De Villa de Leyva à Manizales.
Du 8 au 13 février 2021
Qu’il est difficile de quitter le confort et surtout l’ambiance chaleureuse de la villa de nos cousins !
Pourtant l’envie nous titille de plus en plus fort de retrouver notre vie de nomades, sortir du Boyaca, et découvrir d’autre régions de Colombie.
Pour ne pas reprendre la route passant par Bogota, nous faisons une large boucle par le nord-ouest afin de mieux descendre vers le sud et la « Zona cafetera », principale région de production du café. Au programme de la semaine, la traversée des Cordillères orientale et centrale, par des routes magnifiques mais éprouvantes pour nous comme pour Trottinette …
Avant de partir et de prendre congé de nos hôtes, nous allons découvrir à quelques kilomètres de Villa de Leyva, des peintures rupestres précolombiennes. Après une petite marche dans un canyon, nous repérons sur une falaise les peintures dont les auteurs sont probablement les indiens chibchas qui vivaient dans cette région. On ne connait pas vraiment leur ancienneté ni leur signification : il y a manifestement des visages et aussi sans doute des représentations symboliques de l’univers (terre, lune, soleil, étoiles).
Les peintures rupestres de Sachica.
Cerise sur le gâteau (pas tout à fait étrangère à notre venue) il y a une géocache à proximité !
Il est temps ensuite de faire nos adieux aux cousins, adieux provisoires car nous devrions les retrouver dans quelques semaines après notre périple dans le sud. Une dernière photo et c’est parti !
Le saviez-vous ?
En Colombie, les Andes qui s’étendent tout au long de l’Amérique du Sud, se divisent en trois branches parallèles courant du sud-ouest au nord-est du pays : les Cordillères Orientale, Centrale et Occidentale. Les sommets au-delà de 5.000 mètres ne sont pas rares et la cordillère centrale compte de nombreux volcans.
Si j’ai évoqué d’emblée ces caractéristiques géographiques, c’est parce qu’elles vont avoir une grande influence sur notre voyage, cette semaine et certainement celles à venir.
En premier lieu au niveau du réseau routier colombien : les routes rapides, comme la Panaméricaine, empruntent les vallées entre les cordillères selon un axe nord-sud. Elles sont limitées à 80 km /h même quand elles sont à quatre voies (Trottinette de toutes manières ne va guère plus vite) mais on y avance régulièrement.
Par contre, dès que l’on s’approche, ou pire, que l’on traverse les montagnes, c’est une autre histoire ! Aux longues montées succèdent des descentes vertigineuses sur des routes en lacets où les nids de poules, les éboulements et les passages non goudronnés sont fréquents. Les travaux de réfection, très nombreux, entrainent une circulation alternée et donc de longues attentes …
De plus, à partir de 2.500 mètres d’altitude, Trottinette commence à manquer d’oxygène. A 4.000 mètres elle crache une épaisse fumée bleue et tousse lamentablement ! Heureusement, en « boite courte », elle trouve quand même assez de puissance pour atteindre le sommet des cols, parfois à 15 ou 20 à l’heure. Les descentes ne sont pas non plus une partie de plaisir et, vu son poids, les freins sont mis à rude épreuve, imposant une vitesse à peine supérieure à celle de la montée.
Ensuite au niveau du climat, l’altitude est un facteur déterminant : on estime que la température décroît d'environ 2 °C par tranche de 300 m d'altitude. C’est pourquoi certains jours nous allons gagner ou perdre une bonne quinzaine de degrés en quelques heures !
Montagnes russes et douche écossaise sont donc au programme de la semaine !
Lundi 8 février 2021 : pour notre première journée, nous ne parcourons que 90 kilomètres !
Il est vrai que nous sommes partis à plus de dix heures et que nous nous sommes arrêtés à Velez dans un garage pour une petite maintenance des freins (vidange du circuit pour éliminer les bulles d’air apparues après dix mois sans rouler). Mais il va falloir se réhabituer à ce rythme lent et aux faibles moyennes. Heureusement, nous ne sommes pas pressés, et nous profitons pleinement des paysages de la région du Santander, au rythme du cycliste plutôt qu’à celui du pilote de rallye …
A 17 heures nous nous arrêtons en pleine montagne près d’une petite boutique qui fait aussi restaurant. Nous y passons la nuit dans la cour, après y avoir diné d’une soupe bien riche et d’un sympathique dessert local : « una cuajada con papayuelo » (un fromage frais style riccota accompagné de petite papaye confite au sirop).
