La côte caraïbe : bof !
Avril 2021
Quand on entend « Caraïbes », quelles images viennent à l’esprit ?
Une plage de sable blanc, des cocotiers et une mer turquoise …
Eh bien franchement, ce n’est pas ce que nous avons vu à notre arrivée sur la côte colombienne. Heureusement, cette mauvaise impression sera progressivement effacée par la suite.
Mais je vais garder l’ordre chronologique et commencer par le pire …
La première chose qui nous a frappés dans la région, c’est la saleté. Nous nous y attendions d’après les récits d’autres voyageurs, mais c’est toujours un choc de voir des monceaux de déchets le long des routes, les décharges sauvages autour des baraques misérables en tôle, en bois ou toutes sortes de matériaux de récupération.
Nous n’avions pas vu ça depuis le Pérou. La Colombie nous avait habitués à de coquets petits villages où même les plus modestes des maisons étaient bien peintes, propres et fleuries. Bien sûr ce n’est pas partout ainsi dans la région, mais manifestement le niveau de vie et peut-être l’état d’esprit, ne semblent pas les mêmes qu’ailleurs.
Ce qui nous perturbe aussi ces premiers jours, c’est la chaleur humide. Au moindre geste on ruisselle, il va falloir s’y habituer ! Et le pire c’est que le soleil est la plupart du temps voilé et le temps gris assombrit un peu plus le tableau.
C’est à Santiago de Tolu que nous atteignons l’Atlantique après avoir vainement cherché un hôtel dans la ville voisine de Sincelejo. Si j’évoque ce détail, c’est pour placer une petite anecdote : nous avons trouvé plusieurs hôtels le long de notre route mais un peu particuliers. Leur nom d’abord, « Cupido », « Eros » …, leur tarif ensuite, 5.000 pesos (soit 1,25 euros) … les deux heures. Pas de doute ce sont des « hôtels de l’amour » comme on les nomme pudiquement ici !
Bon, nous poussons donc jusqu’à Tolu où nous trouvons un bout de terrain derrière un petit restaurant de plage. On nous demande très cher, même après négociation, mais c’est ainsi pendant les vacances en bord de mer et nous n’avons pas vraiment le choix …
On pose Trottinette et cinq minutes plus tard nous barbotons dans la mer, de l’autre côté de la route. Sympa mais à peine rafraichissant : l’eau est incroyablement chaude, sûrement à plus de 30° comme l’air ambiant, on croit rentrer dans sa baignoire.
L’endroit n’est pas génial, très bruyant (voir plus loin « Le flop ») et pas très propre, mais nous n’avons pas envie de rouler deux jours de suite et nous restons le lendemain pour profiter un peu de la plage et de la mer.
Le lendemain nous partons pour la Isla de Baru (une presqu’ile en fait) pour nous rapprocher de Carthagène car nous avons rendez-vous avec Ana Rodriguez, la transitaire qui va prendre en charge les formalités d’expédition de Trottinette vers l’Europe.
Malheureusement, le camping sympa que nous visons est fermé et si la Playa Blanca est parait-il belle, son accès est super déprimant : nous traversons une zone industrielle pleine de raffineries et d’usines de ciment, puis une petite ville crasseuse … tout ça pour atterrir, au bout d’une piste poussiéreuse et jonchée d’ordures, à un parking bondé où il nous faudrait laisser Trottinette pour partir à pied à la recherche d’un hypothétique hôtel. C'est bien simple, je n'ai même pas eu l'envie de faire une seule photo ! En fait nous avons compris plus tard que le bon moyen d'atteindre Playa Blanca c'est depuis Carthagène, par la mer ...
Très déçus, nous reprenons la piste pourrie sans trop savoir où aller et finalement nous avons la chance de trouver un petit hôtel pour routiers avec clim et piscine, cocotiers et perroquets dans les arbres, loin de la route … et à 10 euros la nuit.
Ouf, on commençait à déprimer !
