Mundo Nuevo !
Avril 2021
Mundo nuevo … le nouveau monde … un monde nouveau … ces mots chargés de symboles vont prendre du sens pour nous et marquer nos esprits en cette fin de séjour sud-américain.
Tout commence un mois plus tôt sur les réseau sociaux quand, en réponse à ma publication d’un article du blog sur Barichara, je reçois ce message signé Valérie Brabant : « Nous vous attendons à Mundo Nuevo à Minca :-) Bonne continuation de voyage ».
On garde ça dans un coin de notre tête car Minca étant la porte de la Sierra Nevada, c’est sûrement un bel endroit à visiter. Arrivés à Santa Marta, nous reprenons contact avec Valérie et comprenons que Mundo Nuevo est l’éco-lodge qu’elle gère. Comme il est situé à 1.000 mètres, au-dessus de Santa Marta, la perspective de prendre un peu d’altitude et donc de fraicheur ne fait que renforcer notre envie d’y aller vu la chaleur qui règne sur la côte. Mais le confinement décrété pour le weekend nous oblige à reporter notre venue au lundi, ce que nous allons bien regretter car nous devons aller le jeudi déposer Trottinette à Carthagène, ce qui nous laisse un court séjour.
C’est donc le lundi matin que nous partons à l’assaut de ce Mundo Nuevo. Partir à l’assaut, l’expression est à peine exagérée car la piste qui y mène à partir de Minca est particulièrement pentue : 400 mètres de dénivelé sur deux kilomètres ! Mais Trottinette, qui en a vu d’autres, se sort bien de cette dernière épreuve que nous lui infligeons et, quitte à effeuiller quelques bambous, nous mène à bon port.
Comme toujours, la vidéo ne rend pas réellement compte des dénivelés, mais elle donne quand même une petite idée …
A seulement 25 kilomètres de Santa Marta, nous pénétrons effectivement dans un monde bien différent. En altitude l’air est plus frais surtout le soir et la nuit ; une végétation exubérante remplace les collines dénudées par la sécheresse et les tours de bétons ; seul le chant des oiseaux trouble le silence ce qui change agréablement du bruit de l’autoroute et des sonos braillardes …
Nous avons le sentiment d’être au bout du monde et, cerise sur le gâteau, comme la montagne est vaste et que seule une petite poignée de touristes occupe le lodge, le masque reste le plus souvent dans la poche !
Nous disposons d’une belle chambre avec une vue superbe sur la Sierra Nevada de Santa Marta …
Prendre son petit déjeuner dans ce cadre, avec des colibris qui volètent de fleur en fleur, est un plaisir rare …
Et le soir, depuis la « punta », on voit le soleil se coucher sur la mer et Santa Marta …
Mundo nuevo, c’est aussi un beau projet écologique. Quand Phil, le fils de Valérie arrive en 2015 pour reprendre la finca Las Mercedes, ses fermiers ont énormément déforesté pour favoriser l’élevage de vaches. Aujourd’hui, dans ce coin de la sierra, poussent dans un esprit biodynamique 13 hectares de caféiers, des avocatiers, des cacaoyers, des bananiers et de nombreux autres arbres fruitiers ou à fleurs ont été replantés. La « huerta » fournit la majorité des légumes proposés pour les repas au lodge et de nombreuses abeilles concourent à la pollinisation naturelle tout en fournissant un délicieux miel …
Et puis « Mundo Nuevo » renvoie au « nouveau monde », celui que les conquistadors espagnols ont découvert en arrivant dans les Caraïbes. Nouveau pour eux, mais pas pour les peuples autochtones qui y vivaient depuis des siècles. L’éco-lodge est construit sur un site anciennement occupé par les wiwa : on peut encore voir leurs chemins empierrés et deviner certaines des plateformes qui recevaient leurs huttes. Il est très probable que des tombes y soient ensevelies sous la végétation … avec leurs trésors.
A travers le projet Awindua, Phil et Valérie aident une petite communauté wiwa : certains sont employés à l’éco-lodge et y vivent dans des cases situées près de leur montagne sacrée.
C’est bien à regret que nous rentrons à Santa Marta tellement on s’est sentis bien ici. Mais pour la première fois de ce voyage, nous avons une contrainte de temps : il nous faut conduire Trottinette à Carthagène où elle embarque pour l’Europe.
Toutefois la chance ne nous a pas abandonné : Valérie, avec qui nous avons bien sympathisé, part dans quelques jours dans la Guajira et nous propose de l’accompagner.
Nous acceptons avec enthousiasme car c’est la promesse de nouvelles découvertes inespérées avant de regagner Bogotà !
Le saviez-vous ?
Les indiens wiwa sont les héritiers des mayas et les survivants des tayronas qui furent quasiment décimés par le colonisateur espagnol. Ils forment l’un des quatre peuples indigènes vivant dans la Sierra Nevada et on estime leur nombre à environ 15.000. Malgré toutes les persécutions qu’ils ont subies de la part des organisations paramilitaires et des sociétés minières notamment, ils tentent de conserver leur identité culturelle, à commencer par leur langue, leur mythologie et un mode de vie très lié à leur rapport intime à la nature. Ils sont vêtus de blanc pour honorer les sommets enneigés de la sierra et les « mamos », prêtres et chefs spirituels de la tribu, sont chargés de rendre hommage à la nature et, à travers des offrandes, de payer la dette qu’ils ont envers elle. Selon leur cosmogonie, les dieux fondateurs ont créé les peuples de la Sierra en tant que « frères aînés », puis ensuite tous les autres peuples de la terre. La Sierra est donc pour eux le cœur du monde et ils en sont les responsables. D’où leur lutte acharnée pour protéger leurs terres des dangers de la « civilisation » …
Ceux qui ont vu le « Voyage en terre inconnue » de Thomas Pesquet chez les kogis verront de quoi je parle …
Le top : La flore de la Sierra est riche et variée, particulièrement à Mundo Nuevo où on lui a donné un petit coup de pouce. Voici pour vous en convaincre quelques photos prises au même endroit, dans un rayon de 10 mètres ...
Le flop : les wiwas sont nomades car ils utilisent les différences d’altitude et de saisons pour pratiquer diverses variétés de cultures. Un petit regret pour nous : ils sont partis dans la sierra peu avant notre arrivée et nous pourrons seulement apercevoir Fiscalito, le protégé de Valérie, qui n’a pas suivi ses parents.
Les anecdotes : les pentes sont fortes dans le coin et après être descendus visiter le potager et les ruches du domaine, il nous faut remonter. A mi-parcours, Nickie a la chance de trouver un sympathique motard qui se rend à Mundo Nuevo. Un pouce levé et en route …
La maison de Valérie n’a de murs que sur trois côtés : salon et cuisine donnent directement sur la vallée. Une vue à couper le souffle !
Une idée géniale … quand on a le climat qui va avec !
Le bestiaire : le bruit dominant à Mundo Nuevo, c’est le chant des oiseaux.
J’en ai entendus plus que je n’en ai vus, et vus plus que je n’en ai photographiés !
Ainsi le toucan ne restera que dans ma mémoire, mais il a un tas de cousins que j’ai pu saisir au bout de mon zoom. En voici quelque uns …
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