nouveau notre caravane au camp d'Azougui pour un petit périple de deux jours dans le sud de l'Adrar. Nous quittons rapidement la route de Nouakchott pour prendre une piste vers la Vallée Blanche qui est en fait le lit de l'oued El Abiod et nous arrêtons pour une grande pause autour de midi. Après avoir bien dégonflé les pneus nous roulons à travers l'oued et les dunes, passons devant la passe de Tifoujar dans de très jolis paysages : le lit de l'oued est une succession de jardins et de petites dunes alors que, sur les côtés, le sable se lance à l'assaut des montagnes environnantes.
Après avoir traversé quelques petits villages nous atteignons Toungad, un petit village délaissé par ses habitants. Semi-nomades, ils sont partis plus au sud avec leurs troupeaux profiter de pâturages plus abondants et ne reviendront probablement que pour la récolte des dattes dans la palmeraie, en septembre ou octobre. Toutes les petites maisons et les cases sont vides, l'ambiance est étrange et le calme absolu.
Le village déserté.
Nous nous installons tout à son extrémité, au fond de la vallée, derrière une petite dune.
Le campement.
La vallée est bien abritée du vent et nous profitons pleinement du coucher de soleil sur les dunes puis d'une douce soirée sous les innombrables étoiles.
L'anecdote du jour : un peu avant d'arriver à notre bivouac, j'avais remarqué une grande antenne à la sortie de la vallée. N'osant y croire, je branche ma clé 3G et miracle, quelques instants après je reçois mes mails au pied des dunes !
Mardi 23 février :
La nuit a été parfaite et le soleil entre dans la vallée quand nous émergeons de la tente (18° au thermomètre).
Nous reprenons la piste pour rejoindre Tergit et finir notre boucle dans ce petit coin de l'Adrar. Après avoir traversé la palmeraie par une petite piste serpentant entre les palmiers, nous remontons sur le plateau et là, surprise, le vent souffle très fort. Comme nous étions bien derrière nos dunes, sans vent et sans poussière !
Quand on chemine sur ce plateau on comprend bien pourquoi les maures appellent l'Adrar "le pays de la pierre" !
Ces quelques kms on ne les regrette pas quand on arrive sur la petite oasis de Tergit, coincée dans sa vallée étroite.
Nous passons la fin de la matinée et le début d'après-midi dans une petite auberge tenue par une famille très sympa. Pour une somme dérisoire, on nous sert des dattes, du thé à jet continu (j'en bois huit avant de jeter l'éponge) et en guise de repas deux énormes plats de poulet cuit avec des pommes de terre, des spaghettis et quelques légumes. Nous n'en mangeons pas plus du tiers !
Comme nous laissons quelques vêtements pour les enfants qui semblent en manquer, on nous remet des cadeaux en échange et, encore une fois, nous quittons nos hôtes comme de grands amis.
De retour à Azougui nous dinons avec Patrick et Annie, rencontrés l'an passé : apéro, bordeaux, foie gras, viande mouton et de chameau ... un festin inhabituel !
L'anecdote du jour : il n'est pas un jour depuis que nous parcourons l'Adrar sans que l'on rencontre un ou plusieurs guides locaux, soit désœuvrés, soit plus ou moins reconvertis en épicier, chauffeur ... Tous nous demandent d'agir pour que le gouvernement français retire l'Adrar de la zone rouge où elle se trouve actuellement.
Nous ne pouvons que regretter avec eux cette situation tant on se sent en parfaite sécurité dans la région.
Depuis quelques jours nous avons croisé quelques touristes, l'acharnement de Point Afrique ayant fini par payer. Mais aucun avion ne s'est encore posé à Atar, il faut faire toute la route depuis Nouakchott pour visiter l'Adrar. Peut-être dans les semaines qui viennent ...
Mercredi 25 février :
Fin de notre séjour dans l'Adrar. Nous faisons nos adieux à Abdallah et au "chibani", gardiens du camp et prenons la route de Nouakchott puisqu'il n'y a pas de route pour traverser la Mauritanie dans le sens de la largeur. Même pas de pistes car les ergs barrent pratiquement tout passage. Et puis maintenant que nous avons raccroché la caravane, finies les folies dans le sable !
Je ne m'étends pas sur le parcours déjà évoqué à l'aller : une route toute droite, toute plate, au milieu de rien du tout. Seuls quelques tentes de nomades, chèvres et chameaux et égayent le parcours. Et puis l'ineffable "ville" d'Akjoujt dont l'entrée et la sortie, grâce aux chinois, s'ornent d'une magnifique rangée de lampadaires. Plus question de manquer la superbe petite auberge typiquement mauritanienne qui vient de s'installer là.
Après quelques pauses, car il fait 35° à l'ombre, nous atteignons Nouakchott en fin d'après-midi. Nouakchott, ses rues ensablées, et pleines d'ordures, ses voitures délabrées, sa circulation démente parmi les chèvres, les chameaux, sans aucun respect du code de la route...
Bien content de faire halte à l'auberge Sahara, un haut-lieu de tous les trafics de revente de voitures, camionnettes, matériels divers ...
L'anecdote du jour : quelques kms après Atar nous apercevons une voiture en mauvais état arrêtée sur le côté de la route. Le conducteur sort par la vitre cassée : il vient de faire plusieurs tonneaux. Plus de peur que de mal, il entreprend avec un autre automobiliste de remettre le moteur en route pour continuer son chemin avec sa voiture toute écrasée sur le côté ....
Le saviez-vous ? : un âne, une chèvre et un chien prennent le taxi-brousse. A l'arrivée, l'âne paie la course, la chèvre ne paie pas et le chien donne un gros billet. C'est pourquoi quand vous les croisez sur la route, l'âne, tranquille ne bouge pas, la chèvre s'enfuit car elle n'a pas payé et le chien court après la voiture pour récupérer sa monnaie. Ce conte mauritanien illustre bien la réalité de notre route du jour. Seul le chameau n'est pas évoqué mais son comportement est tellement aléatoire !!!
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