Le lendemain, après avoir rencontré Ana et planifié le départ de Trotti, nous quittons sans regrets le sud de Carthagène pour rallier Santa Marta 200 kilomètres plus au nord.
Au passage, à San Onofre, nous rendons visite à une très sympathique famille colombienne. Ils nous ont interpellés à Tolu car ils font partie des très rares colombiens à posséder comme nous une « casa rodante » et veulent absolument nous la montrer et visiter Trottinette …
Si nous allons à Santa Marta, c’est que pour notre grande chance, nos cousins Esperanza et Patrick y ont un appartement qui va pouvoir nous servir de camp de base pour visiter la région, organiser le départ de notre "casa rodante" et bénéficier d'un toit quand elle sera partie.
Nous voilà donc au 11ème étage du Playa Caribe, un immeuble de standing avec tennis, piscine, sauna, jacuzzi … à deux pas de la plage.
Nous allons y passer quelques jours, toutes fenêtres et baies ouvertes jour et nuit pour essayer de capter la moindre petite brise rafraichissante car il fait très chaud et humide. Nous profitons un peu de la plage mais plus encore de la piscine car Santa Marta fait partie des villes les plus touchées par le Covid et paie l’absence des mesures de confinement qui auraient dû être prises lors des vacances de Noël et du carnaval.
C’est bien notre chance, un confinement total est décrété pour le lundi et le mercredi, puis, au dernier moment, du vendredi matin au lundi matin !
Nous voilà bloqués dans l’immeuble, obligés de commander un peu de ravitaillement par l’intermédiaire des gardiens …
Il nous reste donc la piscine à partager à tour de rôle avec les autres résidents …
Et comme pour nous narguer, le ciel bleu est de retour ! Notre autre occupation c’est de préparer tranquillement le déménagement de Trottinette, car la date de son départ approche, et organiser nos derniers jours en Colombie.
Dans cette première semaine nous sommes allés seulement une fois à la plage mais nous avons quand même passé un moment agréable à visiter le centre historique de la ville …
Quelques kilomètres plus loin, une des plages de la ville, Taganga, ne nous enthousiasme pas. C’est plus joli de loin que de près …
Avec tous ces confinements nous n’avons pas pu visiter vraiment Santa Marta et ses environs immédiats. Par exemple la petite ville de Cienaga, une banlieue sur la route de Carthagène paraissait intéressante, notamment un quartier lacustre, Nueva Venecia, dont nous n’avons pu avoir qu’un aperçu depuis la route …
Le saviez-vous ?
Santa Marta en bref :
- Fondée en 1525 par Rodrigo Galvan de las Bastidas
- Les espagnols ont pratiquement décimés les indiens Tayronas qui occupaient la région. Mais quelques-uns ont pu se réfugier dans la sierra. Leurs descendants sont aujourd’hui au nombre de 30.000, répartis en quatre groupes distincts (kogis, wayus, arhuacos et kankuamos).
- Simon Bolivar, « el Libertador », y est mort de la tuberculose.
- Toute proche de la mer, la sierra Nevada de Santa Marta culmine à 5.775 mètres d’altitude au Pico Cristobal Colon.
Le top : s’il y a quand même une chose agréable à Tolu, c’est bien la baignade. Non pas tant pour son pouvoir rafraichissant tellement l’eau est chaude, mais pour le spectacle des pélicans, des frégates et autres oiseaux de mer qui plongent à quelques mètres de nous tandis que quelques barques rentrent de la pèche …
Le flop 1 : en Colombie les mesures de lutte contre la pandémie sont pour une bonne part laissées à l’appréciation des communes et des « departamientos ». Jusqu’à présent, ayant soigneusement évité Bogotà, nous avons voyagé dans des régions peu touchées et nous n’avons pas souffert des restrictions. Depuis que nous avons atteint la côte par contre ça se gâte sévèrement, notamment à Santa Marta où nous avons dû respecter plusieurs jours de confinement total, c’est-à-dire avec interdiction absolue de mettre un pied dehors. Confinés tout un vendredi, nous avons appris dans la soirée que le confinement était prolongé à partir de 18 heures … jusqu’au lundi matin !
