Mauritanie 2014 - De la frontière à Atar
Jeudi 13 février :
L'anecdote du jour : notre journée n'ayant été qu'une longue anecdote, j'entame directement par cette rubrique ...
En effet aujourd'hui nous avons passé la frontière maroco-mauritanienne. Après 80 kms de route depuis Barbas, nous atteignons la frontière côté marocain à 9h 30. Une longue file de véhicules attend déjà devant nous sous le soleil.
Il nous faudra déjà près d'une heure et demi pour atteindre la grille qui donne accès à l'enceinte des bâtiments de l'administration car elle filtre les passages qui se font par petits groupes de voitures et camions. Ensuite le parcours du combattant commence : police, gendarmerie, douanes, sécurité, chacun rivalise de pièces à fournir et de coups de tampons à donner. Le plus difficile est, à chaque étape, de comprendre où et comment remplir les formalités suivantes. Il nous faudra un peu plus de trois heures au total pour réunir tous les sésames.
Comme le passage des formalités mauritaniennes s'annonce encore plus périlleux puisqu'il nous faut obtenir un visa et prendre une assurance, nous nous assurons les services d'un "passeur" qui, après négociations, s'engage à accélérer nos formalités pour une rémunération de 5 euros par véhicule.
Mais il nous faut d'abord franchir les 4 kms de pistes défoncées du sinistre no man's land qui sépare les deux pays. A 5km/h, en première, la caravane passe sans trop de soucis ...
Et là c'est reparti pour la tournée des bureaux, encore plus improbables et crasseux qu'au Maroc. Notre passeur nous aide à déjouer quelques pièges et les mauritaniens font des miracles vu les moyens dont ils disposent. On ne sait comment, nous nous retrouvons avec des visas anthropométriques, des passavants, des assurances en règles et un peu avant 16 heures nous pouvons reprendre la route. Nous avons été délestés de 150 euros (visa, passavant et assurance pour un mois) et aussi de petits "cadeaux" réclamés avec une certaine insistance par douaniers et policiers. Nous sommes aussi les heureux possesseurs de plus de 130.000 ouguiyas mauritaniens, changés à un bon taux, mais en billets de 1.000 et 2.000, ce qui fait un gros paquet dans la poche.
Plus de 6 heures de tension, deux œufs durs pour tout repas, la poussière, le vent et la température de 34° à l'ombre ... nous sommes un peu crevés.
Heureusement nous avions prévu notre étape à quelques kms de là, à Bou Lanouar dans le campement de Mauritanie Aventure. C'est une petite oasis de verdure dans le désert environnant avec des arbres, de l'herbe et des lauriers roses en fleurs. Nous nous installons dans le camp vide avant qu'un vieux gardien se manifeste ... pour nous réclamer de l'argent alors que nous avons déjà réglé l'ensemble des camps avant notre départ. Son français se résume à "24 heures, 1.500 ouguiyas" et la palabre est ardue. Au bout d'un moment il abandonne la partie et nous laisse passer une soirée magique : le vent est tombé, pour la première fois depuis deux semaines, il fait doux, et nous mangeons dehors en tee-shirt.
Nous nous couchons de bonne heure, bercés par le bruit de l'interminable train de minerai qui passe au loin et des chameaux qui blatèrent : nous sommes bien en Mauritanie !
Barbas - Bou Lanouar : 135 kms
Vendredi 14 février :
Pour la première fois depuis notre arrivée à Marrakech, nous prenons notre petit déjeuner dehors. Deux petits ânes viennent nous rendre visite, vite chassés par Vesta, la grosse chienne de Jean et Christine.
Avant de reprendre la route, nous rendons visite aux petites boutiques installées près de la route, autant pour le folklore que par besoin.
Pour le restaurant, on verra au retour...
Dans la matinée nous faisons étape à la Gare du Nord, la célèbre et unique station service située à égale distance (environ 250 kms) entre Nouhadibou et Nouakchott.
