De l'Atlantique aux Andes.
Du 27 au 29 octobre 2018.
Cent kilomètres de plus et cet article aurait pu s’appeler « De l’Atlantique au Pacifique » : il aurait fallu pour cela franchir les Andes et la frontière chilienne ce qui n’était pas notre projet dans l’immédiat.
Nous nous sommes contentés des 700 kilomètres qui séparent Punta Tombo d’Esquel à travers la région argentine du Chubut.
700 kilomètres de pistes au début, de mauvaises routes le plus souvent ensuite.
700 kilomètres de quasiment rien du tout !
700 kilomètres ponctués par seulement dix points sur la carte. Los Altares, Paso del Indio, El Pajarito, Pampa del Agna … de bien jolis noms mais la moitié en réalité ne désigne qu’une maison à la croisée de deux routes ; quant aux villages ils ne doivent pas atteindre mille habitants au total !
Rien d’autre le long de cette route. Pas de lignes électriques, pas de pancartes …
Un pays sans nom, c’est un peu le désert, non ?
Evidemment pas trace de réseau téléphonique ni d’internet avant d’arriver, près du but, à la Ruta 40, au pied des Andes.
Dans la première partie surtout, d’interminables lignes droites entre deux rangées de barbelés seulement interrompues de temps à autre par un portail, l’entrée d’une estancia. Des épineux à perte de vue, pas un arbre, parfois quelques moutons … Remplacez les par des chameaux et vous êtes au Sahara Occidental sur la route de la Mauritanie …
Les quelques estancias visibles de la route sont très pauvres. Il est loin l’âge d’or de la viande et de la laine qui a fait la richesse de ce pays.
Quelques bonnes surprises toutefois : les gorges et le barrage de Florentino Ameghino qui nous offrent un peu de variété.
Bientôt nous nous approchons des Andes et les montagnes enneigées font leur apparition à l’horizon tandis que les reliefs se font plus consistants. Progressivement la verdure, les fleurs et les arbres remplacent les seuls épineux. Quand nous arrivons à Esquel, la petite ville sent le printemps …
Le top : un petit chemin de terre sur la droite nous offre un très joli bivouac le long du rio Chubut, entre rivière et falaise. Pas mal pour oublier les quelques heures de conduite du jour.
Le flop : les trous dans la ruta 25 forment de jolies bassines et parfois de petites baignoires, forçant le conducteur à d’improbables slaloms, facilités heureusement par l’absence presque totale d’autres véhicules.
Le saviez-vous ?
En traversant le nord du Chubut d’est en ouest, nous avons suivi « El corridor de los gales », le couloir des gallois.
C’est en 1865 que le « Mimosa » quitte Liverpool pour instaurer en Amérique du Sud un état où la langue galloise, menacée par les persécutions anglaises, pourrait se maintenir. Après négociations avec l’état argentin ces quelques dizaines de pionniers gallois obtiennent des terres et fondent Puerto Madryn. Vingt ans plus tard, un groupe de colons se dirige vers les Andes pour créer de nouvelles colonies. La culture et la langue galloise sont aujourd’hui toujours bien implantées à Trelew, Gaiman, Dolavon et autres Trevelin. Nous avons rencontré des gallois en pèlerinage dans la région qui nous ont dit avoir parlé gallois régulièrement pendant leur séjour. Les maisons en briques, les écoles bilingues et les jardinets aux jolies pelouses sont aussi un témoignage de cette présence …
L’anecdote : pour régler nos petits achats nous utilisons les billets de 100 pesos qui semblent représenter la grande majorité de la monnaie en circulation dans ce pays. Comme 100 pesos valent environ 2,5 euros, vous voyez le stock dont il faut disposer pour régler son plein de gasoil à la station …
Mais inversement, l’épicier va vous demander par exemple 173 pesos. Comme il ne dispose pas de la monnaie à vous rendre, il est d’usage courant qu’il vous donne à la place une poignée de bonbons !
No comment :
Le bestiaire : si l’on se fie à cette traversée du Chubut, les chevaux sont plus nombreux en Argentine que les argentins ! Ils sont souvent en semi liberté et toujours très beaux, tel cet appaloosa.
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