Ce n’est pas la joie car on pensait partir tout le weekend. Mais au moins la règle est simple !
Presque pire, d’autres mesures pourtant moins radicales mais pas toujours faciles à gérer : « toque de queda », « pico y placa », « pico y cedula », « ley seca ».
J’explique …
La « ley seca » je la mentionne pour l’anecdote, c’est l’interdiction de vente d’alcool à certains moments, elle ne nous pose pas de problème.
Le « toque de queda » c’est également assez simple : c’est le couvre-feu, par exemple de 20 heures à 6 heures. OK, on connait, et comme nous n’avons pas une vie nocturne trépidante …
« Pico y placa » et « pico y cedula » sont plus vicieuses : c’est respectivement l’autorisation de circuler en voiture seulement certains jours de la semaine en fonction de sa plaque minéralogique et pareillement de faire ses achats, d’aller à la banque … en fonction de son numéro de carte d’identité.
Si vous devez prendre la voiture pour les courses, ça peut prendre un moment avant d'avoir les deux bons numéros … en espérant que ce jour-là ne soit pas en confinement total !
Et je ne parle pas d’y aller avec son conjoint !
Quand on se déplace comme nous, ça n’arrange pas les choses puisque les règles varient en fonction de chaque ville … Pour la plaque de Trottinette on ne peut rien faire, par contre pour la « cedula » on a la chance de pouvoir présenter au choix passeport, carte d’identité française, permis de conduire … les contrôleurs ne font pas la différence. Nickie est même passée avec sa carte vitale !
Le flop 2 : certes nous ne sommes pas ennemis de la musique mais en Amérique du Sud, parfois, trop c’est trop. On n’est jamais à l’abri d’une grosse sono où que l’on soit et à toute heure. Et je crois que la palme revient à la Colombie où personne ne semble gêné par les flots de décibels déversés par les restaus, les commerçants ou même de simples particuliers qui installent devant chez ou dans le coffre de leur voiture d’énormes enceintes. Il peut y en avoir deux à vingt mètres d'écart et c’est à celui qui mettra le plus fort …
On a atteint des sommets à Tolu, en bord de mer, un weekend de vacances : le calme commençait à revenir et on comptait sur le « toque de queda » de minuit à six heures pour dormir tranquilles. Eh bien, pas du tout ! Une boite de nuit (en plein air bien sûr) a fait entrer des fêtards, fermé ses portes et balancé de la techno jusqu’à 6 heures, le moment où tout ce petit monde a pu de nouveau circuler et rentrer chez lui …
Heureusement, nous sommes équipés. Merci Monsieur Quiès !
L’anecdote : beaucoup de colombiens vivent d’un petit commerce dans les rues ou le long des routes : ils proposent des accessoires pour mobile, des cigarettes à l’unité, quelques fruits, de l’eau, des glaces ou du jus de fruit …
Ils sont postés au milieu des routes aux endroits stratégiques : péages, zones de travaux (nombreuses), ralentisseurs (encore plus nombreux !) ...
Négligeant superbement un éventuel bas-côté, les camions et les voitures s’arrêtent tranquillement sur la chaussée le temps de faire leurs achats sans que personne ne trouve à y redire.
Le bestiaire : Vous avez vu les pélicans, les frégates et autres oiseaux de mer dans « Le top ».
Pour changer, voici une petite série de panneaux rencontrés au long de notre route. Une particularité de la région, ce sont les ponts de cordes qui permettent aux singes de traverser les quatre voies. Pour dire la vérité, jusqu’à présent, nous n’avons vu aucun des animaux représentés sur ces panneaux …
No comment :
Au moment où je rédige ces lignes, je sais déjà qu’après « La côte caraïbes : bof ! » il y aura un « La côte caraïbe : wahou ! ». A bientôt donc pour évoquer les moments réellement enthousiasmants qui ont clos notre séjour en Amérique du Sud.
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