Arrêt obligatoire, repos et ravitaillement pour tous les voyageurs.
La route emprunte à nouveau un grand reg monotone, seulement entrecoupé par les dunes des ergs Azefal et Akchar. Roulant vers le sud, on a le soleil dans les yeux et il fait 35° !
En fin d'après-midi nous atteignons Nouakchott, la capitale, que nous négligeons : essence et achat d'une bombonne de gaz en banlieue et nous repartons vers le nord en direction d'Atar. Après quelques kms, nous prenons une piste pour trouver un bivouac. Mauvais choix : cinq cent mètres plus loin, le Toy de Gérard et notre caravane sont ensablés, qui plus est à proximité de ce qui se révèle être un élevage de poulets !
Mais bien vite tout s'arrange : le Toy est sorti du sable et le vent nous est favorable quant aux odeurs de l'élevage. Pour la caravane on verra demain...
A nouveau le temps est clément et c'est par une douce soirée que nous grillons et dégustons les trois grosses soles achetées à Lakhaa.
Après le repas, un groupe d'employés de l'élevage vient nous rendre visite : ce sont tous des sénégalais catholiques (Jean-Baptiste, Emmanuel ...) et nous échangeons assez longuement avant de nous coucher.
L'anecdote du jour :
Le panneau de la gendarmerie ne ment pas : il y a des surprises sur la route !
La plus fréquente est le chameau qui traverse affolé ou bien stagne carrément en plein milieu de la route devant la voiture. Il est parfois remplacé par quelques chèvres, un âne voire, exceptionnellement, par un zébu.
Après il reste les nids de poule, les dunes qui prennent leurs aises sur le goudron et les camions et camionnettes lourdement chargés qui débordent sur votre côté de route.
Sinon, ça roule très bien, c'est tout plat et tout droit la plupart du temps...
Bou Lanouar - Nouakchott : 555 kms
Samedi 15 février :
Après une nuit bien paisible, nous sortons assez facilement la caravane du sable et remontons la nationale 1 vers Atar. Même genre de route que la veille, nous traversons le même reg et les mêmes ergs que la veille mais plus à l'est.
Vers midi, nous atteignons Akjoujt, toujours aussi peu affriolante et sans charme.
Heureusement, nous n'avons pas besoin d'un garagiste ...
Nous nous y arrêtons cependant déjeuner au restaurant "Bon appétit" d'une assiette de poulet -frites-crudités pour 2,50 euros par personne avec l'eau minérale.
La route deviens ensuite un peu moins monotone et petit à petit nous apercevons, malgré le vent de sable, les premiers contrefort de l'Adrar.
Il fait chaud et le vent est brulant rendant les pauses sur la route assez peu agréables. Pourtant, ce qui nous surprend, par rapport à l'année dernière, c'est toute la verdure qui, par effet de perspective sur ces terrains plats, prend parfois l'aspect de pelouses ou de forêts. Nous apprendrons un peu plus tard que les pluies ont été abondantes (pour la région) en novembre et décembre. Ceci explique aussi le grand nombre de tentes nomades que nous apercevons le long de la route et la présence de tant de troupeaux, de chameaux bien sûr mais aussi parfois de quelques vaches.
Nous sommes bien contents d'atteindre Atar vers 17 heures et encore plus de rejoindre notre petit camp d'Azougui à quelques kms de là. Abdallah, le gardien, nous reconnait et nous accueille avec chaleur. La douche, même froide, est bienvenue et nous sommes contents de nous poser après trois jours un peu éprouvants.
L'anecdote du jour : encore plus que les marocains, les mauritaniens regardent les chiens comme des bêtes curieuses et en ont généralement très peur. Pendant notre arrêt restau à Akjoujt, quelques jeunes se pressent autour de la voiture de Jean pour l'admirer et surtout faire aboyer Vesta, sa chienne. Comme ils n'arrêtent pas, Jean fait semblant d'ouvrir la porte au chien ce qui provoque une véritable panique, une bousculade et la fuite effrénée des responsables.
