Le chant des baleines ...
Du 16 octobre au 23 octobre 2018 :
« A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine
Disait le père d’une voix courroucée
A son fils Prosper sous l’armoire allongé
A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne veux pas aller, et pourquoi donc ? … »
Prévert est-il venu à Valdés ?
Aujourd’hui il verrait que les harpons des pêcheurs de baleines ont été remplacés par les Nikon des touristes. Le « whales watching » est en effet la grande activité ici, en bateau ou depuis le bord des plages.
Nous avons passé huit jours sur la péninsule, tantôt en tee-shirt sous le soleil, tantôt en anoraks, gants et bonnets. Un seul village sur Valdés, Puerto Piramides, 565 habitants, quelques boutiques, une église et un hôpital minuscules. Et le départ des quelques pistes qui parcourent la péninsule et longent ses jolies plages.
L’activité principale est bien sûr le tourisme, avec les bateaux qui amènent les touristes voir les baleines. Leur mise à l’eau est originale …
Mais il est temps que je vous présente les habitants de la péninsule !
Les moins intéressants pour nous sont les touristes. Ils arrivent en car, foncent au pas de charge, munis de leurs gilets de sauvetage, vers la promenade en bateau et font un tour de deux heures de bus dans la péninsule ... sous le regard moqueur (ce n’est pas charitable !) de ceux comme nous qui ont tout leur temps.
Par contre nous avons rencontré plusieurs voyageurs français, particulièrement Gaspard, Anne Clémence et leur fils Aloïs avec qui nous avons sympathisé et passé de très bons moments.
Passons maintenant à la faune qui est très riche. Du plus petit au plus gros voici ce qu’on a vu :
Une jolie couleuvre ...
Beaucoup d’oiseaux, terrestres et marins ...
Loïca, urubus à tête rouge, cormoran, tinamou élégant, pétrel, huitrier-pie et un joli inconnu ...
Les mignons « pingüinos de Magallanes », les manchots de Magellan, qui actuellement sont à terre en train de couver jusqu’aux naissances en novembre ...
Cherchez les intrus ...
Les guanacos, cousins sauvages du lama, sont des camélidés et donc aussi cousins des chameaux. Ces gracieuses bêtes partagent la steppe avec les moutons. Ils dédaignent totalement les barrières et de ce fait ont la fâcheuse tendance de traverser les pistes devant les voitures …
Les lions de mer (ou Otaries de Patagonie) qui vivent en colonies à différents endroits de la péninsule. Les gros mâles, dont la tête est couverte d’une sorte de fourrure, veillent sur leur harem tandis que chaque femelle s’occupe de son petit qui bêle comme un agneau pour un oui pour un non ...
Les éléphants de mer du sud avec d’énormes mâles dominants, les « pachas », qui se distinguent par leurs narines développées en forme de trompe. Ils doivent sans cesse décourager les jeunes prétendants qui lorgnent sur le harem de plusieurs dizaines de femelles. Formidables « sous-marins » en mer (on en a vu rester une heure sous l’eau et descendre à près de 2.000 mètres de profondeur), ils sont actuellement à terre pour plusieurs semaines le temps d’éduquer les jeunes ...
Dès notre arrivée nous voyons nos premières baleines à la Playa Las Canteras : incroyable, elles évoluent à 20 mètres du bord de la plage et nous régalent de quelques uns de leurs «souffles» au son inimitable !
Nous en verrons encore beaucoup d’autres, souvent plus éloignées. Elles vont généralement par deux car c’est la période où les mères font l’éducation des baleineaux avant de repartir pour l’Antarctique …
Le saviez-vous ?
Quelques données chiffrées sur nos mammifères marins :
- - Les lions de mer selon qu’ils sont mâles ou femelles mesurent 1,90 m ou 2,80 m pour 150 ou 350 kgs.
- - Les éléphants de mer du sud sont les plus grands des phoques. Ils sont très impressionnants, surtout les mâles qui peuvent atteindre jusqu’à 6 m et 4 tonnes contre « seulement » 3 m et 800 kgs pour leurs femelles.
- - Les baleines franches australes, elles, explosent les records. A sa naissance, le baleineau mesure environ 5,5 m et pèse déjà 3 tonnes. Il faut dire que papa a fait ce qu’il fallait en lâchant 6 litres de sperme lors de la conception (un testicule de baleine pèse 50 kilos !). Adulte la bête atteint 18 m et pèse environ 30 ou 35 tonnes, le poids de trois gros autobus.
L’anecdote :
J’avais toutes les chances de me trouver dans un lieu atypique pour mes soixante-dix ans, ce fut Puerto Piramides.
Malgré sa taille modeste, tourisme oblige, cette bourgade compte plusieurs restaurants et notamment « La Estacion », petit établissement style branché où nous avons fêté dignement l’évènement avec Philippe et Catherine.
Quelques cadeaux venus clandestinement de France, une superbe bouteille de Côte Rôtie (servie malheureusement dans des duralex de cantine ) et voilà un anniversaire dont je me souviendrai !
Le top :
6 heures 30, le soleil est levé depuis quelques minutes quand je suis réveillé par le bruit des vagues mais aussi par une sorte de bruit de corne de brume. Un œil par la fenêtre : ciel bleu, mer parfaitement calme et, sur l’eau, juste devant nous, une masse noire qui sort de l’eau et me fait bondir du lit …
Les baleines sont là !
Vite habillé je rejoins à quelques mètres le bord de mer. Quatre baleines et leurs baleineaux évoluent à proximité, parfois à vingt mètres à peine. Les mamans apprennent aux petits à se retourner et régulièrement soufflent une grande gerbe de vapeur avec ce bruit caverneux qui tient du didgeridoo et de la sirène de paquebot.
Un spectacle inoubliable !
Le flop :
Une des grandes attractions de Valdés ce sont les orques. Mais autant les baleines et autres mammifères marins sont omniprésents, autant les orques sont assez difficiles à voir. Plus encore si on recherche le must : les voir attaquer lions et éléphants de mer directement sur les plages. Cet extraordinaire spectacle, par ailleurs déconseillé aux âmes sensibles, nous n’aurons pas la chance de le voir, sinon sur You Tube.
Nous sommes allés une fois sur le spot, mais les orques n’étaient pas au rendez-vous. Le froid et les heures des marées nous ont découragés de faire d’autres tentatives … Ce sera notre seule vraie déception de la semaine.
No comment :
Commenter cet article