Mardi 9 février 2021 : la route du jour est particulièrement infernale, certainement une des pires que nous avons connues dans nos voyages. Voici pour vous en convaincre quelques images, sachant que les pires moments n’y figurent pas, déclencher la GoPro n’étant pas alors ma priorité !
Mais en compensation, les paysages sont grandioses, même si les nuages sont assez présents en altitude, et la végétation de la région extraordinaire.
Dans la cordillères.
Nous allons à un petit train de sénateur et c’est seulement dans l’après-midi que nous arrivons dans la vallée à Cimitarra : nous avons perdu près de 2.500 mètres d’altitude et gagné plus de 20° en température extérieure. Ce soir, bivouac de luxe à la sortie de la ville, dans les jardins d’un restaurant : une belle pelouse et une grande piscine font notre bonheur !
Cimitarra.
Mercredi 10 février 2021 : après un dernier petit bain matinal dans la piscine, nous retrouvons une route plate et souvent à quatre voies où notre moyenne s’envole. Il faut juste se méfier de quelques nids de poule sournois et éviter les mouvements des camions colombiens qui adorent rouler à gauche. La route nous mène jusqu’à Puerto Boyaca au bord du rio Magdalena. Ce fleuve, long de plus de 1.500 kilomètres, circule (comme nous mais dans l’autre sens !) entre les cordillères Centrale et Orientale. Nous devrions le retrouver dans quelques semaines près de la côte caraïbe …
En attendant nous faisons une petite pause au long de ses rives, dans un petit bistrot de Puerto Boyaca (oui, après notre boucle dans le Santander, nous sommes revenus dans le Boyaca).
Le rio Magdalena
Il est 15 heures, il fait très chaud … la suite un peu plus loin dans « Le top » !
Jeudi 11 février 2021 : nous repartons d’El Once après un dernier « cafecito » avec nos amis.
A Honda nous faisons quelques courses et retrouvons le rio Magdelena. Quelques pêcheurs s’y activent dans un fort courant pour prendre les poissons qui constituent la spécialité locale …
Le rio Magdalena à Honda.
A Mariquita, nous retrouvons la montagne et entamons une nouvelle traversée, celle la cordillère Centrale cette fois. Enfin, pas tout de suite car, à cause d’un accident, la route est bloquée et nous devons patienter une heure avant que la circulation ne soit rétablie.
Après une rude montée, mais sur une route cette fois excellente, nous optons pour une nuit au croquignolet Hôtel Mirador. C’est un motel pour routiers qui propose des chambres à 30.000 pesos (soit 7,50 euros !). C’est pas le Hilton mais à 1.700 mètres nous retrouvons un peu de fraicheur et une bonne douche. De toutes manières il n’y guère d’autres alternatives : dans cette montagne à la végétation subtropicale, la probabilité est faible de trouver un endroit plat et éloigné de la route pour un bivouac …
Vendredi 12 février 2021 : toujours en montée, la route reprend parmi les bananiers, les serres et désormais les premiers plants de café. Trottinette fume mais monte vaillamment en vitesses courtes.
Au Col de Letras, à 3.700m, la végétation a disparu … Nous partageons notre pause avec un sympathique cycliste qui vient de parcourir 81 kilomètres, pratiquement toujours en côtes, et quelles côtes. Ce n’est pas un hasard si la Colombie produit des champions comme Quintana !
Une autre cordillère ...
Après une longue descente, nous arrivons à Manizales et posons Trottinette à la Finca San Luis, une étape Ioverlander réputée pour son accueil. En effet, Patricia nous réserve un accueil formidable dans un cadre magnifique. Son jardin, perché sur une éminence à l’écart de la ville est empli de fleurs et d’oiseaux. A 2.000 mètres nous y trouvons la fraicheur et le silence à l’écart de la ville. Le soir les lucioles ajoutent leur ballet aux lointaines lumières de la ville … un petit paradis !