Nouakchott - Azougui : 422 kms
Dimanche 16 février :
Aujourd'hui, pas de voiture, on a assez donné ces deux derniers jours. Nous partons pour une promenade dans le village d'Azougui qui s'étend sur plusieurs kms et revenons à travers les jardins par la palmeraie. On y cultive les petits haricots "niébés", le maïs, le sorgho ... favorisés par les bonnes pluies de fin d'année.
Le soir nous allons à Atar pour le ravitaillement, beaucoup plus difficile qu'au Maroc : on trouve assez peu de légumes et les épiceries, même les plus grandes sont assez mal achalandées. De plus les prix ne sont pas affichés et donnés à la tête du client. Et comme nous avons de bonnes têtes de touristes, il faut discuter âprement pour ne pas payer des sommes extravagantes.
Au retour nous voyons arriver le groupe de Mauritanie Aventure qui revient de son périple dans l'Adrar et nous retrouvons avec plaisir plusieurs des chauffeurs et cuisiniers que nous avions connus l'an passé. Un pot est organisé pour leur dernière soirée et nous y sommes conviés. Nous abusons quelque peu de leur cave ( whisky et muscat) et la soirée se termine très joyeusement !
L'anecdote du jour : Azougui a perdu depuis bien longtemps sa splendeur passée...
Quand on pense qu'il y avait là 200.000 palmiers et que ce fut la capitale des Almoravides, fondateurs de Marrakech et conquérants de l'Andalousie. Les petites habitations du village n'évoquent plus guère la grande capitale du XIème siècle !
Lundi 17 février :
L'air est bien frais ce matin au réveil : 10°, ce qui fait un gros écart avec la journée surtout quand on est au soleil. Par contre le ciel est bien dégagé et le vent de sable est tombé.
Nous partons avec les 4x4 pour un petit tour dans les dunes en direction de l'oasis de Tedh. Débuts difficiles car on s'égare un peu dans le village puis, trop confiant, j'essaie de traverser un grand banc de sable sans être passé en 4x4 courte. Résultat un bon plantage du Toy, bientôt imité par celui de Gérard. Quelques coups de pelles plus tard, avec l'aide des plaques à sables et de quelques nomades voisins accourus à notre secours, nous nous sortons de ce mauvais pas.
Forts de cette expérience, nous effectuons le reste du parcours sans problèmes, en nous amusant même avec quelques franchissement de petites dunes ...
Nous naviguons totalement hors pistes sur les dunes et dans les herbes à chameau jusqu'à atteindre la piste Atar - Choum qui nous mène à Tedh. A peine arrivés, quelques femmes et des enfants viennent s'installer près de nous et peu à peu nous entamons des échanges de cadeaux, petits bracelets et "melhafa" (tenue mauritanienne) contre des vêtements, des gâteaux et de l'eau.
Après le pique-nique nous ramassons quelques stromatolites (voir le blog de l'an passé) sur le reg voisin, un site découvert par Théodore Monod voilà bien longtemps.
Nous rentrons par la piste d'Atar pour retrouver notre campement d'Azougui.
Ce soir nous sommes invités à manger sous la tente d'Ahmed, notre chef chauffeur et guide de l'année dernière. Meriem, sa femme, nous a préparé de délicieux "lexours", des crêpes fourrées avec des légumes de couscous. La soirée est très sympa et Ahmed nous donne de nombreuses infos sur les pistes de la région avant de nous ramener au camp.
L'anecdote du jour : pendant notre pique-nique, un beau Toyota s'arrête sur la piste proche. Trois mauritaniens engagent la conversation avec Nickie. et, au moment de repartir, insistent pour que nous acceptions trois paquets de gâteaux et deux bouteilles d'eau. Le monde à l'envers dans un pays où nous sommes fréquemment sollicités pour des petits cadeaux !
Azougui - Azougui : 80 kms
Nous venons de franchir la barre des 10.000 kms parcourus depuis notre départ de France en octobre.
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