La traversée des Andes jusqu'à Nazca.
Des gorges, des hauts-plateaux, des montées sans fin, des descentes vertigineuses, des virages, des virages, encore des virages … et quelques belles surprises.
Chinchero – Nazca c’est 350 kms à vol d’oiseau, 660 kms par la route. C’est dire si ça tourne, si ça monte et si ça descend ! Nous mettrons trois jours et demi pour faire le parcours. Mais il faut bien de temps en temps tracer la route. On se prend juste les Andes par le travers et dès le premier jour nous passons par deux fois de 2.000 à près de 4.000 mètres. A la fin de la journée, nous n’avons parcouru qu’à peine 200 bornes d’autant qu’une « feria » nous a retenus quelques temps peu après le départ.
De loin c’est comme grand souk marocain mais bien sûr avec les costumes sont différents et même si nous améliorons nos connaissances des produits locaux, et que certains nous sont devenus familiers, beaucoup restent énigmatiques pour nous. Nous n’en connaissons pas l’usage et nous ne pouvons les nommer, ni en français, ni en espagnol.
Le deuxième jour, après avoir longuement cheminé dans les gorges du rio Apurimac, nous grimpons jusqu’à Chalhuanca à 4.200 mètres. Juste après le col, un rassemblement et de la musique : c’est la fête au village et une corrida est organisée dans des arènes rustiques.
Les petits taureaux sont capturés au lasso dans un enclos et envoyés à tour de rôle dans l’arène où les attendent quelques « toreros » locaux. Certains paraissent quelques peu éméchés, comme d’ailleurs les spectateurs, car manifestement la bière et la chicha coulent à flot. L’un d’entre eux se prendra quelques coups de cornes dans les fesses, sans trop de conséquences apparemment …
Avec tout ça, la nuit nous enveloppe vite et nous prenons un bivouac un peu plus loin à 4.400 dans le village semi-désert de Cotaruse dont les rues (il y en a deux) et l’église sont bien modestes !
La route se poursuit sur l’altiplano. Trottinette crache ses poumons une dernière fois cette année, grimpant jusqu’à un peu plus de 4.500 m. Elle est vaillante mais à partir de 3.500 m environ elle perd progressivement de son agilité, déjà très relative ! On finit parfois à 20 km/h les longues montées en épingle à cheveux. Mais on finit toujours …
Les paysages sont magnifiques mais la route, bien qu’en bon état, est assez pénible. Le deuxième soir nous nous arrêtons dans la cour d’un petit hôtel d’Abancay où l’on nous ouvre une chambre le temps d’une bonne douche.
Et la troisième nuit, nous la passons en bivouac à 2.400 m en pleine montagne, à seulement cinquante kilomètres de Nazca. Nous sommes maintenant proches de la côte : quel plaisir de retrouver un peu de chaleur et de respirer un peu plus d’oxygène !
Le lendemain il ne reste plus qu’à dévaler la route dans un paysage désertique pour rejoindre Nazca où nous retrouvons Jo et Sylvie que nous avions perdus dans la montagne.
Voici quelques images de la route où vous verrez Trottinette (filmée par Jo) cracher une belle fumée bleue sur une route à environ 4.000 mètres d’altitude !
Le saviez-vous ?
Nous avons pu toucher du doigt pendant cette traversée des Andes l’exceptionnelle situation des cordillères : tous les niveaux d’altitude, de la mer jusqu’à 7.000 mètres, se situent sous des latitudes tropicales ou équatoriales. Du fait de cette conjonction, des climats différents voisinent dans un espace réduit. Ces caractéristiques ont été parfaitement exploitées par les peuples andins, notamment les incas qui, par exemple, avaient établi leurs villages entre 3.000 et 4.000 mètres, la zone la plus tempérée donc la plus favorable à l’habitation permanente et aux cultures comme le maïs et le quinoa. Au-dessus ils pratiquaient l’élevage, en dessous les cultures tropicales.
Le top : ainsi, lors d’un arrêt pique-nique, dans un fond de vallée, nous trouvons une formidable végétation, radicalement différente de celle des hauteurs : à portée de main bananes, papayes, avocats et coton. Pour ajouter à notre bonheur, nous trouvons l’eau courante pour un shampoing bienvenu et achetons, pour un Sol chacune, deux glaces à la mangue dans une petite boutique installée au bord de la route.
Le flop : je l’ai dit dans le dernier article, les routes péruviennes sont assez dangereuses. Pour nous le rappeler, de nombreux monuments, modestes mais souvent bien entretenus, jalonnent notre parcours en mémoire de victimes d’accidents. S’il arrive, ce n’est pas rare, d’en voir une douzaine au même endroit, c’est qu’un minibus est tombé dans le précipice …
L’anecdote : chaque fin de mois nous faisons un petit bilan de nos dépenses et cette fois, surprise, nous avons moins dépensé qu’au mois d’octobre, malgré les frais inhabituels dus au Machu Picchu et aux sites de la région. L’explication et la rectification viennent quelques minutes plus tard quand Nickie met la main sur 1.000 euros soigneusement rangés dans une enveloppe. C’est bien de répartir nos espèces en différents endroits mais encore faut-il ne pas les oublier !
Bon, c’est plutôt une agréable surprise …
Le bestiaire : pour agrémenter notre route, d’immenses troupeaux de lamas et d’alpagas, quelques vigognes, des flamants et des oies andines au bord des lagunes …
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