Nous décidons immédiatement d’y passer deux nuits …
Samedi 13 février 2021 : dans la matinée, Patricia nous conduit à Manizales. Nous y faisons quelques courses et découvrons cette ville un peu étrange. A part le centre, logé sur un plateau à 2.000 mètres, chaque quartier de cette ville de 400.000 habitants occupe soit le sommet d’une colline aux pentes abruptes soit une combe, et la circulation n’y est pas simple (mais quand on a traversé La Paz, on peut aller partout !!!).
La ville a été détruite par un tremblement de terre au XIXème et donc il ne reste pas de traces de la période coloniale, mais elle est très animée et il est agréable de s’y promener. Nous la découvrons enveloppée dans un nuage et, de notre visite du point haut de la ville sensé nous offrir un splendide panorama, nous ne retiendrons que le souvenir d’une bonne marche à travers les rues escarpées …
Manizales
Pour illustrer cette semaine de voyage, quelques images glanées ici et là …
L’anecdote : les toilettes chez Patricia à Manizales sont pour partie ouvertes sur la montagne. C’est ainsi que, bien installé sur le trône, mon regard est attiré par un mouvement dans le buisson fleuri tout proche : c’est un minuscule colibri occupé à siphonner du nectar !
Les deux jours suivants, incroyable, il est de nouveau au rendez-vous …
Elle n’est pas belle, la vie !
Le top : ce mercredi après-midi, en sortant de Puerto Boyaca, il fait très chaud et nous n’avons pas trouvé de point de chute sur Ioverlander. Nous tentons notre chance au hasard par une petite route serpentant entre les haciendas et nous apercevons bientôt une petite voie revêtue de béton. C’est la rue principale (et unique!) du petit hameau de El Once, ainsi nommé parce qu’il se situe à onze kilomètres de Puerto Boyaca. Il y a là un petit café et nous demandons s’il y aurait un endroit pour passer la nuit. Tout de suite nous sommes invités à nous installer dans la petite cour attenante. Autour d’une grande bière colombienne, nous faisons connaissance avec les propriétaires du lieu : trois générations cohabitent formant une grande famille. Dans une ambiance très sympathique, nous sommes assaillis de questions, tout le monde vient pour visiter Trottinette et se faire photographier. Au niveau gestes barrières on doit avouer un certain relâchement …
Nous rencontrons des enfants du village qui pratiquent le roller : nouvelle séance photo !
A notre retour, la musique démarre au café à trois mètres de nous. Nous aimons la musique mais pour dormir … Nous préférons aller nous poser deux cents mètres plus loin à l’extrémité du village pour trouver la paix. Une paix toute relative car rapidement les visites reprennent de plus belle !
A 21 heures nous rentrons et, malgré la chaleur, fermons les écoutilles au grand dam de quelques groupes qui arrivent trop tard !
Mais nous avons passé une soirée formidable au contact de tous ces gens si chaleureux.
Le flop : seul petit empoisonnement de la semaine, nos freins. Après une première réparation à Velez et quelques kilomètres de descente, ils donnent à nouveau des signes de faiblesse : la pédale s’enfonce jusqu’au plancher et il faut pomper plusieurs fois pour rétablir la pression. Vu la topographie, ce n’est guère rassurant. De plus le mécano n’a pas remis le couvercle du réservoir de liquide de frein …
Nous retournons au garage à Velez (une heure et quart de route pour trente kilomètres). Notre sympathique mécano retrouve notre bouchon et diagnostique un problème de pompe. Une demi-heure plus tard, une moto nous en amène une neuve de la ville voisine et à midi nous pouvons reprendre la route après avoir salué tout un tas de gens venu assister aux opérations, observer l’intérieur de Trottinette et nous questionner sur notre voyage. Un petit contretemps pas si désagréable …
Le bestiaire : la Colombie est le paradis des oiseaux. Outre les colibris, toujours aussi difficiles à photographier, nous y retrouvons en particulier toutes sortes de perruches et de perroquets braillards …
Papagallos et loro ...
No comment :
Ainsi se termine notre première semaine d’itinérance. Nous sommes aux portes de la « zona cafetera », notre prochain objectif. On devrait encore se régaler …
Hasta luego !
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